samedi 5 décembre 2020 - par Paul ORIOL

L’accent

 

La nomination d'un premier ministre à l'accent méridional a fait connaître à beaucoup la glottophobie. Mais la discrimination par l'accent n'est pas récente. Il y a quelques dizaines d'années le président Vincent Auriol...

Ci-après un article sur une expérience personnele déjà publié en 2009. Je n'ai pas changé une virgule. J'ai seulement ajouté 2 photos.

L'accent

Dans mon souvenir, j'ai eu "l'accent", pour la première fois quand je suis allé en sanatorium à Palavas (les flots) pour redresser ma colonne vertébrale qui, d'ailleurs, est restée tordue. On retrouvait là, à Saint Pierre, des enfants de toute la France. Avec des problèmes de colonne vertébrale. De toute la France, pour la première fois, "je sortais du midi". Jusque là,les Parisiens avaient un accent, les gens du nord avaient un accent et les Marseillais. Nous, non. Et je me souviens de la première Tourangelle que j'ai rencontrée qui prétendait avoir le bon accent, parler le bon français et qui disait "vas-y pas"... Cela leur valait des "Parisiens, têtes de chien, Parigots, têtes de veau"...

A Palavas, la grande distraction était de me demander  :

- Comment tu appelles le truc de cocagne auquel il faut monter pour gagner un lot ?

- Un "mattt" de cocagne.
Eclat de rire généralisé :

- C'est un "ma" de cocagne.

- Et comme s'appelle la reine d'Angleterre ?

"Elisabé".
Eclat de rire généralisé :

- C'est "Elisabett".

Depuis mon accent a fait l'objet de multiples commentaires quasiment journaliers.

A la télévision, seul Roger Couderc est devenu journaliste vedette "accentué" parce qu'il commentait les matchs de rugby avec une certain nationalisme sympathique (forcément) franchouillard : "Allé les petits". Il faut ajouter les journalistes de la météo. Mais à une époque où on parle de diversité, s'il est impossible d'être journaliste de télévision et noir, il est impensable d'être journaliste de télévision ou de radio avec un accent méridional ou alsacien ou...

Bien sûr, "l'accent" est ridicule au cinéma. Seuils l'ont les gendarmes, les douaniers, toujours imbéciles... Pour reprendre un mot connu : "Quand on est cocu avec l'accent de la télé ou... c'est un drame. Quand on est cocu avec "l'accent" ce ne peut être qu'une comédie".
Si un film se passe dans le midi, dans le meilleur des cas, les comparses ont l'accent local et les héros, l'accent "normal" ! C'est notamment le cas d'un film de Paula Delsol qui a, encore, Palavas pour cadre : "La Dérive" (1964).

Seuls les Marseillais, avec Pagnol et quelques autres sont arrivés à créer des drames "accentués". Dans "La vieille femme indigne" (1965), René Allio fait dire à la Vieille femme : " Mon fils est parti pauvre et avec l'accent et revenu riche et sans accent". Ce qui correspond bien à la volonté (à la nécessité ?) de perdre l'accent méridional pour avoir la promotion sociale.

C'est ce que pensait ma mère : "Tu le fais exprès de garder l'accent (bien entendu, elle l'avait aussi), regarde Gérard, il ne l'a pas comme toi". Gérard est un copain d'enfance, nous nous suivons depuis la 6ème. Nous sommes médecins tous les deux. Et il a l'accent méridional, pas le même que moi et probablement plus "classe" pour ma mère. Il a fallu que j'écoute Gérard pour m'assurer qu'il l'avait bien... Je n'avais jamais fait attention à la question. Pour ma mère, la promotion sociale passait par le métier, la voiture, les signes extérieurs de richesse et la perte de l'accent !

Il est toujours difficile de parler de l'accent de celui qui vous parle du votre. L'accent c'est toujours l'accent des autres. Et des minoritaires. Beaucoup soutiennent qu'ils n'ont pas d'accent. Quelquefois je suis amené à leur dire que seuls les muets n'ont pas d'accents. Mais je n'en suis pas sûr. Le langage des singes lui aussi doit être accentué !

