dimanche 26 mai 2019 - par Rantanplan

Good-bye and farewell, Mrs May

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Que va-t-il se passer après la démission de Theresa May ?

Plus de deux ans se sont écoulés depuis que le Royaume-Uni a décidé de quitter l'Union européenne

Theresa May s’était installée au 10 Downing Street parce, prise de court, la faction favorable au Brexit dans son parti (les Tories conservateurs) n’arrivait pas à s’organiser. Elle était devenue Premier ministre du Royaume-Uni parce son prédécesseur, David Cameron, considérait que la tâche qui l'attendait était une mission impossible. Trois ans plus tard, elle quitte les lieux pour la même raison.

Cameron estimait à juste titre que seule une personne qui « croyait » au Brexit pouvait mener à bien le projet de sortie de son pays de l'Union européenne, entamé à la suite du référendum du 23 juin 2016, qui avait vu la victoire du camp désirant quitter l'UE à 51,9 %. Ce que Theresa May pensait ou pense réellement à propos du Brexit est toujours un mystère aujourd’hui, en fait. Elle est beaucoup trop prudente pour s’impliquer, et avoir une opinion. Ce serait prendre un risque.

Alors, elle avait commencé par confier des postes clefs de son cabinet à des Brexiters fervents qui ne lui ont pas rendu la tâche facile : le secrétaire d'état aux affaires étrangères, Boris Johnson, se comportait un peu partout comme un chien dans un jeu de quilles, ne pouvant s'empêcher de faire de la provocation (ce qui est paradoxal pour le plus haut diplomate d'un pays), pendant que David Davis et Liam Fox n’arrêtaient pas d'éventer les tacitques de leur propre camp et coupaient l'herbe sous le pied de leur patronne . Cette farce a quand même duré presque deux ans, du 13 juillet 2016 au 9 juillet 2018.

Quelques jours après son accession au poste de Premier Ministre, un coup d'état militaire avait été tenté en Turquie, ce qui avait contraint la discrète Theresa à enregistrer un clip télévisé sur ce qui s'était passé. Cette première prestation médiatique avait révélé le talon d’Achille de la Dame : elle n’était pas télégénique. Et ça ne s'est jamais arrangé.

On aurait pu penser qu’en revanche, son point fort était la négociation. Par exemple, les négociations avec l'UE sur la question de la frontière nord-irlandaise aurait dû être l'une des choses les plus simples à résoudre, mais elle l’a rendue insoluble. L’UE ne demandait pas de retour à une frontière douanière sur l'île d'Irlande mais, sous prétexte de ne pas modifier le statut de l’Irlande du Nord, ce qui à ses yeux risquait de remettre en cause l’homogénéité du Royaume Uni, elle a vait refusé tout compromis. L’Ulster a pourtant ses propres lois depuis des années sur l'avortement et le mariage homosexuel. Mais il parait que ça n’a rien à voir. Circulez !

Elle a congédié des ministres à un rythme sans précédent. Elle a perdu plus de voix au parlement que David Cameron, Gordon Brown, Tony Blair et John Major réunis. Son gouvernement a même été reconnu coupable d'outrage au parlement pour avoir refusé de publier des avis juridiques défavorables à sa politique. Une première historique chez les inventeurs du parlementarisme bicamériste !.

Mais elle a remporté un vote crucial.

À la fin de l’année dernière, ses bourreaux du groupe pro-européen avaient réussi à lui opposer un vote de censure, et contre toute attente, les députés ont finalement décidé de lui accorder leur confiance. Ce vote a déclenché un charcutage politique, genre acharnement thérapeutique, dans toutes les organisations du pays. Ses propres députés avaient choisi de la maintenir en poste tout en lui refusant d’adopter son projet de loi pour le retrait de l’UE. Et elle a perdu trois fois. À chaque fois, elle est revenue à Bruxelles pour tenter d’arracher des concessions impossibles à obtenir, comme une serveuse de restaurant harcelée, faisant la navette entre un chef étoilé plein d’orgueil et un client VIP capricieux. Du coup, « Brexit » ne voulait plus dire « Brexit ».

Dans l’un de ses derniers sursauts d"sespérés, elle a essayé de faire directement appel au public, en accusant les députés de ce désordre inextricable. Elle s'est presque excusée pour ce chahut de cancres. Elle a déclaré que le fait de ne pas mener à bien le Brexit avait été pour elle une "cause de profond regret personnel". Et du coup, le Royaume-Uni devait participer aux élections européennes, ce qui a déclenché le retour du Jedi, Farage, du fantôme de l’Ukip et de tous les vieux démons endormis de l’extrême droite réveillés par le tintamarre.

Mais le spectacle est terminé.

Quel souvenir laissera ce passage calamiteux ?

En 2016, elle semblait représenter un choix judicieux, car elle était perçue comme une « remainer » réticente, ou du moins pas particulièrement enthousiaste, une sorte de passeur entre des mondes instables. Or, même si elle s’en va, les réalités de 2016 ne se sont pas évaporées. Elles se sont au contraire intensifiées. Son remplaçant devra faire face à une crise terrible dès le premier jour. Souhaitons aux citoyens britanniques qu’ils n’aient pas à regretter la fusion du fusible !

 



17 réactions


  • Lonzine 26 mai 2019 17:37

    "

    Accueil du site > Tribune Libre > Good-bye and farewell, Mrs May
    Good-bye and farewell, Mrs May
    par Chantecler
    dimanche 26 mai 2019

    Que va-t-il se passer après la démission de Theresa May ?

