samedi 30 janvier 2010 - par Mengneau Michel

Développement durable, une notion productiviste...

 En cette période où les différents partis politique fourbissent les logos, astiquent les discours, affichent les professions de foi, il est une conception qui va faire florès : le développement durable…

 

 Sans aller plus loin dans le discernement des termes, un développement obsessionnel dans le temps pour un monde déjà fini est une antinomie, malgré tout, beaucoup vont s’emparer de cette expression à la mode pour tenter de présenter une société qui ne quitterait pas ses vieilles habitudes consuméristes tout en les peignant en vert. Qu’on le veuille ou non, il s’agit donc bien d’une notion productiviste et par conséquence un concept qui s’appuie avant tout sur la notion d’ouverture de nouveaux marchés de la part des actionnaires du capital. En réalité, la mode verte n’est qu’un apparat, voire souvent une tromperie, pour ouvrir un autre couloir parallèle à la consommation traditionnelle.

 L’exemple le plus frappant est sans conteste le concept de la bagnole verte. Là, on baigne dans la plus parfaite inconséquence au regard de l’avenir de la planète.

 En premier, même si l’on diminue la consommation des engins motorisés, le nombre de plus en plus croisant de ceux-ci annihilera, par la quantité, les réductions de CO2 que l’on aurait pu espérer.

 Ensuite, la généralisation des agro-carburants. Là encore on nage dans un total manque d’acuité sur les besoins de l’humanité.

 Car en effet, si les prétendus biocarburants ne sont pas produits en période excédentaire de l’agriculture, ils vont nécessairement avoir un impact sur la production de matière nutritive pour l’ensemble de la planète.

 Ceci étant le premier aspect de leur perversité, le deuxième est qu’ils n’ont de bio que le nom. En effet, les céréales, et autres concernés pour entrer dans la fabrication des agro-carburants sont dans la plupart des cas les produits de l’agriculture intensive. Agro-business utilisant à l’envie, engrais, désherbants, arrosages intempestifs, déforestation, destruction des petites agricultures locales, que ce soit en pays développés comme la France, ou en Afrique sub-saharienne où de nombreux pays vont tomber sous le contrôle des grandes multinationales comme Monsanto.

 Néanmoins, le pompon du tout consumériste menteur va à la France avec la production d’éthanol que l’on doit à la betterave sucrière. Complément à 10% du SP95E10, Il est dangereux pour les moteurs anciens, à tel point que l’Allemagne n’en veut pas, de surcroit, ne s’associant qu’avec l’E10, essence la plus polluante, on arrive au même résultat en tant qu’émission en CO2. Encore une couleuvre qu’ont dû accepter les défenseurs d’un fantoche Grenelle de l’environnement.

 En suite, vient la fameuse bagnole électrique. On ne peut pas dire soit une mauvaise idée, comme le sont aussi les agro-carburants, si l’on raisonne que superficiellement et au premier degré. Cependant, le problème est qu’il de faut toujours de l’énergie pour faire avancer ladite bagnole. Donc produire plus d’électricité, ce qui semble pour l’instant une gageure avec la production totale des énergies renouvelables, par conséquence pour faire rouler une voiture prétendue propre on va, de fait, favoriser le nucléaire…

 On pourrait aussi faire remarquer que produire industriellement des bagnoles est un facteur polluant, on pourrait en plus arguer que nombre d’équipements sont issus de la pétrochimie, etc. par conséquence, seule une stagnation ou une réduction de la production d’automobiles sera la solution. Nous devons donc favoriser la collectivisation des transports et donner encore plus d’importance à la relocalisation.

 Ce sont ces raisons qui m’inclinent à croire que le développement durable productiviste n’est pas la solution et qu’il serait préférable d’utiliser une autre formule, comme la réévaluation écologique des besoins. La collectivisation des transports en milieu rural, si souvent oubliée par les politiques, va d’ailleurs dans cette logique ; il serait d’ailleurs bien de réfléchir sérieusement à la question, et pourquoi-pas organiser des forums de réflexion sur cet important sujet.

 Il en est de même aussi pour l’expansion des métropoles qui va devenir un sujet d’actualité avec la réforme territoriale, le but étant de construire mondialement un réseau de métropoles globales qui s’entraideront en même temps qu’elles développeront des pôles de compétitivité concurrentielle afin de parfaire l’emprise capitaliste. Nous devons donc nous opposer à cette version du développement durable tout à fait nuisible à l’avenir de l’humanité. Et pour la campagne électorale, proposons par exemple une chose simple, une aide plus accrue à l’habitat social en espace rural, limitons par la même occasion les aides aux gîtes ruraux qui n’apportent rien à la restructuration de la société.

