samedi 28 juillet 2018 - par Jahanshah Rashidian

Exécution de 1988 des prisonniers politiques en Iran

Il y a 30 ans qu’un génocide est commis sous une fatwa de l’ayatollah Khomeiny en 1988 pour exécuter plusieurs milles prisonniers politiques dont passaient leur terme d’emprisonnement. Le régime islamique les a massacrés pendant l’été du juin au septembre de 7h30 à 17h00, sans relâche, aux prisons d’Evin et Gohardasht à Téhéran et d’autres prisons du pays. Un génocide sans précèdent, pourtant jamais officiellement condamné par la communauté internationale et, comme attendu, par les pays « civilisés ».
 
Ayatollah Khomeiny, le fondateur et le guide spirituel du régime islamique, lança en juillet 1988 une fatwa (décret religieux) pour exécuter tous les prisonniers politiques qui restent fidèles à leur foi. L’appareil juridique du régime considère les communistes « Mohareb » (en guerre contre Dieu) et les Moudjahidin « hypocrites ». Conformément à la tradition de l’islam et suite à la fatwa de mort de Khomeiny, les exécutions commencèrent avec une brutalité que l’on a ultérieurement connue sous le nom d’ISIS, Taliban, Boko Haram dans le monde islamisé. Des milliers de prisonniers, y compris des mineurs ou des femmes enceintes ont été ainsi exécutés à un rythme de plusieurs centaines par jour.
 
Pour passer l’éponge sur le massacre, le régime islamique prodigieusement impressionne les états complices, pas moins qu’autrefois quand le fascisme, racisme étaient au pouvoir en Europe. Pour autant, le fléau change le nom dans ce monde injuste. Le monde „civilisé“ ferme les yeux pour que les puissent continuer leur reine « lucratif ».
 
Le régime a voulu tuer tous les prisonniers politiques avant la rentrée scolaire. Pourtant, étant en retard, vers la fin du délai prévu, le régime a tué le reste des prisonniers, environ deux cents, en leur servant des rafraîchissements empoisonnés dans leurs cellules les suffoquant et tuant de chaleur dans une vingtaine de minutes. Deux médecins ont supervisé les exécutions en travaillant avec le notoire bourreau du régime, Mr. Lajavardi, le directeur de la prison d’Evin. Ils achèvent leur tuerie à la fin de l’été.
 
Une grande majorité de victimes ont été pendus dans les prisons à Téhéran, et certains ont été fusillés dans les provinces. Le procès ne durait que quelques minutes, on leur a demandé s’ils étaient d’accord d’abandonner leurs idéaux politiques et puis collaborer avec le régime comme informateurs, espions ou inspecteurs pour interroger les détenus de l'opposition – dont certains ont dû accepter les exigences du régime de collaborer. La formule était simple : Es-tu fidèle à la République Islamique ? Fais-tu tes prières trois fois par jour ? Veux-tu collaborer avec nous ? Ceux qui refusaient la soumission étaient immédiatement conduits à la chambre d’exécution.
 
La plupart de victimes n’étaient que des jeunes et simples sympathisants des groupes d’opposition. Ils n’avaient rien à faire ni comprenaient la position belliqueuse de leurs groupes ou organisations vis- à- vis du régime islamique. Ils avaient souvent été condamnés pour avoir distribué un journal ou lu un livre ou une brochure de l'opposition. La plupart étaient des teenagers au moment de leur captivité et certains avaient déjà terminé leur terme d’emprisonnement et auraient dû être relâchés. Ils étaient pourtant exécutés en été 88 après cette fatwa meurtrière, sans qu’ils puissent se défendre.
 
Iran Tribunal, une instance judiciaire internationale, composée en 2013 de juges, avocats et nombreux témoins, en mettant la lumière sur l’étendue du massacre 88, a parlé de 50,000 exécutés. Des organisations de défense des droits humains estiment le nombre du massacre au cours de l’été 1988 dans les prisons d’Iran entre 4 500 et 5 000 hommes, femmes et enfants.
 
