samedi 14 mars 2020 - par Beauceron

Film sur De Gaulle : le général méritait mieux !

Réaliser un biopic sur un personnage historique n'est jamais une tâche aisée. A fortiori quand il s'agit d'un monument tel que Charles De Gaulle. Gabriel Le Bomin, cinéaste des armées, a accompli cet exercice afin de nous livrer un opus de deux heures qui nous laisse sur notre faim. Car, à l'image du cinéma français de ces dernières années, on est loin du côté épique des productions anglo-saxonnes ou de la subtilité de la lettre à Franco d'Amenabar.

Le visionnage de ce film laisse le spectateur assez perplexe. Le récit est très linéaire, sans surprise ni suspense. On y découvre la petite famille du général, sa petite fille handicapée, la belle maison de campagne des De Gaulle. On y voit des familles qui fuient l'avancée des allemands, des gens qui cherchent à embarquer à Brest, dont Yvonne et ses enfants pour rejoindre Charles à Londres. Les intentions du réalisateur sont floues, sans doute écartelé entre la volonté de faire un récit people, sociétal ou guerrier. Peut-être aurait-il pu axer le film sur la petite Anne, ou simplement sur Yvonne De Gaulle ? Gabriel Le Bomin semble dépassé par le côté pédagogique et evidemment historique de son film.

Inexploitable d'un point de vue pédagogique, on y voit un De Gaulle assez terne. La classe et le talent de Lambert Wilson ne suffisent pas à donner du charisme à son personnage, qui reste de marbre après la victoire de Montcornet (début du film), ne s'énerve jamais et prononce de façon hésitante son discours du 18 juin, ce qui est une erreur historique. Les enregistrements conservés ont toujours montré un De Gaulle offensif, convaincu et très à l'aise derrière le microphone de la BBC.

Détail étrange pour un film de guerre, il n'y a pas une scène de bataille. A peine distingue-t-on quelques carcasses de panzers calcinés à Montcornet. Autre curiosité, certains personnages sont mal interprêtés. Ainsi, Lord Halifax n'était pas le "Kojak" chauve campé par l'acteur du film. Celui qui incarne Pétain ne lui ressemble pas physiquement non plus. Pour l'angle politique, le climat entre les "défaitistes " et les "résistants" est bien relaté. Un Pétain qui entend profiter de l'occasion pour régler ses comptes avec la république, un Reynaud faible manipulé par sa femme, un Mandel offensif, la psychologie pertinente des personnages est peut-être l'élément qui sauve l'entreprise de Gabriel Le Bomin.

On pouvait s'attendre à un opus incitant à l'esprit de résistance, au patriotisme, au souverainisme face aux envahisseurs et aux oppresseurs. Il n'en est rien. Ce film n'est qu'une balade qui tient plus de Gala et de Paris-Match que d'une revue historique. De Gaulle, un homme, une petite famille, un exil à Londres... C'est tout ce que l'on retiendra en sortant du visionnage de cette fiction.

Il est vrai que les valeurs du général font mauvais genre à notre époque, et pourraient constituer un encouragement à résister aux oppressions du moment : capitalisme sauvage, disparition de l'état républicain dans le libre-échange, asservissement de l'armée française à des conflits qui ne nous concernent pas etc. C'est tout juste si Le Bomin s'attarde sur l'anti-républicanisme de Pétain, conservateur et aigri.

Le cinéma français est victime de ses blocages culturels, son conformisme, et ressemble de plus en plus aux fictions de l'ex-Allemagne de l'est communiste : auto-censure, cahier des charges idéologique à respecter, thèmes à éviter. Le De Gaulle de Le Bomin, le Dreyfus de Polanski et les médiocres fictions orientées sur la guerre d'Algérie témoignent de la soumission culturelle aux valeurs de la génération Mitterrand. Cela fait plus de trente ans que nous attendons un grand film patriotique, à l'image des productions américaines. Nous risquons d'attendre encore longtemps... Mais ne soyons pas "défaitiste", les choses peuvent toujours changer, comme le général De Gaulle nous l'a démontré.

