mercredi 3 octobre 2018 - par hommelibre

Emmanuel aux Antilles

Il vit une aventure à la Martine. Martine aux Antilles. La photo qui en résulte célèbre un moment de franche camaraderie républicaine. Mais voilà, on lui cherche des poux.

Fierté

De gros poux. Je ne partage pas tout. J’ai par exemple de plus en plus horreur du ton imprécateur/victimaire de Marine Le Pen, un ton qui finit par noyer ses arguments. J’essaie une autre lecture de cette séquence. Mais je partage en partie certaines critiques qui le visent. D’abord, comme le suggérait un intervenant sous mon précédent billet :

« J’imagine qu’il doit considérer que des jeunes hommes noirs peuvent se mal se tenir. C'est "culturel". Par contre un jeune blanc de province doit savoir dire "Monsieur le Président" et se comporter avec politesse.... J’y vois presque une forme de racisme. »

Oui, un traitement différent. Un possible racisme en creux. Il semble partager la culpabilité de l’homme blanc occidental face au reste du monde. L’image le montre dans une posture plutôt « djeun », avec une expression improbable – de celles qu’on partage avec des copains. Pas celle qu’on attend d’un président en exercice. À noter qu’il semble que monsieur Macron n’ait pas vu immédiatement le doigt d’honneur.

Un autre élément renforçait dans un premier temps cette idée de traitements différents selon la couleur de la peau. En avril dernier un retraité avait fait un doigt d’honneur en public. Il visait le président. Ce retraité a été interpellé, placé en garde à vue et sanctionné d’un rappel à la loi.

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Cependant, on apprenait quelques heures plus tard que le jeune homme au doigt d’honneur ne visait pas le président mais tous ceux qui considèrent la population de ce quartier comme des riens. L’exclusion sociale existe toujours, même dans des populations historiquement victimes de ségrégation.

Ceux qui ne vont pas dans ce quartier voient sa population comme peu fréquentable. En réponse, le doigt d’honneur leur dit : « Voyez, nous sommes suffisamment bien pour que le président nous rende visite. » Il exprime une fierté.

 

Changer les codes

Pour moi cette justification est prenable. Le langage des corps invalide l’idée que le président ait pu être visé. En cas de doigt d’honneur on s’adresse directement à la cible et on ne la touche pas avec son corps comme c’est le cas ici. De plus les images qui précèdent et suivent cet épisode ne montrent pas d’hostilité envers le président.

Par contre l’image montre qu’il cède le pouvoir aux jeunes gens. On le voit en-dessous d’eux, en infériorité symbolique, décontenancé, dans une attitude de début de soirée plus que dans celle d’un président. La posture des jeunes gens est forte, pleinement assumée, et montre leur aplomb. Ce sont eux qui mènent le bal.

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Qu’attend-on de la fonction présidentielle ? Qu’elle soit incarnée de façon parfois hiératique et plutôt distante. Au-dessus des gargouillis du monde. La proximité n’est pas forcément perçue comme un bon marqueur de l’autorité, même si elle est parfois réclamée.

Cependant chacun l’exerce selon sa vision et sa personnalité. Macron veut changer les codes, pourquoi pas. C’est un défi à l’intérieur de son quinquennat. La tradition française est coriace et contradictoire à souhaits, bon courage pour lui.

Cette autophot (auto-photographie, ou selfie en anglais) d’une seconde, avec ce doigt d’honneur, va marquer son mandat. J’ignore si elle va le desservir, ou au contraire si les français apprécieront qu’il se soit jeté dans l’arène.

Pour moi se pose à nouveau la question de sa jeunesse émotionnelle. Soit il fait trop djeun pour son âge, soit il fait trop sérieux comme le soir de sa victoire. Son attitude sérieuse est à mon sens discontinue.

 

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À suivre

Par exemple je trouve ses silences peu épais, peu habités. Comme une séquence interrompue, sans continuité secrète, celle que l’on attendait, que l’on entendait, chez De Gaulle ou Mitterrand. Macron peine visiblement à se laisser libre de ses comportements (la fonction n’étant pas un carcan mais au plus un habit), et en même temps à incarner ce sérieux solide, stable et posé qui représente un aspect fréquent de l’autorité sage et bienveillante.

On lui reproche aussi son attitude et ses propos avec l’un des jeunes hommes, l’ex-braqueur. C’est vrai, il ne le tance pas comme il l’a fait avec d’autres. On peut en être étonné. La logique que j’entends dans ses propos mesurés est de vouloir ne pas en rajouter. Le garçon a purgé sa peine, il reconnaît avoir fait une bêtise. What else ?

Cela ne mange pas de pain évidemment, et l’on pourrait craindre le serment d’ivrogne. Mais j’ai trouvé intéressant de voir Emmanuel Macron proposer un contrat, même une sorte de pacte, validé par la parole et la présence de témoins. Ce faisant je pense qu’il parlait un langage assez proche de celui du jeune homme. Celui-ci s’est engagé publiquement, il est tenu à tenir son engagement par simple respect de lui-même.

