mercredi 12 août 2015 - par oscar fortin

FIDEL : L’homme qu’on voudrait voir mort

Incroyable destin que celui de ce fils de propriétaire terrien, devenu avocat, puis révolutionnaire en la Sierra Maestra, au début des années 1950. Cible de plus de 635 tentatives d’assassinat, il est toujours là, simplement là, au sommet de ses 88 ans, avec une plume qui lève les ombrages, dissipe les malentendus, pourfend l’hypocrisie, le mensonge et interpelle la conscience de toute personne de bonne volonté. Il est également là, simplement là, accueillant chefs d’État, intellectuels, croyants et non croyants. Il écoute, questionne, réfléchit et discute. Qui est-il donc cet homme que nos médias présentent toujours comme l’homme à abattre, l’ennemi numéro un des droits humains ? Ici, en compagnie de Ban Ky-Moon, Secrétaire général des Nations Unies.

Il est et continue toujours d’être ce jeune cubain brillant, de famille aisée, converti, dès sa jeunesse, au drame des injustices qui accablaient alors des millions de cubains et de cubaines, toujours enchaînés à un système d’exploitation et de domination qui en faisait plus des bêtes de somme que des êtres humains. La nouvelle dictature de Batista, dominant la vie politique, économique et sociale, ne faisait que raffermir cette situation en y ajoutant son lot de corruption et de répression. Dans sa défense, en octobre 1953, lors du fameux procès faisant suite à l’attaque de la Moncada, il a ces paroles qu’il adresse à ses accusateurs et au jury : « Si en vos âmes il y reste un brin d’amour pour la patrie, d’amour pour l’humanité, d’amour pour la justice, alors écoutez-moi avec attention. Je sais que l’on me forcera au silence pendant de nombreuses années ; je sais que l’on cherchera par tous les moyens possibles à taire la vérité ; je sais que l’on fera tout pour qu’on m’oublie. Mais ma voix ne s’éteindra pas pour autant : elle recouvre d’autant plus de force dans ma poitrine que quand je me sens seul et elle trouve dans mon cœur toute la chaleur que les âmes orgueilleuses ne peuvent ressentir. » (Traduction libre : La Historia me absolvera, p.33) Cette prédiction, qu’il faisait en pensant aux années de prison qui l’attendaient et aux efforts déployés par ses adversaires pour que « son message » tombe dans l’oubli, deviendra la prédiction de ce que sera toute sa vie : prisonnier d’une désinformation des plus persistantes faisant de lui, faute de pouvoir en effacer le souvenir, un monstre d’humanité.

Mais voilà que l’Histoire prend sa revanche et nous livre de plus en plus l’étoffe de l’homme, ses véritables traits de révolutionnaire, sa passion pour une Humanité ouverte et non refermée, sa préoccupation pour l’éducation et la santé, sa conviction profonde que le développement passe par la solidarité et se nourrit de justice, de vérité, de compassion, de fraternité. Nous sommes loin de ces dictateurs qui ont occupé les premières places de la vie politique de ce Continent et qui ont semé la terreur auprès des plus démunis et la corruption auprès des plus opportunistes. Ce n’est pas pour rien que les victimes de ces régimes se reconnaissent de plus en plus dans ceux qui, comme eux, ont connu cette terreur. Rien de surprenant qu’ils trouvent en Fidel ce rocher qui a résisté aux tsunamis médiatiques et terroristes des plus variés pendant autant d’années sans perdre pour autant ce qui le rend si humain : sa simplicité et son humilité.

Il fut un temps où la Revue Forbes classait Fidel Castro parmi les hommes les plus riches de la planète. En 2006, je crois, il a mis tous ses détracteurs au défi de trouver un seul dollar de cette fortune dans quelque banques ou paradis fiscaux d’où qu’ils soient. « Si vous en trouvez un seul, je donnerai sur le champ ma démission comme Président de Cuba. » Une aubaine pour ses détracteurs. Depuis le temps qu’ils voulaient s’en débarrasser, l’occasion était belle et surtout facile, à en croire la revue Forbes, d’y arriver sans avoir à le tuer. Mais, il semble que les recherches n’aient pas donné les résultats attendus, puisqu’il est demeuré à son poste jusqu’à sa maladie en 2008 et que nous n’avons plus jamais réentendu parler de cette soi-disant fortune.

