mardi 23 avril 2019 - par pessoa

Drame du météorisme à Strasbourg : un pétomane enflamme les baudruches de l’ENA !

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Le gaz corporel s’est enflammé soudainement. Au sein même des entrailles d’un organisme informe, voué au façonnage consanguin des servants de messe de l’Etat jacobin. Et le gazier pyromane, à l’origine de la diffusion des miasmes, est l’un des anciens. Un Macron de la pire espèce : celle des renégats de l’énarchie. Opportunément détenteur du titre de Grand Satrape National Jupitérien, il menace de fermer le réfectoire de la fameuse Ecole Nationale d’Administration, manquant d’affamer toute une tribu d’amateurs de tête de veau.

Confessons-le d’emblée, les mauvaises effluves étaient perceptibles depuis un certain temps. C’est que le culte désintéressé du service public est devenu une imposture bien ventrue. Une boursouflure rhétorique. Une métaphysique du pet-de-nonne. Ça sentait la posture à plein nez.

Pour preuve, les voici s’épanchant, victimes des circonstances, dans « Le Monde ». Nous sommes « touchés au cœur », déclarent-ils. On voudrait faire d’eux des boucs-émissaires ! C’est dire le niveau de lucidité des compagnons du devoir servile interchangeable.

En marche vers la grande pressurisation libérale

Car au cours des 40 dernières années, c’est toute l’architecture idéologique des supposés serviteurs de l’intérêt général qui fut progressivement ébranlée au profit de sectateurs néolibéraux, qui devaient instaurer un service public du lucre à responsabilité sociale nulle, et à durée politique illimitée.

De sorte que les nouveaux disciples ont rapidement eu pour appétit naturel de remâcher leur bréviaire sur la fin de l’Etat-providence, la promotion exclusive de l’économie de marché, et la dérégulation systémique du secteur public, en lâchant de temps à autre un mollasson zéphir dans le giron de ses condisciples, par pur esprit de contraction épigastrique. 

Pour autant, le Grand Satrape National Jupitérien n’a pas encore rendu ses divinations, et rien n’est officiellement éventé. Ne serait-ce là qu’une péripétie parmi tant d’autres, auxquelles ont déjà fait face « nos p’tits gaziers de la Marianne », comme on les surnomme par mauvaise foi administrative ?

Mais il est aisé de conspuer. Encore faut-il se pincer le nez ! Et se souvenir du « Grand-Transit » qu’ils furent presser d’affronter sans foirer, et en dépit de leur plein gré !

Foirade, oui, lorsqu’ils durent accepter de quitter Paris pour Strasbourg voici quelques années, afin que le culte trinitaire-républicain s’enrichisse d’un Golgotha alsacien. Il s’agissait de conditionner nos futurs maîtres aux calvaires qu’ils auront à nous infliger. Cela ne se fit donc pas sans quelques difficultés, puisque la volonté du gouvernement d’Edith Cresson souleva, dès l’origine, en 1991, un puissant vent de contestation parmi les maquisards du coltard.

Les premières promotions s’étrangleront d’ailleurs contre leur « exil forcé » ! Se sentant lâchés comme des suppôts de Saint-Christophe en terre impie. Comment ne pas s’en retourner aussitôt l’estomac ? Des saucisses au petit-déjeuner, et du chou en compote ! Qui tiendrait décemment un pareil régime d’ostrogoths ?

La situation restera confuse au moins jusque 1993. Pendant de longs mois, les « résistants » parisiens tinrent un siège homérique, en assommant la populace strasbourgeoise à coup de sommations par formulaires impératifs. Leur bravoure inouïe entravera ainsi le transfert total de l’établissement pendant 10 ans ! 2003 marque alors l’année à partir de laquelle les futurs gestionnaires d’Etat resteront définitivement enfermés dehors, à Strasbourg. Signe suprême de leur déréliction : la Commanderie Saint-Jean de Strasbourg, où s’est installé l’établissement, se trouvaient être une prison jusqu’en 1988 !

Etoile rouge de Lorraine gonflable

Mais passons de la geôle à la liesse. Il faut dire que la République, bonne mère, régale ses futurs grands administrateurs depuis une paye. Née sous une belle étoile gaullo-communiste par les efforts conjugués d’un Maurice Thorez (PCF), d’un Michel Debré (Gaulliste), et du pouvoir règlementaire de « Mongénéral », la belle école des hauts-dominants chargés de lubrifier les fondements administratifs de la grande nation, et de constituer, puis d’irriguer, le personnel politique de garde républicaine, se croyait une institution indéboulonnable.