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À suivre donc. Il serait intéressant qu’un journaliste retourne voir dans quelques années ce que ce garçon est devenu. Il pourrait aussi enquêter sur l’hypothèse que cet échange avec le président aurait fait des émules : d’autres jeunes en délicatesse avec la société pourraient, qui sait, suivre la même voie.

 

Faille

En fin du compte je n’accorde pas une importance excessive à cette séquence. Je ne sais pas si je me serais justifié après coup, comme l’a fait l’Emmanuel. Je constate qu’il attire des comportement irrespectueux parce que trop familiers.

Il est jeune, il a encore beaucoup de travail à faire sur lui-même pour accéder enfin à une posture d’autorité calme, ouverte, proche et distante à la fois. S’il y arrive il pourra jouer au père de la Nation qui aime tous les enfants de la République en étant un peu plus crédible.

On peut déplorer la vulgarité qui a envahi à ce point la communication. Le doigt d’honneur ou le bras d’honneur sont très prisés par nombre de jeunes. Mais quand on voit ce qui parfois s’écrit sur certains blogs, ou quand on entend Cyrille Hanouna (TPMP) lancer à son chroniqueur Jean-Michel Maire, sur son ton mi-figue mi-

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raisin : « Je vais te balancer mon pied dans la gueule », en direct, parce que ce dernier a exprimé un avis qui n’a pas plu à l’animateur, on a en politique le spectacle que l’on mérite. Et le CSA s’en fiche : il n’intervient que dans ce qui a trait au sexe et aux femmes. Le CSA est-il devenu une annexe de l’internationale féministe ou un club d’obsédés sexuels ?

Ce qui me cause du souci dans cette image du doigt d’honneur est la possible culpabilité du président en tant qu’homme blanc, et le fait qu’un président cède si facilement autorité et pouvoir. Je n’ai pas d’animosité envers Emmanuel Macron, mais je crains que cette faille d’autorité ne le conduise à agir de manière peu appropriée en cas de crise politique majeure.

 



24 réactions


  • sls0 sls0 3 octobre 2018 18:09

    Je vis dans les Caraïbes, la posture des jeunes c’est ce qui est à la mode localement.

    Même avec de plus anciens dire bonjour ce n’est plus toujours se serrer la main, c’est le truc compliqué style rappeur.
    Si on me dit tu ne sais pas comment faire, je réponds que le ridicule ne tue pas mais il faut pas abuser quand même.

    Même à l’université, dans une photo de groupe, il y aura de telles poses.

  • exocet exocet 3 octobre 2018 20:31

    là, vu la posture et l’expression de son visage, ou bien notre Président de la République essaie de faire le jeun’s et c’est bien imité, ou bien ...je préfère ne pas faire de supputations à caractère ethnico-sexuel....


  • exocet exocet 3 octobre 2018 20:33

    Je me demande si c’est vrai, ce qu’on dit des Africains, qu’ils auraient un très gros sexe et qu’ils banderaient presque en permanence... Allo, l’Elysée, vous pouvez me renseigner ?


  • cétacose2 3 octobre 2018 21:00

    Macron est peut ètre allé aux Antilles pour recruter des benallas pour sa garde très rapprochée ?


  • BA 3 octobre 2018 22:40

    Charline Avenel est une camarade de promotion de Macron à l’ENA.


    Macron change les règles de nomination des recteurs pour placer une camarade de l’ENA.


    Le Conseil des ministres a adopté un texte permettant de bombarder une camarade de promotion de Macron à l’ENA à la tête de l’académie de Versailles.


    Publiée dans le communiqué du Conseil des ministres du mercredi matin 3 octobre, l’information est passée plutôt inaperçue. Sauf chez les universitaires.


    Les ministres de l’Education et de l’Enseignement supérieur ont, en effet, présenté un décret "portant modification des modalités de nomination des recteurs« . Le but annoncé : »diversifier le recrutement des recteurs". Comment ? En permettant à davantage de non titulaires de doctorat (plus précisément à des « non titulaires d’habilitation à diriger des recherches ») d’occuper cet emploi prestigieux. Jusqu’à présent, seuls 6 recteurs sur 30 pouvaient être non universitaires, le décret double ce chiffre à 12.


    L’intention serait sans doute louable s’il ne s’agissait à l’évidence d’un texte de circonstance. D’une manœuvre qui ressemble fort à celle qui a permis de nommer l’écrivain Philippe Besson, un non diplomate, consul à Los Angeles (nomination qui fait aujourd’hui l’objet d’un recours).


    Une source très bien informée décrypte ainsi le décret de ce mercredi :


    "En fait, il s’agit d’ouvrir ces postes de recteurs à plus d’énarques et plus précisément à une camarade d’Emmanuel Macron à l’ENA".


    Qui ? L’actuelle secrétaire générale de Sciences Po, Charline Avenel.


    L’Elysée et Matignon veulent bombarder cette énarque de la célèbre promotion Senghor à la tête de l’académie de Versailles, la plus grosse de France avec plus d’un million d’élèves. Or, cette haut fonctionnaire n’est pas titulaire de cette habilitation et le quota de six recteurs dans ce cas est déjà rempli. Il fallait donc l’élargir...


