jeudi 29 mars 2012 - par Pierre JC Allard

« I have a dream... »

En 1956, j’ai connu ma première Auberge de Jeunesse à Aachen (Aix-la Chapelle). “Tiens“, me suis-je dit, “c’est intéressant… il faudra revoir ça“. Et puis on se laisse distraire… Je viens juste de remettre ça. 

Je viens de passer cet hiver 2011-2012 en auberges de jeunesse (YHA), en Autralie et en Nouvelle-Zélande. 120 nuits, dans une trentaine de “hostels”. Une experience concluante. Je crois que c’est une idée dont l’heure est venue.

Hostelling International  est né en 1909, quand Richard Schirmann, un instituteur allemand en randonnée avec ses éléves, a été surpris par un orage, a trouvé refuge dans une école et qu’un fermier leur a donné de la paille pour dormir et du lait pour déjeuner… Schirmann a réfléchi. En 1912, la première Auberge de Jeunesse (Jugenherberge) était inaugurée dans le vieux château d’Altena.

Puis l’idée s’est répandue. Pour l’historique, allez voir le lien :  j’ai horreur de bloguer en battologie programmée. 

Retenir, toutefois, qu’il y a maintenant plus de 4 000 hostels de HI partout dans le monde. 4 000 endroits où l’on peut dormir, se laver, preparer sa propre bouffe dans une cuisine bien équipée. Tout est propre, les prix sont tout en bas de la gamme.

Au contraire du YMCA – dont je ne dis pas de mal, mais qui est autre chose et un peu gênant si l’on n’est pas un homme, ou pas un jeune ou pas un chrétien – il suffit au HI de respecter les autres. Les autres qui sont souvent de sexe, d’âge, de langue, de race ou de culture différente. Plus facile.

En quatre (4) mois – 30 hostels, c’est un gros échantillon – je n’ai vu aucun incident violent, ni même disgracieux dans un hostel HI. Impossible d’extrapoler sans plus l’expérience de l’Océanie à d’autres continents, bien sûr, mais il faudrait voir de près si, ailleurs aussi, ne pourrait pas du respect naitre une autodiscipline, un désir d’entraide et une fraternité. Ce sont ceux qui réagiront à cet article et feront part de LEUR expérience qui permettront d’en juger.

Imaginons un instant que, comme Martin Luther King, nous fassions un rêve. Imaginons que l’on favorise ces rencontres d’égal à égal entre individus qui VEULENT être ensemble, mieux se connaitre et s’entraider, plutôt que de forcer la cohabitation entre groupes par des politiques de migration appliquées dans les conditions d’inégalité les plus abjectes. Est-ce que nous n’atteindrions pas mieux et plus vite l’objectif final qui est que toute l’humanité s’accepte avec ses differences et puisse vivre en paix ? Parce qu’aujourdui, c’est mal barré….

Personne dans un YHA australien ne vous oblige ni ne vous interdit de manger du porc ou de porter un voile. Je suis persuadé, toutefois, que quiconque a fréquenté les hostels d’abstiendra sans discussion des nourritures interdites dans les pays où elles le sont. Il lui semblera NORMAL de se plier aux us et coutumes de la majorité, car ce n’est pas à l’aune des idiosyncrasies locales qu’on doit juger de la valeur humaine de celui qu’on côtoie.

Je ne verrais rien de mal à ce qu’une Occidentale respecte les codes vestimentaires d’un pays islamique - tout en affirmant qu’elle le fait pas respect, et non parce qu’elle en accepte la nécessité – … si un pays islamique acceptait qu’elle puisse y voyager et y frequenter des hostels … ! Il est important de ne pas réagir à l’intolérance par la critique – ou pire par la provocation – mais qu’on se borne à montrer bien clairement qui porte la responsabilité de l’intolérance. C’est ainsi que disparaîtra un jour l’intolérance. Quand l’intolérant apprendra a connaitre le tolerant comme un être humain… bien tolerable.

Et ce n’est pas qu’au palier des oppositions culturelles religieuses et donc viscérales que l’individu peut apprendre, au contact de l’autre. La fréquentation de l’autre, perçu comme un individu in se et non comme la simple manifestation de ses appartenances, peut guérir aussi les vésanies légères…

Ainsi, au Canada, il y aurait beucoup a gagner à ce que les Québécois voyagent davantage en terres anglo-saxonnes et à ce que les Canadiens des autres provinces viennent circuler un peu au Québec. Se parler, se connaitre, se dire qu’on s’apprécie, et pas seulement les veilles de référendums.

