lundi 14 avril - par politzer

Guerre commerciale sino-américaine ; et le gagnant est ?

Guerre commerciale sino-américaine : deux mondes, un espoir, un désespoir

La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, déclenchée en 2018, oppose deux modèles économiques aux antipodes : un déficit américain de 800 milliards $ en 2023, financé par le dollar comme monnaie de réserve, contre un excédent chinois réinvesti avec ambition. Mais derrière ces chiffres, que deviennent les travailleurs ? En Chine, une majorité voit son sort s’améliorer, bien que les plus pauvres paient encore un prix élevé pour l’avenir de leurs enfants. Aux États-Unis, des régions entières sombrent dans un désespoir tangible, entre drogue et dénuement. Comment ce conflit économique façonne-t-il leur quotidien, et pourquoi les destins divergent-ils autant ?

Les travailleurs chinois : une ascension inégale, un sacrifice pour leurs enfants

En Chine, les ouvriers sont le moteur d’un modèle exportateur qui accumule des excédents colossaux (3 000 milliards de réserves de change en 2023).Une partie de cette richesse est prêtée aux Etats−Unis via des bons du Trésor (800 milliards de réserves de change en 2023) soutenant la consommation américaine. Mais l’État chinois réinvestit aussi massivement chez lui : trains à grande vitesse (40 000 km), autoroutes, villes modernes. Ces projets créent des emplois, dopent les salaires (hausse de 10-20 % par an dans certaines régions), et font émerger une classe moyenne de 400-500 millions de personnes, qui voyage à l’étranger (130 millions de touristes en 2019) et consomme localement.

Pourtant, ce progrès cache une réalité à deux vitesses. Les plus pauvres – souvent des migrants ruraux (non gmingong, 290 millions en 2023) – endurent des sacrifices persistants. Dans les usines de Shenzhen ou Guangzhou, ils travaillent 12 heures par jour pour 250-400 € par mois, produisant les biens qui alimentent les excédents, mais avec peu de protections sociales. Le système du hukou (permis de résidence) les prive d’accès aux écoles ou hôpitaux des villes où ils triment, les reléguant à une citoyenneté de seconde zone. Les investissements massifs profitent surtout aux zones urbaines, tandis que les campagnes (Gansu, Yunnan) stagnent, avec des retraites misérables (100-200 yuans/mois). Dans la guerre commerciale, les tarifs américains freinent certaines industries, et ces ouvriers, les moins qualifiés, sont les premiers touchés par les licenciements, sans filet social solide. Leur niveau de vie s’améliore lentement, mais ils continuent de se priver, motivés par l’espoir d’un avenir meilleur pour leurs enfants – une éducation, un logement, une vie moins rude.

Les travailleurs américains : un déclin sans répit

Aux États-Unis, le déficit commercial traduit une économie qui vit à crédit, portée par une dette publique de 34 000 milliards $ en 2025 et le statut du dollar. Les importations bon marché maintiennent un niveau de vie élevé – smartphones et vêtements à bas prix – mais ce modèle a ravagé des régions entières. La Rust Belt a perdu 2 à 3 millions d’emplois industriels depuis 2001 (David Autor), remplacés par des jobs précaires dans les services. Les salaires stagnent pour la classe moyenne, et les inégalités s’envolent.

La guerre commerciale, avec ses tarifs sur la Chine (25 % sur 50 milliards $ en 2018), promettait un renouveau. Mais les résultats déçoivent : quelques usines sauvées, contre des pertes agricoles (soja boycotté par la Chine) et une inflation qui grignote le pouvoir d’achat. Pendant ce temps, des villes comme Detroit ou Baltimore s’effondrent, minées par la drogue (100 000 morts par overdose en 2022) et une explosion des sans-abris (650 000 en 2023). Les rues, jonchées de tentes, reflètent un désespoir croissant. Contrairement à la Chine, l’État réinvestit peu : les infrastructures pourrissent, et les filets sociaux restent fragiles, abandonnant des populations entières à leur sort.

Guerre commerciale : des impacts inégaux

La guerre commerciale creuse l’écart entre ces deux réalités :

Chine : Les tarifs américains testent l’économie, mais l’État amortit le choc en diversifiant ses marchés (Afrique, Asie) et en réinvestissant. La classe moyenne prospère, mais les plus pauvres, coincés dans des jobs durs et mal protégés, se sacrifient pour offrir un avenir à leurs enfants.

États-Unis : Les tarifs ne stoppent pas le déclin. Les travailleurs subissent les coûts d’un système à crédit – précarité, désindustrialisation – sans perspective de redressement, tandis que le désespoir social s’étend.

Les gagnants : les puissants, pas les faibles

Les élites dominent des deux côtés.

 En Chine, le Parti communiste encaisse les intérêts des prêts et oriente la croissance.

