mardi 12 mai 2009 - par Voris : compte fermé

François Bayrou de Montesquieu

Il faut prendre garde à ne point changer l’esprit général d’une nation”, avertit Bayrou dans son livre dont le titre « Abus de pouvoir » rappelle une autre pensée de Montesquieu : « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir a tendance à en abuser. Tout homme va jusqu’à ce qu’il trouve des limites. Qui le nierait ! La vertu même a besoin de limites. » Le président du MoDem puise souvent dans les idées de Montesquieu : théorie des équilibres - des poids et contrepoids -, de la séparation des pouvoirs...

 
Dans "Abus de pouvoir", François Bayrou rappelle quels sont les grands fondateurs de sa pensée et de ses profondes convictions : Pascal, Montesquieu, Hugo, Péguy. Mais dans ses discours, c’est surtout de Montesquieu qu’il se réclame. Tout dernièrement, il a repris l’une de ses citations : "Prenez garde à ne pas changer l’esprit général d’une ­nation." car, ajoute Bayrou, "C’est très important de comprendre que nous sommes à la fois des héritiers et des constructeurs. Pour un peuple comme le nôtre, l’Histoire nous ­invite à dire où nous voulons aller."
 
Bayrou fit aussi de la théorie de la séparation des pouvoirs l’un des crédos de sa campagne présidentielle. En son temps, Montesquieu avait, dans l’Esprit des lois, théorisé la nécessité pour les trois pouvoirs - exécutif, législatif et judiciaire - d’être constitutionnellement protégés. François Bayrou y a ajouté un étage supplémentaire : la presse qui doit, elle aussi, bénéficier de cette protection constitutionnelle. La démocratie française a autant besoin de journalistes libres et indépendants que de juges libres et indépendants. C’est une raison forte de l’engagement de Jean-François Kahn pour le MoDem aux élections européennes. Le journaliste à l’origine de la révélation de l’affaire Ben Barka se montre aussi intransigeant sur cette question. Les photographies truquées, la censure ou l’auto censure dans les médias, toutes ces choses ne sont pas acceptables dans une bonne démocratie. Pas plus que la possession plus ou moins directe de ces médias. Montesquieu n’aurait pas dit le contraire ! On a vu ces derniers jours TF1 licencier un de ses employés sur dénonciation du ministère de la culture (qui s’en défend), montrant encore une fois dans cette déplorable affaire une preuve de collusion entre certaines puissances médiatiques et le pouvoir en place. De même, la direction de TF1 a refusé à Bayrou le droit de venir présenter son dernier livre alors que Sarkozy était venu parler du sien auparavant.
 
Les principes de Montesquieu ne se limitent pas à la séparation institutionnelle des pouvoirs et à la garantie de leur indépendance. Ils consistent aussi en des principes de raison. Bayrou n’a eu de cesse de les rappeler partout comme ce jour de novembre 2007 au zénith d’Orléans devant quelques centaines de personnes : "Si je suis élu président, je vous promets une révolution. Je vous promets une République honnête, dans laquelle il n’y aura pas de réseaux, pas de mafias, pas d’influences souterraines", une "République honnête", fondée sur "la vertu", celle qui existe dans les livres. L’homme, pétri des valeurs héritées de Tocqueville et Montesquieu, croit en ce qu’il dit et ces mots prennent aujourd’hui une résonance toute particulière quand on entend parler à longueur de temps de scandales d’argent : affaire Tapie, népotisme et copinage, parachutes dorés, niches fiscales, paradis fiscaux, délocalisations sauvages...
 