A Téhéran, les corps des exécutés non-musulmans, les marxistes mécréants, étaient secrètement et hâtivement enterrés dans les tombes collectives dans un endroit en dehors de Téhéran qui s’appelle Khavaran. C’étaient des chiens affamés qui, en déterrant les cadavres, découvrirent premièrement les corps sous une mince couche de terre.
Dès lors, certains noms de victimes, les noms des juges et responsables d’exécutions et bourreaux du régime ont été relatés par les rescapés du massacre ou par certains déserteurs du régime à l’étranger. Ainsi, une commission de vérité de l’Iran Tribunal, a reçu 85 témoignages durant la semaine du 18 au 22 juin 2013, à Londres concernant les circonstances touchantes dans lesquelles leurs proches ont été exécutés en été 88 par le régime.
 
Bien que le principal coupable du massacre s’appelle Ayatollah Khomeiny, beaucoup d’autres dirigeants actuels du régime y ont participé. Ces coupables ont été promus jusqu’aux ministres de cabinets dans les gouvernements des présidents Rafsandjani, Khatami et surtout dans le gouvernement d’Ahmadinejad et le président Rouhani, comme le notoire Hojjatoleslam Mostafa Pour Mohammadi qui est nommé dans son cabinet le ministre de la justice. Mostafa Pour Mohammadi est considéré en Iran comme le boucher du régime, il était l’un des trois membres du Comité de la Peine Capitale de la ville de Téhéran — un comité qui coordonnait les exécutions sommaires des détenus de la prison d’Evin à Téhéran .
Les collègues d’Ahmadinejad étaient quelques généraux de la Garde de la Révolution Islamique qui ont été impliqués dans le génocide de 88, mais les pires, ce sont l’ex-Ministre de l’Intérieur, Hojjatoleslam Mostafa Pourmohammadi, et l’autre complice, l’ex-Ministre de l'Information Hojjatoleslam Gholamhossein Mohseni Ezhei. Ils sont connus comme les membres de la commission de la mort.
 
D’après un document de l’organisation des Droits de l’Homme publié le 15 décembre 2005, Mr. Pourmohammadi et Mr. Azhei ont été impliqués dans le massacre. En effet tous les dirigeants du régime, les durs comme les " réformistes ", ont été impliqués dans le massacre de 88.
 
Bien que le génocide soit reconnu par l’organisation de l’Amnesty International, le monde “civilisé” n’a pas encore condamné ce génocide en Iran. Aucun mandat d'arrêt n’a jamais été prononcé par les autorités judiciaires des pays occidentaux contre les coupables du génocide. Les coupables continuent toujours leur carrière dans le gouvernement ou les institutions étatiques.
 
Par Jahanshah Rashidian


22 réactions


  • Clocel Clocel 28 juillet 2018 14:16
    « Un génocide sans précèdent »

    Vraiment ?

  • vesjem vesjem 28 juillet 2018 20:11

    en 1789, 1871 aussi ; çà fait partie de l’évolution par soubresauts des nations


  • raymond 2 28 juillet 2018 23:51
    Encore une « colombe » qui nous prépare a un nouveau massacre au Moyen orient. En plus social démocrate.
    Désolé pour mon cynisme mais je la vois tellement venir cette guerre. Ouf ça va saigner.

    • jacques 30 juillet 2018 11:55

      @raymond 2
      hé non ! Iran, trop gros morceau


    • V_Parlier V_Parlier 30 juillet 2018 14:23

      @raymond 2
      Un troisième coup en Iran ? Si c’est comme les précédents, ce sera alors encore pire comme à chaque fois, et encore soutenu par les USA ? Probablement.


  • raymond 2 28 juillet 2018 23:56

    D"abord Iran c’est pas un pays, c’est un puits de pétrole.


    • sylvie 29 juillet 2018 17:53

      @raymond 2
      il faut revoir votre histoire, un pays , un vrai pays, les Romains s’y sont cassé les dents et retour clapier.


    • raymond 2 2 août 2018 17:16

      @sylvie
      Je suis désolé que beaucoup ne comprennent pas l’ironie.Evidement que l’Iran est un grand pays. Mode ironie OFF


  • Christian Labrune Christian Labrune 29 juillet 2018 01:06
    à l’auteur,

    Quand le régime sera tombé, ce qui ne saurait plus trop tarder, il faudra bien un équivalent du tribunal de Nüremberg pour juger les responsables de tant d’horreurs, et les actuels complices des ayatollahs, je veux parler des chefs de gouvernements européens qui s’opposent aux sanctions américaines et font tout pour faire perdurer une telle pourriture, diront encore une fois : « on ne savait pas ». Les quelques parfaits crétins qui, sur AgoraVox, prennent régulièrement fait et cause, comme notre Président de la République bananière, pour un régime très salement islamo-nazi, ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas puisqu’ils ont déjà lu bien d’autres récits des atrocités qui ensanglantent l’Iran depuis quarante ans.
    L’Homme, même avec un grand « H », est vraiment la pire des sales bêtes.

