Dracula ou le capital : abolition de la propriété lucrative
A époque orwellienne, raisonnement orwellien. Pour nos journalistes, valets de leurs propriétaires, les marchands de canons et les milliardaires, le travailleur est un coût et le détenteur de capital un "créateur de richesses". Ou Dracula transformé en donneur de sang.
Outre l'affrontement du gouvernement de Tsipras en Grèce aux forces de la rente et de l'oisiveté capitaliste, deux événements passés relativement inaperçus doivent être relevés.
Le premier a été mis en avant sur le site d'Agoravox par Laurent Herblay : pour résumer, Lion Capital, détenteur des surgelés Picard, va augmenter la dette de l'entreprise de 750 millions d'euros, non pas pour investir mais pour verser un dividende de 602 millions à ses actionnaires (dont le principal est évidemment Lion Capital lui-même).
Le second est l'emprunt de 17 milliards d'euros lancé par Apple, entreprise qui dispose pourtant d'une réserve de cash de 145 milliards de dollars. L'objectif : investir pour sortir une énième version à la con de leur Iphone, acheté par des millions de nigauds ? Eh bien non : la somme sera utilisée pour verser des dividendes et racheter ses propres actions. Pendant que des milliers de chinois se tuent à la tâche soixante-dix heures par semaine et finissent pour certains par se suicider, écoeurés par leurs conditions de vie de serfs, chez les oisifs détenteurs d'actions d'Apple à l'autre bout de la planète (l'autre monde), on va pouvoir se gorger de fric sans en avoir foutu un bol et aller s'ennuyer et picoler sur son yacht (même pour la gestion de leurs capitaux, les oisifs disposent de petites mains : il ne leur reste plus qu'à acheter des croûtes et des baudruches pour plusieurs millions, ouvrir des musées et créer des fondations pour se faire passer pour des bienfaiteurs de l'humanité).
Devant ces scandales sans nom, le laïus de nos meilleurs éditorialistes, dont il est de toute façon inutile d'attendre un autre refrain de pareils zombies puisque leurs employeurs sont les mêmes qui profitent de ce type d'événements, le travailleur est un "coût" qu'il convient d'abaisser au maximum et le détenteur de capital est un "créateur de richesses" qu'il convient de dorloter au maximum (on lui ouvre en exclusivité les portes de Versailles ou du musée du Louvres, on lui organise des parties fines avec les jeunes filles et garçons enlevés par Dutrou, quoi d'autre ?).
Pour beaucoup d'entre nous, une bonne partie de nos salaires passe dans les loyers. Mais qui sont nos propriétaires ? Sont-ce les ouvriers qui ont empilé les briques et les pierres pour nous abriter ? Sont-ce les carriers qui extrairent lesdites pierres ? Sont-ce ceux qui fabriquèrent les tuyaux de plomberie, les cables d'éléctricité ? Eh bien non ! Tous ces gens, ces travailleurs qui ont fait nos toits de leurs mains, avec leur seule force de travail, ce sont des "coûts" mes braves gens. Des "charges". Le vrai propriétaire c'est celui qui n'a pas mis une seule brique, un seul tuyau, un seul câble, qui a hérité ou qui avait du capital pour acheter et qui aujourd'hui fait payer parfois plus de la moitié de leur salaire les travailleurs qui, pour avoir mis toutes les pierres, toutes les briques, tous les tuyaux et les cables de l'immeuble, en plus d'avoir construit les routes, les voitures, les vélos, les chaussures, les trains qui permettent de gagner nos logements, sont des "coûts".
Qui est le véritable "créateur de richesses" et qui est le "coût" dans l'histoire ? Comment ? Vous avez encore un doute ?