A propos de vertu, Montesquieu démontrait dans L’Esprit des lois que l’appât inconsidéré du gain conduit les états à la déchéance et que le but de lois est de rétablir de la justice là où les écarts de richesses indécents s’affichent. Bayrou ne dit pas autre chose. Il s’était engagé à restreindre fortement le train de vie de l’Elysée ; ils s’oppose avec vigueur au "plan" de Sarkozy dont le succès s’appuie sur le développement toujours croissant des inégalités. Pour le philosophe, la loi a des vertus et sa force est d’autant plus grande qu’elle reste sobre, économe : "Les lois inutiles affaiblissent les nécessaires." Là aussi Bayrou rejoint Montesquieu : on lui a souvent reproché de s’abstenir de voter des textes mais la multiplication de lois n’a pas montré beaucoup d’heureux effet ces dernières années. En matière fiscale comme en matière de sécurité, elles se sont avérées vaines ou peu pertinentes. Trop de lois ne font que réduire la portée des réformes. Dans cette idée, le programme de la campagne présidentielle de Bayrou ne montrait pas une frénésie réformatrice. Seules les lois vraiment vraiment nécessaires étaient envisagées comme la réforme institutionnelle qui aurait rendu la république plus équilibrée, plus parlementaire et plus citoyenne. La réforme de la justice et de l’éducation aussi.
 
L’Esprit des lois dénonce le légalisme qui ne fait que cautionner le pouvoir et ses excès : en gros, puisqu’une loi a été votée, elle est juste. Mais, dit Montesquieu, "Une chose n’est pas juste parce qu’elle est loi. Mais elle doit être loi parce qu’elle est juste." C’est l’idéal de justice qui doit guider le bras du législateur. Le sarkozisme fait voter des lois non pas au nom de ce qui est juste mais au nom du sacro saint principe de l’efficacité. Efficacité et modernisme sont les maîtres-mots. Mais sur quelles vertus ces jusitifications reposent-elles ? demanderait Montesquieu.
 
On pourait multiplier les exemples : "L’Europe est un État composé de plusieurs provinces" écrit aussi Montesquieu dans les "Lettres persanes" et on sait que Bayrou croit fort en la place des régions au sein de l’Europe. Montesquieu manifestait une préférence pour les gouvernements modérés ("La liberté politique ne se trouve que dans les gouvernements modérés... Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. " - L’Esprit des lois ) : "L’Europe doit être gouvernée au centre" déclare dans le même esprit Marielle de Sarnez. Et pour "arrêter le pouvoir" comme dit Montesquieu, quel meilleur moyen que le contrôle effectif du citoyen ? "Nous faisons une proposition : qu’il n’y ait plus un seul texte européen qui soit débattu et adopté sans qu’il n’ait été porté à la connaissance des citoyens au moins trois mois à l’avance. Et nous demandons aussi que les réunions du Conseil européen soient publiques et retransmises sur Internet pour qu’il n’y ait plus de double langage de nos gouvernants, favorables aux décisions européennes quand ils sont à Bruxelles, et opposés quand ils rentrent à Paris !"
 
On pourra aussi voir des similtudes entre deux citations séparées de plusieurs siècles :
 
- "C’est une société de gens avares qui prennent toujours et ne rendent jamais ; ils accumulent sans cesse des revenus pour acquérir des capitaux" (Lettres persanes, 1721)
 
- "Plus les grands patrons néolibéraux augmentent leurs revenus, plus ils estiment excessif le coût de la main-d’oeuvre". (Jean-François Kahn, Dictionnaire incorrect - 2005)
 
Bayrou ne dévie pas de son chemin tout tracé dont Montesquieu est l’un des guides majeurs et il répète : “Il faut prendre garde à ne point changer l’esprit général d’une nation". Il précise : "De Gaulle a eu le génie, par exemple, de ne jamais cesser de voir la Russie sous l’URSS, en un temps où tout le monde pensait que le communisme avait gagné." Pour la France, c’est pareil. Ce n’est pas parce qu’elle se soumet aujourd’hui aux puissances d’argent qu’elle a perdu son intégrité, son âme. 
 

 


45 réactions


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 12 mai 2009 10:31

    Bonjour,

    c’est Charles de Montesquieu qui a écrit le livre le plus important dans notre quotidien, puisque « l’esprit des lois » a inspiré les auteurs de la constitution française. Lui rendre honneur et poursuivre sur cette voie en moulant chaque nouveau process sous son joug, garantit de conserver les règles qui ont mené à cette société reconnue mondialement. Même si Bayrou n’est pas un orateur agréable à écouter, il est salutaire qu’il ait pris le temps d’écrire et de rappeler les sagesses de notre ancêtre immortel.

