lundi 21 décembre 2020 - par Alain Gérald Lewis

Gabon, du confinement au couvre-feu ad vitam æternam ; sacrée bonne affaire

 

       Finalement, pourquoi nous confine-t-on, jusqu’à ce jour, et dans quel intérêt ? Et pourquoi, nom de Dieu, nous imposer un couvre-feu si, secret de polichinelle, les maisons sont simultanément transformées en bars et églises fréquentées par les « forces de l’ordre » elles-mêmes et si, inutile de le rappeler, les marchés sont ouverts, sans respect des mesures barrières ? A quoi, ou à qui, servent ces atteintes à nos libertés individuelles ? Du matraquage médiatique et propagandiste d’aides aux populations qui a servi à notre intoxication intellectuelle, au commencement de la crise du Covid-19, il n’en a découlé que « des détournements de deniers publics et de la manipulation politico-médiatique médicale », s’écrie le citoyen lambda. Outre cette honteuse gestion de la crise du Covid-19 il n’en est rien de satisfaisant ; « des lois votées en douce », aux recrutements massifs des sous-diplômés dans les « corps habillés » en passant par l’organisation médiocre des concours et examens nationaux , la suspension des recrutements à la Fonction Publique dont on ne parle plus, et l’insécurité devenue une normalité dans nos quartiers, etc. rien, vraiment rien de beau ni de bon ne nous est présagé. En bas, on souffre, des jeunes aux vieux, des hommes aux enfants, des travailleurs aux chômeurs, en bas, on n’en peut clairement plus de cette misère pendant que d’autres peuvent s’offrir tous les luxes de leurs folies, parfois, avec l’argent public. 

 

Au départ, c’est-à-dire dès le début de cette crise, nous assistions à une véritable excitation aussi autoritaire que doctrinaire où, tour à tour, « des politiciens », parce que cette crise leur appartient désormais, ils se la sont appropriée pour les besoins de leur cause au détriment des experts, se succédaient les uns aux autres dans les médias pour nous dire, chacun selon son ministère, à quel point le coronavirus était une menace pour nous. Des mois plus tard, malgré les mesures prises contre sa propagation et, ajouté à cela, l’incivisme conçu des populations, le virus en soi s’est avéré moins dangereux pour le pays que ceux qui disent le « gérer ». Ce n’est pas le virus qui nous noie dans la précarité mais plutôt ceux qui, d’une main de fer, nous dirigent dans un ravin.

 

A cet effet, ma question vaut d’être posée, en ma qualité, j’ose encore me le dire contre mon gré et non plus le croire ni d’en avoir encore la conviction, de citoyen. Je me sais, comme nombre de ceux qui partagent cette « nébuleuse » identité (gabonais étant presqu’une insulte aujourd’hui), gabonais de seconde zone ou mieux, devrais-je dire, de bas étage ; l’insignifiance dans toute sa déliquescence existentielle, du concept creux d’être gabonais. Nationalité qu’il nous serait par ailleurs bien de repenser. Enfin, je sais aussi le débat démocratique et la liberté d’expression ne pas être notre fort. Notre lot à nous, bien que je ne m’y reconnaisse guère, c’est la bassesse, du haut en bas, qui, par la même occasion, est « la chose du Gabon la mieux partagée », que Descartes me pardonne d’écorcher quelque peu sa pensée…embryon(s) nous sommes bien trop loin de l’être en tant qu’Etat-Nation. La notion de nation ne nous sied peut-être pas au regard de nos sectarismes identitaires, doctrinaires ou selon notre orientation sexuelle ! Mais bref, trêve de parole, avant qu’on ne me reproche de je ne sais quoi à la gabonaise qui ne sait creuser les pensées mais, préfère se contenter de leur forme, sans pour autant les lire, au passage. 