Durant mes études nous avions fait, dans le cadre de l'AGET (Association générale des étudiants de Toulouse) des échanges avec des étudiants italiens. Un jour, une Italienne me dit : " Comment se fait-il que vous les Français quand vous parlez italiens vous le faites avec l'accent français alors que nous, quand nous parlons français nous ne le faisons pas avec l'accent italien ?". Il m'a fallu lui demander de répéter pour vérifier qu'elle parlait évidemment avec un fort accent italien que je n'avais pas remarqué parce que cela me paraissait tellement naturel.

Récemment, une amie que j'ai connue quand elle est arrivée de Roumanie, m'a parlé de son accent. Médecin, elle travaille pour un grand laboratoire international. Elle prend la parole devant des assemblées de médecins et, à plusieurs reprises, on lui a parlé de son accent. Ce qui semble commencer à l'irriter dans sa volonté d'intégration (?). Bien qu'elle soit française désormais, qu'elle parle correctement le français, elle conserve un accent roumain atténué (elle reprend pleinement l'accent roumain quand elle parle roumain). Je me suis contenté de lui faire remarquer que la grosse différence entre nos accents est que le sien était légitime. Elle est, il est d'origine étrangère. Le mien non. Elle est une femme et ce qui, dans une assemblée quelconque serait ,aussi handicap, ne l'est pas ici ou l'est moins du fait du choix du laboratoire. Elle le sait très bien, elle qui en joue et n'a pas la même tenue à la ville que lors de ses interventions (c'est elle qui le dit), elle sait qu'elle est en représentation. De plus quand elle prend la parole devant une assemblée de médecins au nom de son laboratoire, elle est légitime d'entrée car son laboratoire l'a mandatée et garantit sa compétence.
Ce qui dans la vie quotidienne est un handicap l'est beaucoup moins ici ou ne l'est pas. Quand une femme prend la parole dans une assemblée de façon anonyme, ou une personne qui a "l'accent", il faut passer la barrière.

Quand j'étais étudiant, c'était l'époque de la guerre d'Algérie, nous parlions beaucoup de politique. J'avais sympathisé avec un condisciple qui était de Bordeaux, chabaniste, j'étais socialiste mendésiste. Un jour, il me dit : "Au début avec ton accent, je t'ai pris pour un con". Le charmant et honnête homme. Et nous étions à Toulouse. Il a été le seul à me le dire. Mais combien l'ont pensé ? Peut-être ont-ils pensé que leur premier jugement était le bon. Toujours, il a été le seul à me le dire.

Plus récemment, j'ai été amené à prendre la parole devant la Convention sur l'avenir de l'Europe, sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing. Après l'audition des représentants du mouvement associatif, le président nous a invité au pot de l'Amitié. Nous nous y rendons. Le président m'aborde : " C'était très intéressant ce que vous avez dit. D'ailleurs, vous parlez très bien le français, de quelle nationalité êtes-vous ?" Inutile de dire que comme ceux de tous les intervenants, mon texte était bref et avait été rédigé par un collectif d'associations. Que son contenu n'intéressait en rien le président qui avait eu la condescendance de nous écouter. Ce qui l'avait intéressé, c'était mon accent "étranger".

Cela me ramène à une distribution de tracts à la gare de Versailles Rive droite. Des tracts en faveur des travailleurs sans papiers. Une dame, charmante, s'arrête pour contester le contenu du tract. Discussion très courtoise. Et tout d'un coup, ça dérape. "D'ailleurs, vous même vous ne devez pas être français". Après lui avoir rappelé que mon grand père était mort à la guerre de 14 (je n'ai pas signalé que mon autre grand père était espagnol) et que mon père avait été prisonnier en 40, je me suis contenté de lui faire remarquer qu'il n'était pas nécessaire de gratter beaucoup pour faire apparaître un racisme de bon ton.

