samedi 8 décembre 2012 - par ddacoudre

L’autoroute du désastre

C'est quoi, c'est une voie sécurisée sur laquelle nous allons vite vers une sortie prédéterminée ; tous les besoins de ceux qui y circulent sont pris en charge et le conducteur n'a qu'à suivre la signalisation.

C'est l'organisation économique dans laquelle nous sommes, c'est même pire que ce que prévoyait Aldous Huxley, car cette autoroute débouche sur une chambre à gaz et chacun de nous est sous surveillance pour s'assurer qu'il en produit.

J'ai hésité avant d'établir cette comparaison, car nous connaissons son poids historique qui repose sur une intention délibérée d'un groupe d'hommes, qui dans l'environnement idéologique et scientifique de l'époque pensaient faire le bien de l'humanité et de l'espèce humaine en éliminant les êtres désignés comme inférieurs.

Alors quel parallèle peut-on établir avec notre économie mesurée par le « capitalomètre » (voir mon article précédent).

Il s'était développé dans le 19ème et 20ème siècle l'idée d’un eugénisme et racisme scientifique grâce au travail de scientifiques définissant les lois naturelles de la vie que personne ne mettaient en doute, puisqu'ils étaient les scientifiques, dépositaire du savoir et certains comme Vacher De Lapouge disposaient d'une chaire pour l'enseigner. Egalement les classifications taxonomiques de l'époque favorisaient l'analyse comparative, non sur des bases biologiques comme aujourd'hui, mais sur des éléments idéologiques culturels qui seront la source des dérives et conséquences qui s’en suivront. Ces ainsi que de nombreuse génération d'écoliers ont été formés aux théories eugéniques et racistes qui survivent encore de nos jours. Le colonialisme de cette époque confirme aussi cette prétention des Européens à un « droit inné », fondé sur la science, qui les autoriserait à assujettir les Africains, les Asiatiques et tous les autres

Ainsi nous pouvons considérer que l'avènement du nazisme n'est pas l'œuvre d'un individu qui en sera le promoteur ou l'agent propagateur ou l'affiche publicitaire ou le colporteur, même s'il poussera l'eugénisme et le racisme dans sa radicalité et sa violence la plus absolue. Le nazisme n'a fait que suivre une autoroute idéologique bordée de glissières de sécurité scientifiques, que d'autres que lui avaient tracé en toute bonne fois et en intelligence de ce qu'ils croyaient absolues. C'est sur cette autoroute aboutissant à une finalité posée par d'autres qu'Hitler et ses collaborateurs conduiront leur peuple et l'Europe au désastre imprévisible de la guerre 39/45.

Ce que je suis en train de dire n'est pas : c'est la faute à Hitler et à l'Allemagne même s'ils sont passés à l'acte et ont été punis pour cela, mais c’est : par leur crime nous nous sommes dédouanés de la participation du monde occidental à la définition d'un scientisme eugénique et raciste qui était La Pensé Unique dans l'occident conquérant.

Vous avez bien lu, La Pensée Unique occidentale. Souvent nous entendons dire par des politiques et d'autres nous sommes dans la pensée unique depuis l'effondrement du « mur de Berlin », métaphore de la chute de l'empire soviétique qui s'est effondré pour les mêmes raisons, parce qu'ils disposaient d'une pensée unique. Nous le disons, mais nous n'arrivons pas à nous faire une idée de ses conséquences.

D'une part parce que l'échec de l'union soviétique fut présenté comme la victoire de la liberté et d'autre part parce que le nazisme fut présenté comme l'œuvre d'un fou.

Or l'un et l'autre sont le résultat de la pensée unique, c'est le résultat de ceux qui pensaient détenir une finalité pour laquelle les scientifiques apportaient leurs analyses idéologies et non une analyse scientifique. L’un est l’idéologie qui remplace la science et l’autre la science qui s’idéologise, chacun dans sa pensé unique en arrive à l’extermination de ce que leur pensée unique rejette.

Ainsi toute les autoroutes auxquelles nous aspirons, parce que c'est simple, qu’il suffit de se laisser conduire, qu’il n'est pas nécessaire de comprendre la complexité qui l'entoure, qu’il n’y a qu’à suivre les panneaux indicateurs politiques ou économiques après avoir appris à conduire dans les écoles de la république, nous conduisent vers une chambre à gaz dont nous sommes les constructeurs complémentaires par la production de gaz à effet de serre.

Il n'était pas simple de faire ce parallèle, car je ne peux résumer la complexité d'un déroulement de deux siècles aux quatre phrases que j'écris.

Je voulais seulement faire comprendre que la pensée unique génère des désastres, et souvent, parce que les voies qu'elle nous propose sont des autoroutes sécurisés.

C'est notre problématique actuelle, nous somme dans la domination sans partage d'une idéologie Capitaliste qui a colonisé l'Afrique, l'Asie et les autres, qui se pare pour justifier de son hégémonie des lois naturelles et d'accréditations scientifiques, particulièrement mathématique ou technologiques qui ne sont que des applications d'une organisation culturelle qui se distribue la rareté dont certains retirent leurs puissances et sont prêts pour se faire, de toute bonne foi, à nous conduire sur l'autoroute du désastre.

