mardi 1er septembre 2020 - par Taverne

Etablir la confiance (triangle vertueux n°1)

La confiance est le résultat d'une force ternaire, de la confrontation de trois éléments ou plutôt d'"acteurs". Elle est le fruit de la liberté d'une part et de l'amour et l'autorité d'autre part. Le triangle symbolique "Enfant" (liberté), "Mère" (amour), "Père" (autorité) est ce qui constitue le terreau de la confiance. Ce triangle n'a pas de sommet ; chaque élément est d'égale valeur. Il est dit vertueux parce qu'il produit quelque chose de sain, en l'occurrence, il crée la confiance.

Dans "Les mots", Sartre raconte son enfance et dit ceci : "On ne m'a pas appris l'obéissance". Son père est décédé très tôt et n'a pas été présent comme autorité. Son grand-père n'a pas suppléé le père manquant. Plus loin : "Si mon père vivait, je connaîtrais mes droits et mes devoirs ; il est mort et je les ignore." Et le résultat est : "Je respecte les adultes à condition qu'ils m'idolâtrent". Un autre exemple d'écrivain bien connu me vient ici en mémoire, celui de Romain Gary, idolâtré par sa mère et qui se vivra dans la toute-puissance.

L'AUTORITE

L'autorité est autant utile par ce qu'elle prescrit (droits et devoirs : autrement dit les limites) que par ce à quoi la liberté vient se heurter avec violence. L'opposition à l'autorité est nécessaire, la révolte est saine en ce sens qu'elle permet à l'enfant de grandir par crises parfaitement utiles. L'autorité contre quoi se révolter a manqué cruellement et le petit Jean-Paul Sartre n'a pas pu vivre de saines révoltes : "Contre qui, contre quoi me serais-je révolté : jamais le caprice d'un autre ne s'était prétendu ma loi" (Les Mots). Par transposition, un peuple muselé et dont le pays ne connaît aucune opposition digne de ce nom, ne mûrit pas.

Comment agit le triangle vertueux ?

Pour qu'il soit générateur d'un confiance saine et équilibrée, ses trois composantes (liberté, amour, autorité) doivent non seulement être présentes, elles doivent être d'une certaine qualité.

Par exemple, l'autorité ne doit pas brider ou humilier la liberté, ni user envers elle de moyens d'intimidation excessifs (la peur, la terreur). Elle doit en outre posséder d'autres vertus pour jouer son rôle : stabilité, cohérence, exemplarité, etc. La bonne autorité est l'autorité qui permet à l'Enfant (la liberté) de grandir. La mauvaise autorité est, a contrario, celle qui brise ou bride cette croissance. Dans ce triangle vertueux, l'autorité est appellée "le père" par convention car, bien qu'elle soit également partagée par les père et mère (en France, l'autorité paternelle a cédé la place en 1975 à l'autorité parentale), des siècles d'histoire ont véhiculé ce stéréotype qui s'avère ainsi commode pour la démonstration. L'autorité possède un attribut bien particulier : la clémence. Depuis l'Antiquité, cette qualité est reconnue comme intrinsèque à l'autorité. Le pardon est plutôt féminin. : voir la religion catholique notamment. 

L'AMOUR

L'amour maternel est un phénomène qui s'observe dans la nature chez les mammifères sociaux. La maman éléphant protège son petit bien plus que le papa éléphant. Si elle décède ou en cas de défaillance, une autre éléphante prend le relai. On n'a pas constaté un phénomène analogue chez le genre masculin. C'est pour cela que j'ai (là aussi par pure convention et par commodité) opté pour associer l'amour à la mère, même s'il se voit dans nos sociétés que des pères peuvent témoigner autant d'amour envers leur progéniture que les mères. Un amour exclusif ou étouffant peut nuire au développement mental de l'enfant si aucune autorité ne fait pendant. Par conséquent, on peut en déduire que, tout comme l'autorité, l'amour doit posséder un certain nombre de caractéristiques de base pour qu'il soit sain et permettre à l'enfant de grandir sainement. L'amour doit notamment être constant, inconditionnel et donner des preuves, des gages, de sa force et de sa bienfaisance.