 Aux États-Unis, les investisseurs privés (banques, fonds) profitent de la dette.

 Mais les travailleurs chinois, même les plus pauvres, récoltent des bénéfices lents mais réels, alors que leurs homologues américains s’enfoncent dans l’oubli.

Conclusion : un monde d’espoir, un monde de désespoir

La guerre commerciale sino-américaine dessine deux mondes distincts.

 En Chine, les travailleurs soutiennent un système qui les élève, malgré un rythme inégal : la classe moyenne s’épanouit, et les plus pauvres se battent pour l’espoir d’un avenir meilleur pour leurs enfants.

"Nomadland" 

Aux États-Unis, un mode de vie à crédit camoufle un effondrement social, laissant des régions entières dans le désespoir, sans horizon pour les générations à venir. D’un côté, une lumière fragile mais réelle ; de l’autre, une ombre qui s’épaissit.

 



4 réactions


  • Doume65 14 avril 11:50

    « les plus pauvres paient encore un prix élevé pour l’avenir de leurs enfants »

    Bonjour.

    Je ne comprends pas le sens de ce passage. Peut-on avoir des éclaircissements ? Merci.


  • politzer politzer 14 avril 12:42

    bonjour amigo

    Les ouvriers chinois soumis au régime du Hukou (250 millions)bossent dans des conditions très difficiles cf le film « tpurments » au Médicis . Ils ont construit les infrastructures et produit le textile sans profiter comme les classes moyennes ( 500millions)du confort dont ils sont et ont été les artisans . Leur condition va en s améliorant mais à ce train là ce sont surtout leurs enfants voire leurs petits enfants qui dans les nouvelles conditions produites par le développement c est à dire par eux, bénéficieront d une meilleure situation, dans l avenir qu ils construisent et pour lequel .ils sont les « sacrifiés » . Bref la plus value extraite de leur travail se transforme en infrastructures ( dont ils profitent moyennement) au détriment de leur niveau de vie.Suis je clair ?


  • Rinbeau Rinbeau 14 avril 16:00

    Les grandes banques occidentales après avoir vampirisé le Royaume-Uni qui n’est plus que l’ombre de lui même.. ont presque fini de vampiriser les USA.. Et l’Europe !


  • Spartacus Lequidam Spartacus Lequidam 15 avril 15:13

    Interessant sur certains points, mais des erreurs ou méconnaissance de notions d’économie.

    1-un état n’investi pas mais « dépense ». La Chine est elle aussi très endettée. A hauteur de 300% de son PIB, soit à la même hauteur que les USA en pourcentage.

    2-La Politique de l’enfant unique et le viellissement a créé des armées de vieux males qui vont peser de plus en plus sur l’économie.

    3-Le travailleur Americian est le plus riche de la terre. Si on faisait un pays avec les 20% des plus pauvres Americains, ce nouveau pays serait encore l’un des 10 pays ou les gens seraient le mieux payés au monde.

    4-L’Amerique montre au jour ses tares et donc bien plus visibles, la Chine le cache et la visibilité n’est pas si percue, mais les immeubles vides et les millions de logements vides sont là pour y attester. 

    5-Croire que l’Amerique est en déclin es une erreur. Oui il y a une désindustrialisation des usines physiques, mais une croissance dytyrembique des industries immatéreilles comme celle des reseaux sociaux.

    6-La chine a profité de l’OMC et du marché lbre pour se développer. Mais il ne faut pas croire, le pain blanc est terminé. Il y a quelques années on prévoyait qu’elle allait dominer très vite les USA, aujourd’hui le jour du dépassement est bien reculé.

    7-La guerre commerciale débouchera d’un monde meilleur.

    Pour investir en chne, lois et règles d’investissement dites « negatives » en contrepartie de séparation du capital ou de transfert de technologie a faussé le marché libre dont la Chine a bien profité.

    Le gagant « apparent serait la Chine car elle présente une lgne forte et décidée a ne pas se laisser intimider.

    Erreur. En fait elle est en train de perdre. Elle va gagner un peu de temps en vendant des obligations US, mais ce n’est que du temps perdu.

    L’erreur Chinoise est de camper sur sa ligne et surenchérir au lieu de négocier.

    Il ne faut pas oublier que la Chine est surtout »fournisseur« des US et que c’est son client.

    Pour celui qui a eu une entreprise a gérer, et c’est trouvé devant un fournisseur défaillant ou qui ne souhaitait pas négocier, on en trouve toujours un autre.

    La Chine a »oublié" que les USA sont le client et elle le fournisseur et que les habitudes se changent. Et c’est le plus gros client du monde.

    Quand a la France, nous avons des politiens qui sortent de science Po et diplomés en socialisme, pas d’anciens acheteurs de chez Leclerc ou Carrefour. Ils ne savent pas négocier.


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