jeudi 4 janvier 2018 - par Lucchesi Jacques

Haro sur les chômeurs !

De nouveau les chômeurs sont dans le collimateur de l’état : alors même que le chômage régresse. Ce qui en dit long sur notre modèle de société.

 Longtemps le chômage fut tenu pour une calamité des sociétés modernes. Ceux qui le subissaient étaient regardés soit comme des victimes (à l’instar des handicapés), soit comme des parias. Eux-mêmes vivaient avec honte leur condition de chômeur, tellement l’apologie du travail – noyau dur de l’idéologie capitaliste – était prégnante dans les esprits. Quant aux allocations compensatoires, elles étaient dérisoires, même pour survivre - quand elles n’étaient pas inexistantes. La France des Trente Glorieuses fut celle du plein emploi et le chômage y était ridiculement bas (0,5% dans les années 60). Tout devait changer au cours des années 70, avec les chocs pétroliers successifs. Le seuil redouté d’un million de chômeurs fut atteint sous le septennat de Giscard et on finit par se faire à l’idée d’un chômage structurel, tout en continuant à aligner des propositions pour le réduire. Restait la question des revenus de substitution, fer de lance de la justice sociale. Même soumis à des barèmes et des modalités, ils étaient devenus absolument indispensables, tant pour la survie d’un nombre croissant de personnes que pour l’équilibre général de la société.

C’est ainsi que, sous l’influence d’une pensée de l’émancipation individuelle en progression dans les années 70 (Marcuse, Illich, Dumazedier), le chômage commença à se dédramatiser. Après tout, les loisirs étaient bien aussi importants que le travail dans une vie d’homme. Et le chômage pouvait aussi être l’occasion pour faire d’autres expériences sociales où le travail – le travail aliéné – n’aurait plus la première place. Cette attitude baba-cool, qui se satisfaisait d’une forme de marginalisation, fut à son tour battue en brèche avec l’offensive néo-libérale qui accompagna l’effondrement du bloc soviétique. Désormais ce fut la figure de l’entrepreneur que l’on porta au pinacle. Dans les années 80, Bernard Tapie avait donné le ton ; d’autres devaient lui emboîter le pas dans cette course éperdue à la fortune. Des terminologies nouvelles apparurent dans les conversations de café : start-up, bulle financière…On sait depuis que leur sens n’était pas surfait. De nouveau le balancier penchait du côté du travail, à l’amble avec le retour du rigorisme moral. Et ceux qui ne voulaient – ou ne pouvaient pas – suivre ce mouvement étaient mis à l’index, présentés comme des fainéants, des assistés, des parasites. Sarkozy enfonça le clou, divisant les français nécessiteux, selon qu’ils se levaient tôt ou non. Hollande ne fit que poursuivre, malgré quelques bémols à caractère social, cette pente qui mettait les chômeurs sur le banc des accusés.

Aujourd’hui, c’est leur fils naturel - de droite et en même temps de droite - qui veut durcir la législation à leur encontre. Désormais il faudra qu’ils apportent régulièrement des preuves de leur recherche active d’emploi, afin de justifier les quelques centaines d’euros qui leur sont versés chaque mois. En outre, ils ne pourront plus refuser les postes qui leur seront proposés, quand bien même ils ne correspondraient pas à leur formation ou qu’ils les entraineraient dans des déplacements excessifs et coûteux. Un premier refus réduira de 20% leur allocation. Et un second pourra entrainer leur radiation pure et simple de Pôle Emploi. En matière de solidarité sociale, on touche peu à peu le fond, les pauvres ne pouvant ainsi que devenir encore plus pauvres jusqu’à ne plus pouvoir survivre. Cette répression annoncée survient en plus dans un contexte favorable, avec une économie qui repart durablement à la hausse. Oui, il est grand temps qu’un nouvel homme politique fasse adopter le principe d’un revenu universel sans condition de versement. Ne fut-ce que pour insuffler un vent de liberté dans le monde du travail.

 

Jacques LUCCHESI 



32 réactions


  • Diogène diogène 4 janvier 2018 17:38

    Ah, le chômage régresse ?


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 4 janvier 2018 17:43

    Là je vais être très méchante (j’ai l’excuse d’avoir prévenu). quand on fait des enfants, on se pose au préalable la question de savoir si ceux-ci auront la chance de pouvoir faire leur place au soleil. Je me rappele d’un plateau de télévision belge où un jeune se présentait larmoyant par’ce qu’il ne trouvait pas dans son secteur (socio-culturel). qu’il émargeait du chômage et venait de faire un enfant. Désolé mais là, je ne suis pas. Même les oiseaux s’assurent d’avoir construit leur nid avant de pondre ;


    • Sozenz 4 janvier 2018 18:28

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      http://www.argentaire.com/2014/08/5-personnalites-riches-et-celebres-qui.html

      je vous laisse réfléchir....
       


