vendredi 22 février 2019 - par VICTOR Ayoli

Êtes-vous « flexitariens » ? C’est nouveau, ça vient de sortir !

…de sortir des cervelles enfiévrées d’« Interbev », l’interprofession de la viande. Késaco ? Le terme « flexitarien » a été inventé par le chroniqueur culinaire américain Mark Bittman (The New York Times magazine), pour désigner tous ceux qui ont décidé de réduire leur consommation de viande. Un végétarien intermittent, en somme ! Les Gilets jaunes, avec leurs actions intermittentes à fréquence hebdomadaire sont des « flexitariens » de la révolution en quelque sorte !

A midi, je suis invité chez un couple d’amis. La dame est suédoise. Prendraient-ils le risque de ne proposer à leurs invités que des végétaux ? Ne plus offrir de viande, c’est prendre le risque de briser le lien social dans l’imaginaire des gens. Dans les mouvements anti-viande et pro-légumes, il y a une forme d’angoisse face à la vie. On désigne la viande comme l’ennemi et le légume comme le sauveur. Ce couple antagoniste danger/sauveur, diable/ange est récurrent dans nos sociétés. Les marques s’engouffrent dans la brèche du tout végétal, les changements de comportements créant un nouveau marché. Toutefois, il ne faut pas négliger que pour une partie des Français, la viande reste le signe du vrai repas. Invitez des amis et supprimez cet ingrédient de votre plat principal, vous passerez, au mieux, pour un nul en cuisine, au pire, pour un radin qui n’accorde pas d’importance (ni d’amour) à ses convives qui refuseront vos prochaines invitations ! La population française aime trop le foie gras et la blanquette de veau pour s’imaginer un avenir uniquement composé de végétaux !

Les discours culpabilisants sur la viande, infligés à longueur d’émission par de tristes rabat-joie ont surtout pour effet de miner le moral des éleveurs accusés d’être à la fois des pollueurs et des empoisonneurs.

Alors que s’ouvre le salon de l’agriculture, il serait temps de nous rappeler qu’Il n’y a pas de pays sans paysan, que de ce paysan dépend notre alimentation, mais aussi notre environnement et que la France est belle parce qu’elle est cultivée.

A côté des intégristes du tofu et de la carotte râpée, remplacer la viande par un substitut reste l’obsession des ingénieurs agronomes. Avec 9,7 milliards de bouches à nourrir en 2050 et des contraintes environnementales grandissantes, les chercheurs se tournent vers la viande artificielle… Quitte à jouer les apprentis sorciers. D’un côté, il y a l’école du « in vitro » : l’université de Maastricht qui a donné naissance, en 2013, au premier hamburger synthétique fabriqué à partir de cellules-souches prélevées dans les muscles de bovins. De l’autre, celle de l’impression 3D de viande. Ce procédé de bio impression a été mis en place aux États-Unis par la société Modern Meadow. Mais ces techniques posent le même problème : celui de l’acceptation d’une viande artificielle par les consommateurs. Encore heureux !

Un courant de pensée consiste à dire que la viande est devenue trop banale, que l’on n’en maîtrise plus la qualité, y compris gustative. Pour pallier ce problème de qualité, des scientifiques australiens ont établi un système de prédiction de la qualité sensorielle de la viande sur le principe qu’il faut vendre la viande au juste prix. À partir d’une combinaison « muscle x mode de cuisson » et en compilant plusieurs informations sur les animaux et les viandes (sexe, croissance, poids des carcasses), le Meat Standard Australia (MSA) est ainsi capable d’établir une hiérarchie qualitative (non satisfaisant, 3*, 4* ou 5*). Ce système permet de rémunérer le producteur en fonction de la qualité réelle de la viande plutôt qu’au poids de la carcasse. Une garantie de salaire pour des éleveurs qui peinent à joindre les deux bouts et un gage de qualité pour les consommateurs. Devant la montée en puissance des végétarismes, la montée en gamme du marché de la viande, à l’image du vin ou du café, s’impose. Ce système de classement qualitatif est une idée à creuser.

Et puis, zoù ! Vivons dangereusement, mangeons de la viande ! Savourons, célébrons l’explosion de saveurs en bouche d’un gigot d’agneau de Sisteron, la souplesse sous la langue d’une côte de cochon entrelardée, la puissance au palais d’un civet de lièvre, l’opulence d’une côte de bœuf, la subtilité d’un magret de canard.

Et tant pis si nous ne connaissons pas les folies gustatives du tofu grand veneur.

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10 réactions


    • Francis, agnotologue JL 23 février 2019 13:13

      @Deepnofin
       
       j’approuve sans réserve.
       
