lundi 7 août 2017 - par VICTOR Ayoli

Hommage au grand, au monumental, à l’Universel RABELAIS !

Il est des petits plaisirs qui, pour être humbles et quotidiens, n'en sont pas moins très jouissifs. Ainsi, chaque matin, lorsque je vais « téléphoner au Medef » selon mon expression, ces quelques minutes de transfert libèrent tant les boyaux de la tête que ceux du ventre ! Des idées agréables s'enchainent, des images lumineuses se bousculent tandis que la nature reprend ses dons dans le chuintement d'une douce musicalité.

Puis vient le moment de se torcher le cul... La fonctionnalité de notre monde actuel a dévolu au papier le soin de s'acquitter de cette tâche. D'autres préfèrent les pierres, les feuilles, voire tout simplement le doigt qui libère ensuite sa créativité en virgules et autres arabesques et portraits selon l'abondance.

Bien. Mais nous avons-nous-même, depuis bien des longtemps, creusé cette question essentielle. La plus belle illustration de ces recherches hédonistes nous vient de notre grand Rabelais. Je vous la délivre avec délectation :

« Les cents et une manières de se torcher le cul.

J'ay (respondit Gargantua) par longue et curieuse experience inventé un moyen de me torcher le cul, le plus seigneurial, le plus expedient que jamais feut veu.
- Quel ? dict Grandgousier.
- Comme vous le raconteray (dist Gargantua) presentement.
« Je me torchay une foys d'un cachelet de velours de une damoiselle, et le trouvay bon, car la mollice de sa soye me causoit au fondement une volupté bien grande ;
« une aultre foys d'un chapron d'ycelles, et feut de mesmes ;
« une aultre foys d'un cache coul ;
« une aultre foys des aureillettes de satin cramoysi, mais la dorure d'un tas de spheres de merde qui y estoient m'escorcherent tout le derrière ; que le feu sainct Antoine arde le boyau cullier de l'orfebvre qui les feist et de la damoiselle qui les portoit !
« Ce mal passa me torchant d'un bonnet de paige, bien emplumé à la Souice.
« Puis, fiantant derrière un buisson, trouvay un chat de Mars ; d'icelluy me torchay, mais ses gryphes me exulcererent tout le perinée.
« De ce me gueryz au lendemain, me torchant des guands de ma mere, bien parfumez de maujoin.
« Puis me torchay de saulge, de fenoil, de l'aneth, de marjolaine, de roses, de fueilles de courles, de choulx, de bettes, de pampre, de guymaulves, de verbasce (qui est escarlatte de cul), de lactues et de fueilles de espinards, - le tout me feist grand bien à ma jambe, - de mercuriale, de persiguire, de orties, de consolde ; mais j'en eu la cacquesangue de Lombard, dont feu gary me torchant de ma braguette.
« Puis me torchay aux linceux, à la couverture, aux rideaulx, d'un coissin, d'un tapiz, d'un verd, d'une mappe, d'une serviette, d'un mouschenez, d'un peignouoir. En tout je trouvay de plaisir plus que ne ont les roigneux quand on les estrille.
- Voyre, mais (dist Grandgousier) lequel torchecul trouvas tu meilleur ?
- Je y estois (dist Gargantua), et bien toust en sçaurez le tu autem. Je me torchay de foin, de paille, de bauduffe, de bourre, de laine, de papier. Mais
Tousjours laisse aux couillons esmorche
Qui son hord cul de papier torche.
- Quoy ! (dist Grandgousier) mon petit couillon, as tu prins au pot, veu que tu rimes desjà ?
- Ouy dea (respondit Gargantua), mon roy, je rime tant et plus, et en rimant souvent m'enrime. Escoutez que dict nostre retraict aux fianteurs :
Chiart,
Foirart,
Petart,
Brenous,
Ton lard
Chappart
S'espart
Sur nous.
Hordous,
Merdous,


Esgous,
Le feu de sainct Antoine te ard !
Sy tous
Tes trous
Esclous
Tu ne torche avant ton depart !
« En voulez vous dadventaige ?
- Ouy dea, respondit Grandgousier.
- Adoncq dist Gargantua :

RONDEAU
En chiant l'aultre hyer senty
La guabelle que à mon cul doibs ;
L'odeur feut aultre que cuydois :
J'en feuz du tout empuanty.
O ! si quelc'un eust consenty
M'amener une que attendoys
En chiant !
Car je luy eusse assimenty
Son trou d'urine à mon lourdoys ;
Cependant eust avec ses doigtz
Mon trou de merde guarenty
En chiant.