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 4 janvier 2018 18:38

      @Sozenz


      Exceptions qui confirme la règle,....Combien réussissent par rapports aux millions qui se retrouvent à dépendre des allocs. Nous ne sommes plus à l’époque de ceux que l’on appellent les enfants de l’amour. Il n’y a pas d’emplois pour tout le monde. Et en créer de nouveaux, vu l’état de la planète, c est une absurdité.

    • Sozenz 4 janvier 2018 20:21

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.

      POuettttttttt

      je crois que c est la meilleure réponse que je puisse vous faire !
       en faite y a rien à dire , wouahahahahah


    • Blé 5 janvier 2018 12:51

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.

      La classe des travailleurs est sommée de s’adapter au besoin des pouvoirs économiques.

      Après le guerre, il y a eu le babyboum, il fallait des bras et des têtes pour faire tourner le capitalisme et enrichir les rentiers. La planète n’était pas dans l’état où elle à ce jour.

       Il n’y a pas de travail pour tout le monde parce que l’oligarchie en a décidé ainsi et non parce que ce serait impossible. Il y a beaucoup de travail dans tous les secteurs mais il n’y a pas d’emplois, nuance, ce n’est pas tout à fait la même chose et il serait intéressant que les gens creusent cette question. La pression sur ceux et celles qui travaillent frôle l’esclavagisme et la violence morale. Là où il faudrait cinq personnes on en met deux. Pourquoi ?

      Un millionnaire utilise combien de ressource naturelle par rapport à un SMICAR ?

      Avant de dire que de mettre au monde un enfant est absurde, il faudrait quand même se renseigner si l’absurdité ne se trouve pas ailleurs que dans un désir légitime et tout à fait humain.


    • Konyl Konyl 5 janvier 2018 13:35

      @Blé

      Vous pensez sérieusement que la terre va encaisser les 15 milliards d’humains prévu sous peu ?
      Quel égoïsme, cessez d’encourager financièrement la démographie, vous verrez la natalité baissera, comme par hasard.


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 5 janvier 2018 14:56

      @Blé


      Le jour où les individus décideront de ne plus accepter un boulot à la con, la planète ira nettement. Et alors comment on fait pour survivre ? Un, on ne se jette pas dans la procréation biologique si le nid n’est pas construit. Deux, on fait marcher ses méninges, sa créativité,... Parfois, il est bon de jouer sa vie au dé. Balayer le superflu et aller à l’essentiel. Vous verrez, les problèmes se résoudront tout seuls. Mais accepter un boulot à la con pour nourrir la marmaille est une hérésie. Vivre, c’est risquer, oser. Dans mon entourage, il y a quelqu’un qui a fait le choix une fois pour toute qu’il n’aurait jamais plus de deux euros en poche. C’est comme ça. et il trouve toujours quelqu’un qui l’héberge, l’accueille , lui refile un tuyau.

    • capobianco 6 janvier 2018 09:32

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      Vous en avez des « théories » étonnantes ! Les petites gens (chômeurs et autres) doivent se lancer délibérément dans la mendicité, refuser des emplois (en perdant ses droits), se contenter de 2€ en poche, ne pas créer une famille et avoir des enfants, se faire héberger (ou pas) « chez quelqu’un ». C’est çà « faire marcher ses méninges, sa créativité » ?

      J’imagine que vous avez appliqué ces principes et que très bientôt vous jetterez ce superflu d’ordinateur . 


    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 6 janvier 2018 09:59

      @capobianco


      Oui, mais il a l’essentiel. Un carnet d’adresses bien rempli qui vaut de l’or. Actualité du jour. Un « voleur » a dérobé une bouteille de vodka. La bouteille vaut de l’or (effectivement, elle est décorée par de l’or). Il a bu la vodka et rendu la bouteille. Quelle classe ! 

    • capobianco 6 janvier 2018 09:59

      @Konyl
      «  cessez d’encourager financièrement la démographie, vous verrez la natalité baissera, comme par hasard. »

      C’est donc çà le problème de la Chine et de l’Inde, « l’aide financière » que ces peuples devaient donc percevoir pour faire autant d’enfants. Vous êtes fort, très fort...


    • capobianco 6 janvier 2018 10:09

      @Mélusine ou la Robe de Saphir.
      Un carnet d’adresses, une bouteille de vodka bue et rendue.... ? Mais c’est bien sûr, c’est çà le problème, « je ne comprend rien à ce que vous dites ou voulez dire ».