      Le pb c’est que, dans le Système capitaliste, il en est de la marchandise comme de la monnaie : la mauvaise chasse la bonne.
       
      Pour la viande c’est dramatique du fait des souffrances animales que ça produit rédhibitoirement


  • Drougeok Drougeok 22 février 2019 18:24

    C’est vieux ça, c’est des Bi en LGBTXXX+


  • baldis30 22 février 2019 18:26

    bonsoir

     et leur expliquer aussi qu’ils ne sont pas obligés d’aller voir les corridas ...


  • Sergio Sergio 22 février 2019 19:11

    Je remarque souvent des extrêmes dans les appellations, végans, végétariens, flexitariens ..., qui entraînent forcément des réactions épidermiques de personnes gênées par les extrêmes et je comprends. Notre société demande constamment des classifications, savoir ce qu’on veut et pas ce que l’on ne veut pas, juniors, seniors et plus. Pour ma part je ne suis pas végan, mais je mange à la fois de la viande et des produits végétariens pour le plaisir de changer et de découvrir et cela sans faire d’excès. Je dirai que je ne suis pas dans le flexible, je fais ce que je veux, les croyances culinaires qui imposent leur savoir vivre quel qu’il soit, j’m’en cogne.

    Pour infos, j’ai trouvé dans les poubelles de l’association dans laquelle je travaille, de la salade, du fenouil, de la viande, l’ensemble venait d’une autre association qui distribue de l’alimentation aux plus démunis. Restait dans cette poubelle, un emballage de chips vide, alors la guerre des vega/vegéto/carnivo/élasticoflexibles, ça dépareille !


  • La Voix De Ton Maître La Voix De Ton Maître 22 février 2019 19:34

    Au moins le discountarien n’a pas a se poser ce genre de question, en plus l’emballage a le même goût que le contenu comme ça on recycle !

    Par contre la cuisson, je conseille bien cuit à moins d’avoir une confiance aveugle dans la chaîne du froid ou à l’hygiène de la filière.


  • dr.jambon-beurre dr.jambon-beurre 23 février 2019 00:22

    le Meat Standard Australia (MSA) est ainsi capable d’établir une hiérarchie qualitative (non satisfaisant, 3*, 4* ou 5*).

    L’arnaque du développement durable dans toute sa splendeur ! On garde les mêmes structures et le même mode de production mais avec une étiquette verte sur le produit, gage d’une grande qualité et respectabilité.

    Une des meilleures viande de boeuf au monde est celle du Vanuatu. Tendre et goûteuse, c’est une pure merveille ! Le secret de leur qualité ? L’élevage extensif à l’ancienne sans produits chimiques.

    Manger de la viande n’est pas un problème en soi, nous y sommes programmés pour, mais c’est tout notre mode de production qui est une aberration, pour les animaux et pour nous. La bonne nourriture a un coût, celui de la qualité et la course productiviste au toujours moins cher à tendance à nous le faire oublier.


    • AlbertGam AlbertGam 25 février 2019 14:32

      @dr.jambon-beurre

      L’arnaque du développement durable dans toute sa splendeur ! On garde les mêmes structures et le même mode de production mais avec une étiquette verte sur le produit, gage d’une grande qualité et respectabilité.

      Tout à fait !

  • popov 23 février 2019 09:46

    Moi, je suis omnivore, comme le cochon. Il n’y a pas besoins de trouvailles sémantiques pour me désigner. Je n’en suis ni fier ni honteux. C’est comme ça que la nature m’a fait alors j’assume et je l’en remercie.

    S’il y en a qui déclarent certaines nourritures tabou d’après leur religion à la con ou leur nouvelles croyances à la tout aussi con, je les laisse faire, mais je m’en fous.

    Tant pis si je passe pour le parfait boubour, ou plutôt, tant mieux.


  • HELIOS HELIOS 23 février 2019 16:58

    Cette fois, ce n’est pas notre vieil ami africain qui le dit (n’est-ce pas Olivier je sais que tu aimes surfer sur la pensée unique dans ce domaine), mais ma grand mere qui disait toujours : « Ce n’est pas parce que tu n’aimes pas qu’il faut en dégouter les autres »

    Alors, messieurs et medames les vegano-vegetaro-flexi-ariens... (note, a propos d’aryens ne confondons pas... quoi que, niveau humanisme, hein...)... foutez nous la paix, on ne vous demande rien, vous bouffez ce que vous voulez, nous aussi !


  • AlbertGam AlbertGam 25 février 2019 14:24

    Perso je suis végétarien (pas végétalien ni vegan, simplement végétarien). Et encore... un végétarien « modéré » puisque je mange du poisson (régime dit « crétois »).