 Ce n’est pas tout. On évalue à plus de 95 milliards de dollars, les pertes encourues par Cuba en raison du Blocus économique qui perdure depuis plus de 50 ans. L’objectif recherché est que la Révolution cubaine soit un fiasco. Là encore, Cuba, tout en étant un pays très pauvre et en dépit des écueils semés sur sa route, a pu sortir, grâce à sa révolution, de la dépendance et se doter d’un système d’éducation et de santé qui fait l’envie de bien des pays développés.

Chez lui, la solidarité fait partie de son destin. Il est actuellement un des plus actifs pour aider son voisin d’Haïti, victime de ce terrible tremblement de terre qui l’a secoué en janvier 2010. Avec ses 350 médecins y de nombreux éducateurs ils apportent assistance, supportent et accompagnent ce peuple courageux à se relever et à se reprendre en main. Pourtant, Cuba et Haïti ont eu longtemps la même histoire, le même destin d’esclaves. Il y a 55 ans et plus, ils étaient tous les deux sous la gouverne de dictateurs. Les populations vivaient en grande majorité sous la dépendance et l’esclavage. Que s’est-il donc passé pour que leur destiné ne les ait pas conduit au même endroit ? Pendant que des milliards $ étaient régulièrement dépensés pour que la révolution cubaine échoue, des milliards d’autres étaient investis en Haïti, soi-disant, pour assurer son développement. Nous en voyons, aujourd’hui les résultats. Qui, des deux systèmes, a permis les meilleures conquêtes humaines et institutionnelles ? Qui compte le plus de morts violentes tout au long de ces 55 ans ?

Ce bref rappel est un devoir de justice et d’humanité à l’endroit de cet homme que déjà l’Histoire reconnaît comme un des plus grands des 60 dernières années et sans doute qu’elle proclamera un jour comme le Père de la seconde indépendance des pays de l’Amérique Latine et des Caraïbes. N’en déplaise à ses détracteurs, sa mémoire survivra à tous ces présidents et dictateurs qu’ils auront soutenus et corrompus, durant toutes ces années, pour mieux régner.

 

La flamme que porte Fidel en sa poitrine est toujours aussi chaleureuse et forte que celle qu’il évoquait dans ses premières années de lutte. La vérité, comme la lumière avec l’obscurité, finit toujours par faire reculer les frontières des ombres et du mensonge.

À cet homme, je souhaite, en ce jour, un joyeux 88iè anniversaire de naissance.

 

Oscar Fortin

13 août 2015

http://humanisme.blogspot.com

http://humanisme.blogspot.ca/2014/01/fidel-est-toujours-vivant-et-cuba.html



22 réactions


  • César Castique César Castique 12 août 2015 16:17

    Vous exagérez énormément. Depuis qu’il ne peut plus s’appuyer sur Moscou, c’est un pitbull à qui on a retiré son dentier.


    P.S. - Tant qu’à choisir une photo, j’en aurais retenu une où il ne donne pas l’impression d’être condamné à « regarder les images ».

    • oscar fortin oscar fortin 12 août 2015 18:20

      @César Castique : Mieux vaudrait que vous vous accoutumiez à voir les personnes : Fidel avec le Sec. gén. des Nations Unies...


      Qu’en dites-vous ?

    • César Castique César Castique 13 août 2015 00:26

      @oscar fortin



      « Qu’en dites-vous ? »

      Que voulez-vous que j’en dise ? Qu’on a peut-être dit à Ban Ki-moon que s’il voulait distraire le maître des lieux, ou ce qu’il en reste, pendant quelques minutes, le mieux était encore de lui montrer de grandes photos de baseball en couleur...

      J’essaie d’imaginer, mais sincèrement, j’en sais rien...

    • oscar fortin oscar fortin 13 août 2015 02:15

      @César Castique : Je ne peux vous en vouloir. Vous fonctionnez avec ce que vous avez. Ne vous en faites pas trop, nous avons tous des limites. Pour certains c’est plus évident alors que pour d’autres ça passe inaperçue. Dans votre cas vous avez l’honnêteté d’en reconnaitre les limites.