    Après tout, on peut considérer que tout a déjà été écrit et qu’à part commenter l’actualité, il n’y a plus de règles essentielles à découvrir, d’où ce recentrage auquel s’applique notre futur président.


  • geo63 12 mai 2009 10:36

    Bon, François Bayrou se met en scène de manière très positive dans son livre, certains des évènements qu’il relate sont d’ailleurs connus. Mais je souscris absolument à l’analyse globale qu’il fait de la dangereuse déviation Sarkozyste qui s’opère actuellement vers l’inégalité proclamée comme avenir de notre nation, largement relayée par les médias.
    Je trouve que la publication de ce livre est opportune, son écriture en est agréable et il propose une vraie réflexion.


    • La Taverne des Poètes 12 mai 2009 10:51

      Franz-Oliver Giesbert dans Le Point ne tarit pas d’éloges sur le style de François Bayrou.

      Extrait : "On peut déjà considérer ce livre comme le bréviaire de l’antisarkozysme que beaucoup attendaient. Il y a là du fond, de la passion, de la verve et un sens souvent désopilant de la formule qui tue. Sans oublier un art certain de la virgule bien placée.

       


  • Georges Yang 12 mai 2009 10:40

    La référence à Montesquieu concernant Bayrou est judicieuse. Cependant, il est fort probable que cette imprégnation du philosophe ne desserve le candidat Bayrou. Seuls des intellectuels peuvent être séduit par cette approche. Hélas, l’histrion de l’Elysée et la Sirène du Poitou drainent les commentaires et attirent la presse comme les mouches attirent… Sur Agoravox, il n’est qu’à constater l’intérêt suscité par les pitoyables articles d’Allain Jules


    • La Taverne des Poètes 12 mai 2009 13:03

      Vous déduisez mal. Moi, à lire votre commentaire, je ne peux que déduire deux choses :

      1 - Très probablement, vous lisez vous aussi Le Figaro
      2 - Bayrou entretient de bonnes relations avec Hollande et ça, c’est bon signe pour l’avenir...L’alliance des François contre l’entente des gens d’argent !


    • LE CHAT LE CHAT 12 mai 2009 15:21

      @taverne

      je suis mort de rire ! l’alliance des françois contre les gens d’argent ! un membre de la trilatérale et un qui est le pote des jospin , dsk , fabius , pierret tous membre de Bilderberg !


  • La Taverne des Poètes 12 mai 2009 12:55

    « Ses lignes sur l’importance des symboles dans la vie d’une nation, page 146, méritent déclamation sous les préaux. » (Christophe Barbier L’Express 6 mai 2009)


     


  • bernard29 bernard29 12 mai 2009 12:59

     @ le chat.

    "Par contre ; il ne la pas envoyé à Ségoléne sous le prétexte qu’ « il ne la connait pas »

    un homme aussi vertueux ne peut faire dans la malhonneteté et/ou la mesquinerie !!

    aurait’il peur de Ségolène ??


  • JahRaph JahRaph 12 mai 2009 14:00

    @auteur : bon, il va falloir que je le lise, alors, ce bouquin....

    Un ptite question : si on avait Sarkozy / Bayrou au second tour de 2012, qui gagnerait ? Y a-t-il eu des sondages à ce sujet ?


  • pierrot123 12 mai 2009 14:39

    En cas de second tour Sarkozy-Bayrou, il est facile de pronostiquer une nette victoire de Bayrou (je dirais 55/45).

    C’est mathématique  : Il aura toutes les voix centristes (qui sont beaucoup plus nombreuses que les députés centristes), plus toutes les voix de gauche (ou presque) les voix des divers droites (qui détestent Sarkozy), plus pas mal de voix UMP (oui, oui !), plus les « hésitants-plutôt-déçus-du-Sarkozysme ».

    Et c’est la raison de ce mot d’ordre qu’on devine un peu partout :« flinguez Bayrou ! » ...Cherchez une seule émission des Guignols qui ne traite pas Bayrou de demeuré, alors qu’il est plutôt brillant (en tout cas beaucoup plus que Sarkozy, y a pas photo ...), même Marianne depuis le départ de Kahn, arrive a ne pas citer UNE SEULE FOIS le nom de Bayrou, alors que son bouquin vient de sortir...

