jeudi 26 juin - par M Takadoum

Gaza : un peuple sacrifié sous les yeux du monde

Depuis 2007, la bande de Gaza, petit territoire de 365 km², est soumise à un blocus terrestre, aérien et maritime imposé par Israël, avec la complicité de l’Égypte. Ce territoire, l’un des plus densément peuplés au monde, est devenu une prison à ciel ouvert pour plus de deux millions de Palestiniens. Privés de liberté de circulation, d’accès normal à l’eau, aux soins, à l’électricité, les Gazaouis vivent dans des conditions déjà insoutenables avant même le déclenchement de la guerre actuelle.

Depuis le 7 octobre 2023, après l’attaque sanglante du Hamas sur le sud d’Israël, Gaza subit une offensive militaire sans précédent. Mais cette riposte, présentée comme une "guerre contre le terrorisme", a rapidement tourné à une destruction massive et indiscriminée.

Un massacre quotidien

Chaque jour, les bilans sont de plus en plus insoutenables. 30, 50, 100 morts par jour. Des milliers de blessés, souvent soignés sans anesthésie ni matériel médical, dans des hôpitaux à moitié détruits. Des civils, des enfants, des personnes âgées sont tués dans leurs maisons, dans les camps de réfugiés, dans les hôpitaux, dans les écoles. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 37 000 morts, en grande majorité des civils, dont plus de 15 000 enfants (selon les autorités sanitaires locales et les ONG sur place).

À cela s’ajoutent la famine organisée, les coupures d’eau, le blocus total de l’aide humanitaire, l'effondrement du système de santé, et les déplacements forcés vers le sud, dans une zone déjà surpeuplée. C’est une punition collective qui ne dit pas son nom. Le mot génocide, autrefois tabou, est désormais sur les lèvres de nombreux observateurs, juristes et responsables internationaux.

Une guerre contre les civils, pas contre le Hamas

Le discours officiel israélien affirme vouloir "éradiquer le Hamas". Or, malgré des mois de bombardements et d’opérations terrestres, le Hamas n’a pas disparu. Il est toujours actif. En revanche, la société civile de Gaza est détruite. Les universités, les hôpitaux, les infrastructures publiques, les quartiers entiers sont en ruines. L’objectif réel semble être moins l’élimination du Hamas que la dislocation de la société palestinienne dans son ensemble.

Cette stratégie d’extrême violence est portée par un homme : Benjamin Netanyahou, un Premier ministre affaibli par de multiples scandales judiciaires. Pour échapper à la prison et à la chute politique, il semble prêt à plonger son pays et la région entière dans une guerre sans fin. Il instrumentalise la peur, le nationalisme et la haine, tout en mettant hors-jeu toute voix israélienne modérée.

Et pourtant, l’histoire a parlé

Toutes les grandes puissances coloniales ou impériales ont dû, un jour ou l’autre, dialoguer avec ceux qu’elles qualifiaient de terroristes : les Anglais avec l’IRA, les Français avec le FLN, les Américains avec les Vietnamiens, les Sud-Africains avec l’ANC. Pourquoi Israël ferait-il exception à cette logique de l’Histoire ? Quand comprendra-t-on qu’on ne construit pas la paix sur des ruines, ni la sécurité sur les cadavres d’enfants ?

Le Hamas, malgré ses méthodes violentes et discutables, formule aujourd’hui une offre politique : cessez-le-feu, retrait israélien de Gaza, retour de l’Autorité palestinienne, libération des otages. Pourquoi cette piste est-elle systématiquement rejetée ? Pourquoi refuse-t-on obstinément toute perspective de paix, de négociation, de solution durable ?

L’hypocrisie internationale

Les grandes puissances occidentales, tout en affirmant leur "souci du droit international", continuent de fournir des armes à Israël, de bloquer les résolutions au Conseil de sécurité de l’ONU, ou de dénoncer du bout des lèvres les "excès" israéliens. La justice internationale est paralysée, et les ONG humanitaires crient dans le vide.

Seuls les peuples, dans la rue, sur les réseaux sociaux, dans les tribunes citoyennes, osent encore nommer l’horreur. Ils disent ce que les gouvernements n’osent pas dire : ce n’est pas une guerre, c’est une extermination. Et il est temps d’agir.

Gaza n’est pas seulement une tragédie humanitaire. C’est un test moral pour notre époque. Un miroir dans lequel se reflètent nos silences, nos lâchetés, nos complicités.

Si le monde laisse faire, si le monde accepte qu’un peuple soit effacé dans l’indifférence générale, alors le droit international n’a plus aucun sens, et notre humanité n’a plus aucun visage.



12 réactions


  • Durand Durand 26 juin 19:18

    Suite aux attaques américaines contre l’Iran plus tôt cette semaine, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu aurait accepté de mettre fin à la guerre à Gaza dans les deux semaines, selon un rapport du média « Israel Hayom », selon des sources issues de la conversation de Netanyahu avec le président américain Donald Trump.

    https://www.koha.net/fr/bote/netanyahu-e-trumpi-bien-dakord-per-dy-shtete-dhe-fundin-e-luftes-ne-gaze

    ..