LA LIBERTE

La liberté enfin est le lot de l'Enfant. L'Enfant, c'est la progéniture mais symboliquement un enfant demeure en tout adulte. Ici aussi, il faut comprendre cette attribution comme symbolique et non exclusive. Si l'un des parents (voire les deux) sont de grands enfants et ne remplissent pas leurs rôles de parents, l'éducation en pâtira. L'enfant peut donc s'exprimer chez chacun des personnages du triangle mais par tout le temps (sauf chez le petit enfant). L'Enfant est le siège où résident la vitalité, l'appétit de vivre, la liberté totale.

Il ne suffit pas que l'amour et l'autorité remplissent les caractéristiques pertinentes précitées, il faut aussi qu'elles soient réglées en termes de proximité et d'éloignement. Un certain éloignement (symbolique) sied à une autorité pour qu'elle se fasse respecter alors qu'au contraire une proximité physique et d'affection est l'apanage de l'amour.

Transposé à la vie démocratique, dans les relations entre les citoyens et l'Etat, le triangle vertueux doit suivre le même schéma que dans une famille harmonieusement équilibrée.

L'Etat ne doit pas intimider les citoyens ou brider leur liberté plus qu'il n'est nécessaire, ni omettre de leur fournir une explication légitime et sérieuse à ses décisions capitales. Dans le triangle vertueux, je l'ai dit en ouverture, il n'y a pas vraiment de sommet. En conséquence, l'Etat n'est pas le Père en toutes occasions. S'il monopolise ce ce rôle, il en abuse et la démocratie s'en trouve menacée. Par exemple, si les gouvernants, pour parvenir à leurs fins, privilégient la propagation de l'ignorance ou de la peur. Et cela même si c'est pour le "bien" proclamé du peuple. De la même façon, si le Père efface totalement la mère (symbole de protection), il exerce alors une autorité abusive. La Mère représente tout ce qui est protection de proximité (les soins, l'empathie, la compréhension).

Aujourd'hui en France, l'autorité (le Père) fait montre de manquements et de négligences parfois sources de malentendus et d'effets durables désastreux. Certaines caractéristiques propres à l'autorité, comme la cohérence ou la stabilité sont absentes. L'abus de l'édiction d'interdits est également contraire aux intérêts des citoyens. Elle est devenue comme contagieuse... Je cite, sans exhaustivité, quelques interdits anti-démocratiques :

- Le confinement généralisé de toute la population au lieu de la mise en quarantaine des individus à risques et de la surveillance médicale de certaines régions et de la mise à l'écart des personnes âgées notamment dans les EHPAD,

- L'obligation du port du masque en extérieur hors des zones très populeuses et assortie de sanctions,

- Certains arrêtés tout bonnement scandaleux de préfets dont l'un est encore en poste alors qu'il aurait dû être démis de ses fonctions iimédiatement après sa décision odieuse de réprimer des supporters de football.

Outre ces abus d'autorité, l'infantilisation des citoyens est pernicieuse et constitue une déplorable politique, tout comme l’est la désignation d’une catégorie de bouc-émissaires (les jeunes).

L'Etat en tant que Mère protectrice cette fois - et plus comme Père et autorité - ne joue pas suffisamment son rôle non plus quand il se place en situation de ne pas pouvoir fournir les équipements médicaux à toute personne qui ne a besoin : les masques pour tout citoyen soumis à l'obligation d'en porter et d'en changer régulièrement, et surtout les surblouses et autres choses indispensables aux personnels soignants ou accompagnants.

Si le triangle vertueux ne se met pas en place correctement, nous risquons de glisser progressivement vers une société autoritaire qui ne respectera ni la vie ni la liberté des individus.

En conclusion

Liberté, amour et autorité doivent pouvoir s'exprimer sans se heurter au sein d'un triangle vertueux dont le sommet n'est accaparé par aucun des trois acteurs. C'est à cette condition que la confiance pourra se rétablir.

L’autorité ne peut se défaire de la responsabilité particulière qui lui échoit. Ses décisions fondées sur des impératifs non légitimes (comme la santé publique), sont illégales et inadmissibles. Je veux parler des arrêtés pris sur la base du principe de précaution interprété de façon abusivement extensive ou pour des raisons étrangères au but poursuivi (objectifs électoraux, recherche d'aprobation populaire).

