mercredi 14 novembre 2012 - par Zang

Go home !

Pour ce qui serait de l’ingratitude de la France vis-à-vis de l’apport des étrangers...

Il est clair que depuis six siècles, les rapports entre la France et l'Afrique, disons entre l'Europe et l'Afrique, ne se sont jamais exercés, ou si peu, sur le mode du partenariat, mais plutôt sur celui de la prédation, de dominant à dominé, dont l'expression la plus actuelle est la mondialisation et le néolibéralisme qui ne sont qu'une autre facette de l'impérialisme, de la colonisation et de l’esclavage. Dès lors parler de gratitude ou d'ingratitude à ce niveau de communication verticale, voire de monologue, est pour le moins déplacé. Il ne viendrait à l'idée de personne de traiter le loup d'ingrat pour avoir dévoré l'agneau ; et si l'agneau, lui, venait néanmoins à le penser, l'on serait en droit de le trouver naïf et dupe, voire sentimental. Car c’est bien de ça qu'il s'agirait ici, et de sentiments et d'affects, et même de sexe. Les Africains sont des émotifs et des sentimentaux, c'est connu.

Rien, bien sûr, n’empêche de demander à la France d'exprimer sa gratitude à l'égard des étrangers, pour leur apport économique et militaire fait de chair et de sang au cours des deux dernières guerres mondiales par exemple, tous ces anciens combattants de l’Empire, ces « tirailleurs sénégalais », ces « indigènes », ces « coloniaux » venus prêter main forte à la « civilisation » contre la « barbarie ». Oui… pourquoi pas. Une dette envers l'Afrique, pourquoi pas. Il faudrait cependant savoir : ou les Africains sont des étrangers ou ils ne sont pas des étrangers. S'ils ne sont pas des étrangers pour la France, une dette n'a pas lieu d'être, ni même l’usage d’une autre langue que le français dans leurs territoires ; et si effectivement ce sont des étrangers, on entre de plain-pied dans le concept Nietzschéen du "complexe du créancier", où le débiteur finit par nourrir du ressentiment envers son créancier, où celui qui reçoit finit par renier celui qui donne, où il ne peut être question de reconnaissance, encore moins d'amour. Voilà pourquoi, pour ne pas avoir à traîner une dette et être obligé d'exprimer de la gratitude, voire des regrets ou de la « repentance », encore moins se livrer à des « réparations » – ce qui infléchirait du même coup le rapport de domination - il vaut mieux ne pas avoir face à soi un étranger, et pour cela, l'assimiler d'une façon ou d'une autre, par "l'intégration" par exemple - où l'on retrouvera cet "être-à-ranger". L’on sait bien qu’il n’est pas de dette ni de langue (autre) qui tiennent face à son miroir, où Écho s’interdit de répondre à Narcisse sur l’air de « vous vous croyez seul, mais il y a quelqu’un » - pour paraphraser un mot d’Antonin Artaud. Mais il est aussi permis de se raccrocher à une certaine mystique, où il est dit que celui qui aime est plus fort que celui qui est aimé ; d'autres postulent même que celui qui aime finit par tuer celui qui est aimé.

Bref, il serait temps pour les Africains de cesser d’offrir le cou à la lame rougissante, de se penser dorénavant en sujet et non en victime : défendre chèrement son morceau et rendre coup pour coup en toute civilité. Les affaires sont les affaires. Et foin de sentiments, d’ingratitude et de francophonisation ! Autrement dit, se poser en tant que « Autre », assumer son altérité, son étrangéité, sa pleine panafricanité. En somme acter pour une véritable indépendance, quel qu’en soit le coût, et s’ériger en créateur de valeurs.

Marcel Zang



3 réactions


  • Serpico Serpico 14 novembre 2012 22:06

    L’auteur :« Autrement dit, se poser en tant que « Autre » »

    Autant je suis d’accord avec le reste, autant je rejette ce souhait un peu « naïf »...

    Se poser en tant que « autre » signifie ni plus ni moins que l’européen (ou l’occidental) est « normal ». tandis que nous autres, les bronzés, on serait une sorte d’extraterrestres.

    Quasiment d’une autre espèce.


  • Roi des flans 14 novembre 2012 23:07

    La France terre d’ immigration depuis des siècles est l’une des plus cyniques inventions de l’historiographie collaborationniste, au service du parti dévot boboïste. Entre le VIe et le XXe siècle, elle a eu une population aux composantes stables. Une première vague d’immigration se manifeste à partir de la fin du XIXe siècle, mais c’est encore une immigration d’individus, et facilement assimilables en une ou deux générations parce que de même civilisation, chrétienne et européenne : Belges, Italiens, Polonais. L’immigration de masse ne commence qu’avec le dernier tiers du XXe siècle et très vite il n’est plus question d’intégration car si le Benêtland a toujours su et pu intégrer des individus, il ne peut pas intégrer des peuples, surtout s’ils appartiennent à des civilisations totalement étrangères à la nôtre et souvent hostiles (1/3 de la population en 40 ans). Alors suite à ce Grand Repeuplement des veaux indigènes, dans 50 ans, ces derniers seront minoritaires
    2006, 25% de naissances d’origine immigrée (hors UE)
    2040 : 50%
    Avec Omerta organisée et propagande.


  • Soi même Soi même 15 novembre 2012 00:59

    merci pour ce rappel au combien nécessaire, la dette vis à vis de l’Afrique et d’autre pays qui on été nos Colonies, c’était le lendemain même que l’on aurait du compensé, au lieux de cela, il y a eu cette FranquAffrique certes sans doute pour maintenir un liens qui au fil du temps est devenus une nourrice à coup d’État.
    La décolonisation aurait du être réparation, elle est resté en réalité exclusivement exploitation, à tel point qui avait probablement un meilleurs niveau de vie des Africains sous le temps des Colonie comparer à ce qu’il vive aujourd’hui où tout est en train d’être saccager !

    Maintenant on est bien devant un dilemme Cornélien d’être dans l’impossibilité d’accueillir toute cette misère et en même temps, pourquoi se rebeller, c’est la compensation que nous avons pas voulues prendre en charge qui nous êtes rappel par cette émigration massive !

    L’autre face qui vient à nous sommes dans un pays en plein marrasse, et tous le monde va souffrir, j’espère pour votre communauté que vous avez les reins solides pour vous entraidez car je ne sais quand tous cela va finie et comment cela va finir !


Réagir