mercredi 11 février 2009 - par PrivéPublic

Kerviel-S.G. : 3-0 - Abandonnez les poursuites Vite !

Soit, dans l’affaire J Kerviel, sa hiérachie ne savait pas, mais dans ce cas, pourquoi les traders et leurs PDG seraient-ils aussi bien payés s’ils ne maitrisent pas leur métier ? Soit ils savaient, mais dans ce cas, est-ce le moment de faire condamner un lampiste ? Croyez vous Messieurs les PDG de grandes banques qu’en ces temps de crise, alors que les français souffrent comme jamais, vous puissiez à la fois maintenir vos rémunérations bouleversantes, afficher sur la place publique les salaires de vos traders, et plaider que vous ne pouviez pas savoir (à la fois pour la crise, et pour l’affaire J-K) ? Faites profils bas maintenant. Abandonnez les poursuites contre J-K ou cette affaire tournera à votre procès ! Et provoquera un désordre social indescriptible. D’autant que J-K, malgré lui, incarne Robin des Bois !

L’actualité produit des télescopages parfois surprenants.

Dans le match qui semble opposer M Kerviel à son ancien employeur, merci à de grands médias - dont TF1, il faut le souligner - d’avoir pris le risque de braver un des plus gros annonceurs français en présentant cet ancien salarié comme une personne ordinaire tenant un discours sensé et crédible et non comme un apprenti sorcier irresponsable. Que nous apprend M Kerviel ? Non seulement il a obtenu pendant de nombreuses années des encouragement de ses supérieurs qui ne pouvaient ignorer ses méthodes de travail, mais en plus il n’a quasiment pas bénéficié des primes de résultat dont bénéficient ses collègues traders, la faute à son contrat de travail "mal négocié". 1-0 pour J-K, balle au centre.

Au même moment, hasard du calendrier, alors que le pouvoir d’achat et le moral des français prennent la gîte, on nous annonce justement que les grandes banques françaises ont décidé de remettre à plat le mode de rémunération de leurs traders, leurs intervenants sur les marchés financiers. Et c’est là que les français découvrent avec stupeur que des "cadres moyens" perçoivent depuis des années des bonus, en plus de leur fixe, qui se comptent en centaines de milliers d’euros voire en million d’euros. Est-ce le bon moment de mettre ce sujet sur la place publique et de citer de tels chiffres ? On peut comprendre que le commun des mortels, qui n’a jamais vu le commencement du début d’une telle somme, puisse se sentir floué par un système où la crise a été alimentée par une bulle financière, elle même le fruit d’une activité débridée sur les marchés, amplifiée par une corporation à côté de laquelle la SNCM, les NMPP ou Sud PTT n’auraient rien à envier au plan du ratio "bazar global pour la collectivité/nombre de personnes actives dans le club" (je propose d’appeler ce ratio le facteur J-K en hommage à M Kerviel). 2-0 pour J-K, balle au centre (non seulement J-K a surperformé par rapport à ses collègues, mais en plus il ne faisait pas parti du club des bien payés et c’était un bon petit soldat).

A quelques semaines près, il n’était question que de la formidable rémunération de dirigeants de grandes entreprises, et plus particulièrement la rémunération de PDG de grands groupes bancaires. Donc au moment ou nos conciyoyens se demandent comment limiter le superflu puis l’essentiel, on apprend que de grands dirigeants de groupes bancaires se font tirer l’oreille pour revoir à la baisse leur rémunération au delà du million d’euro. Rappelons que ce ne sont que des dirigeants nommés, et s’ils sont devenus actionnaires de leur entreprise, c’est plus le fruit d’un avantage en nature lié à leur fonction (les stocks options) que la conséquence d’un risque capitalistique encouru (or le capitalisme à la mode parachute doré, c’est moins risqué comme chacun sait). Donc, si je suppose que la crise que nous traversons est la conséquence d’une bulle financière, d’une bulle sur les matières premières et surtout de l’aveuglement de tous ceux qui ont cru que leurs édifices grimperaient jusqu’au ciel, banquiers y compris,aujourd’hui j’entends ces mêmes PDG de grandes banques qui affirment qu’ils ne pouvaient pas savoir pour la crise. Or comme ils utilisent la même défense pour se dédouaner de toute responsabilité dans la crise (nous ne savions pas, c’est la faute aux américains, il y avait des escrocs dans le lot et nous sommes nous aussi victimes) que ce que la SG utilise pour charger J-K, et comme je pense que J-K est un homme sensé et de bonne foi, je vais finir par croire que les grandes banques portent une part de responsabilité dans la crise. 3-0 pour J-K, balle au centre.

Nous vivons dans un pays formidable. Mais un pays qui a la Gueule de bois, encore sous le coup de la très récente crise qui est aujourd’hui tellement évidente, là où personne n’en pipait mot il y a six mois. Cette crise donc crée des tensions, de la précarité, de la détresse, et ceux qui ont encore un job se demandent s’ils ne vont pas le perdre dans quelques mois. Comment tous ces gens respectables doivent-ils réagir quand on leur parle des salaires des PDG des grandes banques, ou de leurs salariés de haut vol ?

