Guerre commerciale sino-américaine ; et le gagnant est ?
Guerre commerciale sino-américaine : deux mondes, un espoir, un désespoir
La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, déclenchée en 2018, oppose deux modèles économiques aux antipodes : un déficit américain de 800 milliards $ en 2023, financé par le dollar comme monnaie de réserve, contre un excédent chinois réinvesti avec ambition. Mais derrière ces chiffres, que deviennent les travailleurs ? En Chine, une majorité voit son sort s’améliorer, bien que les plus pauvres paient encore un prix élevé pour l’avenir de leurs enfants. Aux États-Unis, des régions entières sombrent dans un désespoir tangible, entre drogue et dénuement. Comment ce conflit économique façonne-t-il leur quotidien, et pourquoi les destins divergent-ils autant ?
Les travailleurs chinois : une ascension inégale, un sacrifice pour leurs enfants
En Chine, les ouvriers sont le moteur d’un modèle exportateur qui accumule des excédents colossaux (3 000 milliards de réserves de change en 2023).Une partie de cette richesse est prêtée aux Etats−Unis via des bons du Trésor (800 milliards de réserves de change en 2023) soutenant la consommation américaine. Mais l’État chinois réinvestit aussi massivement chez lui : trains à grande vitesse (40 000 km), autoroutes, villes modernes. Ces projets créent des emplois, dopent les salaires (hausse de 10-20 % par an dans certaines régions), et font émerger une classe moyenne de 400-500 millions de personnes, qui voyage à l’étranger (130 millions de touristes en 2019) et consomme localement.
Pourtant, ce progrès cache une réalité à deux vitesses. Les plus pauvres – souvent des migrants ruraux (non gmingong, 290 millions en 2023) – endurent des sacrifices persistants. Dans les usines de Shenzhen ou Guangzhou, ils travaillent 12 heures par jour pour 250-400 € par mois, produisant les biens qui alimentent les excédents, mais avec peu de protections sociales. Le système du hukou (permis de résidence) les prive d’accès aux écoles ou hôpitaux des villes où ils triment, les reléguant à une citoyenneté de seconde zone. Les investissements massifs profitent surtout aux zones urbaines, tandis que les campagnes (Gansu, Yunnan) stagnent, avec des retraites misérables (100-200 yuans/mois). Dans la guerre commerciale, les tarifs américains freinent certaines industries, et ces ouvriers, les moins qualifiés, sont les premiers touchés par les licenciements, sans filet social solide. Leur niveau de vie s’améliore lentement, mais ils continuent de se priver, motivés par l’espoir d’un avenir meilleur pour leurs enfants – une éducation, un logement, une vie moins rude.
Les travailleurs américains : un déclin sans répit
Aux États-Unis, le déficit commercial traduit une économie qui vit à crédit, portée par une dette publique de 34 000 milliards $ en 2025 et le statut du dollar. Les importations bon marché maintiennent un niveau de vie élevé – smartphones et vêtements à bas prix – mais ce modèle a ravagé des régions entières. La Rust Belt a perdu 2 à 3 millions d’emplois industriels depuis 2001 (David Autor), remplacés par des jobs précaires dans les services. Les salaires stagnent pour la classe moyenne, et les inégalités s’envolent.
La guerre commerciale, avec ses tarifs sur la Chine (25 % sur 50 milliards $ en 2018), promettait un renouveau. Mais les résultats déçoivent : quelques usines sauvées, contre des pertes agricoles (soja boycotté par la Chine) et une inflation qui grignote le pouvoir d’achat. Pendant ce temps, des villes comme Detroit ou Baltimore s’effondrent, minées par la drogue (100 000 morts par overdose en 2022) et une explosion des sans-abris (650 000 en 2023). Les rues, jonchées de tentes, reflètent un désespoir croissant. Contrairement à la Chine, l’État réinvestit peu : les infrastructures pourrissent, et les filets sociaux restent fragiles, abandonnant des populations entières à leur sort.
Guerre commerciale : des impacts inégaux
La guerre commerciale creuse l’écart entre ces deux réalités :
Chine : Les tarifs américains testent l’économie, mais l’État amortit le choc en diversifiant ses marchés (Afrique, Asie) et en réinvestissant. La classe moyenne prospère, mais les plus pauvres, coincés dans des jobs durs et mal protégés, se sacrifient pour offrir un avenir à leurs enfants.
États-Unis : Les tarifs ne stoppent pas le déclin. Les travailleurs subissent les coûts d’un système à crédit – précarité, désindustrialisation – sans perspective de redressement, tandis que le désespoir social s’étend.
Les gagnants : les puissants, pas les faibles
Les élites dominent des deux côtés.
En Chine, le Parti communiste encaisse les intérêts des prêts et oriente la croissance.
Aux États-Unis, les investisseurs privés (banques, fonds) profitent de la dette.
Mais les travailleurs chinois, même les plus pauvres, récoltent des bénéfices lents mais réels, alors que leurs homologues américains s’enfoncent dans l’oubli.
Conclusion : un monde d’espoir, un monde de désespoir
La guerre commerciale sino-américaine dessine deux mondes distincts.
En Chine, les travailleurs soutiennent un système qui les élève, malgré un rythme inégal : la classe moyenne s’épanouit, et les plus pauvres se battent pour l’espoir d’un avenir meilleur pour leurs enfants.
"Nomadland"
Aux États-Unis, un mode de vie à crédit camoufle un effondrement social, laissant des régions entières dans le désespoir, sans horizon pour les générations à venir. D’un côté, une lumière fragile mais réelle ; de l’autre, une ombre qui s’épaissit.