Et par dessus tout ça... l’accent qui se promène...
Quand un chanteur nous emmène visiter les marchés de Provence, on est sous le charme : on entend, tout d'abord, des sons de fifres et de tambourins provençaux, comme dans une farandole.
Puis, on savoure toute une ambiance : des senteurs de la mer Méditerranée toute proche, des sensations olfactives caractéristiques du midi : "fenouil, melons, céleris", autant de produits du terroir, aux effluves prononcées.
On perçoit, aussi, un air de gaieté avec des "gosses qui dansent", parmi la foule animée.
Le chanteur parle, ensuite, à la première personne, comme dans une confidence : il se définit comme un "voyageur de la nuit", belle expression qui restitue les contraintes d'un métier qui l'ont conduit à visiter de nombreux pays, sans les voir véritablement.
Habilement, Gilbert Bécaud mêle langage poétique et familier dans cette évocation : "Voyageur de la nuit, moi qui en ribambelle, Ai croisé des regards que je ne voyais pas..."
Et le poète exprime le désir de profiter pleinement de ce spectacle d'un marché de Provence, qui offre émerveillements et joie de vivre.
Le moment où se déroule le marché, est évoqué à deux reprises : "le matin", suggérant un renouveau, un bonheur qui recommence.
Puis, le poète nous fait entendre la voix d'une marchande qui vante ses produits, une façon, encore de restituer toute une ambiance :
"Voici pour cent francs du thym de la garrigue
Un peu de safran et un kilo de figues
Voulez-vous, pas vrai, un beau plateau de pêches
Ou bien d´abricots ?"
Il semble que cette marchande s'adresse à chacun d'entre nous, et l'on retrouve, dans une énumération, des produits provençaux par excellence : le thym associé à la garrigue, le safran, les figues...
Ainsi, le poète nous fait vivre l'ambiance d'un marché de Provence, les parfums, les voix, les rires, les enfants qui dansent...
L'énumération se poursuit avec d'autres ingrédients, tout aussi parfumés :
"Voici l´estragon et la belle échalote
Le joli poisson de la Marie-Charlotte
Voulez-vous, pas vrai, un bouquet de lavande
Ou bien quelques œillets ?"
Ce procédé suggère une idée d'abondance et permet de mettre en scène la faconde de la marchande.
Grâce à tous ces mots, on peut, aussi, entendre et savourer des sonorités du midi : "thym, garrigue, estragon, lavande".
Et, c'est, bien sûr, l'occasion d'évoquer l'accent de la Provence qui apporte un supplément d'âme à tout ce spectacle, haut en couleurs et en parfums.
"Et par dessus tout ça on vous donne en étrenne
L'accent qui se promène et qui n'en finit pas."
Un véritable cadeau, une "étrenne", nous dit le poète : l'accent est même personnifié, ce qui lui donne plus de vivacité et de charme, encore...
Enfin, le chanteur n'oublie pas de faire allusion aux "filles jolies" de Provence :
"Mais il y a, tout au long des marchés de Provence
Tant de filles jolies, tant de filles jolies..."
Elles aussi participent à la gaieté de ce spectacle puisqu'elles donnent des "idées qui dansent..." Et le poète a hâte de les retrouver, elles qui sont "les filles du soleil", symboles mêmes d'un bonheur rayonnant : on les entend rire, s'interpeller...
La mélodie, tantôt douce ou très rythmée nous entraîne dans une ambiance de fête et nous fait vivre tous les bonheurs d'un marché de Provence : couleurs, senteurs, rires...
Grâce à différents procédés, le poète sait restituer l'accent, la vie, l'atmosphère de ces marchés de Provence, et il nous fait participer à une véritable fête des sens.
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Photo : rosemar