C’était sans compter les ruades anti-technocratiques engagées des 2 côtés du spectre politique depuis 40 ans, les contestations populaires embrayées depuis quelques mois dans le sillage des gilets jaunes, mais surtout les coups de boutoirs flanqués par des anciens ou anciennes, aussi fielleux qu’un Macron, et qui trouvent à mordre la main de ceux qui les ont nourris.

Adeline Baldacchino, diplômée de l’ENA en 2009 et magistrate à la Cour des comptes, est de celles qui ne veulent plus d’indigestion de conscience.

Son constat, estampillé dans son livre intitulé : « La Ferme des énarques », évoque l’augmentation de la défiance populaire à l’égard des institutions politiques et administratives traditionnelles, ainsi que du vote Front national, comme le témoignage d’un délitement d’une élite qui ne parvient plus à trouver de réponse à une crise installée. Considérant que le manque de culture critique, de compétences disciplinaires de haut niveau et d’expérience de terrain constitue la principale faiblesse de l’école (beaucoup de lieux d’enseignement formatés ou élitaires souffrant des mêmes maux), et l’une des causes de la décrédibilisation des technocrates. Elle prophétise enfin que l’institution : « pourrait bien finir comme la ferme orwellienne ».

Un réquisitoire bien injuste en vérité. Après tout, une étude intitulée : « Que sont les énarques devenus ? », réalisée en 2015 par le Centre européen de sociologie et de science politique, à l’occasion des 70 ans de l’établissement, illustre que c’est bien plus gâté !

Inversion sociale à compresseur

Si la France est un pays relativement égalitaire, la mobilité sociale y est de plus en plus anecdotique. Et cela se traduit particulièrement à travers le recrutement dans cette école, dont l’endogamie est saisissante. Ainsi, 10 promotions étudiées entre 1983 à 2009, permettent de conclure que 7 étudiants sur 10 ont un parent exerçant ou ayant exercé une profession supérieure. 72,2% en 2009, quand la part des enfants de professions intermédiaires chute à 12%, celle des artisans à 9,6% et celle des employés et ouvriers, « regroupés en raison de la rareté des effectifs », culmine à 6% !

Le temple de l’énarchie assume donc son architecture folle de pyramide inversée.

En 1964, dans son livre « Les Héritiers  », le polisson Bourdieu dénonçait certaines grandes écoles françaises, dont l’ENA, comme étant monopolisées par les « héritiers de la culture dominante ». Aujourd’hui, c’est bien fini. L’ENA a connu de nombreuses réformes destinées à ouvrir largement son vivier de recrutement. La vertu germinale a porté ses fruits : les dominants ont désormais une culture d’héritiers, ce qui change tout !

Résultat : le « classement de sortie », qui concentre toutes les attentions des jeunes carriéristes, détermine le choix des placements professionnels. Les 12 ou 15 premiers peuvent tranquillement péter dans la soie, et choisir les « grands corps » (Conseil d’État, Inspection générale des finances et Cour des comptes). Le tout-venant quant à lui digère le reste (Autres inspections générales, Quai d’Orsay, Cours ou tribunaux administratifs…). Tandis que les losers, qui émargent parmi les derniers, choisissent entre le tout-à-l’égout des affaires publiques, ou l’abomination des ministères sociaux. Dur, dur, d’être un cassos de la haute fonction publique ! 

Fort heureusement, le pantouflage est le moyen de consolation préféré de nos hauts-fonctionnaires (et pas que de l’énarchie), qui peuvent à leur guise exercer un contrôle sur une entreprise un jour, en tant que gestionnaire d’un service public, et prendre le contrôle de celle-ci, en tant que PDG et salarié de droit privé, un autre jour. Cette consanguinité décomplexée entre public et privée, source de conflits d’intérêts majeurs, est l’illustration empirique que les intérêts sociaux et économiques sont devenus poreux, et ne connaissent plus de traits distinctifs pour les gouvernements successifs. La matrice idéologique étant de rétrocéder l’ensemble des richesses publiques au bon vouloir des prédateurs capitalistes, avec le plein assentiment des licteurs de l’Etat que sont les énarques, lesquels sauront y prendre leur part en temps voulu.