    Même Agoravox, qui passe à la trappe, en moins de 24 heures, une émission (Ruquier) où Bayrou a fait très fort.
    Tiens, je rappelle le lien, pour ceux qui ne l’ont pas vue :
    http://www.agoravox.tv/article.php3?id_article=22704


  • Georges Yang 12 mai 2009 16:12

    Nous ne sommes plus au suffrage censitaire, mais universel. De ce fait, Bayrou part désavantagé, car les admirateurs de Drucker, les lecteurs de Paris Match, Gala, Closer ne se reconnaissent pas en Bayrou.

    Il en est de même pour tout candidat ayant un discours trop intellectuel. Beaucoup d’électeurs ne connaissent pas Montesquieu et ne sont outre mesure choqués par le français douteux de Sarkozy, les néologismes de Royal.

    Qui comprenait Edgar Faure, Barre, Rocard ou Delors et même de nos jours Villepin ?


  • LOKERINO LOKERINO 12 mai 2009 16:28

    ou la la !!c’est la bayroumania sur agora !!

    pourquoi toujours se besoin de se referer à d’autre
     -Bayrou de Montesquieu,
    - Bayrou dans la posture de Miterrand, De de Gaulle, de Churchill même déjà entendu/lu !!

    -Bayrou anti sarko, Bayrou le contraire de Sarko

    Ne peut il exister par lui même ? Bayrou de chez Bayrou . Pourquoi toujours se referer aux autres, modeles ou anti modeles ???

    ...n’aurait il rien a proposer de lui même ? je ne peux y croire.....


    • Loic 12 mai 2009 16:32

      LOKERINO

      Bonjour,

      Il me semble que la raison première est que F. Bayrou le clame lui même. :)

      "C’est très important de comprendre que nous sommes à la fois des héritiers et des constructeurs. Pour un peuple comme le nôtre, l’Histoire nous ­invite à dire où nous voulons aller."


    • La Taverne des Poètes 12 mai 2009 16:57

      Le fait de nommer le président du MoDem « François Bayrou de Montesquieu » ne l’enferme pas, ne le réduit pas mais éclaire seulement sur son héritage philosophique et politique. C’était aussi un moyen commode pour moi, pédagogique, d’aborder sa pensée et de la démontrer avec simplicité.

      Sarkozy, lui, ne se réclame de personne sauf de lui-même, reniant tout héritage (qui ne soit pas matériel) et le résultat est assez navrant. Il a bien invoqué opportunément Jaurès ou Blum mais où sont donc, dans sa pensée et dans sa conduite, les idées de ces hommes dont il se réclame ? Bayrou a le mérite d’être cohérent et d’appliquer les idéaux auxquels il se réfère.


    • LOKERINO LOKERINO 12 mai 2009 20:45

      merci de votre réponse, mais mon intervention était plutot ironique

      je ne suis pas vraiment fan.

      J’ai même beaucoup de recul et deception sur le personnage (Bayrou)

      Hier encore dans une emission littéraire , il n’hésitait pas a dire qu’il était la plume et la seule de Lecanuet , tout en affirmant quelque minutes plus tôt qu’il n’avait aucun orgueil personnel et pas d’ego hypertrophié (sic)

      dans la même emission, il a affirmé n’avoir LUI pour ses bouquin jamais fait appel à un nègre....

      ...ses anciens attachés parlementaires ne sont pas vraiment du même avis , mais comme ce type de pacte reste secret , c’est la parole de l’un contre celle d’un autre !

      Non franchement , je crois qu’il a -je vais être vulgaire- définitivement chopé le melon..
      Lui président, ce serait equivalent voir pire que Sarko
      Regarder déjà sa façon « d’administrer le modem » où les avis divergents ne sont pas tolérés ( mention unique , vote à main levée, candidatures aux européennes validées par les militants une fois designés par la direction , etc , pas vraiment de la democratie exemplaire.....


  • Loic 12 mai 2009 16:29

    Merci à l’auteur pour cet article !