« Or dictes maintenant que je n'y sçay rien ! Par la mer Dé, je ne les ay faict mie, mais les oyant reciter à dame grand que voyez cy, les ay retenu en la gibbessiere de ma memoire.
- Retournons (dist Grandgousier) à nostre propos.
- Quel ? (dist Gargantua) chier ?
- Non (dist Grandgousier), mais torcher le cul.
- Mais (dist Gargantua) voulez vous payer un bussart de vin Breton si je vous foys quinault en ce propos ?
- Ouy vrayement, dist Grandgousier.
- Il n'est (dist Gargantua) poinct besoing torcher cul, sinon qu'il y ayt ordure ; ordure n' y peut estre si on n'a chié ; chier doncques nous fault davant que le cul torcher.
- O (dist Grangousier) que tu as bon sens, petit guarsonnet ! Ces premiers jours je te feray passer docteur en gaie science, par Dieu ! car tu as de raison plus que d'aage. Or poursuiz ce propos torcheculatif, je t'en prie. Et, par ma barbe ! pour un bussart tu auras soixante pippes, j'entends de ce bon vin Breton, lequel poinct ne croist en Bretaigne, mais en ce bon pays de Verron.
- Je me torchay après (dist Gargantua) d'un couvre chief, d'un aureiller, d'ugne pantophle, d'ugne gibbessiere, d'un panier, - mais ô le mal plaisant torchecul ! - puis d'un chappeau. Et notez que les chappeaulx, les uns sont ras, les aultres à poil, les aultres veloutez, les aultres taffetasser, les aultres satinizez. Le meilleur de tous est celluy de poil, car il faict très bonne abstersion de la matiere fecale.
« Puis me torchay d'une poulle, d'un coq, d'un poulet, de la peau d'un veau, d'un lievre, d'un pigeon, d'un cormoran, d'un sac d'advocat, d'une barbute, d'une coyphe, d'un leurre.
« Mais, concluent, je dys et mantiens qu'il n'y a tel torchecul que d'un oyzon bien dumeté, pourveu qu'on luy tienne la teste entre les jambes. Et m'en croyez sus mon honneur. Car vous sentez au trou du cul une volupté mirificque, tant par la doulceur d'icelluy dumet que par la chaleur temperée de l'oizon, laquelle facilement est communicquée au boyau culier et aultres intestines, jusques à venir à la region du cuers et du cerveau. Et ne pensez que la beatitude des heroes et semi dieux, qui sont par les Champs Elysiens, soit en leur asphodele, ou ambrosie, ou nectar, comme disent ces vieilles ycy. Elle est (scelon mon opinion) en ce qu'ilz se torchent le cul d'un oyzon, et telle est l'opinion de Maistre Jehan d'Escosse. »

 

COCHON AUX PETITS POIS.jpg

 

« Mondial Rabelais » : Concours international des meilleurs saucissons.

 

Lorsque Gargantua sorti de Gargamelle

Avant de se jeter sur les grasses mamelles,

Claquant sa langue dans son immense clapoir,

Il a crié : « A BOIRE ! »

On lui servit un seau à vendange de vin

Puis lorsqu'il eu torché le breuvage divin

Pour réclamer du rab, remettre les consos

De son énorme zob il frappa sur le seau

Par six fois, assoiffé, réclamant sa boisson

Et il sortit du SEAU SIX SONS !

Ainsi fut prononcée, pour la première fois,

Rabelais s'en souvient, il est digne de foi,

Ce vocable sublime, le mot de SAUCISSON

Qui rime avec cochon tout comme avec boisson.

 

Présenté officiellement le 28 Juillet dernier, le premier concours international des meilleurs saucissons « Médaille Rabelais » a déclenché un sympathique raz de marée médiatique et les quelques bénévoles de l’Académie Ardéchoise des Amateurs de Saucisson peinent à répondre aux demandes de renseignements et, déjà, aux inscriptions.

Comme il fallait s’y attendre, les meilleurs charcutiers de France, petits et grands, connus et inconnus, se préparent à présenter des échantillons et, avec eux, des Italiens, des Espagnols, mais aussi des Portugais, des Polonais et, même, des Suisses.

Le record de distance avec l’Ardèche revient toutefois à la charcuterie Amar, située…en Australie et qui a confirmé sa candidature samedi 5 août.