 

Les « dirigeants » connaissent bien la psychologie collective de ce peuple anthropologiquement, voire, existentiellement, abâtardi et réduit à moins que du bétail. Ils savent, parfaitement, que ni les « intellectuels » enfin, on les appelle comme ça chez nous, ni les illettrés, ni même les fonctionnaires du corps médical qui, sans nul doute, devraient être les premiers à s’indigner et dénoncer l’imposture de ce confinement, n’oseront poser le problème de la légitimité ou de la légalité que ce soit du point de vue institutionnel ou moral, de cet embrigadement national. Lequel des « intellectuels » osera critiquer, c’est-dire analyser scientifiquement l’abjecte gestion de cette crise par les politiciens au pouvoir ? Sans langue de bois, avouons que ces costards-cravates « slimés » jusqu’aux os ne cachent plus leur mauvaise foi. Du coup, ni les médecins, ni nos « éminents » professeurs, « papes » et consort, génies du commerce des fascicules plagiés ça et là dans nos décombres d’« universités », ne se risqueront à soulever comme débat national cet enfumage de « con-finement ». Encore pire, le couvre-feu, comme si le virus était plus actif la nuit que le jour ! Que font-ils la nuit, ceux qui nous astreignent, sinon nous assujettissent à mener une vie d’animaux de ferme (George Orwell, La ferme aux animaux La ferme des animaux - Poche - George Orwell, Philippe Jaworski - Achat Livre ou ebook | fnac).

 

Ainsi, le citoyen lambda que je suis est en droit de s’interroger quoiqu’il sache ce qu’il risque d’en résulter, à savoir, un magnifique kidnapping hollywoodien par des personnes non-identifiées. Qu’on pardonne mon impertinence, ce n’est que l’expression d’un ras-le-bol national face à la précarité qui tous, sauf certains, les « biens-nés », nous asphyxie. Piètre moi, non seulement je ne suis pas une intelligence mais, en plus, je donne peu matière à réfléchir dans un style autant sarcastique que pessimiste et polémiste ; qui donc, en voudrait ? Personne ! Je ne suis qu’un cynique fou qui bien étale son aigreur sur du papier, qu’on me laisse me vider de ce mal-être, que j’extirpe autant que possible cette souffrance des bas-fonds. 

 

Mon questionnement, alors ; où sont nos économistes, nos sociologues, philosophes, anthropologues, politologues, épidémiologistes, « journalistes d’investigation,… ? Ce questionnement est dorénavant plus nécessaire sinon un devoir citoyen quand on sait toutes les décisions discrétionnaires qui ont été prises durant cette crise sans compter que, des commerçants profitant de la situation ont sournoisement augmenté les prix de bien des produits alimentaires de première nécessité. En plus les salaires ne grossissent pas, on va crever ! Pourquoi ce mutisme quant à la situation qui prévaut depuis des mois dans cet enclos colonial où, les dirigeants, en manque de créativité, reproduisent ce que fait le « grand blanc » colonisateur ?

 

Que le gouvernement français dise « augmentation des cas de Covid-19 en France » ils le répètent d’une seule voix telle une litanie, en remplaçant simplement France par Gabon. Ils récitent tout ce que fait la France, on le sait, alors qu’attendent ceux des intellectuels, les médecins en particulier, qui sont au fait de la gestion de cette crise, pour délier leurs langues refroidies par la peur, l’indifférence ou par les billets bleus ?

 

Par ailleurs, comme le pensent d’aucuns, la crise actuelle, si elle paralyse notre économie et accentue le taux de pauvreté, elle permet à certains de s’enrichir ; c’est une aubaine politique pour ceux qui nous prévoient du très sale en 2023. Avant donc que ça ne saigne, pourquoi tous ces grands communicateurs qui se vantent de leurs cursus ne suivent-ils pas l’exemple de certains de leurs maîtres à penser français qui prennent position contre ce qu’il se passe en exigeant de leurs dirigeants qu’ils soient clairs ? Nous voulons des « nôtres » des études, rapports, articles, une prise de parole objective et fournie, sans ambages. On attend nos sociologues, nos économistes, et autres, qu’ils nous disent le poids et les conséquences de cette crise selon leur champ disciplinaire.

 

Mais qu’à cela ne tienne, nous savons aussi où nous sommes, au Gabon, il n’en sera rien. « Ils ont tous peur » ! Leur force se traduit face aux plus faibles, autrement dit, les étudiants, les « illettrés », c’est dans les bars qu’on les reconnaît à travers une sorte de néoparler (George Orwell, 1984 1984 - Poche - George Orwell, Josée Kamoun - Achat Livre ou ebook | fnac) qui leur sert à vampiriser les masses. Sinon, au bûcher, bande d’imposteurs ! 

 

Malgré le couvre-feu, les nuits sont mouvementées dans les snacks bars, et ça « groove » comme avant », très souvent avec la participation des agents des forces de l’ « ordre ». C’est ce à quoi les masses sont réduites, la fête, l’alcool et le sexe (Stratégies de domestication d'un peuple, BMW - Beer, Music and Women- comme armes de distraction massive, Germain Nzinga Makitu Strategies de domestication d'un peuple. bmw comme armes de - broché - Germain Nzinga Makit - Achat Livre ou ebook | fnac) Quoi qu’il en soit, aucune voix ne dira mot tellement ça sent le syndrome de Stockholm par ici.