    " rien tout simplement, ils ont fait la démonstration que rien ne peut changer, cette semaine même la Suisse s’est faite tirer les oreilles.....


  • izarn izarn 26 mai 2019 17:55

    ...Le Brexit dur.

    That’s all folks...


  • leypanou 26 mai 2019 19:09

    Ce que Theresa May pensait ou pense réellement à propos du Brexit est toujours un mystère aujourd’hui, en fait 

     : peu importe ce qu’elle pense, elle n’a pas mené campagne pour le Brexit, donc c’est une Remain-er honteuse.

    Et puis, l’article a oublié de parler d’un exploit de T May : l’affaire Skripal, qui a fait expulser des dizaines de « diplomates » dans les 2 sens entre la Russie et les « autres ». Personne n’a jamais plus entendu parler des Skripal, alors que la fille Skripal est une ressortissante russe. Toute décence diplomatique a été bafouée avec cette affaire, la Russie n’ayant pu jamais revoir Yulia Skripal.

    Elle faisait un peu pitié quand elle pleurait lors de son discours d’adieu devant le 10 Downing Street : elle a eu au moins l’honnêteté de mener des négociations pour le Brexit ; d’autres politiciens n’auraient pas eu le même scrupule, surtout en France.


  • lloreen 26 mai 2019 20:44

    "Que va-t-il se passer après la démission de Theresa May ?

    "

    No more dinners in Buckingham palace ...What a pity, miss primy.


  • zygzornifle zygzornifle 27 mai 2019 08:06

    Enfin au calme elle va pouvoir croquer dans ses économies .....


  • Julot_Fr 27 mai 2019 08:42

    Bilan mitige pour May, elle a rempli son objectif principal : empecher le Brexit

    Par contre elle l’a fait d’une maniere deplaisante qui indispose l’electorat anglais avec pour consequence la resurgence de Farrage.

    Farrage est un hero au meme titre que Assange dans la lutter contre l’oligarchie mondialiste, c’est lui qui avait force Cameron au referendum sur l’UE... si seulement on avait le meme en France...


    • Emohtaryp Emohtaryp 27 mai 2019 13:08

      @Julot_Fr

      si seulement on avait le meme en France...

      Mais on l’a, en bien meilleur même ! Mais les gens sont tellement conditionnés et lobotomisés qu’il ne fait que 1,2 %....


    • Julot_Fr 27 mai 2019 21:14

      @Emohtaryp
      Je ne crois pas qu’Arschelineau la couille molle tienne la comparaison avec Farrage, ses financements illimites, ses apparitions/occurence sur les media detenus par un Israelien (RMC, liberation..), son manque de pratique politique (rejeter platement toute alliance avec Philippot) .. Comme dit Soral, il est bon pour expliquer lineairement les articles de la constitution europeenne mais pas grand chose de plus


  • Eric F Eric F 27 mai 2019 09:51

    Elle a « joué le jeu » de tenter la sortie négociée, mais il n’y avait pas de majorité au Parlement quelle que soit l’option proposée, c’était donc mission impossible. Les partisans du Brexit ont fait plus de 31% aux élections européennes, quelle serait la situation en cas d’élections législatives anticipées ?


    • Emohtaryp Emohtaryp 27 mai 2019 14:26

      @Eric F

      Les partisans du Brexit ont fait plus de 31% aux élections européennes, quelle serait la situation en cas d’élections législatives anticipées ?

      Bonjour,

      Devinez un peu ! Même schéma, très probablement !

      Donc, on peut dire sans grand risque que le RU va sortir « sans accord » ,du merdier de l’uerss bien avant la fin de l’année. Si B Johnson succède à May, il va provoquer des élections, se trouvera renforcé et claquera définitivement avec fracas la porte de la dictature ue..... Le scénario le plus plausible !


  • ZenZoe ZenZoe 27 mai 2019 15:54

    J’ai pas mal de sympathie pour Theresa May moi !

    Le résultat du vote de 2016 a laissé aux Brits un goût très amer, et la pauvre femme s’est lancée, sans peut-être bien réaliser qu’elle tomberait dans un milieu franchement hostile et divisé. Elle n’était pas pour la sortie, elle a fait ce qu’elle a pu dans un panier de crabes gonflés à bloc.

    Elle a tenté la négo, la menace, rien n’y a fait. Quand ça veut pas, ça veut pas.

    On pourrait au moins reconnaître son courage, son sérieux et sa persévérance, alors que s’annonce Boris Johnson, qui lui est tout le contraire. Un bouffon lâche et sans scrupules qui lui va peut-être réussir à dégager le RU, ne serait-ce parce qu’il correspond mieux à l’image du parlement britannique ?

    Méfions-nous, le type est bien plus dangereux que May, et pourrait rouler les Européens dans la farine.


  • HELIOS HELIOS 29 mai 2019 13:18

    ...  rouler les Européens dans la farine....


    Qu’est-ce que ça veut dire, cela... on s’en fiche de ce que peuvent faire les anglais. Pire que ce qu’on a maintenant, ce n’est pas possible.

    Alors, pour s’en sortir, il n’y a qu’une seule solution, c’est la souveraineté.

    La souveraineté c’est de décider pour soi et dans notre intérêt.

    Hélas, jusqu’à présent et depuis le depart du Général, pfff tout ce qui se passe c’est contre nos intérêts. Alors, les anglais, ... il serait plutôt de notre coté et il faut les prendre comme il sont !


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