Encore lui, véritable mouche du coche

 On aurait pu croire – à juste raison – qu’il s’agirait, comme toujours, de l’indécrottable P’tit Napoléon qui, à en croire les gazettes toutes récentes, aurait l’intention de se présenter, sous peu, comme « …le sauveur de la France » à défaut d’être « le Nouveau Messie » que l’Europe attendrait. Il est vrai qu’il y croit le bonhomme. Et en avant, les tribunes d’expert dans la presse de chez nous et de nos voisins allemands, les réceptions à déjeuner des sénateurs de son camp, un parti bien mal en point, aujourd’hui balayé, et ruiné, par des batailles de chef et scandales financiers dans lesquels il a dû vraisemblablement tremper. Et les phrase sibyllines, distillées par un entourage servile, les voyages à travers le monde largement « couverts » par des médias aux ordres, en compagnie ou pas de sa chanteuse préférée, courant de ci de là pour oublier, chi lo sa, les juges, financiers surtout, qui le pourchassent.

 Non il ne s’agit pas de Lui, mais de l’Autre. Se disant lettré, crinière abondante au vent, se prenant pour un ambassadeur de paix alors qu’il n’est en somme qu’un Don Quichotte de pacotille, dangereux de surcroît. L’inénarrable, l’intouchable BHL ! Mais pourquoi donc la France, à l’initiative de son Président actuel ou bien plus probablement de son Ministre des Affaires Etrangères, a-telle délégué récemment en Libye l’énergumène qui, avec l’ex chef de l’Etat tricolore et l’English, a été à la base de la mélasse meurtrière dans laquelle est plongée ce pays si riche.

 « BHL renvoyé à ses chimères » c’est ainsi que le site d’information tunisien Kapitalis, désigne dans son édition du 29 mai « notre ambassadeur » qui a tant œuvré pour lancer notre pays – qui n’est peut-être pas tout a fait le sien - dans la guerre en Syrie. Et de poursuivre : « …alors que la France tente de court-circuiter tout le monde en dépêchant son envoyé très spécial Bernard Henri Lévy en Libye pour tenter d'imposer un compromis politique, permettant de réinstaller Ali Zeidan au poste de Premier ministre, Abdelhakim Belhaj, reçu récemment au Quai d'Orsay, à celui de ministre de l'Intérieur, et Khalifa Haftar à la Défense, les participants à la réunion organisée par BHL, et notamment le représentant du général Haftar, se seraient fermement opposés à l'attribution du poste de ministre de l'Intérieur à l'ex-membre d'Al-Qaïda, Abdelhakim Belhaj, officiellement leader du parti Al-Watan mais qui, dit-on, actionne en sous-main les milices islamistes armées à Tripoli et ailleurs ». La réunion dont il est fait état et dont le résultat a conforté le Etats Unis, supporters du Général Haftar (surnommé aftershave par les internautes tunisiens) a été le préambule à deux importantes rencontres internationales programmées à Tunis les 1^er et 2 juin prochain.

  Dans la première, se retrouveront autour de la même table les ministres des Affaires étrangères des 5 pays de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), c’est à dire ceux de la Libye, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie. L'initiative en a été prise par le chef de la diplomatie tunisienne, lorsqu'il a rencontré ses pairs du dialogue 5+5 dit de Barcelone, le 22 mai 2014, à Lisbonne. A ce sujet, il est bon de noter que le fameux Dialogue de Barcelone (né à Rome en 1990) auquel participent, côté rive nord de la Méditerranée, Portugal, Espagne, France, Italie et Malte et côté Sud ceux de L’Union du Maghreb Arabe, a nettement repris du poil de la bête depuis que l’Union Pour la Méditerranée, l’UPM si chère (cette annonce avait coûté une fortune au pays) à Nicolas Sarkozy qui, hormis les pays du 5+5 voulait y impliquer l’Union Européenne, la Turquie, L’Egypte de Moubarak et la Syrie de Bachar Al Assad, avait très vite sombré avec armes, euros et bagages dans les eaux profondes de Mare Nostrum.

 La seconde réunion Internationale, demandée par le Gouvernement Tunisien depuis quelques semaines, rassemblera, autour du Roi du Maroc actuellement en visite officielle en Tunisie, les représentants de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), de l'UA (Union Africaine), la Ligue arabe, de l'UE (Union Européenne), et les envoyés spéciaux de l’ONU, des Etats-Unis, de la Grande Bretagne, de la France, de l'Italie et de la Turquie, pour décider de l'avenir de la Libye. (NB. En espérant bien sûr que notre BHL national ne fasse pas partie de cette diocte assemblée).

 Cette activité diplomatique internationale intervient au moment où la recrudescence du terrorisme aux frontières tunisienne et algérienne avec la Libye ont repris, faisant plusieurs morts côté tunisien dans les forces de sécurité locales. Alors qu'en Algérie l’armée a sérieusement renforcé sa présence frontalière, dans les régions du sud de la Tunisie, des coups importants ont été portés aux bandes d’islamistes, entraînés et armés en Libye (armes de toutes sortes et de tous les calibres récupérés dans les stocks livrés par les occidentaux lors de la lutte contre Khadafi), mais aussi au Mali. Ainsi une vingtaine d’entre eux ont été ainsi mis récemment hors d’état de nuire et une bonne quinzaine, formellement identifiés sont activement recherchés, leurs photos ayant été publiées par la presse. Il s’avère d’autre part que les forces spéciales américaines comme françaises, sur place depuis plusieurs semaines, sont sur le point d’intervenir en terre libyenne tout comme l’écrit le site tunisien Kapitalis, « …les armées de l’OTAN, en vertu d’une résolution de l’ONU concernant la protection des populations civiles de la Libye, datant de deux ans. »

 Qu'est donc venu faire dans ce meli-melo diplomarique notre BHL, intermédiaire maudit dans des affaires meurtrières qui ne le regardent nullement et dont certaines ont été initiées sur son intervention ?