vendredi 28 février - par Jean-Luc ROBERT

Joël Le Scouarnec : Le prédateur en blouse blanche

Joël Le Scouarnec, ancien chirurgien anesthésiste, est l’incarnation même du monstre caché sous une apparence respectable. Pendant près de 30 ans, cet homme a exploité sa position de médecin pour commettre des crimes d’une cruauté et d’une perversité inouïes. Son histoire est celle d’un prédateur sexuel méthodique, d’un pédocriminel obsessionnel, et d’un système qui a fermé les yeux trop longtemps.

Un statut de confiance détourné

Joël Le Scouarnec exerçait dans plusieurs hôpitaux français, notamment à Jonzac en Charente-Maritime. Son statut de médecin lui conférait une autorité naturelle et une confiance aveugle de la part des patients et de leurs familles. C’est précisément cette confiance qu’il a trahie, transformant les salles d’opération en théâtres de ses crimes.

Ses victimes, souvent des enfants ou des adolescentes, étaient dans un état de vulnérabilité extrême, sous anesthésie, incapables de se défendre ou même de comprendre ce qui leur arrivait. Cette vulnérabilité aggravée par la sédation chimique a fait de lui un prédateur particulièrement redoutable.

Un palmarès macabre

Les chiffres associés aux crimes de Le Scouarnec sont vertigineux : 312 victimes, dont une écrasante majorité de mineures, avec une moyenne d’âge de 11 ans. Parmi elles, 111 viols aggravés et 189 agressions sexuelles ont été recensés entre 1989 et 2017. Ces crimes, commis sur une période de trois décennies, révèlent un homme qui a méthodiquement planifié et exécuté ses actes, profitant de l’impunité que lui offrait son statut.

Le silence complice

Malgré des soupçons dès 2005, lorsque Le Scouarnec a été condamné pour possession d’images pédopornographiques, aucune sanction disciplinaire n’a été prise par le Conseil de l’Ordre des Médecins. Cette inaction a permis à ce prédateur de continuer à exercer, mettant en danger des centaines de patientes.

Le scandale n’a éclaté qu’en 2017, lorsqu’une petite fille de 6 ans a courageusement témoigné des agressions subies. Cette dénonciation a ouvert la voie à une enquête approfondie, révélant l’ampleur insoupçonnée des crimes de Le Scouarnec.

Un mode opératoire glaçant

Le Scouarnec ne se contentait pas de commettre des crimes : il les documentait. Dans des carnets intitulés « Quéquette » et « Vulvette », il notait méticuleusement les détails de ses agressions : noms, âges, dates, lieux et actes commis. Ces écrits, d’une froideur calculée, révèlent un homme obsédé par le contrôle et la domination.

Mais ce n’est pas tout. Le Scouarnec collectionnait également des images et vidéos pédopornographiques, classées par thèmes (zoophilie, scatologie, etc.), et entretenait une relation malsaine avec des poupées auxquelles il attribuait des prénoms et des identités. Cette animisme érotisé, où les objets inanimés devenaient des projections de ses fantasmes, témoigne d’une psyché profondément perturbée.

Un profil psychologique alarmant

Joël Le Scouarnec présente tous les traits d’un psychopathe : absence d’empathie, absence de remords, et une capacité à rationaliser ses actes les plus abjects. Son comportement est marqué par une sexualisation compulsive et une identification projective à ses victimes, qu’il cherchait à « posséder » même après les avoir agressées.

Ses tendances voyeuristes et scatophiles, ainsi que son besoin de tout classer et collectionner, révèlent une personnalité obsessionnelle et ritualisée. Pour Le Scouarnec, les victimes n’étaient que des objets, des « poupées » à manipuler pour assouvir ses fantasmes les plus sombres.

Les conséquences judiciaires

En 2020, Joël Le Scouarnec a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle pour les premières accusations portées contre lui. Cependant, face à l’afflux de plus de 300 plaintes supplémentaires, un second procès est prévu pour le 24 février. Cette nouvelle audience pourrait révéler encore plus de détails sordides sur son parcours criminel.