En certains endroits ou à certains moments, on en vient à se demander si la question « qui doit porter le masque ? » n'est pas devenue « qui va porter le chapeau » ? Cette préoccupation ne doit pas prendre le dessus sur les nécessités pointées par ce que j’ai énoncé comme le « triangle vertueux » générateur de la confiance. 

 



22 réactions


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 1er septembre 2020 11:01

    Oui, n’oublions pas que le terme autorité signifie avant tout : auteur. L’auteur nous inscrit dans une filiation : le nom du père (sans évacuer la génération maternelle). Sans généalogie, sans racine sans filiation, l’humain n’a aucun socle pour grandir. Aucune assise. Le père, c’est la LOI que le pouvoir doit défendre. Mais si la loi est caduque comme avec l’introduction du mariage homosexuel, la GPA, PMA sans filiation, le système s’écroule. C’est aussi simple que cela. Et quand il n’y a plus d’Auteur, de père : les règles (qui sont du domaine maternel, puisqu’en général c’est elle règle qui le rythme des fèces), les règles prennent le pas...de l’oie (l’OIE, la loi). Le règlement est le contraire de l’autorité. Le règlement soumet, l’autorité élève.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 1er septembre 2020 11:09

    La règle soumet et l’auteur libère. Maintenant vous n’avez plus qu’à chercher sur Google le noms de personnes qui étaient derrière la LOI sur le mariage homosexuel... ATTENTION : des juifs étaient contre : citons : Jean Pierre Winter, Janine Chasseguet-Smirgel (le corps comme miroir du monde). Extrait : Le divorce du corps et de l’esprit est-il caractéristique de la pensée d’aujourd’hui ? Une révolte contre l’ordre biologique semble infiltrer sourdement la conception que nous avons du monde. ...


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 1er septembre 2020 11:29

    Le « m » de mère évoque l’amour (aime,...), comme des vagues,... Le « P » de père évoque plutôt une verticalité avec un chapeau (porter le chapeau qui suppose la responsabilité, sortir couvert qui évoque une protection, mais aussi quand l’autorité est trop imposante bloque la créativité-CHAT PEAU,...)


    • Taverne Taverne 1er septembre 2020 14:11

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.

      Oui, amusons-nous. L’autorité vient de PARIS.

      P = Patrie
      A = forme de la Tour Eiffel
      R : République
      I : forme de l’obélisque
      S : forme sinueuse de la Seine.


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 2 septembre 2020 08:55

      @Taverne J’aurais plutôt tendance à ne pas rire. Nous sommes gouvernés par des pervers. Plus un grand paranoïaque : 

      « Narcissique malfaisant », « sadique », « paranoïaque » : un documentaire décrypte Donald Trump

      Vous avez tendance à ne voir que le point de vue individuel alors que nous sommes hélas reliés au reste du monde,...


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 2 septembre 2020 08:57

      Pour le documentaire sur Trump : cf : LA LIBRE


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 1er septembre 2020 11:34

    Le « L » de LOI évoque des ailes. Mais quand celles-ci sont coupées, on s’enfonce dans la boue...


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 1er septembre 2020 11:48

    Le pas de l’oie peut aussi s’entendre comme plus de loi (différence sexuelle et de génération, inter-dit de l’inceste,..) mais des règlements...ARBEIT MACHT FREI,...Le signe de la vierge (la mère) est représenté par un « m », comme médecin. Dans la religion catholique le père est éliminé.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 1er septembre 2020 11:51

    Relire l’essai de Georges ORWELL : LE LION et la LICORNE.


  • Attilax Attilax 1er septembre 2020 12:01

    Le triangle vertueux est tellement pété qu’on est à 60% d’abstentions. Aucune solution à attendre du système ni d’un homme providentiel. Peut-être est-il temps de quitter le pyramidal qui nous dirige droit vers l’extinction pour essayer l’horizontal, qui ne peut pas être pire.


  • Sozenz 1er septembre 2020 12:39

    la confiance .

     la confiance est un mot largement galvaudé.

    on demande aux gens de faire confiance ; mais la confiance se gagne pas par l amour , pas par l autorité , mais de la façon dont on tient son engagement ; sa parole ;

    quand une personne s engage sur un chemin , et quelle demande la confiance des autres ; elle se doit de tenir ses engagements . ou donner des raisons valables de son manquement .

    tout le reste c est du blabla.