Pour finir, je prie les bien-pensants de ne pas m’emballer dans un sac poubelle pour ce mot d’esprit, mal écrit en plus, que seuls deux ou trois personnes liront.

 

Alain Gérald Lewis MBA BEKUI



17 réactions


  • confiture 21 décembre 2020 16:55

    Bonsoir, je suis une des trois lectrices : "Pour finir, je prie les bien-pensants de ne pas m’emballer dans un sac poubelle pour ce mot d’esprit, mal écrit en plus, que seuls deux ou trois personnes liront.

    "

    Mais ne soyez pas recroquevillé , il est très bien votre article, bien écrit et plein de sens. Gabonais n’est pas une insulte.


    • Alain Gérald Lewis Alain Gérald Lewis 4 janvier 2021 22:50

      @confiture

      Bonsoir à vous et merci de m’avoir accordé autant d’attention à lire mon article toutefois, pour ce qui est de l’identité gabonaise, comme je le dis dans l’article, tout est sarcastique quoique que le débat posé remette en question nombre de choses. 


  • Clark Kent Séraphin Lampion 21 décembre 2020 16:58

    C’est vraiment un pays bizarre, le Gabon.


  • pipiou2 21 décembre 2020 17:23

    Le gars qu’à toujours pas compris que le confinement limite la propagation de l’épidémie !

    ça dégoute de donner l’éducation à tout le monde !

    Tout ça pour avoir ce discours d’enfant gâté. « ouin, ouin, on limite mes libertés pour sauver des vies. J’en ai rien à foutre des autres moi ! »


    • sylvain sylvain 21 décembre 2020 18:31

      @pipiou2
      d’après l’OMS on peut même attraper des virus sur internet, vous devriez vous éloigner de votre clavier


    • pipiou2 22 décembre 2020 14:04

      @Djam
      Je ne suis pas comme vous un égoïste « qui vit dangereusement » ; ce qui m’importe ce n’est pas ma mort, mais celle des autres et le respect des personnels soignants.

      Comme quoi on est entourés d’enfoirés !


    • David Heyo 22 décembre 2020 15:54

      @pipiou2
      la question n’est pas là et ce qui anime je pense les très nombreux critiques, ce n’est pas l’égoisme mais bien la vie des autres , la société, la démocratie. Le problème est la place dans les hopitaux, les 100 000 lits supprimés et le personnel qui va avec. Ce virus démontre la dangerosité et la fragilité du néolibéralisme, qui propage l’égoisme , la peur et la lâcheté dans les sociétés, où se soucier des autres est devenu un crime d’extrême gauche. Personne n’est responsable de l’existence de ce virus qui épargne 99% des gens, et 80% des personnes très âgées (source de l’OMS, site obscur complotiste) L’argument de « jouer à la roulette russe » n’est pas tenable. Les cancers non détectés ou traité en retard, les AVC mal traité, tout cela est roulette russe alors. Et cela fait des années qu’on fait mourir les vieux mal soignés dans les hôpitaux en général, et que ceux ci sont surchargés l’hiver. Et les confinements ne sont pas efficaces, rien ne le prouve, un virus par nature est incontrôlable. Mon but n’est de vous convaincre de rien, mais simplement du fait que le virus est instrumentalisé pour distiller la peur, l’abdication, la haine de ceux qui pensent différement, de soutenir un gouvernement fasciste et d’en devenir des larbins. Ce afin que l’on ne puisse pas dire, le jour où la conscience travaillera, qu’on ne savait pas le camp que l’on a choisit. Ce gouvernement ment sur tout et tout le temps , et il est simplement adulte de le remettre en question. L’odieuseté d’utiliser un vrai problème (le virus) pour faire du chantage et instaurer une dictature n’est évidemment pas acceptable.C’est bien le souci de tous les êtres humains qui fait s’ériger contre cette clique.


  • confiture 21 décembre 2020 17:25

    J’étais à Port Gentil en 1980 , très agréable mais surement uniquement pour les occidentaux, peu de contact avec les locaux.