Notre pays formidable a mis a son fronton l’égalité. Egalité devant la loi peut-être, mais égalité quand même. Comment les français doivent-ils réagir quand ils voient de tels écarts de traitement entre ceux qui ont contribué à ce bazar et ce que leur réserve le quotidien ? Lorsque l’affaire entre J-K et son ancien employeur fera la Une de l’actualité, et que seront ressasés à l’envie tous ces chiffres, toutes ces rémunérations hallucinantes, toutes ces sommes évaporées en quelques heures, quand le lampiste sera montré du doigt par ses pairs et ses supérieurs, comment vont réagir les français ? Ne pensez vous pas que les franges les plus extrêmes de notre démocratie ne pourrait en profiter pour désigner les vrais coupables au sond de la carmagnole ?

Amis lecteurs, je ne veux pas vous faire pleurer. j’ai une petite boîte, je m’en sors malgré les grèves des postes. Je ne vous demande pas de croire que je suis scandalisé devant cet étalage de rémunérations scandaleuses - vous ne me croiriez pas mais c’est pourtant la vérité.

Je ne vous dirais pas que les banquiers sont responsables de la crise que nous traversons, mais il faut reconnaître :

  • qu’ils étaient mieux placés que quiconque pour anticiper la catastrophe
  • qu’ils ont été aveugles trop longtemps
  • surtout qu’ils ont failli dans leur obligation de conseil (voyez la catastrophe qu’encourrent les collectivités locales aujourd’hui grâce à tous les produits toxiques que leurs banquiers leur ont distribué !).
Quand on est aveugle aussi longtemps, à ce niveau de responsabilité, on se démet ou on va à Canossa. Et pour Canossa, deux pistes : au minimum, fichez la paix à J-K. Au pire, sacrifiez pour quelques temps vos plantureux salaires car vous n’êtes pas irréprochables.

Ma demande ? Abandonnez SVP toute poursuite contre J-K s’il en est encore temps. Peu importe qui a raison, qui a tort, l’opinion va penser que sa hiérarchie savait. Si c’est le lampiste qui paye, ce sera encore un argument de plus pour susciter l’incompréhension des français. Et si les banquiers plaident l’incompétence, pourquoi de telles rémunérations ? Voulez-vous vraiment attiser le feu de tous ceux qui, en ces temps de crise, soufflent sur les braises pour suciter le désordre. Vous savez combien ça gagne, un cheminot après 25 ans de carrière ? Et le prix de la baguette et le coût d’un ticket de métro, à votre avis, c’est combien ?

Ma deuxième demande ? Que le Medef et les dirigeants des grandes banques ne prennent plus position publiquement sur ce sujets des rémunérations disproportionnées, sinon pour accepter une amputation brutale de leur propre rémunération. Réhabiliter l’entreprise, c’est notre rôle à tous. Vous ne nous aidez pas dans cette tâche.

Au passage, je comprends et j’applaudis que le Président de la République demande des comptes à ces PDG. Il est d’abord le gardien des institutions.

Comment voulez-vous demander à des fonctionnaires, des employés, des ouvriers, d’accomplir leur part de l’effort collectif si quelques golfeurs chevronnés continuent à affirmer leur incompétence au tribunal (pour J-K, ils ne savaient pas) et expliquer que leur rémunération ne regarde que leur conseil d’aministration et leurs actionnaires ! Messieurs les PDG des grandes banques, la crise vous a-t-elle rendus fous ?

La crise que nous subirons en 2009 n’aura pas connu d’équivalent sur les 100 dernières années. Des collectivités locales pourraient se retrouver en cessation de paiement, des industriels dans l’obligation de faire appel à l’état encore et encore, des pays voisins dans une situation apocalyptique. Nos finances publiques seront sans doute plus dégradées que jamais depuis la guerre. Tout le monde devra brutalement se serrer la ceinture. Y compris les mieux lotis.


Vous partagez mon analyse ? Parlez-en à votre banquier ou contactez son ancien employeur pour lui faire part de ma demande.

PS : je ne fais partie d’aucun comité de soutien de J-K.

P.S : Merci encore à TF1 d’avoir diffusé le dimanche soir l’interview de J-K. Le prédécesseur de M Paolini ne nous avait pas habitué à ce genre de familiarités avec les annonceurs.



9 réactions


  • azerty1710 11 février 2009 11:37

    "J-K est un homme sensé et de bonne foi"

    Et quand il bidouille de faux documents pour leurrer ses collègues, vous appelez cela de la "bonne foi".

    En fin d’interview, il se la joue modeste et se présente comme "Mr Nobody". Par contre dans ses échanges privés avec son courtier , il écrivait : "Ca va montrer la puissance Kerviel". Vous ne sentez pas le parfum de mégalomanie dans ces propos ?


    • non666 non666 11 février 2009 15:29

      Vu les ontroles informatiques en interne( dans la banque) et en externe (sur chacun des marchés) il est IMPOSSIBLE que la hierarchie n’ait pas été informé, ni quand tout allait bien, ni quand tout s’est effondré.

