mercredi 29 juin 2011 - par Albar

Il est interdit de s’indigner

Il est évident que ce titre est un clin d’œil au fameux slogan des soixante-huitards, où une jeunesse révoltée de cette époque, quoique relativement aisée dans son ensemble, trouvait à redire sur un système devenu sclérosé, somnolant sous l’ivresse des délices d’une liberté chèrement arrachée des griffes du nazisme. Par un cri, devenu leitmotiv, ‘’ il est interdit d’interdire ‘’, cette jeunesse a voulu se débarrasser d’un carcan que l’on pensait déjà contraignant.

Il était donc difficile de suivre des règles dictées par des adultes ringards, dès lors que ‘’l’American life’’ est passée par là, avec sa déferlante ‘’New wave’’. En menant leur révolution, les jeunes ont voulu renverser l’ordre établi, suivant l’exemple de la jeunesse américaine, il était de mode d’être ‘’anti-establishment ‘’, non pas seulement pour la forme, mais aussi pour le fond, qui avait pour cadre le ‘’Peace and love’’ avec le désir de mettre fin à toutes les injustices dans le monde.

Il n’a pas fallut longtemps, quelques décennies à peine, pour que cette même jeunesse révoltée qui a muri entre temps, se détermine dans son engagement devenu multiple, et pour cause, les objectifs individuels n’étant plus les mêmes, ils ont pris un caractère‘’ambitionnel’’, le chacun pour soi en quelque sorte, ce qui a permis a certains de gravir les échelons de la hiérarchie citoyenne, souvent à contre sens de leurs idéaux de jeunesse, au point de se retrouver dans des centres de gestion managériale, devenus des gestionnaires économiques ou Hommes politiques, oubliant toutefois ce qui peut trotter dans la tête d’un jeune, ses désirs, ses envies, et sa soif de liberté.

Aussi difficile que cela puisse paraitre, la réalité de la jeunesse actuelle est là devant nos yeux, pénible et insupportable à plus d’un titre, avec des formations universitaires et professionnelles diplômant es pour leur grande majorité, ils n’arrivent cependant pas a trouver du travail, malgré tous les efforts fournis dans leurs recherches dans des centres d’embauche et autres démarches toutes personnelles, dans l’espoir de dégoter un boulot fut-il des plus ardu voire incompatible avec son profil. A contrario, nos Hommes politiques soixante-huitards ont appris à s’accoquiner avec les banquiers, les véritables maitres du monde, dans un ‘’jeu(x) de haine’’ (allusion à la dernière publication de Jean-Louis Debré, a lire…), pour être plus proche de leurs bourses, c’est en tout cas leur propre lecture de l’engagement politique, ou la notion d’intérêt à titre personnel a pris des proportions exagérées.

En ce siècle informatisé, la jeunesse du monde s’est invitée au dialogue par la petite fenêtre (j’allais écrire par la grande porte), à travers ‘’face book’, ‘’twitter’’, et autres vecteurs de télécommunication, parfois contre la volonté de leurs gouvernants ; Elle a compris que seule l’action est en mesure de répondre a leurs besoins, en agissant activement pour faire accepter ses idées en s’indignant contre la sourde-attitude des décideurs, devenus plus narcissiques que jamais. Stéphane Hessel ne s’est pas trompé en invitant cette jeunesse a s’indigner, lui qui a tant vécu et vu une certaine injustice embellir la cupidité des riches et des gouvernants, avec leur arrogance affichée, ils s’indignent bizarrement à l’idée d’une répartition équitable des richesses.

La gouvernance de Nicolas Sarkozy est la plus catastrophique qu’a connu la France, celle qui a mis a nu le plus d’affaires de corruptions voire de compromissions avec l’oligarchie, allant jusqu'à effacer l’impôt sur la fortune (ISF), afin de l’enrichir davantage ; Ce qui n’a pas été le cas de la grande majorité des citoyens, ou le revenu de solidarité active (RSA) a été soumis à certaines conditionnalités, serrant encore plus la ceinture de ceux à revenus modestes. Comment ne pas s’indigner devant une telle injustice ! L’homme du Fouquet’s se permet le luxe de mater tous ceux qui osent contester ses décisions, impliquant les forces de l’ordre pour se faire ; Quant à la richesse de la France, celle-ci est bradée dans des guerres inutiles, occasionnant plus de pertes que de gains, mettant en péril son prestige même.

