lundi 31 août 2009 - par Ramila Parks

Huge Lips : Un rouge à lèvre qui fait maigrir...

« Un baume pour les lèvres devrait bientôt être mis en vente. Sa particularité ? Il brûlerait les graisses et empêcherait ainsi les femmes de grignoter des sucreries. Ce baume, déjà vendu aux États-Unis depuis six mois, inhiberait l’appétit des femmes et développerait leur énergie. Le produit, vendu 5,65 Euros est disponible dans différents parfums (grenade, vanille, fraise, baies et menthe), et composé de caféine, d’extraits de thé vert et d’huile de soja. Il contient également du hoodia, une plante qui aurait des vertus amaigrissantes. Les créateurs de ce baume »coupe-faim« expliquent qu’il peut être appliqué jusqu’à six fois par jour, mais ils recommandent de ne pas en appliquer à l’approche du coucher afin d’éviter les effets notoires de la caféine. Des organismes de santé et de nutrition se sont opposés au produit, l’accusant de provoquer des troubles alimentaires et psychologiques sur certaines femmes fragiles ». (source : yahoo)

« Everybody knows Paris Hilton. Paris is famous for glamourous appearance and many people want to be as thin as she is. Now the secret of her diet is uncovered – Paris is taking Hoodia Gordonii Plus. She was caught on tape taking these diet pills
. »( site commercialisant le Hoodia)

 La plante miraculeuse qui coupe la faim à Paris Hilton, c’est le Hoodia Gordonii. Un cactus en forme de concombre qui peut atteindre deux mètres de hauteur et qui est cultivé depuis des siècles par une tribu d’Afrique du sud, les Khoisan, plus connus sous le nom de Bushmen. Cette plante, à la résistance exceptionnelle peut vivre 40 ans et survivre à une année complète sans une goutte d’eau de pluie. Une fois pilée et mâchée, elle libère, en même temps qu’elle les hydrate, le kowa un principe actif qui leur donne de l’énergie et un état de satiété permanent, leur permettant de longs déplacements dans le désert du Kahalari. Désert qui constitue leur territoire... et un immense réservoir de cette plante, dont les propriétés inhibitrices de l’appétit n’intéressent plus seulement la tradition indigène.
 
Ces effets sur la sensation de faim ont été découvert dans les années 70, lorsque l’armée du régime d’appartheid engagea des bushmen comme pisteurs. Doués d’une exceptionnelle résistance, ces guides intriguaient les colons qui avaient observés qu’ils mâchaient régulièrement un morceau de cactus. C’est ainsi que par pure compassion, les Khoisan ont transmis leur savoir ancestral aux soldats gémissant de faim. Depuis les scientifiques se sont penchés sur la question...
 
En 1996, le CSIR local [Council for Scientific and Industrial Research] dépose le brevet pour utiliser le principe actif du Hoodia comme coupe-faim et vend ensuite la licence d’exploitation à une firme pharmaceutique britannique, Phytopharm. A peine en possession des autorisations, la même firme lance des essais cliniques à grande échelle, avec un géant du secteur, Pfizer, distributeur de viagra, pour mettre au point ce qui devait constituer un nième traitement contre l’obésité
 
Cinq ans passent avant que les Bushmen apprennent, un peu tard et par hasard, l’appropriation de leur savoir ancestral par les chercheurs du CSIR et son exploitation par les firmes pharmaceutiques. Le patron de phytopharma mettra en avance sa bonne foi et affirmera avoir cru sincèrement que les San avaient disparus ! Même si ce peuple a quasi été décimé par la colonisation, on estime aujourd’hui qu’il reste une centaine de millier de bushmen réparti dans toute l’Afrique du sud.
 
Quoiqu’il en soit, les survivants ignorés jusque-là par la firme pharmaceutique, mis devant le fait accompli, décidèrent de se faire représenter par un avocat ,Rogers Chennells, qui leur avait déjà permis en 1999 de récupérer 40 000 Ha de leur territoire, pour exiger leur part du gâteau. 

Après de longues négociations, le rôle du savoir ancestral des San dans la découverte initiale des propriétés du hoodia et de son usage fut reconnu par le CSIR, dans un protocole d’accord signé en 2003 par Petrus Vaalbooi, président du Conseil des San et Sibusiso Sibisi, président du CSIR. D’après les clauses du contrat signé entre les deux hommes, les San toucheraient 8% de tous les paiements " d’étape 2 "payés par Phytopharm et 6 % de royalties générés par les ventes du produit fini...En tous cas, le temps du brevet, soit 20 ans.

