mardi 15 septembre 2020 - par Bruno Hubacher

Etat vassal

Il est peu probable que Dr. Angela Merkel, physicienne de formation, ne soit en mesure d’évaluer adéquatement la « dangerosité » de la situation sanitaire ambiante dans son pays, ni d’ailleurs la probabilité d’un empoisonnement potentiel au gaz neurotoxique mortel, « Novitchok », du militant politique russe et repris de justice (détournement de fonds (1)), Alexeï Navalny.

Est-ce que le pouvoir absolu contribuerait à l’obscurcissement fatal de la capacité de jugement ? Toujours est-il, dans un élan humanitaire et fraternel, le gouvernement allemand décida d’organiser, début septembre, un « rapatriement » immédiat dans la capitale allemande, du blogueur russe, supposément empoisonné dans la ville de Tomsk par son « adversaire politique », le Président « himself », dans le but de le faire soigner au bastion de la « gestion pandémique » du virologue « vedette » Christian Drosten, l’« Hôpital universitaire de la Charité ». 

A peine deux jours après l’arrivée du patient russe, l’ancien président et actuel co-président du parti d’opposition « Alliance 90 / Les Verts », Cem Özdemir, publia une diatribe belliqueuse dans le titre phare du groupe de presse Axel Springer, « Bild Zeitung », évoquant une interruption possible des travaux du Gazoduc Nordstream II, passant par la mer Baltique pour approvisionner les ménages allemands en gaz naturel, ouvrage déjà achevé à 95%, en guise de représailles contre une « tentative d’assassinat d’un adversaire politique, orchestrée par le Kremlin ».

Diplômé du programme « Young Leaders » du « Think-tank » à but non lucratif « Atlantik-Brücke » et de l’ONG « American Council of Germany », Herr Özdemir sait où se trouve sa « patrie politique ». Petra Kelly a dû se retourner dans sa tombe encore et encore depuis la mainmise sur son parti par les néolibéraux.

S’il fallait encore une preuve de l’obsolescence des partis politiques, la voilà. Mise à part le fait que le gaz naturel n’est peut-être pas le nec plus ultra contre le réchauffement climatique, il est tout de même le moins polluant de toutes les sources d’énergies fossiles, émettant deux fois moins de CO2 par kilowattheure que le charbon.

L’alternative que le parti de la « durabilité écologique, économique et sociale » semble favoriser, est l’importation, par voie maritime, de pétrole et de gaz de schiste liquéfié des Etats-Unis, nation devenue à nouveau exportatrice de sources d’énergies fossiles grâce à la politique énergétique de l’administration Obama, ceci la première fois depuis 1953, grâce au procédé d’extraction de la fracturation hydraulique, hautement toxique pour l’environnement.

La politique environnementale du lauréat du Prix Nobel de la Paix n’est pas seulement un désastre écologique, mais également économique, car suite à l’effondrement du prix du baril de pétrole, l’industrie pétrolière américaine opère à perte, puisque le coût d’extraction par fracturation se situe bien au-dessus de la cotation sur les marchés financiers qui oscille autour de 40 USD le baril.

Puisqu’il semble peu probable que les programmes de relance divers et variés, tous basés sur le principe de l’économie de l’offre, mis en place par les gouvernements des pays industrialisés, fassent remonter les cours des matières premières, sauf l’or peut-être, c’est la demande « naturelle » du troisième importateur net de gaz naturel, l’Allemagne, qui pourrait faire l’affaire. 

Entre temps c’est le Ministre fédéral des affaires étrangères Heiko Maas et la Chancelière elle-même qui sont entrés en brèche pour emboîter le pas au sémillant écologiste Özdemir.

Ce fut le 8 septembre 2005 que l’entreprise d’énergie russe, Gazprom, le chimiste allemand BASF, ainsi que le groupe d’énergie allemand, E.ON, signèrent l’accord de base pour la construction d’un premier gazoduc, reliant les champs pétrolifères russes aux consommateurs allemands, via la mer Baltique.

Le gouvernement de l’ancien Chancelier socialiste Gerhard Schröder approuva la construction du gazoduc en se portant garant d’un crédit de 1 milliards euros. En guise de remerciements, le dernier se vit confier le poste de Président du Conseil de surveillance du consortium germano-russe à la fin de son mandat politique.

Les travaux du deuxième tuyau, Nordstream II, projeté par la société Nord Stream AG, incorporée dans la ville suisse de Zoug, connue pour la qualité de ses travailleurs, commencèrent en avril 2018, malgré un projet de loi, adopté par le Congrès américain le 15 juin 2017, menaçant, comme à son habitude, d’amendes, de restrictions bancaires et d’exclusion aux appels d’offres américains, toutes les sociétés européennes qui participeraient à la construction de ce projet.

Suite à la signature de la loi le 21 décembre 2019 par le Président Donald Trump, la société suisso-néerlandaise « Allseas », domiciliée dans la commune fribourgeoise de Châtel-Saint-Denis, spécialisée dans la pose de pipelines en mer, suspend sa participation au projet, la pose des 150 kilomètres de tuyau restants, après réception d’une lettre de menace de la part des sénateurs américains, Ted Cruz du Texas, le royaume du pétrole, ainsi que du sénateur Ron Johnson du Wisconsin, stipulant « qu’une poursuite des travaux, même pour une seule journée, exposerait la firme à des sanctions juridiques et économiques dévastatrices et potentiellement fatales, telles que la saisie des avoirs du contracteur sur territoire américain, l’interdiction d’y opérer, ainsi que la révocation de visas de ses dirigeants. » (Wikipedia)

La facture des dommages et intérêts potentiels pour le gouvernement allemand de la part de toutes les compagnies impliquées pourrait se situer entre 5 et 9 milliards euros, le coût de l’ouvrage, raison pour laquelle Madame Merkel compte sur la solidarité européenne, avec succès, à ce qu’il semble.

Trop occupé à convaincre le peuple suisse de la nécessité de l’achat d’une série d’avions de chasse pour 6 milliards CHF, dans le cadre du réarmement de l’OTAN, souhaité par le gouvernement américain, il est peu probable que, dans cette affaire, le gouvernement suisse se risque à un incident diplomatique.

 

 

  1. Condamné en 2014, avec son frère qui est sorti de prison en 2018, à trois ans et demi de prison avec sursis, pour surfacturation à l’encontre du distributeur de produits de beauté « Yves Rocher » (Russie) par un tribunal moscovite. Le jugement fut « invalidé » par la « Cour Européenne des droits de l’Homme » en 2017. La maison Yves Rocher n’est sans doute pas non plus au-dessus de tout soupçon, puisqu’un autre de ses anciens cadres en Russie purge actuellement une peine de prison en Suisse pour malversations, en sa qualité de gestionnaire de la banque Crédit Suisse, avec la complicité de la dernière, il faut bien le dire. 


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