Bande annonce du film : 



13 réactions


  • Clark Kent Séraphin Lampion 14 mars 2020 17:49

    Vous préférez « Olympia » (les dieux du stade) ?


  • jocelyne 14 mars 2020 18:03

    film inutile plus impossible de trouver un vrai sosi et son charisme.


  • mmbbb 14 mars 2020 18:57

    Votre resume donne de bonnes raisons pour ne pas aller voir ce film . J ajouterais que de Gaulle etait respecte a l international et sa fonction presidentielle n etait pas un jeu Depuis Sarko Hollande et Macron , quelle dégringole . Une politique a la godille , aucune vue et une soumission a l Allemagne , Il aurait ete peut être plus judicieux de faire un film a la gloire de Merkel et de court circuiter l histoire .


  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 mars 2020 19:11

    De Gaulle était d’une famille lilloise , tatie Yvonne et Pétain de Calais...ahhh ces chtis ...


  • Daniel PIGNARD Daniel PIGNARD 14 mars 2020 20:35

    A quand un film qui passe en revue les bonnes paroles bien senties prononcées par De Gaulle et relatées dans « C’était de Gaulle, d’ Alain Peyrefitte, 1994 » ?


  • rogal 14 mars 2020 21:56

    Le Général méritait qu’on ne produisît pas sur lui ce genre de film.


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 14 mars 2020 22:04

      @rogal

      Vous l’avez vu ? Perso pas et comme je ne vais jamais au cinoche ...lol


    • rogal 15 mars 2020 02:19

      @Aita Pea Pea
      Je ne l’ai pas vu et je ne le juge qu’à travers ce qui s’en raconte ; c’est le genre que je trouve déplacé. Point de vue très subjectif de gaulliste, il est vrai. Du temps où je regardais la télévision, des documentaires avaient très bien fait revivre l’homme, c’est-à-dire surtout l’acteur de l’épopée, avec des documents audiovisuels qui suffisaient à le percevoir sensiblement, si j’ose dire.
      Et puis il faut aussi lire ses livres, les Mémoires évidemment (de Guerre ; d’Espoir), mais également ses études de l’entre-deux-guerres, au moins le Fil de l’Épée. Comment un film pourrait-il faire passer ce qui s’y rencontre ?


    • Aimable 15 mars 2020 11:21

      @rogal
      Rassurez vous , la bande annonce que j’ai vue , ne m’a pas donné l’envie d’aller le voir .


  • caillou14 rita 15 mars 2020 08:23

    Petit film, petit budget, film typiquement Français pour les nuls !

     smiley


  • finael finael 15 mars 2020 09:50

    Rectification :

    Paul Reynaud n’était pas manipulé par sa femme mais par sa maîtresse Hélène de Portes. Celle-ci trouvait le moyen de débarquer en plein conseil des ministres en vociférant.

    Elle était persuadée que la guerre était perdue et a joué un grand rôle dans la démission de Paul Reynaud et l’arrivée au pouvoir de Pétain.


  • Armand Griffard de la Sourdière Armand Griffard de la Sourdière 15 mars 2020 13:40

    Finalement De Gaule a été condamné à mort par Vichy ?

    Puis ce fut le tour du héros de 14/18 d’ être condamné à mort ...mais gracié par De Gaulle donc Pétain finira ses jours sous les mimosas de la citadelle de l’île d’Yeu et le fils du général aura le même prénom que le maréchal ....amen


  • warcardo 20 mars 2020 01:40

    Bonjour, bon article, le forum devrait prendre de nouveaux états de réponse pour améliorer les messages qui sont faits, bien sûr cela devrait être fait en tenant compte de la rigueur des utilisateurs de Www.voirfilms.plus

    , car ils peuvent mieux s’organiser


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