Des milliers s’organisent pour des forêts vivantes
Du 10 au 13 mars à Nestier (65) 41 délégations venant de partout en France et même de Belgique se sont rassemblées pour les arbres. Accueillis par le collectif Touche Pas à ma Forêt opposé à l'installation d'une méga-scierie à Lannemezan, les 150 participants ont vécu des débats, des conférences, des discussions formelles et informelles, des ateliers de terrain. Des connexions par centaines se sont faites entre des personnes qui saissisent combien l'arbre est précieux, combien nous les humains avons un profond besoin de la forêt pour vivre bien.
Une mobilisation et des soutiens
C'est d'une constellation d'associations, de syndicats et d'un engagement de plus en plus important de la population que naissent toutes ces luttes forestières "appel pour des forêts vivantes a été le déclencheur de l'action à l'échelle nationale. Certaines organisations présentes commencent à être connues : Canopée, SOS forêt, le Groupement National de Surveillance des Arbres, Touche pas à ma Forêt, ADRET Morvan ... il y en a beaucoup d'autres, elles se créent en ce moment même ... Nous avons aussi eu notre lot d'auteurs pour les conférences Baptiste Morizot, Bernard Boisson, Marc-André Selosse, qui n'ont pas hésiter devant les centaines de kilomètres à faire pour nous retrouver dans les Hautes-Pyrénées, ça parle.
La forêt comme nouveau point de ralliement des luttes
Sur place, un appel à "toutes celles et ceux qui se sentent touchés et affectés par ce qui se joue dans nos forêts." a été rédigé pendant les rencontres. Il "invite à faire des forêts un nouveau point de ralliement pour le mouvement social contre la main mise des industriels, des aménageurs et de la finance." Un article est aussi paru dans Reporterre. L'auteur a bien compris de quoi il retourne : "l’enjeu est de s’organiser pour lutter contre l’industrialisation des forêts." Un autre article très complet est paru dans la revue terrestre...
Forêts éducatives et cafés forestiers
Sur l'éducation, toutes et tous semblent d'accord pour dire que l'heure n'est pas au bourage des crânes mais que c'est l'esprit critique que nous voulons voir progresser, voir augmenter la capacité de chacune et chacun à se forger sa propre opinion. Augmenter notre capacité à aller chercher l'information à de multiples sources, chercher, investiguer, pour enfin comprendre puis agir en conscience... ou pas. Des idées germent, comme celle de doter chaque école d'une forêt éducative de 2 ou 3 hectares, un lieu propice à la connection à la nature et à l'alphabetisation écologique... il y a bien eu dans notre histoire les bibliothèques municipales pour l'accès à la culture alors pourquoi pas des forêts éducatives pour renouer avec la nature ? Organiser des "cafés forestiers" dans les villages et les quartiers et ainsi faire de la forêt un sujet de discussion où toutes et tous peuvent participer... soutenir les enseignant.es qui veulent sortir...
" ils font porte quoi, il faut qu'on s'en mèle."
Ce que j'ai compris moi ce we, c'est que c'est la même chose pour les forêts que pour l'élevage concentrationnaire. Ces plantations d'une seule espèce – douglas même pas invité, tu étais de toutes les conversations – plantations de sujets tous du même âge et que bientôt nous retrouverons comme des batons bien droits posés sur les camions roulant vers d'improbables usines aussitôt la coupe à blanc, la coupe rase effectuée, laissant un paysage dévasté... comment faut-il le dire pour que l'insupportable nous apparaisse ? Comme pour l'élevage intensif, merci L214, nous pouvons justifier notre action en disant simplement : " ils font n'importe quoi, il faut qu'on s'en mèle."
Un groupe non mixte
Extinction rébellion était là et d'autres groupes encore qui ont la particularité d'être habité par des jeunes... et souvent des femmes... pas même 25 ans... elles étaient heureuses d'être là, plusieurs me l'ont dit... mais ajoutaient aussi que parfois les hommes étaient vécus comme accaparant un peu trop la parole... alors elles ont organisé cette réunion non mixte où elles étaient 15 réunies. Sur le panneau qui en a résulté, elles posent leur "besoin de cadre et d'inclusivité". Pour y répondre elles souhaitent que soit écrite "une charte à diffuser dans la communication publique en amont" voir apparaitre une "vigilance sur le langage inclusif", "intégrer des femmes à l'organisation", "intégrer dans le programme des moments en mixité choisie ou en non mixité " voir des "gestes de facilitation" des "modérateur.rices" une "sensibilisation à une gestion de l'animation" ... Notre jeune mouvement a maintenant tout en main pour faire des progrès sur ce terrain essentiel.
La personne publique,
Plusieurs acteurs, attachés de proche ou de loin à l'ONF étaient là. L'ambiance est morose, même si on me dit qu'il y a moins de suicides qu'il y a quelques années, la transformation radicale de l'EPCI se poursuit ... il n'y a plus d'embauche de fonctionnaire à l'ONF dit un acteur de la CGT forêt ! Ceci colle bien avec la barbarie du chiffre à laquelle les forestiers sont aujourd'hui confrontés. Les mots d'un représentant du SNUPFEN solidaire syndicat majoritaire à l'ONF, sont clairs : "privatisation", "démantellement " ...
"... j'adore être en forêt. "
"la forêt communale n'est pas la propriété du conseil municipal mais celle des habitants" dit un participant, " je n'ai pas beaucoup de connaissances, mais j'adore être en forêt" dit une participante... voilà qui nous confirme que c'est d'abord sur ce "être " qu'il faut travailler... dans un premier temps, ne s'occuper de rien d'autre. Cela se traduit par une approche pédagogique qui peut surprendre au départ, où le jeu libre à une place centrale. Quand nous serons nombreux à " adorer être en forêt" les forêts se porteront beaucoup mieux... nous en prendrons soin. Des citoyennes, des citoyens interviendront alors pour dire ce qu'ils ont à dire au moment des décisions dans les communes propriétaires de forêts.
Un chasseur
Il est apparu dans notre groupe sur les communs, après je ne l'ai plus vu... Il a demandé la parole et il a dit combien l'enrésinement avait chez lui comme conséquence de priver les sangliers de glands et comme ils allaient maintenant faire des ravages en plaine. Il a même ajouté qu'il avait acheté des bois pour les protéger... je suis allé lui parler, le remercié d'être venu... Quand c'est l'heure de défendre les forêts c'est clair, les chasseurs sont nos alliés ! Comme les pêcheurs le jour où la question c'est la rivière.
Le Limousin en 2023
L'ambiance était très bonne tout ce we et beaucoup de personnes sont reparties grand sourire et galvanisées pour la suite chez elles. L'effet vitamines de ce genre de rencontres n'est plus à démonter. Un relais a été passé aux participantes et participants venus du Limousin... Nous n'avons pas encore idée de la forme que prendra ce nouvel évènement.... à n'en pas douter, il y aura du monde !!! Nous avons vécu des rencontres bien organisées et quelque chose me dit que ça va continuer.