C'est ce même racisme qui perce derrière les moqueries amicales de certains copains, d'ailleurs beaucoup plus doués que moi pour faire des imitations. Mais ce copain qui se moque de moi en m'imitant très bien, je crois, imite aussi bien un Noir ou un Maghrébin (même si tous les Noirs et tous les Maghrébins n'ont pas le même accent). Mais je ne l'ai jamais vu imiter un Noir devant un Noir ou un Maghrébin devant un Maghrébin, ce qu'il fait, par amitié, avec moi, devant moi. Où est le racisme, ou le paternalisme ?...

Anne a enseigné le français en Algérie de 1965 à 1972. Lors de sa première inspection elle obtient une bonne appréciation accompagnée d'une remarque : "J'aimerais que madame ne transmette pas son accent à ses élèves" ! Faut-il interdire aux personnes qui ont un accent "minoritaire" d'enseigner le français ?

Christian est professeur d'anglais. La remarque ne vient pas cette fois d'un inspecteur. "Comment fais-tu pour enseigner l'anglais avec cet accent ?" Il semble qu'il y a un accent français qui prédestine à l'enseignement de l'anglais !!! Peut-être faudrait-il réserver aux occitans les professions de gendarmes et de douaniers, imbéciles de préférence.

Mon nom aidant, à l'époque tous les jours et aujourd'hui seulement avec quelques vieux qui ont encore de la mémoire : " Ah, Vincentttaurriol !!!"... Lors de son élection à la présidence de la République, René Coty a prononcé cette phrase magnifique : "A partir d'aujourdhui, je prends fermement parti de ne plus faire parti d'aucun parti politique". Dans mon souvenir, personne n'a éclaté de rire. Et le lendemain un parti, je ne sais lequel, était déjà parti. (Et je ne me souviens pas qu'à l'époque, le fait que René Coty ait voté les pleins pouvoirs à Pétain en 40 ait été souligné. Je l'ai appris ces jours-ci par la presse). Mais "Vincenttttaurriol" persiste encore.

Inutile de parler de Fernandel , comique troupier accentué, qui a pu cependant jouer des drames.

Pour récompenser ceux et celles qui ont eu le courage de lire jusqu'ici, voici le poème de Miguel Zamacoïs (1866-1955) que Fernandel récitait à l'époque.

L'accent

De l'accent ! de l'accent ! Mais après tout en ai-je ?
Pourquoi cette faveur ? Pourquoi ce privilège ?
Et si je vous disais, à mon tour, gens du Nord
Que c'est vous qui nous semblez l'avoir très fort,
Que nous disons de vous, du Rhône à la Gironde
"Ces gens là n'ont pas le parler de tout le monde !"
Et que tout dépendant de la façon de voir,
Ne pas avoir l'accent, pour nous, c'est en avoir...
Eh bien ! non, je blasphème ! Et je suis las de feindre !
Ceux qui n'ont pas l'accent, je ne peux que les plaindre !
Emporter de chez soi les accents familiers,
C'est emporter un peu sa terre à ses souliers,
Emporter son accent d'Auvergne ou de Bretagne,
C'est emporter un peu sa lande ou sa montagne !
Lorsque, loin du pays, le coeur gros, on s'enfuit,

L'accent ? Mais c'est un peu du pays qui vous suit !
C'est un peu cet accent, invisible bagage,
Le parler de chez soi qu'on emporte en voyage !
C'est pour les malheureux à l'exil obligé,
Le patois qui déteint sur les mots étrangers !
Avoir l'accent enfin, c'est chaque fois qu'on cause
Parler de son pays en parlant d'autre chose...
Non, je ne rougis pas de mon fidèle accent !
Je veux qu'il soit sonore, et clair, retentissant !
Et m'en aller tout droit, l'humeur toujours pareille,
En portant mon accent fièrement sur l'oreille !
Mon accent ? Il faudrait l'écouter à genoux !
Il nous fait emporter la Provence avec nous,
Et fait chanter sa voix dans tous mes bavardages
Comme chante la mer au fond des coquillages !
Ecoutez, en parlant, je plante le décor
Du torride midi dans les brumes du Nord !
Mon accent porte en soi de terribles mélanges
D'effluves d'orangers et de parfums d'orange ;
Il évoque à la fois les feuillages bleu-gris
De nos chers oliviers aux vieux troncs rabougris,
Et le petit village où les treilles splendides
Eclaboussent de bleu les blancheurs des bastides !
Cet accent là, mistral, cigale et tambourin,
A toutes mes chansons donne un même refrain,
Et quand vous entendez chanter dans ma parole
Tous les mots que je dis dansent la farandole !