  • eddofr eddofr 1er septembre 2020 13:47

    N’accordes ta confiance qu’à ceux dont tu es certain de ne jamais dépendre, mais à ceux là, accordes la avec largesse, tu vivras heureux et tu auras plein d’amis.


  • eddofr eddofr 1er septembre 2020 14:08

    Pour l’honnête homme, la confiance qu’on lui accorde est une bien injuste reconnaissance qui ne lui amène que tracas, corvées et sollicitations.

    Pour le larron, la confiance à laquelle il ne cesse de prétendre n’est qu’un stratagème parmi d’autres pour abuser et flouer.

    Défis-toi de celui qui demande ta confiance et gardes toi de solliciter celui qui la mérite.


    • Sozenz 1er septembre 2020 14:36

      @eddofr
      pour l’honnête homme, la confiance qu’on lui accorde est une bien injuste reconnaissance qui ne lui amène que tracas, corvées et sollicitations.

      c est a l honnete homme de se charger de ce qu’ il veut bien ;
      la croix de chacun est assez lourde à porter pour qu’ il n aille pas se charger plus qu’ il ne faut par aspiration de reconnaissance ; que lui importe la reconnaissance de personnes qu’ il ne connait pas où qu’ il n estime pas ?
      s il s engage dans une voie qui est important pour lui où s il aide ceux qu’ ils aiment , seraient ce un poids ?
      est ce que les personnes qui aiment une personne de confiance abuseraient ils de lui ?

      Défis-toi de celui qui demande ta confiance et gardes toi de solliciter celui qui la mérite.

      j aime beaucoup ta dernière phrase !


    • Taverne Taverne 1er septembre 2020 15:40

      @eddofr

      La confiance dont il est question dans mon papier est autre chose qu’une sorte de monnaie d’échange pour évaluer la qualité d’une relation interindividuelle (choisir ses amis, ses relations).

      Il s’agit de la confiance inhérente à la vie même : confiance en soi, en la vie. Cette confiance profonde est la production d’une matrice (triangle vertueux Liberté-Amour-Autorité). La confiance dans cette acception du terme est aussi une chose qui grandit par progrès.


  • Rincevent Rincevent 1er septembre 2020 15:02

    Convoquer Paul Racamier et Eric Berne pour, finalement, une histoire de masque ou pas masque me semble un peu excessif…

    Si l’un des parents (voire les deux) sont de grands enfants et ne remplissent pas leurs rôles de parents, l’éducation en pâtira
    . https://fr.wikipedia.org/wiki/Incestuel

    Le triangle symbolique…  : https://fr.wikipedia.org/wiki/Analyse_transactionnelle


    • Taverne Taverne 1er septembre 2020 15:58

      @Rincevent

      L’analyse transactionnelle est intéressante en ce qu’elle décrit les rôles et les relations inter-rôles. Ma théorie développe l’idée de la matrice de la confiance (thème peu abordé par l’analyse transactionnelle), une force tellement essentielle que je la placerai à la base même de la pyramide des besoins de Maslow (où elle ne figure pas !).

      Il s’agit ici de philosophie et non de développement personnel ou de psychologie. Je ne parle pas de rôles mais d’acteurs producteurs de confiance.


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 1er septembre 2020 16:14

      @Rincevent Lire Michel CAUTAERTS : différence entre perversion narcissique et Oedipe...


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 1er septembre 2020 16:38

    Surtout ne JAMAIS accorder sa confiance à un pervers narcissique.. ;AMAIS accorder sa confiance à un pervers narcissique.. ;


    • Bendidon ... bienvenue au big CIRCUS Bendidon 1er septembre 2020 19:05

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      Et à UNE perverse narcissique ?????
      Déjà 8 com sur 18 ! Article totalement mélusiné
      On se tire smiley


  • jacques 1er septembre 2020 18:58

    pas de bol, se chopper une Mélusonite aiguee.....


  • saint louis 1er septembre 2020 21:42

    Ça fait un bon moment que je n’ai plus confiance en l’Etat et en toutes ses administrations.

    Ces institutions qui nous représentent ne respectent pas le citoyen contribuable et pratiquent des choix parfois illégaux à l’encontre du bon sens populaire.

    Les trois cotés du triangle sont loin.


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