 Ce sont là quelques réflexions, voire des suggestions dans le choix des termes, pour des propositions de campagne ; d’autant que l’abandon de la formule du développement durable démarquera la vraie Gauche du PS et de l’UMP qui vont faire leur cheval de bataille de ce concept productiviste. Formulation qui ne sera qu’un apparat pour conforter la préférence donnée aux marchés, plutôt qu’aux liens sociaux et la véritable défense de la planète…

 http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com



7 réactions


  • Louisiane 30 janvier 2010 13:21

    Très bon article.
    Depuis la révolution industrielle en Angleterre en 1840, nos sociétés n’ont fait qu’accroite la production de biens de consommation, d’abord pour le bien-être d’une partie de l’humanité, avec les dégats collatéraux des premières pollutions (smog sur Londres), puis par simple profit : une grande partie de notre consommation n’étant plus faite de besoins vitaux mais d’achats « de confort ».
    Nous sommes en 2010, soit environ 170 ans après cette révolution industrielle et très peu de rivières restent potables, les bords de mer sont étroitement surveillés pour les baignades, l’air des villes est pourri, on mange des aliments qui n’ont plus rien de naturel, les cancers et autres maladies explosent, le stress nous démoli, etc.etc.
    Continuons dans cette voie en donnant de belles appellations ronflante à une pseudo politique responsable (comme l’agriculture du même nom) et laissons filer.
    L’important, ce sont les cotations en bourse.
    J’ajoute par ailleurs que les arguments, quelqu’ils soient, qui justifieraient cette politique ne valent rien à mes yeux parce qu’ils n’ont pas du tout l’effet qu’on prétend. Exemple : la surproductivité agricole est nécessaire (OGM, engrais, etc.) pour permettre de nourrir tout le monde. On surproduit depuis les années 60 et les 3/4 de la planète continue de crever de faim. Par contre, les actions de certaines entreprises ne se sont jamais mieux portées.

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  • Christian Delarue Christian Delarue 30 janvier 2010 16:16

    La notion de développement durable est une formule de compromis qui s’accomode du capitalisme. La notion de productivisme s’en prend à l’économie ou à l’économique et elle ignore assez largement à la distinction économie marchande et économie non marchande .

    Les anti-productivistes critiquent le capitalisme du point de vue de la consommation et assez peu côté production et surtout sans voir qu’il y a là un rapport social de solvabilité qui fait que ceux qui sont prolétaires (moins de 3000 euros par mois en France) sont limités en solvabilité alors qu’au-dessus les travailleurs aisés possèdent un réel pouvoir d’achat qui n’est encore rien par rapport aux vrais riches possédant avion, bateaux... maisons immenses à fort consommation énergétique.

    Ce sont les mêmes qui veulent une éolienne au fond du parc et pas de service public national de l’énergie propre. Mais les anti-productivistes libéraux veulent aussi des solutions micro : chacun son éolienne dans son jardin.

    Enfin, le travailleur ordinaire ne va pas se séparer de sa voiture du jour au lendemain si rien n’est proposé à la place. Le bus n’est pas toujours là. Il n’y a même pas d’abri de bus qui protège du froid le matin. Il faut 3/4 d’heure pour traverser une ville moyenne. Il n’y a pas de service public départemental du transport.

    A plus...

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    • Plum’ 1er février 2010 14:52

      C’est quoi votre « énergie propre » ? Le nucléaire. Question propreté, vous êtes radieux ! En conséquence, il est logique que vous ne vouliez pas décentraliser et atomiser la production énergie... Chacun son énergie éolienne et solaire, c’est le cauchemar...


    • Christian Delarue Christian Delarue 1er février 2010 23:50

      Non je ne défends pas le nucléaire mais pas plus le microéolien.


  • viva 30 janvier 2010 19:17

    Et comment font ceux qui ne veulent pas changer de mode de vie ? doivent ils eux aussi subir, vivre dans des mégalopoles, se faire 3heures de bus par jours en plus du boulot, pour rentrer dans leur appart écolo de 20 mètres carrés tout en ne mangeant qu’une fois par jours.

    Ni le développement durable, ni la décroissance, ni l’économie verte ne sont souhaitables pour les citoyens.

    Le progrès technologique est le seul modèle à encourager


    • amipb amipb 30 janvier 2010 21:00

      Nous ne vivons pas sur des planètes différentes. La responsabilité de notre peuple ne sera que la somme des responsabilités individuelles.

      Je vous accorde toutefois que le mode de vie moderne est très largement perfectible, tout comme l’est le partage des ressources. Il serait temps que les individualismes s’effacent devant l’avenir que nous réservons à nos enfants.


  • plancherDesVaches 30 janvier 2010 21:16

    Excellent article.
    En effet, cette publicité tapageuse pour le « bio » est une vaste fumisterie pour toute personne qui respecte (terme usité au 20ème siècle et tombé en désuétude face au pouvoir du gain (voir fric dans le dictionnaire)), respecte donc la nature de façon naturelle parce qu’elle est simplement belle.
    Cela vous paraît naïf.. ???

    Bougez pas. La nature va devenir cruciale quand vous n’aurez plus à bouffer.

    Et je vous souhaite de bouffer vos billets et lingots smiley


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