vendredi 8 mai 2020 - par Frimas

Identité d’un naufrage

& j’ai pensé qu’aujourd’hui le seul respect que la société offre, c’est son plus gros défaut, à savoir son immense immunité à la souffrance et du désespoir gangrenant tout y compris les animaux de compagnie qu’on sédentarise au point qu’ils prennent des kilogrammes de graisse en surplus de leur enfermement permanent (regardez leur beau jardin !) mais peu importe… et par la suite j’ai pensé qu’ici, pendu aux tranquillisants jusqu’à l’abrutissement à infecter les générations futures avec leur siècles prochains pendus à ses bacchanales abruties qu’on leur léguera et on leur dira telle une anecdote un peu ridicule sans valeur critique : voici votre principal archipel où vous devez vivre avec ses bureaucrates adaptés aux étourdissements généreusement servis en guise de substitution et aller donc faire vos courses dans le supermarché mondial d’une postérité entièrement vouée à la résignation, sans sens, sans but, sans histoire mais avec l’intelligence artificielle qui vous aura dépassée à un point que vous n’auriez jamais imaginé et je me suis dit par la suite, qu’adviendra-t-il au genre humain restant à croupir lamentablement dans son travail journalier à tapoter sur un clavier d’ordinateur à encoder des broutilles qui intéresseront au mieux le divin service ? Je ne sais pas !

 

Le confort matériel dans lequel on fouille à chercher quelque mémoires de sa vie est manifestement un pêle-mêle véritablement nauséabond mais finalement on se propose de regarder un film après la journée passée au travail, ce beau thème ancré dans un présent cybernétique décoré de parfum artificiel et de téléphones portables et d’ordinateurs, d’écrans, de gardiens de sécurité souffrants de leurs mélanomes consécutifs, de villes désastreusement oxydées chaque matin où la nécessité du travail fait vieillir l’identité, etc… Voici ce que j’ai pensé d’autre : ce présent même dément sa propre existence depuis son appui de fenêtre où il hésite encore et je crois qu’il a peut être raison d’hésiter, qu’il pourra défendre son idéal dans ce futur proche où il se voir obligé de se défendre contre les termes de la barbarie annoncée parmi les flux toxiques toquant à sa porte d’entrée, sûr de lui de pouvoir rentrer et d’y étendre toutes sortes de comportements qui font jalouser des environnées guerrières, etc… 

 

Mais la simplification de la vie, réellement inquiétante, est sans doute la jeunesse d’un modèle de société qu’on va vanter aux plus terrifiants.

 

& il me semble qu’on pourra dire non sans vivacité que les chimériques ambitions qu’on prétend accepter à être l’aboutissement même d’une âme épanouie, qu’à force de dégénérer dans cette vie instantanée et ses galeries marchandes où marchent les bonimenteurs avec l’accord intime de ce mode de vie semblant inextricable et ses formules chimiques me semble s’ennuyer dans une espèce de sentiment de toute-puissance, une nécessité en sorte qui nous facilite d’être maître de sa propre vie mais il me semble qu’il n’en est rien : la toute-puissance de cette méga-machine nous a remplacé par l’instantanéité : temporalité formatrice au néant, prié d’être fictif ; une humanité post-historique qui mange des légumes en boîte, qui s’arrache les dents pour le dernier steak haché ou encore qui s’entraîne à gérer les maux de tête suspendus à la réalité virtuelle (vous allez voir, l’expérience est fantastique) pendant qu’on régurgite les ersatz en sachet fraîcheur du midi. On est constitué d’une génération à se retrouver particulièrement falsifié dans l’amnésie, qu’on oublie elle aussi force à adhérer fébrilement à tous les moyens de consommation qui s’offrent sur les pavés dans ces centres-ville stérilisées à l’étroitement ! Regardez, on dirai une zone de guerre où on perd à coup sûr, sans finalité, où on se dévisage en attendant de rejoindre le parking aux milles places habitées de ces carcasses métalliques qui portent les moutons toujours plus loin, avec leur grimaces s’adonnant aux brusqueries d’une radio qui crachote ou des projectiles tirés d’une quelconque application mobile avilissante, abrutissante et finalement tournée vers un monde où la guerre permanente est une chose civilement acceptée et en contre-partie, désormais, on peut crever en toute impunité au virtuel avec l’admiration des foules ! Exemplaire !

 

Voici ce que j’ai pensé d’autre : Ils avaient des haies s’enchevêtrant les unes sur les autres ; ils avaient des arbres et les fermes accidentées par un hiver tranchant ; ils avaient des nuits sans raison ; toute une faune ; mais il y avait aussi le travail qu’on prenait comme un tome de connaissances et non comme un tourment infligé par l’industrie devenue renfermée sur elle-même, perdant son sang froid à la moindre nomenclature de ses pathologies, etc… Il nous a fallu attendre deux cent ans d’extermination totale pour arrive à un semblant juste rythme de vie qu’il serait fallacieux d’en décrypter les horreurs qu’il a produit : On a réussi à infuser une mort tellement atroce dans ces abattoirs automatisés qu’une boisson sur-vitaminée n’en mènerait pas à bout de notre étonnement ; à voir le cheptel arriver par remorques afin d’y être intégralement désintégré & j’ai pensé que cette manière de faire semble bien faire la publicité du mon demain où les prochains barbecue feront définitivement jeter cette vie sur terre hors de sa trajectoire et écraser tous les complices vicieux du meurtre dans un gaz protecteur. 