Pour organiser le partage et répartir équitablement les fonds, le conseil des San, aidé par ses partenaires, a alors créé le San Hoodia Benefit Sharing Trust, ou Fonds fiduciaire San pour le partage des bénéfices produits par le hoodia. Ce qui fait qu’aujourd’hui, même les bushmen qui gagnent en moyenne 12 dollars par mois, et vivent marginalisés quand ils ne sont pas alcooliques, sont propriétaires d’un trust qui devrait leur rapporter des millions et les sortir de la misère. En effet, ces fonds seraient destinés, d’après les administrateurs, à "développer" ce qu’il reste de la société des San, et devraient couvrir l’achat de terres, la construction de dispensaires ou d’écoles. Bien que commercialisé depuis plusieurs années sous forme de pillule, et ayant donc généré beaucoup de revenus, il est malheureusement aisé de constater aujourd’hui que la mercantilisation de leur connaissance ancestrale de la biodiversité, n’a pas amélioré significativement le sort des bushmen et qu’en terme d’autonomie, le gain est tout relatif. 

Ce biopiratage industriel, bien que dénoncé à l’époque par des associations écologistes, n’a pas eu l’incidence escomptée dans l’opinion publique et les avertissements des défenseurs de la biodiversité, comme Rachel Wynberg, membre de l’association Biowatch, restés lettre morte :

 " Ceux qui commercialisent la biodiversité, généralement des entreprises basées dans les pays technologiquement avancés, se trouvent au Nord et ceux qui fournissent les ressources génétiques sont au Sud, qui est biologiquement très riche(...) les systèmes occidentaux de propriété intellectuelle récompensent des individus ou des entités légales et sont souvent monopolistiques par nature (...) Ces systèmes ne sont pas adaptés aux connaissances traditionnelles, qui, elles, sont par nature collectives. "

Le CSIR, semi-privatisé depuis, compte bien continuer à exploiter les connaissances et le terroir des San, en particulier ses 23 000 variétés de plantes aux vertus médicinales, que les Bushmen devront se résoudre à partager, pour les besoins de la cause économique et du bien-être ici. Devant l’expansion prévisible de cette industrialisation de la biodiversité, de ce pillage des ressources naturelles, le gouvernement avait promis le vote d’un projet de loi, inspiré de la Convention sur la diversité biologique adoptée au Sommet de Rio en 1992. Cette loi, soumise au parlement en 2003 et toujours pas voté à ma connaissance, aurait permis de protéger le savoir ancestral, comme le rapportait Mogege Mosimege, directeur des Systèmes de connaissances traditionnelles au ministère sud-africain des Sciences et des technologies.

  " Un projet de loi est en préparation pour définir une méthode de recherche appropriée, qui comprend la consultation préalable de ceux qui détiennent le savoir concerné, avec ensuite le partage des bénéfices entre les différentes parties "...

Dans l’attente, faut-il considérer l’exploitation du Hoodia à des fins purement cosmétiques, comme un investissement vertueux dans la biodiversité ou le savoir ancestral et oral de ces analphabètes pour contribuer à améliorer leur sort ?

Je n’en suis pas certaine, mais d’un certain point de vue, c’est quand même un investissement charitable car ici, il rendra à toutes les femmes en excès de poids un joli sourire à la fraise...Si ça peut nous éviter les gémissements de toutes ces grognasses qui ont pris deux kilos pendant les vacances...Alors inclinons-nous devant le progrès qui apporte c’est vrai, dans ce contexte, un certain confort de vie à tous les autres...

Sources

La propriété intellectuelle - Un levier de croissance-

 http://www.info-hoodia.com/revue_OMPI-dec2003.pdf

Chrystelle Carroy-L’Humanité du 24 août 2002

http://www.humanite.fr/2002-08-24_Societe_-SOMMET-mondial-du-developpement-durable-J-2-Aujourd-hui-la-sante

National geographic- Africa’s Bushmen May Get Rich From Diet-Drug Secret

http://news.nationalgeographic.com/news/2003/04/0416_030416_san1.html

Le Vif-un rouge à lèvres amaincissant-04 février 2009

http://www.levif.be/weekend/fr/beaute/news/un-rouge-a-levres-amincissant/a11897-article.jsp?listPage=25

 



9 réactions


  • le mave 31 août 2009 11:23

    Il existe aussi des rouges à lèvres à base de colle néoprène encore plus efficaces....