    Bayrou est peut être l’un des derniers gaullistes dans ce que le gaullisme avait de bon, c’est-à-dire en dehors de l’influence de Maurras sur les idées du Connétable et plus dans l’héritage de Montesquieu. J’en parle au passé car il n’existe plus, surtout chez ceux qui s’en réclament.

    On peut lire dans la définition du gaullisme :

    "Le rassemblement de tous les Français, au-delà du clivage gauche / droite, source de division et donc de déclin, via le lien direct du chef et du peuple et la politique sociale."
    Voila une phrase typiquement de Bayrou.


  • frédéric lyon 12 mai 2009 16:58

    Barou c’est le nouveau Montesquieu !

    Bayrou est un âne, mais c’est un âne utile car il prend des voix au PS. On peut estimer qu’il n’en prend pas assez, puisqu’il peine à dépasser les dix pour cent dans les sondages, alors que le PS est toujours au dessus de 20%.

    Bayrou n’est que le premier des petits candidats, il parviendra sans doute à faire plus que le NPA et les Verts. C’est un diviseur des voix de l’opposition.

    Mais comment faire de l’âne Bayrou un cheval de course, depuis le temps qu’il rame dans la vie politique française, sans jamais parvenir à percer ?

    Il ne sera pas au second tour de la prochaine présidentielle, sauf si c’est Ségolène qui représente le PS.


    • loulouxd 12 mai 2009 18:37

      Bah non, je pense pas voyez vous,
      je pense qu’il a effectué une mutation assez courageuse au final,

      en 2007, je ne croyais pas à son indépendance, je pensais qu’il irait manger dans la main
      de Sarkozy,
      donc je n’y croyais pas, mais par contre, je l’ai toujours écouté et respecté,
      et force est de constater qu’il est resté dans le chemin qu’il avait dit,
      quitte à être seul et traverser le désert.

      Seul, peut être, mais libre, et ça n’a pas de prix....


  • barbouse, KECK Mickaël barbouse 12 mai 2009 18:18

    bonjour,

    ok françois bayrou c’est le candidat de la vertu contre le vice, de la profondeur contre la superficialité, du sens de l’histoire contre le bougisme impulsif et l’impasse de la soumission aux inégalités, du sens des loi face à la société du veau d’or, etc...

    mais ormis la stature sur le papier et l’écran, concrètement ? 

    quel poid ? Quel vision au delà de la critique, quel remède il propose à la France concrètement, pragmatiquement ?

    ^pour l’instant c’est de belles paroles, certe, à quand le choix du vote utile « bayrou » pour virer sarkozy ? Parce que pour l’instant, c’est loin d’être une évidence.

    amicalement, barbouse.


  • Tzecoatl Tzecoatl 12 mai 2009 18:28

    « Ce n’est pas parce qu’elle se soumet aujourd’hui aux puissances d’argent qu’elle a perdu son intégrité, son âme. »

    C’est un joli voeu, fort bien formulé. Si elle résiste au tout-marchand, ceux qui tirent leur épingle du jeu s’acomodent très bien des vents venus d’ailleurs, et une large frange de la population cohabite bien avec cette hybridation pour le seul fait du pouvoir de fascination des puissances d’argent, et l’espoir secret d’un jour y prendre part. N’est-il pas évident de constater que jusqu’au plus bas de l’échelle sociale, nos concitoyens ont la facheuse tendance à se hiérarchiser en fonction de la valeur des marchandises dont ils disposent, des voyages qu’ils consomment, des rémunérations qu’ils percoivent. Et cet instinct explique énormément de notre société, du rmiste jusqu’à Sarkozy

    Les illusions de la richesse, de la beauté, du pouvoir et de la célébrité risquent pour longtemps encore d’organiser nos sociétés.


  • Georges Yang 12 mai 2009 18:38

    Bayrou est un homme politique . Sarkozy, Royal, Besancenot ne sont que des personnages « boulangistes » comme ce general d’operette qui voulut prendre le pouvoir a la fin du XIX me siecle.
    Helas, les foules sont attirees par le clinquant et non par la forme. C’est la ou se trouve le probleme.