Opposer la force au droit de s’indigner, relève d’une ‘’dictature’’ qui impose sa marche à suivre à une majorité de citoyens, devenue depuis une décennie corvéable à merci, sous la hantise du spectre du tout sécuritaire, afin de mieux sévir. Il est plus que temps de dire ‘’Stop’’ à l’injustice et à l’inégalité dans la répartition des richesses et des chances de travail, dans un cadre d’une résistance active participative ; Il est impératif d’agir pour le changement. Cet été sera l’accalmie qui précédera la tempête de l’automne qui emportera les profiteurs de l’UMP au pouvoir. 



15 réactions


  • Lorelei Lorelei 29 juin 2011 12:01

    Vous avez raison mais il y a un vrai probleme à pourquoi nous acceptons le pire, c’est à cause de nous, de notre incapacité à nous indigner et à prendre responsabilité, vous verrez j’ai fais un texte dans ce sens justement, nous sommes egoistes mais aussi lâches surtout nous cette majorité silencieuse



    • Maître Yoda Castel 29 juin 2011 19:30

      Il n’y a pas d’intérêt à changer le monde, le plus intéressant, c’est se changer soi-même. L’un est lié à l’autre.

      Cependant, tu poses une question très intéressante : il y a un vrai probleme à pourquoi nous acceptons le pire (?)
      Ben en faite, la manipulation politique est basée là-dessus, à faire en sorte qu’on accepte de plus en plus tout. Plusieurs choses amènent à cela :
      - La nation est un regroupement de peuples qui ne partagent pas toujours les mêmes façons de voir > obligation de manipuler pour regrouper, faire en sorte de les mélanger, de les homogénéiser, qu’il perde leur caractère, leur caractéristique fière ou têtu ou rebelle notamment.
      - Tout expliquer par les crises, faire croire que le chômage était une étape obligatoire, qu’il n’y a pas de remède > pardonner à nos politiques leur traitrise, leur malhonnêteté etc...
      - Endormir les gens avec les vacances, les loisirs, la musique, les stars... leur montrer une culture complètement superficielle, faire croire qu’ils ont toutes les raisons d’être heureux ou d’être fière (par exemple dans la nomination d’une française à la tête du FMI)
      - etc etc

      Tout cela explique pourquoi nous ne défendons pas des principes, mais des causes égoïstes. De toute façon, même si l’on se bat en tant que Français et / ou « citoyen » du monde, on se fait encore manipuler d’une autre manière. Tout est de la manipulation (ce qui ne veut pas dire que tout le monde manipule).


  • Albar Albar 29 juin 2011 16:33

    Salut Lorelei,
    Il va falloir qu’on se bouge, pour l’instant place est au repos des vacances ; La tempete fera des dégats à la rentrée.


  • le journal de personne le journal de personne 29 juin 2011 16:40

    Dans quel but et pour quelle fin ?

    Les indignés disent oui et plus que jamais, oui… nous avons besoin de savoir, ce pour quoi nous faisons les choses, dans quel but, pour quelle fin…
    une centrale nucléaire de plus ou de moins… dans quel but ? Pour quelle fin ?
    Devenir le plus grand ingénieur… oui mais dans quel but ? Et pour quelle fin ?
    Pour nous servir ou pour se servir de nous ?
    Parce que ce ne sont pas les moyens qui nous manquent pour refaire le monde, mais ce sont les buts et les fins… où va-ton ?
    Tant qu’on ne nous aura pas dit où on va, on ne bougera pas.
    On ne bougera plus.
    http://www.lejournaldepersonne.com/2011/06/dans-quel-but/


  • Albar Albar 29 juin 2011 16:54

    Cela fait le temps d’une majorité que les indignés savent, la manipulation et le mensonge ont assez duré !


