En marche … vers un parti unique
Le nouveau président Emmanuel Macron a pris ses fonctions dimanche et a nommé comme premier ministre Edouard Philippe, membre des républicains afin de mieux attirer ces derniers dans ses filet. Ira-t-on au lieu d’une grande coalition à l’allemande vers un parti dominant voir un parti unique du centre gauche au centre droit avec à la clef, la fin de l’alternance et de la démocratie telles que nous les avons connus ?
C’est l’enjeu réel de ce début de semaine et des nominations ministérielles qui ont suivi. Edouard Philippe savait qu’il pouvait compter sur certains ralliements potentiels : Bruno Le maire, Gérald Darmanin font désormais partis du gouvernement S’il arrive à en rallier d’autres (sachant que 173 élus des républicains ont déjà plaidé pour ce rapprochement), il aura réussi son pari : éliminer le PS puis les républicains pour s’assurer l’intégralité du pouvoir.
Puisqu’il a fait une thèse sur Machiavel, il a dû retenir de l’auteur du Prince : « qu’un Prince nouveau doit éteindre la race de ses prédécesseurs ». Dans le cas où ce dernier s’empare d’une République, cela signifie qu’il doit éliminer la classe politique précédente ce que Macron réussi fort bien aujourd’hui !
Car ce qu’il faut retenir, ce que la classe politique va être profondément remaniée : entre ceux qui abandonnent leur mandat de député pour conserver leur siège de Maire (l’incompatibilité nouvelle arrivant cette année) et les nouveaux élus d’En Marche, il y a fort à parier que de nombreux nouveaux députés entreront à l’assemblée et qu’ils devront leur siège au nouveau Président qui bénéficiera alors de tous les pouvoirs.
Et c’est bien le risque : selon un sondage du 7 mai, En Marche pourrait obtenir 250 à 285 députés, or c’était avant d’investir certains candidats du PS et le début de ralliement des républicains. Il y a donc fort à parier que ces derniers même s’ils obtenaient 200 députés, ce qui est loin d’être acquis, ne pourrait mettre en place une cohabitation et dans ce cas, il y a fort à parier qu’une partie supplémentaire du parti rejoindra le président après les élections.
Dans ce cas-là, nous nous trouverions face à un vaste mouvement du centre qui aurait à sa gauche Mélenchon, le PC et le PS, tous réduits à la portion congrue (ce dernier obtiendrait 30-40 députés) et à sa droite les Républicains, DLF et le FN (15-25 députés), eux aussi dans une situation délicate.
Le nouveau mouvement Les Républicains En Marche formerait alors un parti dominant, chacun des mouvements aux deux extrémités de l’échiquier politique, ne pouvant contester sa position. Nous serions alors face à un parti dominant (quasiment un parti unique) comme le fut le Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI) au Mexique qui gouverna le pays plus de 70 ans sans interruption.
Cela en serait alors fini de l’alternance et de la Démocratie, telles que nous les avons connues ! Nous nous retrouverions dans la configuration de la fin de la IVe République : à cette époque les gaullistes d’un côté et les communistes de l’autre bien que majoritaires dans l’opinion était tenus hors- jeu du fait de la configuration partisane. Alors, irons-nous aussi par la suite vers un changement de régime, comme celui qui advint alors en 1958, du fait de l’échec de la politique suivie ? On ne peut désormais que l’espérer !