  • La Taverne des Poètes 12 mai 2009 19:52

    « Abus de pouvoir » est épuisé dans les librairies de Quimper depuis plusieurs jours. Mon fils aîné en voulait un exemplaire. Même les exemplaires en devantures sont partis. Cela dit je n’ai fait que les gros points de vente. Merci à l’éditeur de pourvoir au besoin car j’ai la nette impression qu’il a nettement sous-évalué la demande...


  • Peachy Carnehan Peachy Carnehan 12 mai 2009 22:06

    Très bon article qui confirme mes impressions après la lecture de l’« Abus de pouvoir » de François Bayrou.

    Pour l’histoire le président du Modem restera le premier à avoir synthétisé le sarkozysme : un démantèlement progressif, volontaire, recherché, des fondements de la république, de l’égalité des chances, des services publics, et... du contrat social.


  • logan 12 mai 2009 23:26

    Oser comparer Bayrou et montesquieu il fallait vraiment oser.

    Montesquieu était un penseur et un philosophe avant d’être un homme politique, Bayrou fait surtout dans la rhétorique comme tout politicien, il est donc au contraire d’abord politicien avant d’être penseur et philosophe.

    Donc tout oppose ces deux personnages.

    Les réflexions de Bayrou sur la séparation des pouvoirs sont superficielles et rarement vous le remarquerez détachées de tout intérêt pour lui. On ne voit jamais par exemple François Bayrou s’émouvoir du sort qui est réservé à toutes les opinions dissidentes, son but c’est, par la rhétorique, de tout faire pour conceptualiser une 3ème voie, et d’incarner cette 3èeme voie, alors il se gardera bien de toute solidarité vis à vis de toutes les autres voies qui font un plus faible score que lui dans les élections ou les sondages.et qui n’ont pas la chance d’avoir des partisans dans les médias principaux comme c’est son cas et celui du modem.

    La défense de la démocratie qu’en font Bayrou et le modem n’est pas très osée. Bayrou est plus dans la défense de l’existant par rapport aux régressions organisées et votées par l’UMP que dans le combat d’avant-garde, il n’en est pas à demander une révolution ou une nouvelle constitution, il ne veut surtout pas sortir de la 5ème république car à l’évidence il veut être président de la république, il veut les pouvoirs que concentre Sarkozy sans remettre en cause cette concentration des pouvoirs, il a créé le modem pour atteindre ce but, ce qui est incompatible avec tout esprit révolutionnaire.

    Alors ne comparez pas Bayrou avec nos philosophes des lumières qui eux étaient de vrais révolutionnaires, merci.


    • La Taverne des Poètes 12 mai 2009 23:37

      Logan, vous devriez changer de marque de voiture, cela vous ôterait votre méchante humeur.

      Sinon : Un philosophe fait de la philosophie et un homme politique fait de la politique et « Donc tout oppose ces deux personnages ». Ah bon ? Cela ne va pas chercher loin comme raisonnement et c’est vous qui parlez d’oser ! Les vrais révolutionnaires ? Danton, Murat et Robespierre se revendiquaient du titre de « vrais révolutionnaires » ! Mais je ne suis pas certain que Montesquieu ait désiré la grande boucherie de la Révolution française. C’était un modéré qui cherchait à établir l’équilibre des pouvoirs.


  • logan 13 mai 2009 00:14

    Un philosophe fait de la philosophie, un homme politique fait de la politique.

    Vous pouvez le résumer ainsi si vous voulez, mais même si c’est quelque chose de trivial je pense qu’il était nécessaire de le mettre en avant face à ce texte qui tente de faire passer François Bayrou pour un philosophe, et pas n’importe lequel en plus. De toute manière ce n’était pas sur ça que je voulais porter l’attention.

    S’appuyer ici et là sur des idées ou des citations de philosophes ne fait pas de Bayrou un philosophe et ne saurait masquer toute la rhétorique dont il use et abuse pour tenter de se démarquer alors qu’en réalité sur le fond il partage plus ou moins les mêmes idées que le PS les verts ou que l’UMP.

