mardi 7 mai 2013 - par LM

Hollande, la remontada ?

Aussi en perdition qu’une défense catalane face à une armada bavaroise, Lou Ravi de l’Elysée a enregistré hier dans un baromètre d’opinion une hausse…d’1 point. Le début de la fin de la fin ?

Bon, évidemment, vous me direz, il y a autant de sondages que de sondeurs, autant de côtes que de mesures, autant de bas que de baisses. Certaines le situent à 20 ou un peu plus, d’autres à 30 ou un peu plus, tous en tout cas le repèrent dans les profondeurs, dans les abysses, là où certains poissons survivent, s’adaptent, s’acclimatent, mais certains poissons seulement, guère d’hommes, guère de Président. Mais, quoiqu’il en soit, hier au soir, le site de Libération ouvrait par cet hosanna : « Hollande gagne 1 point ». Damned ! Fichtre ! Hourrah ! Un point, un coup de pédale pour le pédalo qui ne bougeait plus, qui avance, un peu, soudain, de quelques centimètres…1 point de pris au baromètre Paris Match. Comme quoi, un corrézien n’a jamais dit son dernier mot.

Trêve de plaisanterie, l’homme peut-il sérieusement remonter ? Peut-il se faire aimer à nouveau, retrouver la confiance pleine et entière des français, si oui comment ? En nommant Mélenchon premier ministre ? Ce serait se couper du PS, un suicide. Hollande, bonhomme, n’a pas la fibre suicidaire. En nommant Bayrou premier ministre ? Hollande, grand sens de l’humour, sait que les moins grosses sont les meilleures. En nommant Ayrault premier ministre ? Sic. En nommant Valérie T. rédactrice en chef de Libération ? En fait, la solution n’est pas dans le nomination, peut-être dans la dé-nomination. Supprimer des ministères, qui ne servent à rien, et il y en a. Ouvrir enfin le chantier de Notre Dame Des Landes, pour montrer que pédalo ou pas, il en a. Ouvrir le débat sur le droit de vote aux étrangers, pour prouver qu’il n’a pas peur de Marine. Mettre en place une dose de proportionnelle pour prouver qu’il n’a pas peur de Marine…Avouer que Manuel Valls est son sarko de substitution. Faire entrer Ségolène R au gouvernement…ou au comité de surveillance de Paris Match. Se lancer dans un nouveau régime. La rigueur doit être pour tous, non ? Loger Cécile Duflot dans un bureau. Visiter une usine à saucisses…non c’est déjà fait…nommer Claude Sérillon responsable de sa communication…bloquer le couloir de Frank Ribéry…c’est compliqué quand on y pense, remonter autant de buts de retard…en fait Hollande doit continuer sans doute sur le même tempo : lent, mou, apathique. Regarder passer les trains, ceux qui arrivent à l’heure, ceux qui calent, et puis basta. Continuer à promettre que la courbe du chômage s’inversera tôt ou tard, ça revient à parier que d’un nuage viendra la pluie. Commenter les mauvais chiffres, les tristes résultats, sans s’affoler. Attendre, pragmatique et faussement serein, mais serein quand même. Ne pas s’exciter, ne pas s’emballer, pour ne jamais laisser penser que l’ex est de retour.

C’est qu’il pèse, celui là, Sarkozy. Tout petit mais tellement envahissant. En 5 ans, l’agité de Neuilly a envoyé Chirac à la préhistoire, et Mitterrand aussi. Il a tout explosé, et aujourd’hui Hollande, lui, voudrait bien faire du chiraquisme, de la politique de papy, droit dans ses Geox, la main sur tous les culs de vache, le verre léger et la charcutaille abondante, la filouterie subtile, la république des combines et des officines, qui tousse un peu mais qui avance quand même, tant bien que mal. Chirac a étiré le système jusqu’à la rupture, Sarkozy ne pouvait que le briser, l’envoyer balader, sans style sauf celui de l’époque, un peu cru, un peu dru (tiens tiens) un peu vulgaire mais pas forcément inadapté. Et voilà que sur un mauvais coup de (sexe) sang d’un président du FMI promis au triomphe, Hollande débarque, malgré lui, ni préparé, ni entouré, ni bien conseillé. Un Président par défaut qui mène une politique par défaut, quoi de plus…normal quelque part. Quoi de plus logique ? Rien de ce qui se passe n’est une surprise, pour personne. Et Hollande est normalement impopulaire, le temps que chacun s’habitue. Et viendra un temps, inéluctable, où on finira par bien l’aimer, le petit gros, par le trouver attachant, finalement. Pas agressif du tout, pas castagneur. Bien poli, bien propre. Un peu rigide, oui, moins marrant qu’avant, c’est vrai, mais ça reviendra. Il connaît comme nous l’axiome des bouses à la fin de la foire. Des bouses, oui, parce qu’il ne s’agit que de cela, la politique et le pouvoir en ce moment, des bouses. Une foire. Et des gens qui comptent.

