mercredi 16 janvier 2013 - par Fabienm

L’argent ne fait pas le bômeur

Phénomène moderne (et légèrement parisien), tendance de fond, effet de mode ? Le bômeur divise (c’est bien il sait compter). Tentons d’y voir clair… passage en mode spéléologie sociale.

Mais qu’est-ce que donc que ce truc-là un bômeur ?

Ben en fait, c’est un peu un mec comme toi et moi (enfin… surtout toi, sauf si t’es une fille), à part que le mec il est bobo ET chômeur. Faut le faire bordel.

Evidemment, dit comme ça, ça a l’air de pas trop coller… comment être un bobo (avec le train de vie associé) sans source de revenus ? Y’a comme une couille dans le potage tu te dis (grossier personnage que tu es).

C’est une histoire banale en fait. Disons qu’il avait un vrai job en -2 avant JK (*). Enfin, un vrai job. Un job de bobo : dans une agence de pub, dans la comm’, galériste, architecte. Un truc qui tape sur l’échelle de la frime sociale (un contrôleur de gestion chez IBM n’est PAS un bobo). Et puis, là il s’est passé un truc. La crise, les milliards engloutis, la fin des haricots au beurre. Paf, il se retrouve au chômedu. Mais attention, le mec il peut pas aller sentir la friture chez McDo ou nettoyer une vitre à la Défense pour pouvoir s’acheter un paquet de pâtes Barilla. Ben non, il émargeait à 6000 euros nets il y a encore 3 mois. Donc il perçoit son chômage, et puis il fait des « projets ».

Le bômeur est-il solitaire ?

Comme un bômeur n’arrive jamais seul, il a souvent beaucoup d’amis, mais qui eux ont un vrai travail et qu’il est indispensable d’alimenter en anecdotes de bômeur. Il traîne souvent dans des endroits caractéristiques (les quais, Batignolles, etc.) et rencontre donc ses congénères, pardon sa tribu. Parce qu’ils se ressemblent tous : le look faussement cool, la barbe de trois jours et demi (le bômeur se lève très tard), le cheveu rebelle mais pas trop, les fringues à la mode d’il y a 6 mois (quand il avait encore un taff’).

Petit exemple d’anecdote de bômeur :

  • Le bômeur te raconte qu’il n’a pas pu rejoindre ses amis le soir au restau car son Blackberry était déchargé (c’est ça de faire le con à appeler ses amis toute la journée au tél). Et donc, le soir quand les gens sont finalement libres, le bômeur est sur le carreau (le bômeur n’a pas de plan de Paris et ne prévoit rien moins de 10 minutes à l’avance, car il doit être sur le qui-vive), les batteries à plat (et je parle pas que du tél).

Attention !

Il y avait un piège dans l’anecdote ci-dessus.

Réponse :

Un bômeur n’a pas un BlackBerry !!!!!

Il a un Iphone bordel (Iphoune pour les bômeuses).

Mais enfin ! Tu suis vraiment rien du tout (t’es fatiguant, qu’est-ce qu’on va faire de toi ?).

Le bômeur est dans le prêt

Comme le bômeur s’emmerde mais ne PEUT pas rester devant sa télé (question de standing), on lui prête toujours pleins de trucs : des bouquins, des DVDs, des meubles (le bômeur a de la place dans son appart’ qu’il a gardé le temps de trouver autre chose et dont son ex s’est cassée). Le bômeur est une vraie poubelle en fait. Dès que tu veux te débarrasser d’un truc, faut pas hésiter (et puis, monter un canapé qui-passe-pas-dans-l’ascenseur par l’escalier de service, ça occupe, vu que le bômeur n’a rien à foutre).

Le bômeur si je veux…

Le bômeur fait comme si…

Comme s’il cherchait un boulot (il a clairement plus de projets que de boulot).

Comme s’il cherchait une petite amie. Mais tout le monde sait que c’est elle qui va le trouver (en tout cas c’est ce qu’il croit, parce qu’il est à peu près évident qu’une parisienne (ai-je oublié de préciser que le bômeur est parisien ?) ne sortira jamais avec un bômeur (en tout cas, elle n’ira pas au-delà du coup de bite, le préservatif étant à peu près la seule chose qu’un bômeur peut se payer sans faire un emprunt à la banque de France)).

Comme s’il était occupé (« aller chercher ton gamin à l’école ? pas de problème, j’ai un trou dans mon agenda »).

Comme s’il était cultivé (pas dur, il est le seul con de la place parisienne à pouvoir aller voir l’expo Edward Hopper à un horaire décent).

Comme s’il était intéressant (ce qui n’est pas simple quand on n’a pas la machine à café de l’étage pour se mettre en valeur, mais c’est pas grave le bômeur improvise).

Bon, vous l’avez compris, le bômeur c’est utile, mais ça fait un peu chier aussi. Il fait chier de prendre le temps, d’avoir le temps de vivre (quel connard, il pourrait pas courir comme tout le monde), de s’offrir sa « parenthèse » (est-ce que moi je m’offre des parenthèses (non mais) ?).

Ceci dit, si chacun de nous en adopte un, ils arrêteront peut-être de traîner tous ensemble à faire les beaux.

Faites donc comme moi, un petit geste : adoptez-en un.

Une petite dose de bômeur par-ci par-là, ça peut pas faire de mal.

Ça nous mettra un peu de bôme au cœur.

(si vous avez une meilleure chute, j’suis preneur)

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(*) Jérôme Kerviel, messie des temps modernes.

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