E. Macron : une parenthèse ?
E. Macron : une parenthèse ?
Il est tout à fait possible qu’E. Macron ne se représente pas. Pourquoi ?
Le cas échéant, les cartes pourraient être rebattues. En quoi ?
Voici des hypothèses de travail sur les deux points.
I.
E. Macron est peut-être « fini » : pourquoi ?
A.
Non pas parce qu’il déciderait lui-même de profiter autrement de la vie. Mais parce qu’il aurait en quelque sorte sécrété ce qui prépare sa propre disparition.
Les études qui ont été consacrées à la manière dont E. Macron est passé de l’inexistence à l’Elysée, montrent qu’il a été choisi, financé, soutenu par les réseaux et leurs médias, ou pour faire court, par ce qu’on appelle « l’Etat profond ». C’est à dire cet ensemble de personnes qui détiennent capitaux, entreprises, médias, et dont on trouve le nom dans de multiples réseaux influents.
Et qui font naturellement en sorte, ce qui est « normal » ou « logique », que les décisions des politiques servent leurs intérêts, et en tous cas ne les contrarient pas.
E. Macron n’a pu être ainsi recruté que parce, dans cette logique, il a été jugé comme ayant la tête de l’emploi (du contrôle au faciès ?) . Que parce qu’il ferait ce qu’il avait à faire (par exemple parce qu’il aurait été jugé n’avoir « pas froid aux yeux »).
Et que son art de la séduction et sa maîtrise de la manipulation seraient des atouts. Tant pour prendre les décisions escomptées, que pour faire « avaler » le résultat desdites mesures à ceux qui allaient nécessairement en souffrir.
a) Et, sous un certain rapport, les premiers résultats furent prometteurs. Plusieurs réformes s’inscrivirent en effet dans la droite ligne de la bible de l’Etat profond, dont le texte est gravé dans les tables de Maastricht et de Lisbonne.
b) Par ailleurs, E. Macron a réussi a « institutionnaliser » le nouveau clivage sociétal (économie dérégulée / économie régulée). Il a débauché les Maastrichiens qui se trouvaient chez les LR ( RPR / UMP), les centristes, et chez les PS . Pour fabriquer le gouvernement, et pour se procurer une majorité parlementaire.
Ce qui fait que les citoyens, - au moins ceux qui n’ont toujours pas pris conscience des conséquences du vote de 1992 - ont continué à penser « partis de droite / partis de gauche » (1). Avec les espoirs accrochés à la survenance d’une alternance fondée sur ces concepts organiques. Et ce, dans le cadre d’un Etat censé continuer à fonctionner dans le cadre traditionnel des institutions démocratiques ( gouvernement et parlementaires qui représenteraient les citoyens et qui mèneraient, en leur nom, une politique d’intérêt général) .
Alors qu’en réalité, le gouvernement s’appuyant sur des parlementaires transformés en claque de cabaret, ne fait plus que mettre en œuvre l’idéologie et les recettes « maastrichiennes ».
B.
Seulement, disent certains, E. Macron « s’y serait cru ». Avec les conséquences (négatives) y afférentes.
a) Déjà, devenu président de la République, il a donné des portefeuilles ministériels à des personnes qui présentaient l’avantage de ne pas lui porter ombrage en raison de leur personnalité très … ordinaire (ou qui acceptaient de passer pour médiocres). Et dont l’essentiel du rôle fut de rendre hommage au président de la République, et de relier leurs tâches et leurs décisions au génie présidentiel.
Alors que ce qu’ils disaient et ce qu’ils faisaient était parfois (en rupture avec l’image attachée au statut de ministre) un peu ridicule. Quand ce qu’ils disaient n’était pas, sous une forme ou sur une autre, des mensonges ; et quand ce qu’ils faisaient n’était pas banalement la mise en œuvre desdits mensonges.
Toutes choses qui ont rejailli ( négativement) sur le président.
Quant aux parlementaires LREM, ils donnèrent vite l’impression, plus encore que beaucoup d’autres, de ne pas être des « représentants ». Avec comme raison d’être principale, dans les circonscriptions comme sur les plateaux de télévision, celle de louanger le président ou de dénigrer (« complotistes », « souverainistes », « populistes ») ceux qui avaient à redire.
Un peu à la manière des jouets enfantins que l’on remonte. Et qui, où qu’ils se trouvent, se livrent aux mêmes contorsions.
b) L’analyse des discours d’E. Macron fait dire à certains que ce dernier :
1/ veille à séduire, à être apprécié, approuvé, donc, quelque part … à être « aimé ».
Ce qui révèle une faiblesse : celle consistant à se mettre dans une situation d’infériorité par rapport à l’autre.
