Hamon se faufile entre Macron et Mélenchon
Mercredi 1° février : les écuries de la présidentielle chamboulées. Hamon décolle, Fillon plonge, Mélenchon se tasse....
L'ovni Hamon n'arrête pas de secouer le landernau politique. En passant de 6% à 17% en moins de deux semaines, il vient de déclencher un processus qui, à terme risque de bouleverser la course pour la présidentielle.
Sur sa corde gauche il tasse Mélenchon sur le tandem Artaud-Poutou en lui prélevant 4%. Mais ce n'est pas tout, sur sa corde droite il bouscule le financier Macron qui ne survit que grace à la déconfiture du candidat 100% pur, dur, chrétien, gaulliste, probe de chez probe, au dessus de tous soupçons, nommé Fillon. Ce faisant Macron se construit un électorat de plus en plus réactionnaire auquel il va, pour pouvoir le conserver, devoir servir, dans les semaines qui viennent, un programme adéquat. Programme qui risque de rebuter pas mal de hollando-vallsistes qui, depuis les primaires socialistes, faisaient mouvement vers lui. A moins de susciter une autre candidature, radicale (MRG ou autre...) tous ces "progressistes" qui voulaient, à tout prix, sauver la loi-travail veulent maintenant sauver leurs sièges. Ils vont devoir aller mendier leur adoubement, sans doute via Hollande, chez le vainqueur de la primaire qu'ils méprisaient sans pitié excéssive jusqu'au 1° tour de la primaire socialiste. Juste quelques couleuvres à digérer pour des estomacs réputés pour leur robustesse.
Le RU qui, dans leur bouche, était le pire des avatars qui allaient s'abattre, avec Hamon, sur les pauvres français, va devenir, dans leur future campagne des législatives, si Hamon les investit, un véritable progrès social.
Enfin, la vérité m'oblige à reconnaître que ce parcours n'est pas encore achevé, ils en sont à la station : "Attendre et voir venir". Et Hamon, qui sait qu'il a été élu contre la politique que ces godillots ont soutenu, notamment la loi El Khomri, pendant cinq ans, se tate. Quels effets attendre de ses ralliements ? quelques milliers de soutiens douteux ou une forte dose de doute dans les quelques millions de voix gagnés depuis la primaire ?
Mélenchon a bien saisi le problème en sommant ce matin, Hamon de choisir : Eux ou nous ? clame-t-il après trois jour de retraite dans le monastère des insoumis. Sur le fond il a raison, mais si Hamon s'aligne trop hostensiblement sur Mélenchon, n'est-ce pas du pain bénit pour les "eux" ? Et s'il refuse l'oukase, n'est-ce pas un moyen donné à Mélenchon pour enrayer la baisse qui trouble le staff du vieux tribun. Voilà les faits qui sont au centre des cogitation "hamonesques".
Avec, en plus, une interrogation : Quelle est la solidité réelle des 10 points que les sondages donnent encore à Mélenchon ? Et si là aussi, il suffisait "d'attendre et de voir venir" ?
Parce qu'enfin, qu'elle est la préoccupation, qui conditionne toutes les autres, de ces électeurs ? Ils veulent amener au 2° tour un candidat de gauche parcequ'ils savent tous, que le duel Le Pen-droite sera, cette fois et sans surprise, mortifère pour leurs intérêts. Or à partir du moment où un candidat, pour le moment incontestablement de gauche, fait la course en tête, jusque dans l'isoloir, ce candidat va exercer une pression, une attraction, d'autant plus efficace qu'elle sera toujours amicale, sur les électeurs du "fabuleux" programme des insoumis. Programme qui, entre-nous, est déjà enterré. Que restera-t-il à la sortie des isoloirs des 10% actuels de Mélenchon ?
Les communistes qui, plusieurs fois déjà, sont passés dans cette moulinette, conseillent à Mélenchon de bien réfléchir, pas longtemps, mais sérieusement, avant de décider de contempler, euphémisme, juqu'au 23 avril, le dévissage inéluctable des sondages. Qui, alors, portera la responsabilité de la division et de ses conséquences pour les prolos ?
C'est tout le sens du dernier communiqué du PCF : "Conformément aux initiatives qu'il prend depuis un an, il appelle à multiplier les initiatives pour permettre la victoire d'une gauche de progrès social et écologique et la constitution d'une majorité politique mettant en œuvre une politique résolument à gauche."