Ce poème à 15 ans (?) nous le savions par coeur. Même si depuis nous l'avons un peu oublié car nous en avons assez d'entendre faire le lien entre l'accent, le beau temps, le farniente, pour ne pas dire plus, et les vacances.
Combien de fois après avoir réagi à une remarque concernant mon accent, l'interlocuteur pour désamorcer la querelle se réfugie derrière  : " Il es beau votre accent, il rappelle les cigales et les vacances".
J'ai vraiment de la chance, je suis un homme perpétuellement en vacances. Peut-être les autres sont-ils en vacances en m'entendant. Moi ne n'y suis pas car je ne m'entend pas.


 
L'accent


27 réactions


  • Clark Kent Séraphin Lampion 5 décembre 2020 10:09

    Je n’étais pas là le 2/12 pour vos 85 ans.

    Bon anniversaire.


  • Paul ORIOL 5 décembre 2020 10:44

    Merci


  • Gégène Gégène 5 décembre 2020 10:54

    visiblement, Castex a le rôle du parfait abruti (dixit Régis de Castelnau que je plussoie). seul le regard est intelligent... smiley

    est-ce surjoué ou naturel, voilà la question. mais de méchantes langues assurent que son accent s’est renforcé depuis son accession à son poste actuel !


    • Fergus Fergus 5 décembre 2020 13:03

      Bonjour, Gégène

      Je ne crois pas que Castex soit pénalisé par son accent. Son image était d’ailleurs plutôt bonne à son arrivée, une fois qu’il a été un peu mieux connu des Français. Si cette image s’est dégradée ensuite, ce n’est pas du fait de son accent, mais de ses âneries à répétition.

      En réalité, il est probable que ce vieux routier à accent a été mis en place par Macron pour brosser les élus locaux de province dans le sens du poil.


  • McGurk McGurk 5 décembre 2020 11:43

    Un accent inhabituel est toujours le bienvenu de manière ponctuelle.

    Notre Premier Toutou national n’est pas moqué pour son accent mais pour sa tête de fonctionnaire, sa servilité et sa vacuité.

    PS : quel est ce château (1ère photo) ? dont on retrouve d’ailleurs des images dans Les visiteurs.


  • Albert123 5 décembre 2020 11:55

    le problème de castaner et de castex c’est pas leur accent, c’est juste qu’ils sont complément cons, 

    en fait c’est même un argument typique du con de toujours croire que le rejet des autres se fait en raison de leur sexe, de leur couleur de peau, de leur appartenance ethnique et religieuse ou de leur orientation sexuelle alors qu’il n’est en fait que question de leurs capacités intellectuelles et du manque de légitimité qu’ils ont, du fait de leur intellect limité, d’être à des postes pareils.

    Le point commun de Sibeth Ndaye, de Schiappa, de Castex, de Castaner et des Atal et compagnie, c’est pas d’être noirs, homos, juifs, femmes ou d’avoir des accents mais d’être cons comme leurs pieds.


    • Fergus Fergus 5 décembre 2020 13:06

      Bonjour, Albert123

      « c’est même un argument typique du con de toujours croire que le rejet des autres se fait en raison de leur sexe, de leur couleur de peau, de leur appartenance ethnique et religieuse ou de leur orientation sexuelle »

      Un grand classique du « con » : tenter de se persuader  et parfois le clamer haut et fort  que c’est sa différence qui est visée et non sa connerie.


