jeudi 3 avril - par politzer

ET une guerre de diversion, UNE ! Trump en Napoléon 3 ?

Une guerre contre l’Iran : une diversion risquée pour masquer le protectionnisme de Trump ?
 
Face aux tensions économiques suscitées par ses mesures protectionnistes, Donald Trump pourrait-il envisager une guerre extérieure, comme des bombardements sur l’Iran, pour détourner l’attention ? Cette hypothèse, qui rappelle les expéditions de Napoléon III au Mexique au XIXe siècle, soulève des questions sur ses implications économiques et politiques. Si l’idée d’une diversion peut séduire, les conséquences pourraient s’avérer bien plus lourdes que prévu.
 
Une stratégie de diversion à la Napoléon III
 
En 1862, Napoléon III lança une intervention au Mexique pour détourner l’attention des Français de ses difficultés internes et asseoir son prestige. L’opération, coûteuse et finalement désastreuse, affaiblit son régime. De même, Trump, confronté aux critiques sur ses droits de douane – 60 % promis sur les produits chinois, 10 à 20 % sur les importations européennes – pourrait voir dans un conflit avec l’Iran un moyen de rallier les Américains autour d’un ennemi commun. Le slogan "America First" trouverait alors un écho dans une mobilisation patriotique, reléguant les hausses de prix ou les pertes d’emplois au second plan.
 
Les effets économiques : un remède à double tranchant
 
À court terme, une guerre pourrait stimuler certains secteurs. L’industrie militaire américaine, pilier de l’économie, bénéficierait d’une hausse des commandes, créant des emplois dans la défense. Le dollar, valeur refuge en temps de crise, se renforcerait, avantageant les finances américaines. Cependant, les coûts seraient immédiats et massifs. L’Iran, producteur de pétrole, verrait son approvisionnement perturbé, faisant bondir les prix mondiaux au-delà de 100 dollars le baril. Aux États-Unis, où l’inflation est déjà alimentée par le protectionnisme, les ménages subiraient une nouvelle pression sur leur pouvoir d’achat.
À l’échelle globale, les répercussions seraient encore plus graves. Une escalade au Moyen-Orient, avec des représailles iraniennes via le détroit d’Ormuz (20 % du pétrole mondial), désorganiserait les chaînes d’approvisionnement. Les marchés boursiers, sensibles à l’instabilité, pourraient plonger, sapant la confiance des investisseurs.
 
Une diversion politique fragile
 
Historiquement, les guerres externes ont souvent dopé la popularité des présidents américains, comme George W. Bush après l’invasion de l’Irak en 2003. Trump pourrait miser sur cet effet pour faire passer ses mesures protectionnistes comme secondaires face à une "menace iranienne". Mais en 2025, le contexte a changé. L’opinion publique, profondément polarisée, pourrait rejeter un conflit perçu comme injustifié ou trop coûteux. Loin d’unifier, une guerre risquerait d’amplifier les divisions internes.
 
Un pari risqué sur la scène internationale
 
Contrairement au Mexique du XIXe siècle, l’Iran dispose de moyens de riposte – drones, missiles, milices alliées comme le Hezbollah – capables d’embraser la région. Les alliés des États-Unis, déjà irrités par le protectionnisme, pourraient refuser de suivre, isolant Washington. Le coût budgétaire, estimé à des centaines de milliards de dollars, creuserait un déficit déjà colossal (35 trillions en 2025), limitant les marges de manœuvre pour d’autres priorités.
 
Une diversion éphémère aux conséquences durables
 
Si un conflit avec l’Iran pourrait temporairement masquer les effets des restrictions commerciales, il ne les effacerait pas. Les hausses de prix et les tensions avec les partenaires commerciaux persisteraient, amplifiées par l’instabilité mondiale. À l’image de l’échec de Napoléon III, cette stratégie pourrait transformer une diversion tactique en fiasco stratégique, avec des retombées économiques et politiques bien plus graves que les problèmes initiaux.
 
En somme, bombarder l’Iran pour détourner l’attention des mesures protectionnistes de Trump est une idée séduisante sur le papier, mais périlleuse dans les faits. Entre inflation galopante, isolement international et risques d’escalade, le prix à payer pourrait dépasser de loin les bénéfices escomptés. Une leçon que l’histoire, de Napoléon III à aujourd’hui, ne cesse de rappeler.



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