 

Le centre même de l’environnement métallique, cubique, puant de ses sensibilités uniformisées et généralement emballé sans contact avec les éléments naturels environnements, on perd tout tact à être le plus positif possible dans l’immense dureté de ce choc absurde qui nous oblige à vivre à crédits la vie durant et à les payer ces décorations ridicules qui pendant aux corps de tous les perdants aux comportements édulcorés mais aménagés avec ce qui a déjà été créé avant par quelqu’un d’autre, toujours bien aménagé & j’ai pensé qu’il n’y a qu’au final que des exigences individualistes et opportunistes ; résultat de cette caste conjugale et son nivellement d’expériences délirant, consommant, tuant, mourant, périmé. 

 

& c’est uniquement avec l’avenir marchand que les plus démunis (on se pressera à vérifier le pourcentage en hausse chaque année la prochaine fois) se retrouveront perforés en empruntant à ce présent vide sa seule essence disponible : éterniser à faire perdurer la violence sous toutes ces formes : le travail salarié, cette répression déshéritée en fait partie et je prétends à dire que c’est la pire de toutes et qui nous contraint de se retirer posément dans la contemplation ou autre célérité culturelle mais non, il nous pousse aux confins le plus désoeuvrés de la détresse, à l’inaction mentale, à la paresse physique, à la fainéantise de l’esprit, à la somnolence de l’âme : il faut examiner quel rapport l’homme moderne possède-t-il par rapport à sa vie quand il s’acharne à se soumettre sans soulèvement quelconque à une activité qui le pousse parfois à s’ôter la vie, à se célébrer en se pendant ou à contempler les secondes restantes pendant la chute ? J’ai pensé que la diminution qui se vérifie chaque jour de plus dans les miroirs matinaux de centaines de millions du personnel d’entretien de l’Age total qui les désintègre à la racine constitue le point d’encrage les dépossédant de leurs problèmes d’existence, c’est-à-dire le présent même. L’inventaire est décourageant ; ça se résume à un congélateur et une voiture. Le progrès industriel a fait du travail salarié son principal allié : L’amputation d’une quelconque vie sociale à l’intérieur de sa volonté. On peut y respirer l’air matinal intoxiqué d’hydrocarbures ou admirer les affiches apposées aux murs où on observe nos célébrités aux regards toniques et facile à digérer dans la fade horreur quotidienne et je me suis demandé si ces sourires et positions corporelles se décongelons un jour ? Si leur geste compte pour le fantôme aliéné passant par là ? On dirai une humanité différente, entre la psychose et l’envie pressante de sortir de cette affiche avec le parfum apposé en bas de celle-ci. Ces créateurs publicitaires ne semblent pas endosser le vivant en admettant sublimer celui-ci en emprisonnant des créatures remaniées par le biais de son contraire le plus édifiant : le système technocratique qui ne connait pas la vivant. Contexte dans lequel, me semble-t-il, la maladie devient désirable, se remettre à neuf dans un environnement stérile à souhait mais peu importe…

 

Voici ce que nous avons par le biais du travail : Un abîme d’obligations où la glaciale invisibilité du pouvoir économique se hisse un chemin entre les âmes de ceux qui y sont séquestrées. C’est une piètre erreur de croire que les libertés individuelles sont au service de l’imagination collective : on boit de l’eau qui sort du robinet et on va, empoisonné d’illusions, dans un parc d’activités à l’autre bout du pays avec son automobile afin de calmer la tyrannie en bas âge. Au final, sous l’écroulement du temps passé à frénétiquement se faire appartenir au rythme de la machinerie devenue si pantagruélique, à éteindre son cerveau, à se disputer ou encore à s’écrouler sous les additions afin de payer l’alimentation intégralement transformée, avariée, qu’il faut ingurgiter vite afin de profiter des manèges. Au passage, j’ai lu quelque part que près de quatre-vingt pour-cent des articles vendus dans les temples commerciaux sont simplement soit totalement inutiles, soit nuisibles, soit utilisables ou consommables une unique fois. Le labeur journalier permet ainsi à mettre fin à l’ère industrielle prochaine et souhaitable en l’exterminant à tous les points.

 

Regardez les affreuses physionomies aux fins de journées du salarié moyen, ces profils nauséabonds, répugnés d’eux-mêmes, fatigués et corrompus par leurs expressions, corrompus par leur abattement à endurer avec une semblante vivacité & ils perdent du poids avec la nourriture industrielle aux tracas certains. C’est le visage de l’aliénation, un délire d’une pureté éclatante, vésanie frénétique et en bout du compte, c’est la tristesse équipée d’une passion pour le néant qui domine l’âme et la liquéfie mais voici ce que je voulais dire d’autre : au point où nous en sommes, dénoncer les inégalités abyssales pour en trouver une solution semble devenir sujet du moment, à la mode : le combat à devoir gagner chaque jour son pécule reste profondément handicapant et qui mène promptement à une évidente dépersonnalisation des individus pendant qu’on bafouille sur le temps qui reste à des pans entiers de populations qui n’ont certainement pas ce sens de l’émerveillement devant une machine à café à la pause et d’appuyer sur un bouton. Ou le soi disant chômage sur fond de statistiques manipulées à perpétuité dont on en comprend plus la complexité du crime organisé opérant dans l’arrière-chambre mais peu importe, il y a paraît-il des promesses alléchantes en très longue description pour ceux qui survivent pour éventuellement avoir aussi le privilège de faire utilisation de l’énergie nucléaire, loin d’être affamé loin derrière des guerres chimiques par rangées entières sillonnant partout sur cette terre héritant de l’idéologie en cours et je me suis dis que ça ne peu que mener au chaos dont l’épaisseur imite la pile de cadavres qu’on peu désormais broyer pour les donner au fabriquants de steaks hachés.



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