  • Com une outre 26 juin 19:29

    On oublie souvent le rôle de l’Egypte dans cette affaire. Et dire que les égyptiens pleurent parce que les yéménites ne sont pas gentils avec eux. Juste retour des choses pourtant.


  • Corcovado 26 juin 20:38

    On a le même début de tragédie en France : une attaque au couteau toutes les 10 minutes, des attentats et des tentatives d’attentat, des viols.

    Pas une fête nationale qui ne soit gâchée par ceux qui ont la haine des locaux. Un vrai sujet d’article !


  • Fanny 27 juin 09:30

     et notre humanité n’a plus aucun visage.

     

    Si, le visage hideux de la mort.

    Ce n‘est pas la première fois.

    Régulièrement, les humains les plus évolués, les plus riches, les plus instruits éprouvent le besoin de tuer, de massacrer, de s’entretuer.

    Ainsi de la guerre de 14.

    Ainsi de la passion morbide qui habite Français et Allemands, passion qui s’est déchaînée dans 3 guerres. Avant de créer l’UE, cet enfant de la mort, qu’on maintient en vie artificiellement, car sinon ….

    Les esprits les plus savants essayent d’expliquer rationnellement les processus qui ont conduit à ces massacres. Et ils n’arrivent à rien qu’à gratter des milliers de pages inutiles, car ils refusent de comprendre cette passion de la mort qui resurgit régulièrement.

    Ni plus ni moins que des orages solaires, que l’homme tente d’imiter, avec un certain succès, avec ses bombes à hydrogène. Mais un message qui nous vient de l’univers, de Dieu peut-être, nous dit qu’il ne faut pas en abuser, qu’il faut garde ces bombes pour les grandes occasions. On obéit.

    L’humanité n’en revient pas. Ce spectacle auquel elle assiste aux premières loges à Gaza la sidère. Elle comprend qu’elle ne peut pas, ne veut pas comprendre sa vraie nature, ce 50/50 entre vie et mort.

    Les Arabes, dont on pouvait attendre un soulèvement généralisé sont amorphes. L’Europe regarde ailleurs, ses médias dressés au mensonge se tordant le cou en gémissant à peine, l’Allemagne fournissant à Israël des sous-marins à vocation nucléaire, au nom de sa culpabilité éternelle. L’ordre règne.

    Merci à l’auteur de nous avoir rappelé notre vraie nature.


    • Mustik 27 juin 10:49

      @Fanny

      Quand je déclare que ce sont tjs les psychopathes qui recherchent les manettes...
      il faudrait analyser le liquide amniotique et éliminer les fœtus porteurs du chromosome « psy »


    •  M Takadoum M Takadoum 27 juin 14:04

      @Fanny
      Merci pour votre contribution. Mais ce qui est paradoxal dans le cas de Gaza c’est que ce ne sont pas des conquérants venus de nulle part qui asservissent et massacrent des pays conquis comme cela s’est passé à travers l’histoire mais les forfaits contre les gazaouis sont perpétrés par les descendants d’un peuple, le peuple juif martyrisé à travers l’histoire pire voué par un régime nazi en Europe aux pires sévices et â l’extermination. 


    • Fanny 27 juin 20:03

      @M Takadoum
      les descendants d’un peuple, le peuple juif martyrisé à travers l’histoire

      Un enfant martyrisé dans l’enfance aura inévitablement envie, besoin de se venger, d’une façon ou d’une autre sauf à déprimer. Certains se vengeront, commettront des violences voire des tortures, d’autres pas.

      Il en est de même des peuples. Martyrisés, humiliés, ils sombreront soit dans la dépression, soit dans le besoin de vengeance, de faire le mal. Certains le feront, d’autres pas.

      Vision pessimiste de l’humain et des sociétés, sans doute, mais les Allemands et les Juifs, deux peuples géniaux dans nos cultures occidentales, nous ont montré qu’ils peuvent aussi basculer dans une autre dimension, très sombre.

      Martyriser des enfants, humilier des peuples, c’est vraiment à éviter.


    • xenozoid xenozoid 27 juin 20:08

      @Fanny
       regarde 2006 =from israel with love


  • Mustik 27 juin 10:45

    Comme quoi, à l’époque des 2 blocs Est-Ouest... 

    il y avait infiniment moins de tragédies. Aujourd’hui, on n’a même plus le temps de compter.

    Les Services US doivent se régaler devant leurs synoptiques planétaires.

    Ils vont pouvoir déployer enfin-enfin les petits soldats de plomb...


  • SilentArrow 27 juin 13:38

    @Bouliq

    Les habitants de Gaza attireraient peut-être plus de sympathie de la part des Européens si les arabo-islamiques qui se sont incrustés en Europe s’y conduisaient comme des civilisés.


    •  M Takadoum M Takadoum 27 juin 14:11

      @SilentArrow
      Moi je parlais du monde pas spécifiquement.des européens empêtré dans des problèmes d’émigration qu’ils n’ont pas su gérer. Justifier le martyre des gazaouis par des questions qui ne les concernent pas est une drôle de façon de raisonner


    • SilentArrow 27 juin 14:46

      @M Takadoum

      Je ne justifie rien, j’essaye de comprendre.


Réagir