Le Gouvernement pourrait favoriser ces contacts en subventionnant massivement, par exemple, les voyages par train ou par autobus, quand ils ont une date d’aller et de retour ferme pour un séjour de plus d’une semaine et peuvent donc être presumès pour des fins de tourisme. Le Gouvernement pourrait aussi assumer alors une partie des coûts du séjour dans les hostels de ceux qui se prévaudraient de ces tarifs de voyage à prix réduit.

Subventionner aussi l’accueil des touristes étrangers. Le but en serait de multiplier le nombre de ceux qui voyagen pour augmenter la convivialité, mais aussi de permettre l’essor d’un réseau plus dense de tels hostels qui sera un investissement pour l’avenir.

Un investissement. Car si on fait d'un pays la destination privilégiée de ceux qui veulent voyager ainsi à bon compte, on aura fait beaucoup pour que ce pays soit connu et aimé partout dans le monde, mais, la vertu étant parfois sa propre recompense, il n’est pas dit qe cette initiative d’aller chercher un tourisme bas de gamme ne s’avérerait pas aussi à moyen terme une enterprise bien lucrative. Il y a là un marché pour ceux qui pensent fric et leur aide à ce projet sera bien utile…

Pierre JC Allard



9 réactions


  • Tall 29 mars 2012 08:48

    Oui, je suis passé par là quelques fois aussi. Et je n’ai jamais vu non plus le moindre incident malgré l’hétéroclisme des occupants.

    La brièveté réglementaire des séjours joue son rôle évidemment aussi. Mais c’est un bon marchepied pour ouvrir les yeux sur l’autre et faire tomber quelques préjugés.

  • gordon71 gordon71 29 mars 2012 16:09

    salut

    j’ai adoré faire çà pendant ma période étudiante, l’idée est géniale c’est vrai, et ce genre de périple vous rend extrêmement respectueux et tolérants des us et coutumes des pays visités dans un registre pas très éloigné dans l’esprit

    http://www.odyssee-agri.com/

    cette « association » qui propose des placements à l’étranger pour des « jeunes » qui veulent travailler et apprendre les métiers de l’agriculture en découvrant la culture d’un pays

    une sorte de compagnonnage paysan et international


  • Vipère Vipère 29 mars 2012 18:28

    JC ALLARD Bonjour,


    Il m’a été difficile de saisir les enjeux de votre expérience en hostels, l’équivalent de nos ’auberges de jeunesse" pour une personne de votre maturité !!! 

    Pour beaucoup d’en nous, ce type d’hébergement correspond à du tourisme pour étudiants fauchés !

    Dortoirs et absence d’intimité ? cela me rappelle les hébergements offerts aux SDF qui n’en veulent pas, revendiquant la liberté et le luxe de ronfler tout seul, sans l’écho d’un tiers !!!



    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 31 mars 2012 11:18

      @ V


      Je constate que mêler des gens de cultures différentes dans le contexte de la vie quotidienne donne des résultats désastreux . Or, y parvenir sera le plus crucial des défis de l’avenir. Je cherche donc des solutions. Les YHA en offrent une. Il faudrait la mettre à profit. Je puis maintenent parler d’experience personnelle

      Je teste ici et sur d’autres sites si les gens en sont conscients et ce qu’ils en pensent. Beaucoup d’Idées préconçues à réviser. J’y reviendrai.

       PJCA


  • NicoG 29 mars 2012 22:20

    Les hostels d’Australie sont excellents !

    Je suis parti à Brisbane en Visa Vacances Travail avec TravelWorks l’an dernier, et j’ai passé trois jours au YHA de Brisbane. C’était génial j’y ai rencontré beaucoup de monde de toutes nationalités, une super expérience.


  • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 31 mars 2012 11:24

    @ Tall


     Exactement. Mais comment faire comprendre que le dire serait important. Urgent, Crucial ?


    PJCA



    • Tall 31 mars 2012 11:37
      Salut Allard

      Les cléricaux sont expérimentés en la matière. Leur truc est de créer toutes sortes d’activités ludiques, artisanales, éducatives ... qui rassemblent les gens ( les jeunes surtout ) et créent des liens communautaires.
      Leur religion reste en arrière-plan de l’activité proposée, mais leur message passe « subliminalement » en quelque sorte.

  • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 31 mars 2012 11:30

    @ Gordon 71



    La moyenne d’âge augmente tres vite. Même si la courbe est bimodale, il n’y a pas encore de fracture au sein des utilisateurs. Il faudrait intervenir rapidement

     Merci pour le lien

    PJCA

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