      Désolé de vous avoir dérangé(e).


  • contrevenant 4 janvier 2018 19:28

    Il y a quelques années, il y a eu la chasse aux bénéficiaires de l’ ASS ( stages dévalorisants, mise en cause des capacités professionnelles, etc..., Je parle d’il y a 15 ans, des paroles de CHIRAC ( correctes) et de la mise en oeuvre de la machine à exclure mise en marche à ce moment des bénéficiaires de l’ASS non limités dans la durée si recherche d’emploi, . Motif : droits dans le calcul de la retraite.


  • Konyl Konyl 5 janvier 2018 13:39

    A partir du moment ou l’état paye le salaire du chômeur, il est en droit d’exiger de l’assiduité.
    Il y a tellement d’abus, pas que évidemment, en ce qui concerne le chômage que les honnêtes chercheurs d’emploi payent pour les fraudeur, comme toujours.


    • capobianco 6 janvier 2018 09:46

      @Konyl
      Renseignez vous, l’état ne paye pas le salaire du chômeur, les salariés cotisent pour cela et donc se payent eux mêmes leurs indemnités quand ils perdent leur boulot.

       «  Il y a tellement d’abus » . Ah ! vous pouvez le démontrer, apporter des chiffres car vous accusez « gratuitement » des personnes de frauder. Il y a peu, une enquête de gvt disait le contraire de vos « vérités », 86% des chômeurs recherchent effectivement du travail, et sur les 14% restant la plupart du fait de leur âge, de leur santé, des employeurs ou autre n’ont aucune chance de travailler à nouveau . La fraude est marginale.

      Vous même, travaillez vous ou avez vous déjà travaillé pour être aussi peu au fait de la réalité ?


    • Le421... Refuznik !! Le421 6 janvier 2018 14:00

      @Konyl
      A partir du moment ou l’état paye le salaire du chômeur, il est en droit d’exiger de l’assiduité.

      Ben voyons.

      Et aussi, quand vous avez un accident de bagnole, c’est la sécu qui paye le garagiste.


    • pemile pemile 6 janvier 2018 21:19

      @Konyl « Il y a tellement d’abus »

      L’abus n’est-il pas d’exiger que tout le monde « trouve » un emploi alors qu’il a pénurie de 5 millions d’emplois ?


  • zygzornifle zygzornifle 5 janvier 2018 16:46

    bientôt comme lors de l’inquisition des marques sur les portes des chômeurs et pourquoi pas des retraités des malades des sans dents etc .... comme cela la future milice LREM passera a l’action ....


    • Le421... Refuznik !! Le421 6 janvier 2018 14:01

      @zygzornifle
      Une étoile rouge cousue sur la veste...
      Jaune, c’est déjà pris !!  smiley


  •  C BARRATIER C BARRATIER 5 janvier 2018 18:44

    Cela ne doit as déranger les chômeurs que de dire comment ils cherchent . On cherche à temps plein pour trouver ...il y il y a peu de chômeurs qui ne cherchent pas, mais il ne doit pas y en avoir du tout. Voir sur mon site « retraites dans la républiques » l’expérience que je peux avoir dans ce domaine « cellule emploi, le pied à l’étrier. »


    • capobianco 6 janvier 2018 09:53

      @C BARRATIER
      «   il y a peu de chômeurs qui ne cherchent pas, mais il ne doit pas y en avoir du tout » Comme la vie parait simple avec vous, « pied à l’étrier » et hop avec 250 000 emploies disponibles on donne du travail à 6 000 000 de chômeurs. Macron ne vous a pas nommé ministre du travail, quel nul !


    • Le421... Refuznik !! Le421 6 janvier 2018 14:04

      @capobianco
      Tiens !! Je lui ai déjà dis ça à Monsieur Barratier il y a peu de temps.
      Je trouve dommage que des gens visiblement cultivés colportent des idées simplistes à peine plus élevées que les « yaka fokon ».
      Oui, c’est dommage.
      Mais c’est assez courant.
      Digne du zinc du Café du Commerce, chez Mme Michu, vers 12H45...