Ce qui l’a par exemple conduit, pour obtenir la sympathie de ses auditeurs, à mettre les policiers en conflit avec l’institution gouvernementale. Alors que ( si l’on s’autorise un peu de provocation) « l’Etat profond » a besoin des policiers pour contrer les manifestations organisées contre les résultats de la politique « maastrichienne ».
2/ a une tendance à se comporter à l’égard des citoyens qui sont des adultes (et même avec les chefs d’Etats étrangers), comme se comporte un instituteur qui gouverne des enfants du cours préparatoire.
Et qu’il abaisse en plus le « niveau » du message présidentiel avec la logorrhée sur le lavage des mains ou les justifications données à l’emploi du temps qu’il a concocté pour lesdits citoyens.
Quand il n’invite pas les citoyens à s’exprimer au sein d’assemblées où il est le « monsieur Loyal », en les prévenant que lorsque ces derniers se seront défoulés, c’est lui qui prendra les décisions ; celles-ci ayant d’ailleurs été arrêtées avant que le forum n’ouvre le rideau.
Ce qui a l’inconvénient d’énerver et d’indisposer.
3/ et qu’en dehors du service des plats cuisinés de l’Etat profond, il éprouverait des difficultés conceptuelles ou à réagir lorsqu’un problème nouveau surgit.
La gestion de l’épidémie de virus est l’exemple cité : Un virus apparaît quelque part en Chine, et on ne contrôle pas les voyageurs qui débarquent à CDG en provenance de l’endroit. Le virus se répand.
On ne soigne pas et l’on attend le vaccin miraculeux. Comme on ne soigne pas, les hôpitaux n’en peuvent plus d’accueillir des malades en difficulté.
Et comme les hôpitaux n’en peuvent plus, on confine tout le monde de la même manière.
Ce qui a des résultats catastrophiques sur l’économie, et l’emploi. Etc… etc…
Ce qui pose problème. Surtout quand des idées de secours ne peuvent jaillir, pour les raisons qui ont été dites, de l’équipe gouvernementale ou de la majorité parlementaire.
Bref, si E. Macron était à nouveau candidat, les effets attachés à ce qui vient d’être relevé, ne pourraient que donner des chances à un(e) candidat(e) non maastrichien(ne).
II.
Quid après l’épisode Macron ?
L’ « Etat profond » (v. supra), en prenant la décision de « fabriquer » E. Macron a fait un choix raisonné en 2017. Mais il ne peut pas, au moins raisonnablement, prendre le risque de remettre en piste comme candidat, celui qui a des chances d’être battu en raison de la face « cachée » - v. ci-dessus- ( le contrôle au faciès … fait de dos ? ) du personnage.
Il y a alors une multitude de cas de figure, que l’on pourrait croiser à partir d’un tableau à double entrée.
Qui dépendent - des choix de « l’Etat profond » comme - des démarches des politiciens qui franchiront le pas de la candidature. (Ou de ceux qui le pourront matériellement. Puisque l’argent nécessaire aujourd’hui pour la campagne électorale fait penser aux époques où seuls les gens fortunés étaient éligibles).
A.
L’ « Etat profond ».
a) L’ « Etat profond » (v. ci-dessus) peut reprendre sa tactique de 2017, mais avec quelqu’un d’autre. En allant récupérer par exemple F. Fillon ou N. Sarkozy, un deuxième couteau parmi ceux qui piaffent d’impatience, ou en fabriquant un candidat qu’il jugerait plus présentable que ces derniers.
Dans ce cas là, et puisque ça a marché, Marine Le Pen est ré utilisable. Il suffit de la faire monter électoralement pour qu’elle soit dans les deux premiers lauréats du premier tour. Puis de la présenter entre les deux tours, de manière subliminale, une fois encore, comme une sorte de « nazie ».
A condition qu’un candidat tiers ne fasse pas un meilleur score que celui du candidat de « l’Etat profond ». Ce qui permettrait à l’outsider d’être élu face à Marine Le Pen.
Perspective a priori contrariante pour « l’Etat profond » si cet outsider n’est pas « maastrichien » / « gouvernement-mondialisant ».
b) "l’Etat profond" peut aussi envisager de ne pas s’opposer (par l’embargo sur les financements, et par des attaques en règle par ses médias), à la candidature et à l’élection d’un(e) candidat(e) voulant réformer les règles de Maastricht.
Election d’un telle personnalité qui ferait probablement perdre un peu d’argent aux personnes et institutions privées constituant ledit « Etat profond ». (Par exemple, si ladite personnalité s’avisait de faire voter des dispositions propres à réduire la fraude ou l’optimisation fiscales).