  • toug toug 31 août 2009 12:13

    Une fois pour toute Ramila on s’en fout des indigènes... Les Bushmen...peuple à la ramasse, peuple en voie d’extinction, pas de bombe nucléaire, pas pouvoir d’achat... Qu’ils s’intègrent !.. Ils peuvent pas trouver un stage ?
    Parlez nous cac 40, parlez nous Obama, parlez nous Israel ! la seul vrai démocratie du Moyen Orient, un peu de civilisation apporter aux sauvages... Heureusement avec la photo de Paris Hilton, votre article n’est pas totalement denué d’interet.. Vous êtes sur la bonne voie mais faite un effort de revenir à l’essentiel... La modernité bon dieu !

    Merci de l’article


    • Ramila Parks Ramila Parks 31 août 2009 14:36

      Bien reçu Toug

      Mais au fait, y a les Awa qui sont en voie d’extinction...Heu ok, changeons de sujet : y a la copine de Paris, t’sé l’autre anorexique, je reviens plus sur son nom, ben elle déprime parce-qu’elle enceinte et que le hoodia ça marche pas pour ce genre de grosseur, elle a même viré son toubib...c’est la crise et ça mérite un prochain article....Patientez un peu quoi !


  • Surya Surya 31 août 2009 13:10

    D’une part, personnellement je n’y crois pas trop à ce nouveau produit, ce n’est pas la première fois qu’on nous présente une plante ou une crème miracle qui va faire perdre des kilos. L’année prochaine ce sera encore autre chose et tout le monde va se précipiter dessus. Il y en avait même une supposer agir seulement lorsqu’on dormait....
    Cela dit, si ça peut aider un peu les Bushmen à sortir de la misère, alors au moins ça sera pour une bonne cause. L’engouement pour le beurre de karité a également aidé des villages en Afrique, en leur proposant une vraie source de revenus. Mais cela ne les aidera que parce qu’ils se seront battus pour ne pas se faire arnaquer !!

    D’autre part, il faudrait peut être qu’on arrête un peu de se regarder dans une glace en permanence, et de pousser des hurlements dès que nous prenons cent grammes. Cessons d’être complètement focalisées sur nous mêmes, nous passons à côté de l’essentiel et des choses vraiment importantes.


    • Ramila Parks Ramila Parks 31 août 2009 13:32

      d’accord surya

      je suis d’accord pour qu’on arrête de se regarder dans la glace...encore plus d’accord pour laisser les bushmen tranquilles ...Y a aucune urgence pour l’humanité à exploiter le hoodia, ni aucune autres plantes « médicinales »...en tous les cas pas à ces fins


  • brieli67 31 août 2009 22:26

    le Hoodia Gordonii. Un cactus en forme de concombre .... NON !

    faut lire plus loin ?


    pour cerner tout le buzzz sur cette page !

    Généralisez sur le SPAM que même des grosses boites se permettent Pfizer, Unilever .... à notre insu aidé par des moteurs de recherche comme Google Yahoo.

    Pourrir à ce point le Net et notre quotidien en vieille Europe.
    Si la Confrérie des Gaveurs du Sud_Ouest en faisaient autant au prochain french mobing, soyez certaine que la FDA trouvera une solution « juridique ».

    Si vous adorez ce type de dossiers penchez vous sur la stévia Bertoni


  • Ramila Parks Ramila Parks 31 août 2009 23:25


    le Hoodia Gordonii. Un cactus en forme de concombre .... NON !

    faut lire plus loin ?

    Pourquoi pas ? c’est la description de ’importe quel chose qui pourrait avoir cette forme, description pas très scientifique, je vous l’accorde, mais reprise dans une émission d’ARTE sur le sujet

    Mon propos n’est pas de faire de la pub pour ce truc mais plutôt de débattre sur le sujet de la « propriété du savoir » dont jouit la tribu des khoisan et d’autres et qui le marchandent avec des firmes...

    Donc je ne comprend pas tropl’objet de votre courroux, sinon, le principe c’est que si vous avez des corrections sur le sujet, ne vous gênez pas, mais pas la peine de vous énerver 
    bien à vous

  • brieli67 1er septembre 2009 04:03

    au départ 2oo2 http://www.wupperinst.org/uploads/tx_wibeitrag/WP151.pdf

    que o,oo3 % du bénéfice net de la vente des produits pour la tribu des Khoisan.

    Au départ de la story c’est l’interdiction de l’ephédra....
    LE « savoir », cette plante a traditionnellement d’autres usages hypotension migraines toux troubles digestifs et vu sa forme aphrodisiaque.

    Votre questionnement est de l’ordre du Droit Constitutionnel.
    cf pour liens et docs.
     



Réagir