    • velosolex velosolex 5 décembre 2020 15:20

      @Fergus
      Un imbécile qui dit une connerie avé l’accent, sera susceptible de rencontrer malgré tout un courant de sympathie, voir de soutien. Alors que la même sortie, dite d’un ton neutre, sera réprouvée. 
      Ne pas confondre glottophobie, vocable nouveau dans le paysage médiatique, à but de diversion, et sans doute d’édition de traités et d’ouvrages sur la question, avec la glottophagie, qui caractérise la capacité d’une langue a absorber les autres. 
      A ce titre, on peut dire que notre pays se distingue, sans que personne n’en parle, même avec l’accent. L’accent n’étant qu’une régression d’une langue, son dernier vestige, adapté à la nouvelle qui l’a supplantée. 
      La France n’a toujours pas ratifié la charte européenne des langues régionales.

      Ainsi à l’époque où l’on veut conserver n’importe quelle babiole, et où l’on détermine des périmètres sécurisés, à chaque fois qu’on exhume un bout de poterie, et qu’on invente de nouveaux complexes de stigmatisation, sur fond de victimisation surjouée, on cherche à tuer ce qui reste des langues primaires, ayant existé parfois avant le Français, et d’origine non latine, comme le Basque ou Le Breton.
      Voilà le vrai scandale


    • delor 6 décembre 2020 05:08

      @Fergus
      Bonjour,
      Peut-être parce qu’il s’agit de la « connerie » d’un groupe de personnes bien déterminé, « connerie » différente de l’ensemble des autres personnes.


    • Clark Kent Séraphin Lampion 6 décembre 2020 08:53

      @delor

      « le problème de castaner et de castex  »

      ce n’est pas par hasard sir les deux patronymes ont pour étymologie la « châtaigne » (castanha), qui a donné la « castagne », la bagarre : les invectives et les coups leur tiennent lieu d’arguments.


  • babelouest babelouest 5 décembre 2020 12:07

    L’accent ? Natif de la rive sud de la Sèvre Niortaise, je sais ne pas avoir celui des natifs du nord du même fleuve. Ce n’est pas encore l’accent occitan, oh non ! C’est celui, sans doute avec de subtiles différences, de Goulebenèze Cela ne m’a pas empêché d’être ami avec un autre poète patoisant, Yves Rabault.. Maraîchin, je parlais déjà d’une façon différente de lui, plainaud. Ne serait-ce que cette tendance à mettre en « é » ce que d’autres au nord mettraient en « è ». Subtilités....

    A l’armée, je me souviens d’un ami très sympathique, qui abordait tout le monde, y compris les gradés avec un « eh coonnng » : parfois des sous-officiers jeunes et n’y connaissant rien aux subtilités le prenaient assez mal, mais les anciens et les officiers plus souples calmaient le jeu. Plus ouvert que cet homme-là, je ne connais pas.

    Une amie, vraie parisienne à la mode d’il y a cinquante ans, ne renie pas son accent proche un peu de celui d’Arletty. Je pense, une fois de plus, que le plus « neutre » se situe dans les bords de Loire.

    .

    Quant à la possibilité d’accueillir des « migrants », je pense vraiment qu’il faut se soucier qu’il n’y en ait pas : quitter son lieu de naissance est un arrachement, qui influe sur l’avenir de la personne, et l’amoindrit au moins provisoirement. Bien entendu, c’est la position inverse des mondialistes qui s’ingénient à ne devoir s’adresser qu’à des déracinés, y compris parmi ceux qui, ballottés de toutes parts, n’ont déplacé leur logement que de quelques kilomètres.


  • Fergus Fergus 5 décembre 2020 12:59

    Bonjour, Paul

    Très bon article. Et merci à vous pour ce poème que je ne connaissais pas et que j’ai pris plaisir à lire.

    A toutes utiles, je mets ici en lien un article que j’ai rédigé en juin sur le même sujet : Une discrimination peu connue : la « glottophobie ».