L’impact sur les victimes

Les victimes de Le Scouarnec portent des cicatrices invisibles mais profondes. Beaucoup ont mis des années à briser le silence, confrontées à la mémoire traumatique de ce qu’elles ont subi. Même sous anesthésie, le cerveau enregistre des stimuli sensoriels, et ces souvenirs implicites peuvent resurgir des années plus tard, provoquant des symptômes post-traumatiques.

Le silence complice de certains proches, dont son épouse et ses nièces, a aggravé la souffrance des victimes. Certaines n’ont jamais été crues, leurs voix étouffées par l’autorité et le statut de leur agresseur.

Un système défaillant

L’affaire Le Scouarnec met en lumière les lacunes du système médical et judiciaire. Malgré des signaux d’alarme, aucune mesure n’a été prise à temps pour empêcher ce prédateur de continuer à nuire. Cette affaire rappelle tristement d’autres scandales, comme celui de l’institution Notre-Dame de Bétharram ou les abus commis dans des établissements scolaires, où les institutions ont trop souvent préféré protéger leur image plutôt que les victimes.

Conclusion : Cet homme ne devrait plus voir le jour !!!

Joël Le Scouarnec est bien plus qu’un criminel : c’est un symbole de la manière dont une position de pouvoir peut être détournée pour commettre l’impensable. Son histoire est un rappel glaçant de la nécessité de rester vigilant face aux prédateurs qui se cachent derrière des masques de respectabilité. Pour les victimes, le combat pour la justice et la reconnaissance continue, tandis que la société doit se questionner sur les mécanismes qui permettent à de tels monstres d’agir en toute impunité pendant des décennies.

https://www.jeanlucrobert.fr



10 réactions


  • PaulAndréG (PàG) PaulAndréG (PàG) 28 février 16:24

    « Les conséquences judiciaires
    En 2020, Joël Le Scouarnec a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle... pour les premières accusations portées contre lui. .../... »

    « L’impact sur les victimes
    Les victimes de Le Scouarnec portent des cicatrices invisibles mais profondes... Beaucoup .../... »

    L’auteur doit mal maîtriser les liens hypertexte car les deux figurant dans l’article, au lieu de documenter le propos, pointent vers son site professionnel !


    • Astrolabe Astrolabe 28 février 17:33

      @PaulAndréG (PàG)
             
      Non , c’est un habitué du clickbait et de ses variantes possibles. Il n’en est pas à son coup d’essai ici...
                 

      clickbait [ˈklɪkbeɪt] : « appât à clics »), appelé vulgairement une pute à clics ou putaclic, est un contenu web destiné exclusivement à attirer le maximum de passages d’internautes afin de générer des revenus publicitaires en ligne. Il a pour but de rapporter de l’argent au créateur de l’article. Pour ce faire, celui-ci s’appuie sur un titre racoleur, voire mensonger, et sur des éléments sensationnels ou émotionnels au détriment de la qualité ou de l’exactitude, basculant éventuellement vers la fausse information. Le piège à clics sert à attirer les clics à peu de frais et à encourager le partage de son contenu sur les réseaux sociaux.(wiki)


    • berry 28 février 19:13

      @Astrolabe
      Vous confondez avec Youtube.


  • ZenZoe ZenZoe 28 février 17:04

    ’’Son histoire est celle (...) ’un système qui a fermé les yeux trop longtemps.’’

    Il a bon dos le système ! Derrière le système, il y a des gens, des vraies personnes, qui n’ont pas moufté ou rien fait pour l’empêcher de nuire. Tiens, en voilà quelques-unes :

    Les policiers qui ont aimablement convoqué le chirurgien en décembre 2015 suite à une alerte du FBI en janvier de la même année (soit 11 mois plus tard !), lui donnant la possibilité d’effacer des preuves !

    Les juges qui ont condamné le chrirurgien à du sursis, sans injonction de soins, ni mesure d’éloignement de mineurs. Rien donc.

    Les responsables de l’autorité judiciaire qui ont mis plusieurs mois pour inscrire sa condamnation sur son casier judiciaire.