    Mais peu importe ce que je mange. L’important est que chacun doit rester libre de ses choix sans n’avoir rien à justifier à personne... et sans avoir non plus à se croire obligé de militer pour ce qu’on adopte soi-même.

    Que l’un soit carnivore, qu’un autre soit végétarien, qu’un autre soit un mixte entre les deux (pesco-végétarien comme dans mon cas, « flexitarien » comme dans d’autres cas, etc. on peut inventer tous les termes qu’on veut) c’est une affaire de choix personnel et on respecte ainsi les choix des autres sans avoir à les critiquer ni les juger. En revanche quand on commence à faire de ses choix un motif de militantisme, on entre dans une mentalité qui n’a plus rien de personnelle ni de respectueuse envers les choix des autres. On entre alors dans une forme de mentalité politique. Et à mes yeux le véganisme n’est autre qu’un extrémisme politique, et non seulement militant mais de surcroît totalement irrespectueux des choix personnels de chacun, au point même de devenir violent. On assiste alors à un véritable paradoxe : des gens qui prétendent militer pour la non-violence envers tout être vivant... mais qui se conduisent de façon violente. A tous ces vegans je rappelle systématiquement quand je les croise (mais je parle à chaque fois à des sourds) que Gandhi était effectivement végétalien... mais ne s’est jamais conduit comme ces vegans ses conduisent et n’aurait jamais approuvé leur mode de militantisme violent.

    Même les bouddhistes (et je suis bouddhiste, ch’an, étant franco-chinois) ne sont pas vegans ! Mis à part dans certains monastères. 90% des bouddhistes du monde entier, y compris au Tibet, au Nepal, au Bhoutan, en Mongolie, en Chine, au Japon et en Asie du Sud-Est, sont seulement « flexitariens » ou pesco-végétariens. Mais tous ces vegans occidentaux de pacotille ont une vue du monde tellement étroite qu’ils refusent même cette évidence flagrante (et qu’ n’importe qui peut constater en voyant toutes les vidéos documentaires à disposition des occidentaux sur la vie dans ces pays, y compris au Tibet, au Népal et au Bhoutan).

    Que chacun mange ce qu’il veut. Sans avoir à militer pour quoi que ce soit. Que ceux qui veulent être végétaliens stricts le soient, c’est leur droit. 

    Que ceux qui veulent être végétariens le soient, c’est leur droit. 

    Que ceux qui veulent être pesco-végétaliens le soient, c’est leur droit (c’est d’ailleurs la base du régime méditerranéen, du régime d’Okinawa, et du régime suédois). 

    Que ceux qui veulent être flexitariens stricts le soient, c’est leur droit. Mais qu’on cesse, les uns et les autres, de tout le temps militer pour son choix personnel et mépriser les choix des autres (et je m’adresse à tout le monde, y compris d’ailleurs à ceux qui mangent de la viande).

    L’important en matière d’alimentation d’origine animale c’est :

    • de respecter l’animal quand il est vivant.
    • de ne pas tuer l’animal en lui occasionnant des souffrances (la souffrance n’est JAMAIS justifiable !)
    • de ne pas faire de l’alimentation animale une industrie dont les motivations soient plus mercantiles qu’autre chose (et là je pense tout particulièrement au monstrueux lobby de l’agro-alimentaire) mais de faire en sorte que la population privilégie des élevages de qualité (pour la vie de l’animal tout comme pour la viande qui en sera consommée).

    Et surtout, surtout, quoi que nous mangions (végétal comme animal), que ce soit SAIN, que ce ne soit pas de la malbouffe ! Rappelons que les lobbies agro-alimentaires qui rendent les populations malades sont dirigés par les mêmes patrons et les mêmes financiers que les lobbies pharmaceutiques ! On rend les gens délibérément malades (et addicts à des produits ultra-transformés) précisément pour entretenir en parallèle le commerce florissant de la pharmacie ! Ces deux lobbies n’en sont en réalité qu’un seul, ce sont les deux faces d’une même pièce.

    Qu’on mange de la viande ou pas est un choix personnel, et qui n’a aucun besoin d’être justifié et ne permet aucunement de s’arroger le droit de militer, surtout avec mépris ou avec violence. Deux choses sont importantes : la première est d’éviter toute souffrance inutile pour les animaux, et la seconde est d’éviter toute source de souffrance pour soi. Quand une majorité de gens auront compris et adopté ces principes de base si élémentaires on aura fait un immense pas ! On pourra alors discuter plus sereinement d’une éventuelle étape suivante (s’il en existe une). Mais ce premier pas est incontournable, il faudra bien qu’un jour l’humanité « occidentale » le comprenne. Et pourtant rien que ce premier pas, on en est encore très loin !


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