    Merci également pour ces photos de Carcassonne, une très belle ville  merci Viollet-le-Duc  qu’il vaut mieux visiter au printemps ou en automne.


  • velosolex velosolex 5 décembre 2020 14:22

    L’auteur a une complaisance certaine a se mettre en scène, ce qu’il devrait éviter, qu’il soit médecin ou pas, et ayant patronné des conférences ou non. C’est un obstacle à la communication. Au moins, comme l’exemple vivant de Castex, jouant avec un grande complaisance de son personne de pays d’oc, on comprend ainsi que l’accent n’est absolument pas un instrument de discrimination sociale. Contrairement à ce que l’auteur dit, je pense que bien des acteurs ont fait fortune avec cette vieille ficelle, comme Fernandel, surjouant l’accent de Marseille. Qu’un enfant fasse rire les autres par son accent, et sa non conformité de langage n’étonnera personne. Rien à voir avec un harcèlement méchant, tenant à une difformité physique. Quand le verbe étonne, et n’est pas conforme à l’usage commun, se produit ce décalage, propice au rire quasi réflexe.

    Ma mère parlait Normand, mon père Breton, si bien que ma façon de parler amenait souvent le rire. Mais jamais je ne l’ai senti offensant. Mais plutôt valorisant ma personne, amenant à parler de ma singularité. Peut être bien que tout est dans le ressenti, plus que dans le regard des autres qu’on interprète selon ses propres potentialités, et le refus d’une victimisation un peu facile, comme c’est actuellement la mode....

    On observera que Jane Birkin n’a rien perdu après un demi siècle cet accent British qui fait la moitié au moins de sa légende. C’est sans doute qu’elle en est consciente, et l’entretient. C’est le même phénomène pour tous les accents régionaux, qui d’ailleurs, comme tout ce qui appartient à la province, à la langue, autant qu’à la cuisine et aux usages, bénéficient au contraire de ce que voudrait affirmer ce pseudo front de lutte contre une stigmatisation inventée de toute pièce, un vrai retour de sympathie.

    Nous sommes très loin de l’époque où le provincial, mot chargé d’un sens méprisant, voyant les neuf dixième du territoire en pays de ploucs, ( du breton ; Plou ; lieu d’implantation des populations britanniques) était systématisé comme un bas du front. Villon c’est vrai disant en se moquant, « qu’il n’était que de bons becs qu’à Paris »....


  • velosolex velosolex 5 décembre 2020 14:46

    Donc, pour moi l’apparition de cette « glottophobie » s’apparente à une escroquerie, à une envie de faire du buzz, comme on dit, avec l’accent tweeter. Car jamais comme maintenant il n’y a eu si grande tolérance avec le langage, et l’hystérisation, de façon générale, bien que je ne relie pas l’un à l’autre forcément, sauf quand il est délibérément exagéré. 

    Le film, très matois, par exemple ’bienvenue chez les ch’tis, marque l’esprit de revange du provincial détourné vers la fonction commerciale. Le producteur avait très bien senti le retournement d’époque. Non, ce qui est discriminant maintenant, ce n’est plus la façon de parler, à travers l’accent qu’on aurait ou pas, mais plutôt sa capacité de s’exprimer, et d’écrire, de s’emparer des éléments critiques du langage pour défendre sa cause, et donner une image valorisante de soi.

    (Inutile de parler de la discrimination la plus évidente, liée à la fortune, mais sans doute cette « glottophobie » surjouée, s’apparente à un leurre, pour détourner le regard critique de l’objet du scandale

    L’accent, c’est la lavande et le thym...Rien de plus rafraichissant, plongeant dans nos racines. Pour la com, c’est indubitablement un plus. Regardez la pub : Plein de gars attestant de leur authenticité avec un accent coupé au couteau, pour affirmer vérite, et valeur d’un produit....