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 29 juin 2011 16:56

    Bonjour Albar,

    scuse si je résume, les étudiants de 68 étaient la première génération majeure d’après guerre. Elle a dit non au système de consommation à l’étasunienne, et quitté le système pour la marge et la liberté. Deux générations plus tard en 2008, une nouvelle jeunesse se rebelle à nouveau contre la société 100 % matérialiste, sans autre culture que le ciné, les jeux vidéos et la téloche. Le pouvoir qui a ramé fort pour mater et formater cette génération pour qu’elle s’inscrive dans le moule consumériste, mobilise toute son énergie sur son tampon de crs pour les faire rentrer chez eux et consommer. Manque de pot, ils se servent de leur portable pour ventiler les vidéos des bavures policières sur le net. Malheureusement pour le pouvoir, il vieillit et s’use les dents sur les nouvelles générations qui courent plus vite que les crs arnachés jusqu’au slip en fer. Soixante ans après ces évènements toujours pas digérés, la légalisation de l’herbe est encore sur la table des discussions et s’avère peut-être la solution pour régler le lourd problème des drogues dures en banlieue toujours plus graves. La drogue est dure, mais pas encore plus dure que la caboche des dirigeants qui déciment la jeunesse de leur patrie par des décisions répressives irresponsables.

    Plus ils sont matériellement dominants, et plus ils sont humainement impuissants. C’est universel


    • Albar Albar 29 juin 2011 20:32

      Salut Lisa,
      Votre résumé est conforme à l’article, c’est tout ok ! Raison suffisante pour s’indigner contre tout dominateur.


    • Digger 29 juin 2011 22:03

      Mettons de côté les revendications ouvrières parfaitement justifiées. Vous nous dites de la jeunesse étudiante de mai 68 : "Elle a dit non au système de consommation à l’étasunienne".
      Elle a surtout dit non à la société gaulliste. La société gaulliste représentait-elle le système de consommation à l’étasunienne ? Non, c’était son antithèse.
      Qu’ils aient été manipulés ou non , les étudiants de mai 68 on fossoyé la france traditionnelle et précipité l’avènement du consumérisme, et du libéralisme pompidolien..
      On les a bien remerciés depuis, regardez où sont aujourd’hui les anciens maoïstes et anciens trotskystes.
      lisons Clouscard :
      http://www.editionscheap.fr/news/41-Clouscard-Tout-est-permis-rien-n-est-possible
      Rien n’est plus facile à faire descendre dans la rue que la jeunesse, éternellement mobilisable et manipulable, idéaliste, enthousiaste.


    • debase 30 juin 2011 10:04

      @Lisa S2

      Quelle inquiétante naïveté !

      Décidément rien ne changera jamais : la jeunesse pleine de vie et d’énergie mais sans expérience se fera toujours manipuler ! C’est ’structurel’ !

      Essayez de fouiller un peu la personnalité du ’leader’ de cette indignation, le dénommé Benjamin Ball.

      Encore un beau manipulateur/bonimenteur qui joue avant tout sa propre carte comme Cohn-Bendit en 68 !

      En plus, comme ce genre de personne obtient en principe facilement du soutien de la part de quelques officines pilotées de l’étranger qui poussent à mettre le boxon en France...


  • fraternité fraternité 29 juin 2011 18:07

    « Ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaînes. »
    Rosa Luxembourg


  • Raymond SAMUEL paconform 29 juin 2011 19:09

    RECTIFICATION :

    « INTERDIT D’INTERDIRE » c’est une fausse interprétation de la réalité.

    La pratique a été :

    IL EST INTERDIT DE S’INTERDIRE (ça dure toujours).


  • Le citoyen engagé asse42 29 juin 2011 21:39

    Le problème n’est pas de s’indigner c’est de vouloir empêcher le peuple de France de le faire ! En préemptant l’idée que l’indignation ne peut être que de gauche les manifestants n’incitent pas à la solidarité.
    L’indignation sera la révolution citoyenne orchestrée par le peuple français et non des étudiants bourgeois et internationalistes. On voit bien que le peuple grec se révolte contre l’internationale socialiste des gauchistes et entend défendre SON pays, SA nation. Quand les indignés gaucho-trotskistes auront prix une branlée on pourra enfin s’occuper du peuple français.