      Si on pouvait ainsi "truquer" des comptes, n’importe quel escroc aurait pu, depuis longtemps, se faire des couilles en or avec le système.
      Quand Kerviel gagne, personne ne se pose la question des moyens de sa reussite.
      Tout gain hors norme suppose des prises de risque hors norme.

      Donc kerviel est mis a mort, parce qu’il a perdu et que du coup, tous les procédés dont les banques usent et abusent les banques (effet levier , speculation avec les actions des clients en depot, contre-ordre pour masquer le bilan) apparaissent au grand jour.
      Ils allument le contre feu("il nous a abusé" !) uniquemùent parce que si ils n’hurlaient pas avec les loups, la foule en colère se poseraient de vraies question sur la gouvernance interne des banques et les autorités de controle.

      D’ailleurs, apres la affaire kerviel, Sarkozy et Lagarde avaient bien hurlé , non.
      "On va controler tout ca et patati et patata...."
      6 mois apres : meme chose chez l’ecureil , chez madoff, chez toutes les banques....


    • PrivéPublic 11 février 2009 16:06

      Ce n’est pas un saint. Il n’a pas respecté les procédures. ceux qui respectaient les procédures n’ont jamais fait de prouesses.A l’inverse de ceux qui contournaient les règles et faisaient prendre des risques à leur employeur en utilisant des techniques de type casino (je mise 50, je perds, zut. je mise 100, je reperds, zut. je mise 200, je gagne ouf je me refais. je remise 50, etc.).

      Au casino, ces techniques sont interdites et impossibles. Et on voudrait nous faire croire qu’elles seraient possibles dans la banque et indetectable par les limiers des controles des risques ?

      Si le back office de la banque en question avait voulu interdire ces pratiques litigieuses, nul doute qu’ils auraient pu le faire. si le seul critere de mesure, c’est le montant cumulé des engagements pris par le trader dans la journée, rien de plus facile à controler, on identifie toutd e suite celui qui joue avec des KE, celui qui joue avec des millions d’euro et celui qui joue avec des centaines de millions. Pas besoin d’outils sophistiqués, juste un cumul des positions. je rappelle de surcroit que TOUTES les conversations tel des traders sont enregistrées et sont écoutées par échantillon.

      Quand votre organisation vous incite à faire du résultat, et que personne n’est dupe sur l’unique façon de faire du résultat (jouer gros souvent), cela n’excuse pas J-K, mais cela ne peut pas dédouaner sa héirarchie.


  • Ranjo 11 février 2009 12:17

    kerviel a fait des cagades , il faisait son metier et a peut etre fait une faute professionnelle.

    les dirigeants des banques qui n’ont pas fait leur travail, se sont gavés comme des gorets avec leur copains pendant des années, ont mis par leur incompetence incommensurable le monde entier en faillite , on jetés des millions de gens au chomage et dans la misere, obligent les etats a faire exploser la dettes publique


    le premier va en prison, les autres ne sont même pas licenciés, sarkozy n’a meme pas le courage de leur limiter le salaire ! alors qu’ils ne devraient plus avoir de salaire !!!

    PS si leur salaire de ces parasites est justifiable comme le clame partout le medef ca sous entend que 50% des francais qui gagnent moins de 1500 euros ne sont que des sous merdes qui ne foutent rien puisqu’ils gagnent 300 fois moins ! et 45 % de plus des merdes !


    • geko 11 février 2009 15:48

      L’histoire de J.Kerviel c’est un peu l’histoire de Henri Rainier(alias JL Trintignant) dans "L’argent des autres".

      Les véritables pourris sont bien au chauds et fourniront les preuves de la culpabilité de Kerviel au tribunal !


  • zelectron zelectron 11 février 2009 12:42

    Si Kerviel avait les moyens de la Generale, ce serait un procès d’enfer !


  • foufouille foufouille 11 février 2009 13:00

    kerviel doit aller en taule ............. avec tout ses potes et les gros pdg
    ca fera de la place


  • Mouche-zélée 11 février 2009 19:47

    Kerviel est le pur fruit de la morale capitaliste, gagner plus pour, consommer plus, peu importe les conséquences, peu importe la finalité ...
    Pour quoi faire au fait ?
    Pour consommer plus et c’est tout...
    Pas pour une meilleure qualité de vie, ni une meilleure éducation, ni une meilleure démocratie.
    Juste consommer pour consommer . SUPER

    Si quelqu’un dit pouvoir "moraliser le capitalisme" je l’envoie chez les malades mentaux pour voir s’il pourrait moraliser quelqu’un de très malade mentalement.  smiley


    • PrivéPublic 12 février 2009 08:31

      Bonjour Mouche Zélée,

      Pour l’affaire J-K, c’etait son métier. Il devait "jouer" en bourse ou sur les marchés. Pas gagner plus pour consommer plus mais faire gagner son employeur car c’était ce que son employeur lui demandait. Et J-K était d’accord.

      En revanche, pour la crise, le krach, l’effondrement des banques, ok, vous avez raison. Le système était corrompu par la recherche débridée du profit, et le transfert des risques aux confrères.

      Cordialement


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