mardi 25 juin - par Patchwork Mental

Journal d’un BAC+5 SDF #51

Mardi 18 Juin 2024

Cette nuit le ciel était dégagé. On pouvait apercevoir quelques étoiles. La lune bien basse sur l’horizon terminait son premier quartier, bientôt elle serait pleine.

Aucune bestiole et aucun bruit à l’exception de cette maudite climatisation. « VuuvuuhVUUUUHvuuh… »

Vers 1h comme presque chaque jour une unique créature met l’ambiance dans la camping… Cette nuit ce fur un ersatz de hennissement provenant du Sud-Est. Du genre émis par un cheval fatigué, essoufflé et enroué, voir étranglé. Pas très bruyant, plutôt lent et ça a duré aussi longtemps qu’une agonie.

Ce matin je me suis fait sortir du sac par une vilaine vague de chaleur accompagnée d’une saleté d’odeur de clope peu avant 8h. Pas la moindre bestiole en vu.

Je viens encore déranger une réunion de travail, mais on me dit que c’est bon. J’installe mon matériel avant d’aller faire ma toilette, et à mon retour elles ne sont plus là.

Encore un moineau qui vient se fracasser sur une fenêtre. Il est un peu sonné mais ça va.

A 10h une autre réunion a lieu dehors.

 

Pour ceux qui me disent qu’on peut aussi gagner de l’argent avec un travail manuel, c’est justement ce que j’essaie de trouver comme nouvel emploi, comme l’indique ma description. Je me lancerai bien à partir de rien, sans formation, mais je n’ai même pas de logement pour entreposer du matos donc bon…

Se « vendre » c’est ce que m’a dit, entre autres, le « conseiller » Pôle Emploi.

 

Le chapiteau devant le Leclerc est en train d’être démonté. Ils y vendaient des trucs pour le jardin. Je me gave de glaces ces derniers jours. Je vais finir par grossir à cause du trop de sucre… Ceci dit c’est à la place des tartes et autres biscuits. J’ai tout de même craqué pour une barquette de framboises françaises.

 

Sitôt rentré des courses, direction la Ressourcerie. Il y en a pour 15min de marche, sous un Soleil de plomb (nan ça va, c’est supportable. Ca y vend de truc restauré et de seconde main. Paraît-il qu’on peut aussi y trouver un emploi, alors sait-on jamais, je vais y déposer mon CV inutile.

 

Chemin fascinant. Sur la route (par terre hein) il y avait plusieurs genre de graffitis de plusieurs couleurs au style… euh… Gothique ? En fait j’en sais trop rien, je ne m’y connais pas du tout dans le domaine. C’était une écriture style Moyen-Age bordée de fioritures piquantes.

Une joggeuse au loin s’avançait vers moi à vive allure, et à moins d’une cinquantaine de mètre s’arrête brusquement pour faire demi-tour au pas de course. L’aurais-je effrayé ? Meuh non, arrêtez donc, les mauvaises langues. Deux cent mètres plus loin elle refait demi-tour. C’est sans aucun doute son chemin d’entraînement.

V’la autre chose… Je viens de me faire dépasser par un fauteuil roulant électrique. Il me semble que j’ai déjà croisé plusieurs fois le gars dessus au camping. Il arrive à marcher debout, mais en traînant la patte.

A la Ressourcerie je n’y trouve aucun vélo. Par contre je prends un drap pour 1.5€, ça aidera peut-être mon dos à survivre un peu plus longtemps. Ils, enfin elles, ne recrutent pas en ce moment. Mais au cas où on m’a proposé de déposer mon CV. Le travail a l’air tranquille en tout cas…

J’ai l’impression que le chemin a été bien plus court que prévu. Tant mieux. Mine de rien le Soleil tapait bien fort.

 

Toujours aucun courrier de réponse. Pas même pour le logement à Lentilly que j’ai découvert. J’ai répondu à une annonce et puis j’ai contacté l’agence, mais toujours rien ! Merde. J’ai une opportunité d’emploi là bas, mais sans logement et sans camping dans le coin je fais quoi ?

 

Deux couples de retraités jouent à la pétanque. Ca fait plaisir de voir des femmes jouer aux boules.

13h15 Ils viennent de terminer. Devinez qui portent les boules bien rangées dans leurs étuis ?

 

Yves l’édenté est aussi dans la dèche. Quasiment aucune ressource, juste une petite aide qui lui permet de survivre au camping. Il souffre avec son genou en compote, et pas d’opération avant plusieurs semaines au plus tôt. Il continue malgré tout de se déplacer à vélo quotidiennement. Son genou ne va pas tenir à ce rythme là.

 

J’ai cru apercevoir un gros écureuil à l’instant, qui fuyait vers la forêt au Sud. Ca me rappel que l’autre jour en allant faire les courses j’ai vu une cigogne survoler la route vers l’Ouest.

 

Le couple de retraités fans de foot est de retour. Cette fois-ci il s’installe dehors, sur la terrasse. Tant mieux pour moi. Pour une fois je suis seul, je touche du bois.

Enfin remarquons qu’avec les fenêtres ouvertes ça ne change rien du tout…

Yves est de retour, après une longue journée de vélo (?). Il s’affale dans le canapé pour regarder le foot.

 

Longue discussion gastronomique avec Yves. Choucroute, Palette à la Diable, pommes de terres sautées, mendiant (l’un des meilleur gâteau au monde), haricots verts moelleux, carottes vapeurs douces, confitures maison, et tout plein de souvenirs d’enfance… *soupir*

Ca m’a donné faim… J’ai à nouveau envie de cuisiner maintenant.

Il se demande aussi ce qu’il va faire avec la pizza qu’il s’est acheté. Le micro-onde risque d’être un mauvais choix, mais c’est ça ou la jeter. Sinon faut tenter le barbecue.

Y a pas à dire, dans le temps on mangeait mieux qu’aujourd’hui. Et tous les produits venaient juste d’à coté. Aujourd’hui on importe du lait de Nouvelle Zélande. C’est ça le « progrès », le « marché » et l’escrologie. Les ouvriers français sont trop chers, alors hop on délocalise chez les exploitants d’esclaves, loin, très loin, on ne les vois pas, alors ils n’existent pas. Et hop d’un coup on a plein de fainéants français en plus ! Par magie !

 

Il est déjà minuit passée. Je vais tester mon nouveau drap cette nuit. Faites de beaux rêves remplis de délices culinaires (en rêves ça ne devrait pas vous faire grossir) ! De toute façon ce n’est pas le fait de manger de la bonne nourriture qui fait grossir, c’est plutôt manger de la bouffe de merde gavée de sucre, de sel et d’additifs qui est mauvais.



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