    Il parle de séparation des pouvoirs quand ça l’arrange lui et le modem, pour des raisons électorales, pour faire de l’anti-Sarkozysme, mais on aimerait beaucoup l’entendre parler de séparation des pouvoirs quand le gouvernement, censé être l’organe exécutif du pouvoir se transforme en législateur grâce à l’Union Européenne via le conseil des ministres européens, que ce gouvernement peut ainsi rédiger des lois mais en plus les appliquer directement sans qu’elles ne passent par le parlement via la procédure de transposition des directives européennes, et que ces directives représentent plus de 80% des nouvelles lois qui s’appliquent aux francais.

    Face à cette violation pourtant incroyable de la séparation des pouvoirs, Bayrou ne dit rien et au contraire applaudit même des deux mains cette europe qui sert de cheval de Troie au libéralisme, libéraux avec qui d’ailleurs il s’associe politiquement au parlement européen.

    L’objet de mon propos et de ma démonstration c’est que ces philosophes des lumières émettaient des idées révolutionnaires, ils imaginaient de nouvelles idées, de nouveaux systèmes, ils critiquaient le système actuel et le remettaient profondément en cause.

    Bayrou ne fait rien de tel, au mieux il critique des réformes voulues par l’UMP, mais il ne veut rien remettre réellement en cause. Ses positions ne sont que postures comme je l’ai expliqué avec la conceptualisation de la troisième voie alors que s’il était vraiment choqué par le sort que l’on réserve à la liberté d’expression en France il réagirait aussi quand cela concerne d’autres que lui et il verrait que lui fait grandement partie des privilégiés.

    Il rêve d’être le président de cette Vème république et de présider l’UE où règnent justement et institutionnellement les pires concentrations de pouvoirs, il ne veut surtout rien remettre en cause, car il veut que ce pouvoir se concentre sur lui. Et voilà pourquoi plus que la différence philosophe / politicien, tout oppose Montesquieu et Bayrou. Bayrou est un conservateur, Montesquieu était un révolutionnaire.

    Excusez-moi maischange rien au fait que ce qu’il fait est de la rhétorique et qu’il agit pour son intérêt et non dans l’intérêt général.


    • La Taverne des Poètes 13 mai 2009 09:27

      Se réclamer d’un philosophe ne fait pas de vous un philosophe, je l’admets. Mais je vous assure : Bayrou ne se prend pas pour un philosophe !

      Vous dites « Il parle de séparation des pouvoirs quand ça l’arrange ». Non. Il a inscrit le principe dans le projet de réforme des institutions qui s’appliquera à tous. Le parlement, les citoyens et les journalistes seront les premiers bénéficiaires. Parce que, en ce moment, ils souffrent !

      Sinon Bayrou n’est pas un révolutionnaire non plus, vous avez raison : il ne veut pas faire table rase. Moi non plus.


  • logan 13 mai 2009 01:46

    Concernant la révolution française que visiblement vous ne portez pas dans votre coeur, il serait bon que vous teniez un peu compte des moeurs et des contextes de l’époque avant de juger de tels personnages historiques aussi radicalement.

    Apprennez que ces personnes vivaient dans une époque où il n’était pas rare que des gens se fassent assassiner dans la rue, c’était une époque où des gens se faisaient lyncher / décapités / et où on voyait ensuite les gens porter leur tête au bout d’un pique en défilant dans la rue et en chantant, enfin c’était une période où je vous le rappelle TOUTE L’EUROPE s’est liguée militairement pour venir mettre un terme à la révolution française, tandis que l’idée d’« enemis intérieurs » était loin d’être une théorie du complot, ils voulaient restituer le roi dans sa fonction et se partager en plusieurs parties la France. Et je ne crois pas que les méthodes de ces envahisseurs européens correspondaient à vos standards de courtoisie. A cette époque les gens se massacraient allègrement, ils pratiquaient la politique de la terre brulée et il n’y avait pas que les maisons qui brulaient, ne parlons même pas des viols ... La guillotine était devenue pour des gens carrément un spectacle et un amusement.