    • César Castique César Castique 13 août 2015 07:16

      @oscar fortin

      « Pour certains c’est plus évident alors que pour d’autres ça passe inaperçue. »


      Et si, pour m’élever, vous me disiez ce que vous, vous voyez sur cette photo, outre un vieillard, visiblement égaré, à qui un visiteur bienveillant montre des illustrations ?

      Une pub pour Adidas, peut-être...

    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 14 août 2015 06:47

      @César Castique

      Maintenant que le monde entier a reconnu la turpitude et l’hypocrisie des USA, vecteur premier du MAL dont nous sommes partout affligés, il ne faut pas oublier que Fidel Castro a été le premier a oser s’opposer a cette monstruosité qu’est l’impérialisme américain, drapée dans ses oripeaux de ’liberté« et »démocratie’. Nous y avons presque tous cru... Fidel, non.... !

      Avocat a Montreal, a cette époque 1960-62 où Washington croyait que par un embargo sauvage il pourrait asphyxier la liberté naissante a Cuba, j’ai pu contribuer ma modeste part pour que les relations entre Cuba et le Canada ne soient pas interrompues, mais au contraire se développent. 

      J’en suis fier et heureux. Bonne fête, Fidel. VENCISTE !

      Il y a deja longtemps, j’écrivais.....



      Pierre JC Allard

  • Spartacus Lequidam Spartacus 12 août 2015 16:30
    Ca fait penser à cette pauv’ fille Chavez, donnée comme la femme la plus riche du Venezuela....

    Allez z’amis de gôôôôôche, pleurez ensembles la pauv Chavez et la pauv famille Castro dans les larmes de socialisme misérabiliste. 

    Pleurons tous ensemble et prions le seigneur saint Karl Marx et ses dissiples qui entendent des voies de pauvreté sur la modeste famille Castro....

    Organisons une quête socialo Bolchévique pour financer le pauv’ fauteuil roulant qu’il n’a pas les moyens d’acheter..

    C’est vrai quoi, l’île de Cayo Piedra qu’il dispose pour lui tout seul est pas à son nom.
    Fidel dispose seulement d’une vingtaine de maisons comme celle de la Havanne, située sur un terrain de trente hectares. 
    Ou le parc arboré de Punto Cero qui entoure une maison de maître de 500 mètres carrés.
    Ha oui mais officiellement il n’est pas le propriétaire ?....Pauvre petit malheureux.

  • Jeff84 12 août 2015 19:59

    Personnellement, je ne voudrais pas le voir mort. Par contre, s’il avait pu être exécuté il y a 60 ans comme le criminel qu’il est, voila qui serait beaucoup plus intéressant. Car le mal est déjà fait. Cuba est déjà en retard de 60 ans, et le tuer maintenant n’y changerait rien.


    • oscar fortin oscar fortin 12 août 2015 20:59

      @Jeff84 : Je vois que vous avez tout un savoir sur le développement et le retard des peuples à s’y accrocher. Vous pourriez nous parler d’Haiti, de la République Dominicaine, du Honduras, du Guatemala, et de bien d’autres du Continent que vous connaissez sans aucun doute beaucoup mieux que moi. Parlez-nous de la santé des peuples, de leur éducation, de leur culture. Je pense que vous pourriez ainsi nous éclairer mieux sur votre vision de ce développement.


  • Hervé Hum Hervé Hum 12 août 2015 23:51

    635 tentatives d’assassinats !?

    Je suppose qu’ils sont pour la plupart référencés, ce qui laisse la place à une série de bande dessinés, mélange de Gaston Lagaffe, d’Iznogoud et d’ Homer Simpson !


    • CN46400 CN46400 13 août 2015 08:06

      @Hervé Hum


      Depuis 2006, date de son premier accident de santé, la CIA n’en finit pas, de peur d’en faire un martyr, de stopper tous les fous qu’elle avait lancé contre Fidel depuis 1960....

  • oscar fortin oscar fortin 13 août 2015 11:36

    Je me permets de référer les lecteurs et lectrices à un autre article sur Fidel, actuellement à la modération. Il est possible qu’il n’arrive pas jusqu’à l’édition sur ces pages. Vous pourrez le lire à l’adresse suivante : http://reseauinternational.net/fidel-la-fraicheur-dun-homme-authentique/




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