    • Le421... Refuznik !! Le421 6 janvier 2018 14:16

      @c.barratier

      Si vous cherchez un emploi de technicien électronique à Sarlat, par exemple, avec 52 ans au compteur (pas trop vieux et expérimenté), je vous souhaite bien du plaisir.
      Et la moindre ville un peu industrielle est à 1H de route.
      Déménager ?
      Vendre la baraque trois francs six sous et...
      Divorcer aussi, non ??  smiley


    •  C BARRATIER C BARRATIER 6 janvier 2018 18:05

      @Le421
      Je me répète donc..les demandeurs parfois désespères que j’aide trouvent parfois après dix tentatives ou plus un éloigne. Il y en a qui déménagent et ne le regrettent pas ensuite, car nous avons de leurs nouvelles. Combien trouvent ? SUr 80 en 2016, 75 ont trouve....je sais bien que les émois qu’ils ont saisis ´ne sont plus disponibles pour d’autres, mais ´je me situe dans la proximité, c’est à dire que je suis plus efficace qu’un ministre du travail .....et je n’en demande pas plus. Je reste à ma place.

      Ceux qui me critiquent ont fait, réussi quoi avec des demandeurs ?

    • foufouille foufouille 6 janvier 2018 18:13

      @C BARRATIER
      c’est certainement du piston ton histoire, ça vingt ans que nous avons six millions de chomeurs et très peu d’offres.

      donc montres nous tes millions d’offres d’emplois avec rien à chercher, pauvre tache, puisque toutes les entreprises embauchent.


    •  C BARRATIER C BARRATIER 6 janvier 2018 19:24

      @foufouille
      Viens voir, ou envoie quelqu’un c’est à Châtillon d’azergues dans le Rhône

      Vois aussi le site cap sur l’emploi, ulnaire nom de la cellule emploi, avec des témoignages.
      Passé au magasin bio à côté de la. Nouvelle boulangerie, site Mathemin. J’ai vase la une jeune en recherche et j’ai répondu à la demande du patron, beaucoup s’adressent
       T directement à nous et ignorent le pôle emploi. En 8 jour c’était réglé.
      150 entreprises s’adressent directement a nous’’ 

  • Le421... Refuznik !! Le421 6 janvier 2018 14:12

    Il y a quand même un point qui me dérange.
    Non pas que les chômeurs « ne cherchent pas de boulot », ça, je l’ai classé depuis longtemps où il faut, cette idée.
    Mais par contre, ce qui est bizarre, c’est qu’il n’y ait pas plus de réactions.
    Quelquefois, je me demande si il ne faudrait pas faire la chasse au travail au noir - qui permets de survivre - ou aux trafics en tous genres - idem - qui sont devenus monnaie courante.
    Avec quelques aides prévues par le système français, on peut garder la tête juste « hors de l’eau ».
    Ce qui fait qu’on obtiens une certaine paix sociale et pas de grosse réaction.
    Finalement... Je me pose la question. Si on fermait tous les robinets pour de bon, ça finirait bien par péter un bon coup !! Hein ??


  • McGurk McGurk 6 janvier 2018 21:00

    * "Désormais il faudra qu’ils apportent régulièrement des preuves de leur recherche active d’emploi, afin de justifier les quelques centaines d’euros qui leur sont versés chaque mois. En outre, ils ne pourront plus refuser les postes qui leur seront proposés, quand bien même ils ne correspondraient pas à leur formation ou qu’ils les entraineraient dans des déplacements excessifs et coûteux."

    Une excellente question à poser à ces ministres à la noix :

    Lorsqu’on a un diplôme totalement ignoré par les entrepreneurs sauf pour vous exploiter à faire des boulots de merde en refusant tous les autres bien plus intéressants et moins dégradants, que l’aide de Pôle emploi ont échoué (pas difficile) et les recours possibles ont tous été explorés (salons, réseaux sociaux professionnels, candidatures multiples, tentative de négociation avec les employeurs restée lettre morte), on fait quoi ?

    Parce que criminaliser le chômage est une chose - dégueulasse étant donné le nombre d’obstacles artificiels et débiles mis sur le marché de l’emploi pour créer le chômage -, mais lorsqu’on a rien à mettre dans leur foutu rapport parce qu’on a pas d’avenir qu’est-ce qu’on écrit ?

    J’aimerais bien entendre leur réponse...


  •  C BARRATIER C BARRATIER 6 janvier 2018 22:17

    Il vaut mieux exploiter soi même son propre génie, comme auto entrepreneur et vérifier ainsi que son propre diplôme apporte quelque chose...’aucun être humain n’est tenu de donner du travail à un autre...


  • eddofr eddofr 9 janvier 2018 16:55

    Qu’on mette au boulot tous ces fainéants payés à rien foutre !!!!


    Les Bettencourt, Dumas, Mulliez, Dassault, Wertheimer, Pinault, Drahi, ...

    Qu’on les mette sur les trottoirs à ramasser les merdes de chiens et les vieux mégots !!!

  • jeandumoullin 9 janvier 2018 17:00

    Mulliez  


    500 000 employés dans le monde ...

    Eddorfr  combien ? 

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