    • Parrhesia Parrhesia 22 décembre 2020 14:43

      à l’auteur et @Djam,

      Mbolo à l’auteur ( bon article) et bonjour à Djam (bon commentaire) !!!

      En fait le Gabon comme la France et quelques autres sont sont en train d’étouffer doucement sous l’autorité malsaine des mêmes influences : celles des semeurs de merde justement évoqués par Djam.
      Dans les années soixante-dix, une dizaine d’années après l’indépendance, les projections pour le XXIème siècle prévoyaient que le Gabon disposerait du P.I.B. par habitant le plus fort du continent africain, devant l’Afrique du Sud !!!
      Nous voyons aujourd’hui ce qu’il en est comme nous voyons ce qu’il est advenu des restes de la France de de Gaulle...

      Tchango à tous !!!


    • Alain Gérald Lewis Alain Gérald Lewis 4 janvier 2021 22:47

      @Djam

      Bonsoir et merci pour votre contribution, monsieur, madame. Vous me relatez là des faits que je n’ai point connus car étant encore néant à cette époque, même pas en projet. 


  • sylvain sylvain 21 décembre 2020 18:29

    Ca a l’air de ressembler de plus en plus à la France le gabon . ou c’est l’inverse ??

    Bon chez nous on met les vieux médecins à l’asile quand ils commencent à la ramener un peu trop, visiblement au gabon on te mets un sac sur la tête ... Ca a quand même du bon la civilisation.

    Et je suis d’accord, cet article est bien écrit


  • sylvain sylvain 21 décembre 2020 18:31

    ceci dit, ca me partait un excellent moment pour s’éloigner de la francafrique, au moins en terme de politique sanitaire


  • HELIOS HELIOS 22 décembre 2020 12:47

    = = = = A quoi, ou à qui, servent ces atteintes à nos libertés individuelles ? = = = =


    La procédure de restriction appliquée en France pour cette pandemie est exactement de la même nature que toutes celles que l’on vit habituellement.


    Regardez le problème des radars .... ce n’est d’ailleurs pas le radar qui est insupportable ce sont les valeurs des limitations mises en place, quelles que soient les conditions de circulation et obeissant a de pures règles administratives... tout cela chapeauté par un permis de conduire, lui aussi devenu strictement administratif et outil principal de privation de liberté..... comme les spectacles, les restos, etc maintenant.


    L’objectif du gouvernement est parfaitement identifiable c’est la gouvernance par la soumission.


    Un vrai gouvernement devrait gouverner avec l’adhésion des citoyens, or, cette adhesion est impossible parce que la classe politique n’est pas representative.... ENA, elections non proportionnelles, puissance de l’argent, lobbies... tout un systeme qui ne peut se complaire que si les citoyens ont peur, dont sont soumis.


    Et le pire, c’est le mecanisme de communication actuel qui ne permet qu’a cette même classe politique épaulée par des « sommités » de voler aux citoyens le droit d’expression.... Chaines d’infos continue, France télévision la voix de la gauche seulement, une classe politique exclusive capable de ne plus être démocratique juste pour eviter que d’autres qu’eux accedent aux responsabilités, toutes ces associations dont seules les voix dans la doxa sont diffusées... et au final un parisianisme metropolitain devenu parole d’évangile.


    Et cette classe politique s’etonne de l’essor des « reseaux sociaux » (qui ne sont que des moyens de communication alternatifs) alors que la réalité ce sont les seuls moyens d’expression quasiment libres... et ils veulent les museler a coup de lois votées en fin de nuit par quelques acteurs et dans des entre-soi coupables appelés « démocratie » .


    Ne vous etonnez pas, continuez a voter pour les mêmes, vous avez bien vu, Macron et ses députés choisis dans la foulée sont toujours les mêmes et ils vous ont déjà convaincu qu’il ne faut pas choisir ceux qui sont differents.


    Vous avez écouté ce matin Amelie de Monchalin ce matin (22/12/20 sur Cnews)... une logorhées de mots quasiment sans liens les uns avec les autres pour tenter de vous expliquer que son gouvernement est parfait et que ses seules erreurs sont de vous avoir laissé un espace de liberté.


    Vous allez encore voter pour elle, pour eux la prochaine fois ? C’est vous, qui etes les mêmes, alors, acceptez la soumission qu’ils vous imposent, il me semble que vous ne meritez pas mieux.


    Soumission, les moutons finissent tous au four ou au barbecue.

    Si vous voulez changer,changez vos votes, n’ayez pas peur de redevenir libres.



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