Alors, remontada, oui ou non ? Sans doute quand même, et pour une raison ultime et simple comme une danse d’outre Rhin : le match dure cinq ans, et dans cinq ans, Frank Ribéry sera consultant sur BeInSport, les qataris auront racheté l’Elysée, Edwy Plenel aura épousé Jean Michel Apathie. Ou pas.



8 réactions


  • Mr Dupont 7 mai 2013 16:44

    Mr L’auteur

    Vous me la baillez bonne : 1 point de remontée dans un institut de sondage ?

    Lequel je vous prie ?

    Ce n’est pas pour moi, mais pour ma grand’mère qui croit que le fils de Mr Mitterrand est au pouvoir ; il faut vous dire que ma grand’mère a connu le Front Populaire

    « Oui Mémée : il a remonté d’un point, oui les lendemains qui chantent sont pour demain...oui Mr l’auteur va nous dire qui t’apporte cette bonne nouvelle »

    J’adore ma grand’mère : j’aime lui faire plaisir avec des riens


  • Ariane Walter Ariane Walter 8 mai 2013 17:36

    Délicieux. Plaisir de lecture. Merci pour ce bon moment.


    Mais n’oublions quand même que c’est un chien en laisse de l’armée ennemie !

    Tiens, ce serait un bon titre, ca... Un peu long....

    HOLLANDE,LE CHIEN EN LAISSE DE L’ARMEE ENNEMIE !

  • Guy Liguili Guy Liguili 8 mai 2013 20:15

    En statistique, on apprend que vu l’intervalle de confiance, une remontée ou une baisse de 1 ou 2 points ne veut rien dire.
    Quand on est à 22% de taux de popularité, si l’enquête est menée de façon sérieuse cela signifie que l’on est entre 17 et 27% de popularité. Si l’on baisse d’1 point on est donc quelque part entre 6 et 26% ; si l’on augmente d1 point, on est entre 18 et 28%.


    • Pierre-Yves Martin 8 mai 2013 20:55

      Statistiquement, vous avez plus ou moins raison. Mais il ne s’agit pas de statistique ; c’est de la politique.

      Outre qu’il nous distrait, l’auteur n’a pas tort.
      Il manque seulement l’explication : Mr Hollande remontera... Parce qu’il n’y a pas d’opposition crédible. Enfin... à gauche.


  • Christoff_M Christoff_M 8 mai 2013 23:45

    Vous êtes gentil de parler de lui...

    Comme de nombreux médias qui organisent de faux débats pour relancer une cote déplorable !!

    Sarkozy l’a atteint sur la fin après s’être brouillé avec des cadors au sein même de son parti !!

    Hollande était une solution de rechange depuis le départ on se demande s’il croit aux discours écrits par ses conseillers et proches du cabinet rapproché !!!

    Il est fade et ne montre aucun enthousiasme en public !! il est drôle selon certains journalistes en privé !! en attendant il n’a même pas les qualités de poser le débat, d’explications orales de Bayrou que j’ai assez cassé ici sur les fils...

    Il ne suffit pas d’etre élu il faut incarner et faire vivre la fonction... donner de l’espoir aux gens même si c’est du pipeau a la Obama, cela fait partie de la fonction !!
    Hollande n’incarne rien !!!


  • Le421... Refuznik !! Le421 9 mai 2013 08:18

    Etonnant... Les socialistes sont moins forts que je ne le pensais.
    En un an, ils n’ont pas réussi à nettoyer le merdier de dix-sept années de présidence UMP.
    C’est bête !! C’est pourtant ce que pensaient tous ces gens de mauvaise foi. Il y en a un sacré paquet. Les trois-quarts des personnes « sondées » (selon les sondages « aux p’tits zognons », made in Parisot)


  • 65beve 65beve 9 mai 2013 10:15

    20%, c’est un score de premier tour, ça !

    20% de satisfaits.
    20% d’insatisfaits.
    60% qui s’en foutent
    Hollande a été choisi par les primaires de gauche, autrement il ne serait jamais passé.
    Les primaires à droite vont capoter ; à l’UMP on a la culture du chef.
    A l’extrême droite, le pouvoir est une dynastie....


    cdlt































  • ETTORE ETTORE 9 mai 2013 12:15

    Quand j’entend parler de la politique actuelle et de..... ses moyens.... !!!.

    J’ai toujours l’image du cadran solaire qui me vient à l’esprit
    juste une ombre portée..... qui bouge leeeeentement, sans marquer la pierre !
    Faut dire aussi que le prédécesseur lui avait une Tocante qui brillait tellement .....façon miroir aux Alouettes , qu’il en était réduit à porter des Ray Ban pour lire l’heure !!
    Un point ? La vache ! on atteint des sommets !
    Pas encore compté KO debout, alors ?



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