Erdogan : Le plus orwellien des autocrates
Je souhaite soumettre à la communauté d’Agoravox quelques réflexions sur un sujet qui me tient particulièrement à cœur et que j’aimerais approfondir avec l’aide de tous ceux qui veulent y contribuer.
Comme je le disais dans certains de mes précédents articles qui ont suscité un grand intérêt, Orwell est devenu une référence dans le domaine spécifique de la surveillance du formatage et du contrôle de la société. Son roman « 1984 » est toujours d’actualité et doit être lu et relu.
Ce nouveau papier est consacré à la situation en Turquie où le néo-sultan autoritaire Recep Tayyip Erdogan a réussi à faire la jonction entre le nationalisme le plus dur et l’Islam.
Ce national-islamiste a réactivé les confréries musulmanes - mises sous tutelle de la République par Atatürk dès 1924 - et par leur intermédiaire (entre autres) tente de contrôler de plus en plus la société turque et en particulier la frange la plus progressiste et moderniste de cette société.
Les écoles religieuses (imam hatip) fleurissent sur les bords du Bosphore et dans toutes les contrées turques même les plus reculées.
L’armée, mise sous tutelle par le parti islamo-conservateur au pouvoir depuis plus de quinze ans, n’est plus que le garant de l’islamisation lente et continue du pays et de sa soumission au néo-sultan.
Dieu est servi à toutes les sauces, même pour sauver la monnaie turque en dégringolade vertigineuse depuis quelques semaines à cause des sanctions américaines contre cet allier turbulent : Erdogan refusant de libérer un pasteur américain emprisonné en Turquie accusé de soutenir le terrorisme et la rébellion, le président américain a annoncé des mesures économiques contre la Turquie. De son côté, le président turc dénonce un complot de l’Occident contre son pays et proclame à qui veut l’entendre que si les Etats-Unis ont le dollar, la Turquie a Dieu. « Nous ne perdrons pas cette guerre économique », répète-t-il à tout bout de champ. Pour redresser la livre turque, il exhorte les citoyens à échanger « l'or caché sous les matelas » contre des devises nationales, tout en s'en remettant à la bonne volonté de Dieu. « Ils ont les dollars, nous avons notre peuple et Allah », dit-il.
A travers les confréries, l’enseignement, le renseignement et l’armée, personne ou presque n’ose s’exprimer, manifester en encore protester contre l’hyper-président Erdogan.
Les journalistes, les juges et les enseignants emprisonnés sont comptés par milliers : la population se terre en attendant des jours meilleurs.