dimanche 8 novembre 2015 - par Résistance

Il nous faudrait plus d’Europe ? Sans blague !

Problèmes de démocratie ? « Il faut plus d’Europe ». Problèmes d’intégration ? « Il faut plus d’Europe ». Problèmes économiques ? « Il faut plus d’Europe ». Problèmes sociaux ? « Il faut plus d’Europe ». Le mot Europe est devenu un vrai joker. Lorsqu’on manque de quelque chose, il suffit d’ajouter le mot Europe et le discours devient subitement cohérent.

Chacun d’entre nous peut donner le sens qu’il souhaite au mot Europe. De toute manière, aucun dictionnaire ne peut en donner une signification exacte si ce n’est la définition géographique.

Qu’est-ce que l’Europe ? Évitons, faute de temps, de retracer les derniers millénaires d’histoire et limitons-nous uniquement au XXème siècle et aux premières années de ce XXIème siècle.

Dans la seule première moitié du XXème siècle, l’Europe du capital a déclenché les deux pires guerres que notre planète n’ait jamais connues : la Première et la Seconde Guerre mondiale. Au cours des années suivantes, sans nous arrêter sur les politiques coloniales menées et encore appliquées par certains pays européens, l’Europe a été le terrain d’affrontements entre deux pays non européens, les États-Unis et l’Union soviétique. Les États-Unis ont lancé le plan Marshall puis la machine militaire de l’OTAN pour placer l’Europe de l’ouest dans leur sphère d’influence, obligeant l’URSS (qui souhaitait à l’origine une zone-tampon constituée d’États neutres et démilitarisés entre elle et la France) à créer un glacis de pays socialistes, puis le pacte de Varsovie.

Avec la chute de l’Union Soviétique, l’Union européenne a pris un malin plaisir à faire exploser un des États européens les plus complexes, la Yougoslavie. Les bombardements et les massacres commis avec l’assentiment voire la collaboration active de nos « amis étasuniens » ont créé les bases culturelles d’une Europe qui se rapproche de celle du XXIèmesiècle.

La déstabilisation concomitante de toute une région a engendré le processus de balkanisation de toute une région et attisé les haines, ethnique et religieuse. Une « victoire » à mettre au crédit de l’Europe du capital…

Derniers exemples en date : la Libye et les bombardements qui ont mis fin aux progrès économiques initiés par la Jamahiriya, la tentative de déstabilisation de la Syrie (à des fins humanitaires, cela va de soi…) ou encore l’appui des nazis et des fascistes ukrainiens qui massacrent leur propres concitoyens dans l’est du pays pour rendre service à quelques fanatiques occidentaux.

Dans les moments de grande difficulté interne, le comportement européen est encore plus embarrassant. Un pays (par exemple la Grèce) souffre économiquement ? Ce sera le moment de se présenter sur place en position de force et de le contraindre à brader son propre patrimoine. Un pays est en difficulté face à l’afflux de migrants qui fuient « l’arrivée de la démocratie » apportée par les États-Unis et l’Union européenne ? Laissons-le se débrouiller. Et, depuis une quelconque conférence de presse dans un quelconque palais de verre à Strasbourg ou Bruxelles, nous l’accuserons de nazisme et de fascisme puisqu’il doit affronter seul un problème plus grand que lui.

Honnêtement, quelle Europe souhaitons-nous maintenant ? Une Union Européenne supranationale « sociale » qui n’existe pas à l’évidence, ou une construction internationaliste qui laisse à chaque Nation sa souveraineté (comme le fait l’ALBA en Amérique Latine !) en poursuivant l’œuvre des humanistes, du refus de la guerre impérialiste porté par Jaurès et les bolcheviks, de la Révolution russe (que Lénine lui-même présentait comme une sortie de l’Asie, à l’époque totalement arriérée, et une entrée dans l’Europe des Lumières), de la résistance antifasciste et de l’anticolonialisme.

Imaginez si un Australien se réveillait demain avec l’idée saugrenue qu’il faille plus d’Océanie… Tout le monde se demanderait à quoi cela servirait. Il serait peut-être temps, lorsqu’on entend la fameuse ritournelle selon laquelle « il faudrait plus d’Europe », de se demander de quelle Europe il s’agit au juste.

Capitaine Martin

http://www.resistance-politique.fr/archives/2849



7 réactions


  • tf1Groupie 8 novembre 2015 14:03

    Bon, le mec qui compare l’Australie à l’Europe n’a aucune culture historique : normal il fait de la Resistance à la connaissance.

    Alors il ferait mieux de Résister à l’envie de pondre un article.


  • colere48 colere48 8 novembre 2015 17:52

    Il nous faudrait plus d’Europe ? Sans blague !

    Un « brillant » ancêtre de Hollande , radical de gauche sous la 3ème république, à l’occasion d’un banquet républicain fit un fameux discours d’après repas, copieusement arrosé, au cours duquel il déclara fièrement :

    « Nous sommes au bord du gouffre, mais, grâce à nos efforts, nous allons faire un grand pas en avant ! »


  • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 9 novembre 2015 10:46

    Je n’aime pas votre avatar ! ^^


  • robin 9 novembre 2015 10:48

    Si un tel article ne venait d’une émanation d’un parti qui a à son époque plus qu’abusé de ce qu’il dénonce il pourrait être crédible.


  • Ruut Ruut 11 novembre 2015 17:03

    C’est quand que l’Europe fusionne a la grande Russie.


  • Laurent 47 12 novembre 2015 12:32

    La question se pose plutôt comme ça :

    Est-ce qu’il nous faudrait encore plus d’Europe, ou plus d’Europe du tout ?
    L’Europe est une usine à gaz inventée par les capitalistes de Londres et de Wall Street, pour qu’elle ne soit jamais un concurrent économique sérieux des Etats-Unis !
    C’est pourquoi notamment, ils ont poussé à l’adhésion de pays sous-développés, pour créer un déséquilibre social, fiscal, salarial qui conduisait inéluctablement à la ruine des pays les plus riches !
    Parallèlement, ils ont tout fait pour que le maximum de ces 28 pays soient membres de l’OTAN, afin de mettre une barrière infranchissable entre la Communauté Européenne et la Russie, pour éviter à tout prix, au besoin par la guerre, un rapprochement de ces deux blocs, qui signerait la fin de l’hégémonie américaine sur le vieux continent !
    Alors, cette Europe, il faut l’envoyer paître, ainsi que l’euro et l’OTAN, et renouer des liens avec la Fédération de Russie ( si ça n’est pas trop tard ).
    Nous n’avons nul besoin de chauffeurs polonais, ni de travailleurs bulgares payés au ras des pâquerettes, avec un taux de chômage qui fait la gloire de la France !
    Par contre, la Russie est de loin le plus grand pays européen, et on devrait y renoncer ?
    Qu’est-ce qui nous empêche de sortir de ce piège à cons ?
    Le quotient intellectuel de nos dirigeants !
    Même les anglais veulent se barrer de cette Europe, alors pourquoi pas nous ?
    Les anglais n’ont pas l’euro comme monnaie, alors pourquoi pas nous ?
    L’OTAN est une invention qui n’a plus lieu d’être, car le danger n’est plus à l’Est, mais au Sud, les djihadistes de tous bords sont là pour nous le rappeler !
    Alors l’OTAN ? Direct poubelle ! Si les Etats-Unis veulent absolument une guerre avec la Russie, eh bien qu’ils la fassent eux-mêmes, pas par procuration !

Réagir