    • Ben Schott 29 juillet 2018 10:24

      @Zinzine
       

      « ce qui ne saurait plus trop tarder »
       
      C’est ce que tu ânonnes compulsivement plusieurs fois par jour depuis des mois.
       
      Dans tes rêves, Zinzin. Si tribunal de Nuremberg il doit y avoir, il sera pour le criminel Netanyahou et sa bande, et ce jour-là tu raseras les murs.
       
      Zinzin.
       


    • Ben Schott 29 juillet 2018 10:25

       

       
      Hé hé...
       

    • V_Parlier V_Parlier 30 juillet 2018 14:25

      @Christian Labrune

      Vous écrivez : « je veux parler des chefs de gouvernements européens qui s’opposent aux sanctions américaines »
      -> Mouarff ! Moi je veux parler des gouvernements européens qui ont mis Khomeini au pouvoir ! Ca, ça a bien plus de sens !

    • Oceane 30 juillet 2018 20:32

      @Christian Labrune

      L’auteur à trouvé un grand soutien en Christian Labrune, cet adversaire résolu du « régime des Mollahs ». Seulement et l’auteur l’ignore certainement, c’est pour préserver la colonie européenne du Moyen-Orient, qui veut faire de l’Iran son caniche.

      Le « régime des Mollahs » peut « tomber », mais l’Iran restera debout et d’autres Iraniens - pas des gens comme l’auteur - prendront la relève des « Mollahs ».


    • njama njama 31 juillet 2018 12:24
      @V_Parlier

      ben oui, ils ont préféré mettre les mollahs au pouvoir plutôt que les islamo-gauchistes de l’OMPI rejetons de l’idéologie socialo-communiste. (suivant interprétation US maccarthyste qui pourchassait tout ce qu’ils estimaient être des avatars du communisme).

      Même méthode en Afghanistan !

      Zbigniew Brzezinski : Oui. Selon la version officielle de l’histoire, l’aide de la CIA aux moudjahidine a débuté courant 1980, c’est-à-dire après que l’armée soviétique eut envahi l’Afghanistan, le 24 décembre 1979.

      Mais la réalité gardée secrète est tout autre : c’est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul. Et ce jour-là j’ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquais qu’à mon avis cette aide allait entraîner une intervention militaire des Soviétiques.

      Brzezinski : « Oui, la CIA est entrée en Afghanistan avant les Russes … »http://www.voltairenet.org/article165889.html


    • njama njama 31 juillet 2018 12:33
      @V_Parlier

      Operation Cyclone
      Operation Cyclone was the code name for the United States Central Intelligence Agency (CIA) program to arm and finance the mujahideen, in Afghanistan from 1979 to 1989, prior to and during the military intervention by the USSR in support of its client, the Democratic Republic of Afghanistan.

      une stratégie politique qui se poursuit encore...

      De l’opération Cyclone à la création de Daesh : La création d’un « véritable Frankenstein » par l’Occident
      https://www.mondialisation.ca/de-loperation-cyclone-a-la-creation-de-daesh-la-creation-dun-veritable-frankenstein-par-loccident/5491643

      L´opération Cyclone, ou comment la CIA a créé les Talibans

    • njama njama 31 juillet 2018 12:40
      L’auteur Jahanshah Rashidian devrait prendre en compte toutes ces données régionales historiques contemporaines, plutôt que toujours ramener ses doléances à une politique intérieure dont le régime iranien serait seul responsable et coupable.

      Il manque un peu de hauteur dans ses analyses qui font fort involontairement à son corps défendant peut-être le jeu de l’entité USsioniste au Moyen-Orient qui manipule là où cela sert ses propres intérêts sans considérations des peuples.