Le premier « Mondial Rabelais » devrait se dérouler, comme prévu, au printemps 2018 en Ardèche, dans le charmant village de caractère Vanosc, non loin d’Annonay. avec le soutien du Département, de la Région, de l’association AIRE-N7 Territoire de terroirs, la bienveillance du ministère de l’Agriculture, d’une très large part de la profession et l’intérêt de plusieurs associations de consommateurs.

Le concours de dégustation proprement dit, anonyme et contrôlé par huissier, ne sera pas ouvert au public. Seuls opéreront les jurés (non professionnels de la charcuterie), formés par le Laboratoire d’analyse sensorielle LACO, de Suze-la-Rousse et managés par un coach spécial, dont les décisions seront souveraines. Le public sera admis à la proclamation des résultats et au buffet final…avec dégustation.

Les plus grands experts mondiaux en matière de salaisons sont aujourd’hui membres du Comité Scientifique de l’Académie, avec quelques sommités de l’alimentation, du goût et de la gastronomie, comme Jacques Puisais, fondateur de l’Université du Goût, ou encore Régis Marcon, président du Bocuse d’Or.

Pour la présentation officielle de l’événement, le recteur René-Louis Thomas avait à ses côtés Bernard Delaye, président du Grand Concours des Vins de France , ainsi qu’ Andrée Jovine, directrice du Laboratoire d’analyse sensorielle LACO, de Suze-la-Rousse.

Le prochain concours doit beaucoup à la « civilisation du vin », symbolisée par la mise en avant des « vins qui vont avec » les meilleurs saucissons et que représenteront quatre vignerons mousquetaires. Les deux premiers étaient présents fin juillet : pour la Nord, Patrick Meyet, de Chiroubles, pour le sud, Frédéric Penne, de Sainte-Cécile-les-vignes.

Le concours international des meilleurs saucissons « Médaille Rabelais » n’a pas vocation à sacrer le meilleur saucisson du monde, qui n’existe pas, mais à distinguer et mettre en avant les producteurs de qualité, gros, moyens, petits ou très petits, entreprises ou artisans, qui honorent leur profession et respectent les consommateurs.

L’Académie s’appuie sur les recherches des meilleurs experts mondiaux en matière de salaisons, engagés dans la réduction des taux de sel et de salpêtre, la recherche du goût juste, la qualité organoleptique, la santé et le plaisir des consommateurs. Elle défend la notion française d’appellation d’origine et la promotion des IGP.

Pour toutes infos : htttp ://www.mondialdusaucisson.com

 

Photos X - Droits réservés



6 réactions


  • alinea alinea 7 août 2017 14:20

    je ne m’y connais pas ou c’est un pamphlet anti musulmans ! smiley
    Quant au torche cul, il faut quand même avouer que nous sommes les seules bêtes qui ont besoin de le faire ! À se demander si on est vraiment bien finis !


    • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 7 août 2017 16:45

      @alinea

      Quand on voit l’état de certains œufs dans un poulailler traditionnel, on se dit qu’on est aussi bien fini que les poules.

      En tous cas, on a un plus grand ses civique les chevaux qui passent devant ma maison et gratifient la collectivité de leur crottin (recyclable). Les majorettes ne font pas ça quand elles passent.

    • alinea alinea 7 août 2017 18:49

      @Jeussey de Sourcesûre
       smiley
      sauf que les œufs sont propres, il arrive que ce soit le pondoir qui ne le soit pas !!
      Quant aux chevaux, ma foi, je ne suis pas sûre qu’ils crottent pendant le défilé du 14 juillet ; de toute ma carrière, je n’ai jamais vu un cheval crotter pendant le travail !! cependant, des « accidents » peuvent arriver, je n’en doute pas ! smiley


    • nono le simplet 8 août 2017 06:35

      @alinea
      j’ai les mêmes doutes concernant cette manifestation bien qu’aimant le cochon ...

      pour ce qui est des bêtes, les chats, entre autres, se lèchent le derrière ... mais bon, ils sont plus souples que nous smiley

  • gilbert18 gilbert18 7 août 2017 22:29

    Erreur, Gustave Doré n’était pas graveur. Les illustrations originales de Doré ont été gravée sur bois pour les besoins de la reproduction dans les livres par de graveurs professionnels (leur nom figure la plupart du temps sur les planches pas loin de celui de Doré). Gustave Doré était peintre et créait ses illustrations avec les moyens classiques, notamment à la plume et au pinceau pour les lavis. Cordialement, JP Gilbert.


Réagir