    Le directeur d’un premier CHU qui l’a néanmoins embauché malgré des alertes d’autres médecins.

    La directrice d’un CHU qui l’a embauché malgré son casier (mis à jour entre-temps). Il était gentil, dira-t-elle.

    La dizaine de médecins de l’Ordre qui ont voté pour lui conserver son droit d’exercer.

    L’épouse, qui savait et n’a rien dit pour préserver son ménage.

    Et d’autres, sûrement....

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  • Com une outre 28 février 17:53

    Notre société ne fait aucun cas des enfants, pas loin des animaux de compagnie dans l’échelle des valeurs de vies. Il n’y a qu’à voir comment les enfants ont été traités pendant le Covid. Un pur scandale qui n’a ému personne, ou si peu de gens. Alors qu’ils servent d’objet sexuels, il n’y a visiblement pas de quoi risquer d’ébranler notre système social selon nos gouvernants, dont certains craignent les éclaboussures avec raison.


    • Jean-Luc ROBERT Jean-Luc ROBERT 28 février 21:40

      @Com une outre
      Merci à vous. Bien d’accord.


    • Phil 28 février 22:06

      @Com une outre
      « Notre société ne fait aucun cas des enfants, pas loin des animaux de compagnie dans l’échelle des valeurs de vies » 
      Commentaire pertinent, merci, on ne peut mieux dire.
      C’est le problème majeur de cette société.


  • colibri 28 février 17:59

    On retiendra le déni de ceux qui ne veulent pas voir le mal , qui ne sont pas dans le réel en pensant que tout le monde est gentil , du coté du bien ..

    sorte de refoulement de ce qu’il est impossible d’imaginer pour certains ? 

    Le comportement de la femme est particulièrement choquant ,insupportable , tout juste si elle ne le défends pas , 

    c’est assez habituel chez les épouses :on veut préserver son couple avant tout , la famille , les apparences ..et même quand tout est découvert cette femme à l’air de le regretter finalement , elle aurait surement préféré que rien ne soit révélé ..

    C’est une position somme toute assez commune dans les couples et les familles de protéger le défaillant , et de minimiser ses exactions ,qu’il soit simple délinquant ou criminel ,la famille cherche toujours à expliquer , excuser , diluer la responsabilité de la brebis galeuse par une enfance traumatisée , un accident etc 

    Je pense notamment à Mathieu Moulinas dont les parents expliquent dans un livre qu’ils n’avaient jamais rien remarqué chez leur fils , pas de comportements déviants ou bizarres , il était très gentil avec ses soeurs , très doux , alors qu’il a violé deux fois de façon barbare et tué une jeune fille de façon cruelle ..Ils cherchent à le disculper et se disculper en affirmant qu’il aurait une maladie mentale (psychopathie) qui le rendrait irresponsable .Ils ne voient pas le monstre..

    Dans l’affaire présente JLS à la question de son fils cherchant une explication affirme n’avoir jamais subie d’agression , il est donc pédo criminel sans raison , il a donc choisit de l’être car il se rendait bien compte du mal qu’il faisait , il s’en excusé à son procès , il a donc une lucidité sur ses actes :

    et c’est sans doute ca la réalité il existe des monstres parmi les humains , des êtres sans affect fait pour le mal , qui savent ce qu’ils font , que rien n’arrêtera à part la prison ou la mort...

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    • Jean-Luc ROBERT Jean-Luc ROBERT 28 février 21:41

      @colibri
      "Je pense notamment à Mathieu Moulinas dont les parents expliquent dans un livre qu’ils n’avaient jamais rien remarqué chez leur fils , pas de comportements déviants ou bizarres

      " Oui c’est vrai.


  • ETTORE ETTORE 28 février 22:39

    «  »«  »c’est un symbole de la manière dont une position de pouvoir peut être détournée pour commettre l’impensable«  »"

    Bien que tout cela relève d’une saloperie mentale de très haut niveau, je ne peux m’empêcher de faire le lien, avec une actualité très présente, avec laquelle cette phrase ci dessus, prend toute la puissance de son édiction .


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