Europe, ONU, même combat !
La célébration du 60ème anniversaire de l’ONU et le bientôt cinquantenaire de la signature du Traité de Rome amènent le modeste citoyen français européen que je suis à faire un parallèle entre ces deux grandes idées. Je sais, comparaison n’est pas raison, mais cela peut éclairer sur la pérennité de certains comportements et sur l’inertie de nos pensées.
Dans nos discussions avec notre entourage, dans les déclarations de responsables politiques, dans la presse, etc., il est bien rare de nos jours d’entendre des propos hostiles à l’ONU ou à l’Union européenne, je veux dire dans le principe que représentent ces deux organisations. Issu de la boucherie de 14-18, le principe d’une coordination des Etats pour le maintien de la paix mis en place en 1945 est largement admis et personne ne conteste non plus, dans son principe, l’idée de l’Union européenne.
Commencée avec les poids « lourds » de l’Europe de l’époque (Allemagne, Italie, France), la construction européenne a rencontré ses premiers problèmes lors de ses élargissements à 9 puis à 15, et a atteint l’immobilisme à 25. Tout comme l’UE, l’ONU ne comptait qu’une soixantaine de pays à sa création en 1945. Elle en compte aujourd’hui presque 200. Aussi bien au sein de l’UE que pour l’ONU, l’arrivée des « petits » pays a considérablement modifié la donne et a bloqué le système. Dire cela n’est pas critiquer les « petits » pays, c’est juste faire un constat.
Pour l’une des missions essentielles qui devrait être celle aussi bien de l’ONU que de l’UE, le maintien de la paix, le résultat reste bien maigre. Mises à part la crise de Suez en 56, celle de Cuba quelques années plus tard, l’ONU n’a pas pu empêcher les drames et les actes les plus atroces comme le génocide du Rwanda, la guerre Iran-Irak des années 80, ...., la triste liste est hélas connue.
Quant à l’UE, le sinistre conflit yougoslave dans tous ses avatars n’est certainement pas à mettre à son crédit, pas plus que son incapacité quasi chronique à peser d’une manière quelconque dans la résolution des problèmes, comme le montre son effacement dans la question palestinienne par exemple.
L’ONU comme l’UE sont bloquées par les approches nationalistes issues des schémas du 19ème siècle. La question des « ego » nationaux reste hélas prépondérante.
A l’ONU, la caricature est atteinte en ce moment par les USA qui ne se comportent en vérité que comme tout bon Etat impérialiste, l’ignorant superbement après s’en être largement servi pendant la Guerre Froide. Ni la France, ni l’Angleterre, ni l’Allemagne à certains égards, ne sont en position de le lui reprocher, ayant largement fait pareil au temps de leur splendeur !
Une autre forme de caricature est atteinte par le comportement actuel des Etats européens, par l’espèce de cristallisation autour de la dimension nationale que doit revêtir la participation de chacun à l’Union. Qui veut son argent en retour, qui veut être considéré comme un « grand » pays, qui avec ses 300 000 habitants veut peser autant que l’Allemagne avec ses presque 100 millions, qui avec ses problèmes économiques veut défendre voire imposer son modèle social national.
Nous n’aurons pas le beurre et l’argent du beurre ! Si nous voulons vivre, comme les technologies modernes nous permettent de le faire, dans un monde ouvert, accessible, échanger et assumer notre Humanité à l’échelle de la planète, alors il nous faut radicalement changer nos façons de penser et de voir les choses. Cela se passe dans nos têtes.
Si, à l’inverse, nous voulons rester sur notre quant-à-soi, nous fermer et nous enfermer égoïstement dans un confort dont la pérennité n’est d’ailleurs pas assuré, ne changeons rien et soyons prêts à en assumer les conséquences.
A dire vrai, je ne suis pas sûr que nous ayons vraiment le choix.