  • Mylène 29 juillet 2018 11:18

    je ne vois pas de comparaison entre ces exécutions politiques, un quelconque génocide et un Nuremberg, ce tribunal aussi expéditif que survolé en surface qui laissait échapper les plus grands criminels nazis d’ailleurs. La saoudie est en train de massacrer les yéménites mais çà n’a pas l’air de vous inquiéter plus que çà !


  • Matlemat Matlemat 29 juillet 2018 20:12

     Et l’Arabie dite Saoudite ? n’y a t il pas eu récemment des exécutions de prisonniers politiques chiites ?


  • armand 31 juillet 2018 11:47

    pourquoi publier sur un site français et y massacrer la langue française ?


  • njama njama 31 juillet 2018 12:03
    ah bon, aujourd’hui Iran Tribunal parlerait de 50.000 exécutés suivant l’auteur qui ne cite pas ses sources concernant ce chiffre, alors que en aout 2016 le même auteur n’en donne que 30.000 !


  • njama njama 31 juillet 2018 12:11
    Certainement il y eut des morts, nombreux, mais les qualifier seulement d’opposants politiques est un euphémisme qui dissimule assez mal que ces opposants étaient rentrés dans la lutte armée contre le régime iranien.
    Je ressors donc mon commentaire de l’époque njama 25 août 2016 14:50 :

    "En vertu de cette fatwa, les exécutions ont commencé le 27 juillet 1988. Quelques 30 000 prisonniers politiques sont exécutés entre les mois juillet et septembre.« 

    Ce sont des chiffres fournis par l’OMPI, publiés en 2004 (voir note 8) concernant des événements de 1988
    dans quelle mesure ces chiffres qui ne sont que des estimations comme l’@uteur l’écrit ici  »30,000 encore inconnus d’après l’estimation de l’opposition", sont-ils crédibles sans autre(s) source(s) pour les vérifier ?
    L’OMPI ne parle-t-elle pas plutôt des pertes que son Armée de libération nationale aurait subies dans son implication subversive contre l’Iran entre 86 et 88 ?
    -----------
    Guerre Iran-Irak

    Mais l’OMPI développe aussi sa lutte à partir de l’Irak en 1986 où il crée l’Armée de libération nationale d’Iran (ALNI). Disposant un temps d’une réelle capacité militaire, elle mène des opérations d’envergure pour ensuite privilégier l’action subversive. Pendant la guerre Iran-Irak, les forces de l’OMPI attaquent régulièrement les troupes iraniennes le long de la frontière et opèrent plusieurs incursions en Iran.

    En 1988 après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, l’ALNI tente d’envahir l’Iran, lors de l’opération baptisée « Illumination éternelle » (en persan : Foruq-i Javidan), qui se solde par un cuisant échec : le groupe est pris dans une embuscade. L’OMPI admettra en 1998 avoir eu 1 304 combattants tués et 1 100 blessés lors de l’opération. Ceci déclenche une vague de répression interne de l’OMPI en Iran7.

    La lutte armée et la répression en Iran
    À la fin de la guerre entre l’Iran et l’Iraq en 1988, les tribunaux iraniens d’exception ordonnent l’exécution de milliers de prisonniers politiques, dont de nombreux membres des Moudjahidines du Peuple. À l’été 1988, Khomeini émet une fatwa visant à l’élimination des Moudjahidines. Selon Mohammad Mohaddessin, 30 000 moudjahidines seront exécutés dans les mois qui suivent 8*. Selon l’OMPI, depuis 1981, plus de 120 000 opposants ou sympathisants de l’OMPI ont été exécutés en Iran 8 *
    ...
    L’OMPI est inscrite sur la liste noire des organisations terroristes du département d’État des États-Unis de 1997 jusqu’à septembre 2012 et sur celle de l’Union européenne de 2002 à janvier 2009.
    ...
    Basée en France, l’OMPI est dirigée depuis 1989 par Maryam Radjavi qui se ferait appeler « Soleil de la révolution » par les membres de l’organisation32, et qui lui vouent un véritable « culte de la personnalité » selon un article de 2003 de Gilles Anquetil, journaliste au Nouvel Observateur33.
    --------
    * 8 ↑ a et b Mohammad Mohaddessin, Enemies of the Ayatollahs : the Iranian opposition and its war on Islamic fundamentalism, 2004, Zed Books, Londres - New York, p. 56-57

     https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_des_moudjahiddines_du_peuple_iran ien


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