  • latortue latortue 30 juin 2011 00:05

    s’indigner c’est bien se révolter c’est mieux .
    assez de tirer la ficelle
    assez de cette télé de merde qui nous montre des riches s’empiffrer
    assez de ces politiques qui font semblant de ne pas être d’accord mais qui en réalité sont tous là pour plumer le petit peuple
    marre de baisser la tête .

     


  • Pierre Régnier Pierre Régnier 30 juin 2011 13:07

    Encore un effort Albar. Décollez un peu de la courte démagogie hesselienne

    Ne confondez pas la jeune et juste indignation avec un objectif et une solution

    Ne confondez pas Facebook et Twitter avec des libres entreprises d’émancipation

    Demandez-vous un peu pourquoi le  »socialiste" de="de" la="la" a="a" le="le" transfert="transfert" bouygues="bouygues" des="des" citoyens="citoyens" par="par" premier="premier" ministre="ministre">span>

    Demandez-vous pourquoi, sur la nouvelle télé publique, cette attitude de néo-faschos staliniens chez les journalistes Fourest et Joffrin, tellement représentatifs de l’intellectualisme dominant

    Demandez-vous pourquoi la première secrétaire du Parti « Socialiste », candidate au remplacement du serviteur des riches, n’a plus du tout l’intention d’avancer vers un quelconque socialisme après avoir « emporté » le sinistre Sarkozy

    Demandez-vous pourquoi le »socialiste" est="est" pour="pour" prendre="prendre" encore="encore" plus="plus" sur="sur" le="le" bien="bien" commun="commun" du="du" peuple="peuple" grec="grec" afin="afin" de="de" donner="donner" ceux="ceux" qui="qui" et="et">span>

    Demandez-vous pourquoi le sympathique Dany, indigné à juste titre en 68, est devenu ce mépriseur des peuples quand ils ne votent pas, comme il le souhaite, pour l’Europe du libre marché lors du référendum de 2005, ou pour l’islamisation de la Suisse lors d’un référendum plus récent

     »Emporter dans la tempête les profiteurs de l’UMP au pouvoir" ne="ne" suffira="suffira">span>

    La juvénile et juste indignation, qu’elle soit spontanée ou vivement encouragée n’est pas une politique. Pas même un chemin vers une politique.

    Et une politique qui, aujourd’hui, n’a pas pour objectif de remplacer le monstrueux système en place par un autre qui ORGANISERAIT la liberté, l’égalité et la SOLIDARITE ne peut être une politique valable.

    N’écoutez pas trop ceux qui vous disent que les Marx les Proudhon les Bakounine.. sont devenus des vieux cons inutiles.

    Lisez et faites lire ces toujours jeunes penseurs en les complétant ou les corrigeant utilement par les Mounier, Ellul, Gorz, Castoriadis…

    Et Clouscard aussi sans doute, comme vous le conseille Digger un peu plus haut.

    Et peut-être même un peu Badiou

    Jusqu’à preuve du contraire, on n’a toujours pas immaginé mieux que le socialisme comme système politique capable de servir vraiment l’humanité.

    Le socialisme, qui ne se construira pas sans dure épreuve, et certainement pas en un jour. 

    Votre commentateur latortue dit que »s’indigner c’est bien se révolter c’est mieux" la="la" est="est" il="il" faut="faut" aller="aller" et="et" militer="militer" durablement="durablement" pour="pour" le="le">


  • copainsky 30 juin 2011 15:16

    Il ne faut pas sous estimer ce mouvement d’indignation. Quand on voit ce qui se passe en Grèce, les dirigeants politiques devraient se méfier. On peut aussi s’allier avec des ONG comme Attac, taxe robin des bois ou encore la campagne Aidons l’Argent pour aller frapper une grand coup au G20. La campagne stop paradis fiscaux fera du bruit en novembre c’est certain.

    Indignons nous !

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