    Cantonna a quitté le foot avec bonheur pour s’affirmer de nouveau en faisant des dribles avec sa langue, dans de multiples films et séries. L’accent provincial après avoir flirté avec la réaction, devient gage d’authenticité et de pertinence. Le bonimenteur s’en servira, car il sait que par cet effet, il pourvoie à la faiblesse du produit qu’il vent. C’est un outil de manipulation dont je pronostique un grand avenir : Bientôt des écoles de com où l’on vous apprendra à parler à la mode de, pour abuser le chaland.....A quand un nouveau Jesus avec l’accent du Béarn ?


  • William Paul Robinson William Paul Robinson 5 décembre 2020 18:58

    On a pas tous deux voix, une pour la politesse pour bulot/téléphone/functionairres/compagnie on conaisse pas, etc, et un autre pour la famille, nos pottes, nous proche, etc ? Je suis Irlandais du Nord, et j’ai deux dialects  Ulster/Ecosse, et Belfast (Belfaws !), (avant j’ai tombé en les dialects francaise), et c’est tres rare j’ai utiliser maintenant, mais « posh » et « propre » Anglais, quand j’ai besoin parle a quel’qun en anglais. Apres 8 ans dins le chnord biloute, j’ai un accent tres bizarre, et encore plus apres plus d’une an a Vannes. L’accent merite pas d’etre utiliser pour un excuse pour d’etre un victime, mais pour quelques gens oui c’est la veritie. La fièrtie de nous quartiers, villes, regions, etc, presque toujours est avant le pays d’origine. La langue national est construit au un melange de tous les accents regional. Ons a droite a garder, mais avoir la facilitie de communiquer avec des gens sur un niveau plus haute de nos bias regional. Reste fière de ses accents, dialects, et langues regional, si non la langue partager par tous entre les frontiers, est pas si riche ou vivant. Et oui je suis d’accord resiste la merde Franglais ! Le monde changer constament et tous les langues sont sous pression au « pollution », mais avec temps on ajuste, et renommée les choses mieux. Bonne soir et bon weekend les biloutes au le Cht’Irlandais de Vannes. Attention il kacai dors biloutes, et c’est une chance de drache ou un ptit crach Breton. Vive la difference !


    • velosolex velosolex 5 décembre 2020 19:33

      @William Paul Robinson
      bravo for your efforts to speak in the French language
      J’ai quelques amis anglais, dans le centre Bretagne.
      Les anglais ont peut être encore davantage que les français, beaucoup d’accents différents.
      Non seulement liés à leur région, mais aussi il me semble à leur classe sociale.
       
      Je connais un gars des cornouailles anglaises, ancien rugbyman, qui a commencé à étudier le Breton. Langue d’ailleurs très proche de cornic britannique, qu’il parle.
      Il faut tout de même applaudir à cette initiative, à l’époque où le Breton est en danger. 


  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 5 décembre 2020 19:42

    la glotophobie a ses dimmesions . Depuis des temps parler avec un accent picard ou chti vous vaud exclusion . Si ils savaient ces cons de l’apport du picard dans la langue française.


  • saint louis 5 décembre 2020 22:03

    C’est agréable d’entendre les gens parler avec l’ accent de leur région.

    Mais encore une génération et ça n’existera plus.

    C’est une partie du patrimoine qui va disparaitre.


    • Fergus Fergus 6 décembre 2020 11:13

      Bonjour, saint louis

      « Mais encore une génération et ça n’existera plus »

      C’est notamment vrai dans les métropoles du Midi où l’« assent » traditionnel s’efface devant le parler des cités. Une perte que je regrette comme vous.


  • damocles damocles 6 décembre 2020 10:39

    Une langue c’est comme une chanson , il y a les paroles et la musique intimement liées .....mais quand peu à peu les paroles disparaissent , il ne reste plus que la musique  : c’est l’ ACCENT...


  • ETTORE ETTORE 7 décembre 2020 13:06

    Nous devrions obliger nos représentants politiques à avoir un accent « neutre » !

    Vous me direz, c’est quoi un accent neutre.... ?

    C’est un accent qui n’est productible que ....sans langue de bois !


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