    Ce tour de passe passe opéré, plus rien ne s’oppose à cette nomination, à part l’avis d’une une commission ad hoc, dirigée par un membre du Conseil d’Etat, le corps auquel appartient le Premier ministre et le directeur de Sciences Po. Elle ne devrait donc pas rechigner outre mesure. L’heureuse élue a d’ailleurs a prévenu ses proches collaborateurs rue Saint Guillaume de son départ imminent à Versailles, où elle fait déjà des allers et retours. 


    Certes, cette énarque de 42 ans connaît le monde universitaire, puisqu’elle a été directrice adjointe du cabinet d’une ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse. Et, à Sciences Po, elle a, depuis 2013, mené à bien le rachat de « L’artillerie », le bâtiment de l’Armée situé au cœur du Quartier Latin, où l’école devrait installer son nouveau campus dans quelques années.


    Mais des universitaires reprochent à cette fonctionnaire de Bercy, qui n’a pas souhaité répondre à nos questions, de n’avoir jamais dirigé d’académie, pas même une petite. Ce qui, selon eux, la disqualifierait pour prendre en main la très grande académie de Versailles, réservée jusqu’à présent à des recteurs d’expérience. Mais on n’est pas forcé de partager leur point de vue chagrin.


    https://www.nouvelobs.com/politique/20181003.OBS3380/macron-change-les-regles-de-nomination-des-recteurs-pour-placer-une-camarade-de-l-ena.html



  • Croa Croa 3 octobre 2018 23:45

    Cette pose est faite pour faire diversion. C’est le seul truc que l’Emmanuel a trouvé pour faire oublier celle de son petit ami Alexandre en train de pointer son gros calibre en direction d’une dame !


  • Jonas Jonas 4 octobre 2018 00:30

  • Olivier Perriet Olivier Perriet 4 octobre 2018 09:24

    Globalement d’accord avec cette analyse plus mesurée que ce qu’on a pu lire partout.

    C’est quand même hallucinant que sur une visite de plusieurs jours on n’en retienne que 5 minutes certes douteuses, mais enfin.
    Et pourtant c’est pas les raisons de fond qui manquent pour critiquer Macron.

    Par exemple quand il veut une reconstruction tout à la fois exemplaire et en accélérée, sans règles.

    Quand il charge la collectivité locale l’aire de dire « j’y peux rien »

    Mais, on ne sort pas du paradigme de la présidentielle de 2017 :

    Macron n’est pas très enthousiasmant, mais ses opposants sont encore plus idiots, alors jusqu’ici ça passe.


  • zygzornifle zygzornifle 4 octobre 2018 09:43

    Macron représente la France a l’étranger ..... Hahahaha Wouhahahaha meme dans les yourtes en Mongolie on installe sa photo au fond du trou a caca creusé dans le sol et tout le monde lui ruisselle sur la tronche ..... 


  • zygzornifle zygzornifle 4 octobre 2018 09:45

    Trump va l’inviter pour lui enlever les pellicules de délinquants autour de son membre ....


  • zygzornifle zygzornifle 4 octobre 2018 09:50

    Je ne m’imagine meme pas le bizutage quand il est rentré comme trader chez Rothschild , le Macrounet a du perdre et recevoir des litres d’ADN .... 


  • jef88 jef88 4 octobre 2018 13:06
    Ce qui importe à Macron ?
    LA COM ! ! ! ! !
    Alors être entouré de deux blacks va lui apporter une tranche d’électeurs ! ! ! ! !
    C’est cela l’important .... le reste, il s’en tappe ....................................

    • Cateaufoncel3 Cateaufoncel3 4 octobre 2018 13:40
      @jef88

      « ...être entouré de deux blacks va lui apporter une tranche d’électeurs ! ! ! ! ! »

      Et en révulser un bien plus grand nombre.

      Passer pour le président des « nè...res » - c’est comme cela qu’ils causent, les gens quand ils sont entre amis - après avoir été le « président des riches », ce n’est pas un saut qualitatif en vue de l’isoloir

  • troletbuse troletbuse 4 octobre 2018 13:32
    A l’auteur
    Vous avez fait une erreur dans le titre. Le dernier film de la série Emmanuelle était :« Emmanelle au septième ciel »
    Macronimbus continue la série avec « Emmanuelle aux Antilles »

  • velosolex velosolex 4 octobre 2018 19:14

    Ce type me plait bien. Il a du mérite. 

    . Lui qui n’a connu que les villes du nord, il a quand même payé son voyage, en trimant dans la soute à charbon.
     Qu’importe que ce soit des gars ou des filles, qui lui passent autour du cou ces colliers de fleurs qui enivrent. 


  • molloy molloy 4 octobre 2018 23:46

    Je verrai bien ce cliché comme photo officielle à accrocher d’urgence dans les mairie, la classe totale.


    Sinon pour la prochaine, macron en train de chier au bord de la route par exemple, avec benalla en second plan, flingue à la main, non ? 

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