Mais ce qui éviterait la concrétisation des risques découlant des « fautes » ou des « travers » d’ E. Macron et des siens et de l’usage immodéré de ficelles trop grosses par les soutiens médiatiques de ce dernier. Risques d’explosion sociale ou de troubles sociaux à répétition. Que les difficultés économiques accrues par les décisions de confinement ne peuvent que faire redouter.
1/ C’est qu’en réalité autoriser l’Etat à emprunter à sa banque centrale, permettrait aux gouvernants d’aider certaines entreprises à travailler en France et pour la France. Pouvoir intervenir dans le domaine économique permettrait de donner aux investisseurs des opportunités équivalentes aux privatisations des services publics. Et veiller à l’indépendance nationale, élément de l’indépendance plus générale de l’Europe, pourrait ne pas nuire à l’endiguement de la concurrence étrangère.
2/ C’est qu’en réalité la mise en place d’institutions européennes rénovées, qui n’auraient plus à déréglementer et à exiger des Etats qu’ils soient soumis à la loi des plus forts, est un objectif raisonnable (2) . Institutions qui auraient par exemple pour tâche, fondée sur le dialogue et l’étude, de favoriser et de faciliter, pour chaque Etat, et dans l’ensemble de la zone, l’élévation du niveau de vie de la population, et de doper l’économie.
Ce qui n’est pas une perspective qui ruine l’espoir de faire du chiffre d’affaire.
Et ce qui fournirait probablement un moyen d’éviter qu’un enfant né pauvre, le demeure, et prive la collectivité de ses talents potentiels, faute pour ses parents d’avoir pu lui payer des études.
B.
Les candidats potentiels.
Du côté des candidats potentiels, deux attitudes principales, se divisant chacune en deux, pourront être, logiquement, observées.
a) le clivage selon les enjeux de société
1/ Certains peuvent (enfin) comprendre que le véritable clivage est désormais le clivage de société suivant : soit on continue dans la logique d’un gouvernement mondial (et de l’effacement des gouvernements traditionnels) , soit on revient à la pratique du gouvernement qui prend des décisions en fonction des besoins du lieu et du moment, et peut en changer en fonction de la volonté des citoyens concernés.
2/ D’autres peuvent continuer à se comporter comme si le clivage était encore le clivage dépassé. C’est à dire le clivage « organique » : parti de « droite », parti de « gauche » (1) .
Sans voir, par exemple que le parti socialiste agonise sur le plan du « socialisme », et que le parti communiste est mort. Avec à « droite » et au « centre » de semblables dénis de la réalité. Qui font que certaines personnes croient toujours possible de terminer leur carrière à partir de partis … qui suivent la trajectoire du Parti radical .
b) les clivages selon les stratégies personnelles.
1/ Certains peuvent se lancer tête baissée dans le processus électoral, en pensant que l’heure est toujours à l’écriture d’une liste de promesses qui ne peuvent plus être tenues (Maastricht) et qui d’ailleurs ne sont plus crues depuis longtemps. Et en étant persuadés qu’ils se feront mieux entendre s’ils disent du mal de ceux qui racontent la même chose qu’eux.
Sans compter les discours communautaristes nécessairement inopérants, dont le contenu racoleur ne peut, dans certains cas, que permettre à quelques uns de continuer à exister en attendant la retraite.
2/ D’autres peuvent penser, ce qui serait nouveau, qu’il est plus intelligent de conclure un pacte de non agression entre les personnes qui ont le même objectif dans le contexte des enjeux réels ( soit réformer Maastricht ; soit s’y accrocher bec et ongles). Et ensuite de se rallier à celle ou à celui d’entre eux qui est le mieux placé pour concourir au match du deuxième tour.
Quitte pour cela à recevoir une récompense en sièges aux élections législatives qui suivront. Le jumelage des élections présidentielles et des élections législatives se prête parfaitement à l’opération.
C’est probablement l’une de ces combinaisons de paramètres qui expliquera le résultat.
Quant au pronostic, il est actuellement , évidemment , prématuré.
Marcel-M. MONIN
m. de conf. hon. des universités
(1) ce qui est différent des sentiments de rattachement à des philosophies différentes, voire opposées, qui demeurent nécessairement. Et qu’il faut distinguer de l’appartenance à une organisation. Des personnes ayant une philosophie personnelle de « droite » (pro loi du plus fort, anti protection sociale) , peuvent faire carrière, dans un parti de gauche (nombreux exemples). Comme dans les partis de droite, il existe des personnes dont l’action et les positions montrent que ces dernières sont animées par des valeurs de liberté, de respect des droits de l’homme et de justice sociale.
(2) il ne s’agit pas de « sortir de l’Europe », mais au contraire de renforcer l’efficacité des organes communautaires autour d’objectifs plus ambitieux et de méthodes plus intelligentes. Mais sans porter atteinte, dans aucun Etat, aux droits politiques des citoyens.