Clonage politique aérophagique

En entrebâillant les arrière-cours d’un pouvoir central aux pratiques démocratiques suffocantes, surplombantes et infantiles, assisterons-nous enfin à l’effondrement programmé du sanctuaire administratif dont sont structurellement issus tous ses principaux représentants politiques, de droite comme de gauche, depuis 70 ans, et verra-t-on les servants de la messe étatique se retrouver à la cloche, comme des merdeux ?

Et en la matière, il y a du pire, et pire encore : François Hollande, Jacques Chirac, Emmanuel Macron, Valéry Giscard d’Estaing, Bruno Le Maire, Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse, Florian Philippot, François Asselineau, Henry de Lesquen, Ségolène Royal, Philippe De Villiers, pour ne citer que les médaillés d’or…

Pourtant, rien n’est moins sûr que la disparition de cette abbatiale de l’entre-soi. Car comment un pouvoir de tradition jacobine se passerait-il d’un corps d’exécutants de premier choix, mandatés pour exécuter servilement chacune de ses injonctions ?

La vraie question n’est donc pas de savoir s’il faut en finir avec l’ENA, mais plutôt comment le corps des représentants de l’Etat, trouvera à se reproduire socialement, pour continuer d’assurer le pilotage institutionnel et l’orientation économique libérale de tout un pays, si d’aventure l’ENA disparaissait ?

Enarchie vaincra ?

Bien sûr, il y a d’autres grandes écoles, ou l’homogénéité sociale reste préservée, mais il n’est pas sûr que leurs éléments remplacent avantageusement un corps de fonctionnaires comparable aux énarques. Aussi soucieux de sa servilité comme moyen d’assurance professionnelle, et de promotion personnelle !

Cela, alors que la création de l’ENA en 1945 venait suppléer les pratiques de la IIIème République, dans laquelle la majorité du personnel politique était avocat, tandis que les élites administratives faisaient l’objet d’un recrutement discrétionnaire, c’est-à-dire par recommandations et copinages. L’objectif était à la méritocratie et à la démocratisation. Mais comment escompter sincèrement le mérite personnel dans une société si peu soucieuse de démocratie sociale et d’égalité réelle depuis 40 ans ?

En creux, cela interroge par ailleurs sur la capacité et les moyens de tous ceux et celles qui ne sont plus disposés à jouer les soldats de plomb, devant les représentants d’un pouvoir se dilatant sur des bases toujours plus creuses et verticales, à résister aux objurgations et prescriptions antisociales de ces baudruches d’Etat.

Car, pour paraphraser un personnage du roman « Le guépard » de Lampedusa, il se pourrait même que nous assistions jeudi 25 avril, lorsque Macron communiquera ses arrêts en matière de réformes démocratiques, à la déclaration d’un énarque-président décrétant qu’il faut que l’ENA change, pour que rien ne change à l’ENA… 



3 réactions


  • tuxuhikewi 24 avril 2019 09:54

    Bonjour,

    Quant je vois la tiédeurs de ce qu’on appelle les radicaux, je m’effraie du « choc technologique » que vous allez bouffer au premier feu, pauvres vous.

    Combien de ces milliers de motivés la resterons tétanisé des semaines voir des mois la première fois qu’un « clic », sans le moindre son, fera NK morts en un instant.

    Radicalisez vous plus.


  • zygzornifle zygzornifle 24 avril 2019 12:16

    Il faut dire que la République, bonne mère, régale ses futurs grands administrateurs depuis une paye

    On les vois se pavaner comme des paons a la télé ayant une opinion sur tout sachant tout sur tout , ce sont des puits de science et ils ont réponse a tout et peuvent résoudre tous les problèmes mais a la différence du maçon au pied du mur ils n’ont que leur salive et quand il font quelque chose c’est la catastrophe ....


  • marmor 24 avril 2019 14:52

    Vacuité, incompétence, voilà les mots qui définissent la majorité des ces personnages qui ne sont en poste que grâce au blanc-seing qu’est le diplôme de cette école, qui semble leur donner une incontestable et incontestée expertise dans la gestion de l’état et des grandes entreprises nationales. On se rend compte que le bilan est catastrophique, dans tous les domaines administrés par cette engeance . Les patrons comme Pinault, Arnaud, Dubrule,Dassault, Mulliez et autres ont montré avec éclat qu’il ne suffisait pas d’être diplômé de cette école pour gérer et créer des richesses et des emplois, au contraire des entreprises et banques gérées par des énarques qui n’ont connu que des désastres. A liquider au plus vite !! 


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