    Alors svp épargnez-nous vos jugements réactionnaires. Je crois que de la révolution Française on a certainement beaucoup plus d’enseignements à en tirer que vos jugements totalement déplacés sur les personnages historiques de l’époque que sont Marat Danton et Robespierre. Montesquieu a vécu a une époque encore antérieure à la leur, je ne vois aucune raison de l’idéaliser comme si il avait nos moeurs d’aujourd’hui, alors qu’il devait lui aussi avoir les moeurs de son époque. S’il avait vécu au moment de la révolution nul doute qu’il y aurait pris part activement.

    Alors je trouve ridicule de juger


    • La Taverne des Poètes 13 mai 2009 09:31

      Je ne crache pas sur la Révolution française qui fut nécessaire. Mais mes révolutionnaires préférés sont des gens comme l’abbé Siéyès ou Mirabeau, lequel était favorable à une solution constitutionnelle médiane sans violence.

      L’un des buts premiers du MoDem est de favoriser l’émergence d’une révolution non violente pour éviter justement que les choses ne se dégradent comme durant la période précédant 1789.


    • barbouse, KECK Mickaël barbouse 13 mai 2009 09:50

      bonjour,

      excellent commentaire que le votre, une remise en perspective historique fait redescendre
      le grandiloquent d’une bonne quantitée d’arguments,

      mais si on reviens au présent, on s’aperçoit que le recours aux arguments sur la révolution Française est devenue un fantasme utile, un argument politique prétendant renverser l’ordre établie, une pédagogie utilisée pour rappeler que pour éviter le sang il faut voter, 

      Et enfin, il sert a définir ou donner sens a une définition de la virilité française, du courage des idées qui mènent a des actes modifiant le cours de l’histoire, et fait de l’insoumission à l’injustice une vertu.

      Bien sur François Bayrou n’est pas Montesquieu, il en est inspiré, ou à moins il en utilise une partie de l’oeuvre pour enraciné son combat politique dans une histoire de la pensée française, même si parfois on peu se demander s’il ne sert pas intérêts plus européen que nationaux.

      Une certaine idée de la continuité transgénérationnelle de l’esprit français l’anime néanmoins, au travers de ces philosophes, et il y clou sa posture, ou ses convictions, selon son degrés d’adhésion a sa personne.

      Alors oui, les panégéristes engagées comme la Taverne utilisent, parfois mal à propos,
       ce type d’argument, et vous avez raison de le souligner, mais à défaut d’être historiquement au point, ils ne déguisent pas leurs intentions, 

      buriner un piédestal d’admiration rhétorique en y accolant les qualités et les hauteurs fantasmées sur la statue, souvent malheureusement sans proportion gardée. Ere de surmédiatisation et d’inaudibilité des arguments de fond oblige...

      amicalement, barbouse.


  • Pourquoi ??? 13 mai 2009 07:50

    Taverne : le livre de Bayrou est épuisé mais il est en ré-impression. Il fait un tabac !

    Plus j’écoute Bayrou et plus je lui trouve une stature nationale, autant sur le fond que sur la forme. Même Elkabach n’a pas réussi à le malmener, c’est dire !


  • gruni gruni 13 mai 2009 08:41

    J’ attends de F.Bayrou la promesse de revenir, s’ il est élu en 2012, sur toutes les mauvaises réformes ; il ne suffit pas de le sous entendre il faut le dire clairement.


    • La Taverne des Poètes 13 mai 2009 09:46

      Je ne fais pas de commentaire sur les discussions internes du parti. Quant à l’égo de Bayrou, il est probablement comme l’ego de toute personnalité politique ayant des ambitions présidentielles mais rien ne vous permet d’affirmer que « Lui président, ce serait equivalent voire pire que Sarko ». A moins bien entendu d’apporter la preuve de ce que vous avancez, ce qui est impossible.


  • Christoff_M Christoff_M 13 mai 2009 23:20

    un professeur de lettres fait des belles phrases écrit un bouquin...

    Bien mais est ce que cela suffit pour etre un bon candidat ?! je ne dis pas que le bonhomme n’est pas interessant à entendre mais face à Royal et Sarkozy, autre génération bcp moins dans la culture mais dans le show et les médias, mister Bayrou n’a aucune chance...

    Désolé pour les fans mais il faut etre réaliste !!


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