mercredi 26 juin - par Patchwork Mental

Journal d’un BAC+5 SDF #52

Mercredi 19 Juin 2024

Cette nuit encore on a droit à un ciel sans étoile. Même la Lune qui ne devrait plus tarder à être pleine est cachée par une épaisse couche nuageuse. Cette dernière ne va d’ailleurs pas tarder à relâcher plein d’eau sur la région. Heureusement j’ai pu entrer dans ma tente avant la pluie.

Tôt ce matin, une fois encore, un hélicoptère opérait non loin du camping. Il travaillait probablement à traiter les vignes, je suppose.

Je découvre un oiseau étourdi/mort devant la salle commune. J’essaye de voir s’il est encore en vie. Je tente de trouver son pouls, sans résultat. Je lui verse ensuite un peu d’eau sur le bec et la tête. Il ne bouge toujours pas. Des grattouilles sont aussi sans effet. Bon, finalement je le ramasse et remarque immédiatement que son cou à l’air brisé. Je le dépose dans un coin tranquille dans l’herbe au cas où un miracle lui rendrait la vie qui, je suppose, l’a quitté.

 

Yves rentre d’un de ses innombrables trajets en vélo. Il avait oublié de remettre sa motte de beurre dans le frigo. Résultat elle fondait dans son sac à dos.

 

La vache… J’ai mal au ventre… Je vais m’allonger quelques dizaines de minutes.

 

Je retente de contacter des gens pour un logement. Depuis que ma demande a été complétée et validée je n’ai eu aucun contact, en plus de deux semaines. S’il faut effectivement 11 à 13 mois pour y accéder je crois que je ferai mieux d’aller m’expatrier dans un coin reculé en Russie. J’irai me nourrir de chasse, de cueillette et de cultures.

 

18h Deux allemands et une allemande arrivent pour regarder la télé. C’est pour regarder du foot, en allemand.

Il y a de la fumée partout. Pourtant il n’y a personne au barbecue.

Les allemands sont contents, leur équipe a vraisemblablement marqué un but.

Me voici le jambon du sandwich entre une télé allemande et un ordinateur allemand.

Il est à peine 19h20 que le blockhaus se ferme, effrayant les nouveaux allemands à moitié endormis devant leur match.

Oh non, encore un but, maintenant qu’ils sont à nouveau réveillés ils hurlent de bonheur.

 

L’oiseau est vraisemblablement mort. Depuis tout ce temps il n’a pas bougé.

 

Journée terriblement nulle. Historiquement nulle. Je n’ai rien à écrire.

Ce serait malaisant de parler des nombreux jeunes enfants en très-petites-micro-tenues courant et s’amusant avec de l’eau, n’est-ce pas ? Il paraît qu’il y a déjà assez de sites qui proposent des photos et vidéos pour les pourritures que ça intéresse de façon malsaine.

Pour ça il n’y a étrangement pas de censure hein. Par contre si vos opinions politiques s’opposent à notre sacro-sainte (dés)Union Européenne qui nous mène à la ruine, ou encore à notre divine « Main Invisible du Marché »…

Notez que, promis juré, je l’ai vu lors de la période de confinement, la Déesse Unique « Main Invisible du Marché ». Avec la baisse de pollution atmosphérique les nuages gris se dissipèrent, la laissant visible même en plein jour ! Comment vous la décrire objectivement ? Eh bien prenez un poing fermé, la paume tournée vers le ciel et le majeur dressé vers les étoiles.

 

Ils sont chiants les oiseaux, à répéter inlassablement les mêmes notes, jour après jour.

 

Je vois Yves rentrer à vélo. Il est 21h passée. Il rallume la télé qui vient tout juste d’avoir été abandonnée par les allemands qui sont partis manger. Ils ont laissé les chaînes allemandes en plus.

Après avoir mangé et zappé un peu il est parti dans son confortable Pod pour y dormir. Demain il doit se lever tôt.

 

Je vais peut-être bien aussi me coucher un peu plus tôt aujourd’hui.

Quelqu’un ou quelque chose vient de pousser une chaise de la terrasse. Je ne vois rien du tout puisqu’il fait nuit et qu’il n’y a pas de lumière. Aaaah je sens une effluve de cigarette. Ceci explique cela.

 




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