Imposons 365 jours de carence à nos sénateurs (7209 euros de salaire brut mensuel)
La crise des gilets jaunes a démontré la cassure entre le petit peuple appauvri par trente ans de politique libérale et les élites de notre république. Passons sur les rémunérations des banquiers, rentiers et autres patrons du CAC 40. Ces gens sont riches et défendent leurs intérêts, ce qui n'est que banalité depuis l'avènement de la civilisation. En revanche, les leçons de morale et d'économie provenant d'édiles élus pour défendre le peuple et assurer la redistribution des richesses, cela fait désordre. Ainsi, nos sénateurs se sont penchés avec bienveillance et humanité sur la santé des agents de l'état (profs, policiers, infirmières etc.) pour rechercher les solutions adaptées à leur épanouissement personnel. Il est vrai que les suicides courants dans l'éducation comme dans la police peuvent donner à réfléchir. De même, l'absence de médecine du travail pour les enseignants, situation indigne d'un état civilisé, est un véritable scandale. Comment savoir si la maitresse d'école à qui vous confiez vos enfants est en état de s'en occuper, puisqu'il n'y a jamais de suivi psychologique ou médical ? Donc nos sénateurs ont adopté un amendement pour améliorer les choses : l'adoption de trois jours de carence au lieu d'un, sur le modèle des salariés du privé condamnés à travailler malades ou se passant de leur salaire pour pouvoir cuver leur grippe saisonnière. Profs et policiers, dont l'état sanitaire n'est pas reluisant, stress ambiant et conditions d'exercice éprouvantes obligent, apprécieront avec modération. S'il s'agit de lutter contre l'absenteisme, c'est hors-sujet : ce sont les certificats médicaux de complaisance qu'il faut mettre à l'index. Si le but est de rappeler que les fonctionnaires sont des fainéants, c'est inutile : l'information est matraquée depuis trente ans par les médias afin de démanteler l'état républicain pour le plus grand confort des échanges commerciaux. On appelle cela l'ultra-libéralisme.
Il est toutefois utile de rappeler que nos sénateurs sont aussi des fonctionnaires. Avec une dotation de plus de 350 millions de fonctionnement pour leur local de travail, 7200 euros de salaire mensuel (plus 7600 afin de rémunérer leurs secrétaires), 6000 euros de prime de fin de mandat et même une prime de présence. Que leur lieu d'exercice, le quartier du Luxembourg à Paris, n'est pas une zone d'éducation prioritaire à l'environnement stressant. Qu'une infirmière, un prof et un policier, c'est au moins aussi utile qu'un philosophe d'assemblée. Avec 68 ans de moyenne d'âge, retraités pour la grande majorité, les membres du sénat français ne sont pas représentatifs de la population. Si on supprimait leur inutile assemblée, on économiserait près d'un demi-milliard d'euros. Mieux, elle pourrait être remplacée, en tant que seconde chambre d'examens des lois, par un amphithéatre de bénévoles élus par les forces vives, salariés du public et du privé, au suffrage direct et non censitaire afin de placer les vieux copains des partis au pouvoir.
Les sénateurs n'ont aucune leçon ni recommandation à nous donner. Si des fonctionnaires sont souvent absents, comme nos élus d'ailleurs, il faut s'en prendre à leurs conditions d'exercice et à l'absence de contrôles. Malgré la crise des gilets jaunes et la grogne sociale ambiante, trois cents encravatés bien rémunérés font de la provocation antisociale, en oubliant qu'ils sont là, avant tout, pour assurer de meilleures conditions de vie à leurs concitoyens. Si ce n'est pas le cas, alors il s'agit d'un sénat romain et non républicain, qui risque de finir comme celui de Rome, terrassé par les invasions barbares. A la différence que dans l'antiquité, l'édile ne portait qu'une toge et des sandales. Puisque son descendant de Paris 6ème ne fait lui-aussi que défendre ses propres rentes, il est inutile à la république démocratique. N'attendons pas les prochaines invasions barbares pour dissoudre ce sénat qui coûte et qui ne sert à rien !