Ce que l'histoire aura à juger, ne sera pas le nouveau « Hitler » issu des théories de la gouvernance mondiale, et de l’eugénisme moderne issus de la génétique, mais l'obscurantisme auquel nous aurons tous concourus par ignorance, comme tous les pays d'Europe du siècle passé dont les populations ont accepté les théories eugéniques et racistes pour avoir étouffé la capacité de transgression et le débat d'idée. C'est ce que nous faisons aujourd'hui en structurant l'information pour une mémorisation minimale par des infos insignifiantes, par des histoires « infantilisantes » par le discrédit des contre poids ou pouvoir, alors que s'édifie lentement l'événement qui nous conduira au désastre et dont je n'ai aucune idée, hormis celui lié à la pollution au réchauffement climatique tout comme ceux d'alors savaient qu'Hitler préparait la guerre, mais c'est autre chose qu'il en est advenu.

Il ne s'agit pas pour moi d'être alarmiste ou de nourrir un quelconque pessimisme, mais de faire toucher du doigt quel type de structures conduisent au désastre. C’est pour quoi je dis que je regrette que mes amis socialistes se soient convertis à la pensé unique, eux qui étaient historiquement des transgresseurs, et que nous ne pouvons rien attendre d’eux.

J’ai conscience de la dureté de mon propos à leur encontre, mais ce fut leur choix. Par contre notre espérance repose sur la capacité « transgressive » d'un front de gauche pour édifier une nouvelle pensé idéologique en distorsion avec capitalisme, sauf faut-il encore définir ce qui le cimente.

Le capitalisme s'appuie sur le libéralisme dont il se présente comme l'expression de ses lois naturelles, alors que nous ne vivons et développons que des organisations culturelles qui sont des paradigmes de lois naturelles idéologisées par une culture judéo-chrétienne que nous avons remodelé à l'époque des lumières et laïcisé suite à la révolution de 1789.

Ensuite il s'appuie sur une comptabilisation des relations commerciales dont l'objectif et de définir, non pas ce qui reste à tout individu après l'échange de sa production, mais ce qui lui permet d'obtenir du capital après un échange de valeurs suggestives non équitable consentie contractuellement dans un rapport de force inégal établie par l’héritage de la propriété économique.

Il devient donc nécessaire de rappeler que le libéralisme n'inclut pas le droit d'exploiter autrui, mais de ne pas lui nuire, et que la comptabilisation n'emporte pas de n'avoir qu'un modèle unique qui structure la pensée et les actions qui en découlent, de sorte que toutes découvertes scientifiques se trouvent idéologisées et accréditent la valeur pseudo scientifique de la comptabilisation de l'existence au travers de son plan comptable.

Face à notre déroulement sociétal la disponibilité monétaire ne doit pas être un facteur qui limite la lutte contre la pollution ou le réchauffement ou la misère dans le monde.

Pour ce faire il faut établir des comptabilisations parallèles spécifiques aux problèmes qui surgissent parce que nous sommes ignorants des conséquences imprévisibles de nos interactions et que se prémunir de ces potentialités peut exiger des créations non commercialisables.

Un monde comme le nôtre qui veut tout penser rationnellement vers une finalité exclusivement mercantile cours au suicide quel que soient les bénéfices que nous puissions momentanément en retirer. Croire que seule la compétition est favorable à l'innovation est une croyance superstitieuse dont la course à l'armement à démontré les limites et dangers.

De la même manière la course au désendettement fixe la limite de la pensée zéro au bénéfice d’une comptabilisation idéologique de tous les dangers que d’aucun présente comme une pseudo science économique qui peut remplacer l’aptitude humaine à s’interroger et devoir affronter l’incertitude de ses choix. 

Ainsi en toute chose nous construisons des autoroutes pour aller vite, mais où ?



4 réactions


  • leypanou 8 décembre 2012 11:36

    Article dont je partage le fond mais avec quelques bémols.

    En particulier, ceci : « souvent, parce que les voies qu’elle nous propose sont des autoroutes sécurisés. ». Non, elles prétendent que c’est sécurisée, mais ce n’est pas le cas, et même si on considèrent que les krachs sont cycliques donc naturels.

    La grande force de l’idéologie ambiante est de faire croire au plus grand nombre que c’est la seule voie possible. Il faut donc porter la contradiction partout où c’est possible.

    Un exemple parmi d’autres : le travail français est trop protégé c’est pourquoi il y a un chômage de masse -> si on peut licencier le travailleur français du jour au lendemain, il n’y aura plus de chômage de masse ou même de chômage tout court -> au Royaume Uni, où c’est la flexibilité à outrance où par exemple, le vendredi on vous dit « ne revenez plus le lundi », il n’y a plus de chômage alors ? ou encore dans les pays où il n’y a aucune protection, il n’y a pas de chômeurs car tout le monde travaille.

    On peut multiplier les exemples comme çà indéfiniment. Mais en plus de façonner les esprits (lire par exemple N Chomsky) , l’idéologie ambiante a réussi jusqu’à maintenant à quasi-monopoliser les médias et commence petit à petit à vouloir museler, sous différents prétextes (n’oublions que c’est sous Jospin avec la loi LOPSIxx que cela a commencé), celui qui reste encore un espace de liberté, je parle de l’internet.

    L’une des tâches de tout citoyen qui veut participer tant soi peu à cette contre-culture est donc de soutenir les associations, auteurs, écrivains, économistes, journaux, revues, cinéastes qui essaient d’ouvrir les yeux du plus grand nombre. Car le jour où ils disparaitront, on ne pourra plus lire que du metro ou 20minutes et ne plus pouvoir regarder que TF1 ou i-télé. Ils sont nombreux, mais on peut citer : Acrimed, Fakir, Le Diplo, Mediacritiques, N Chomsky, P Carles, F Lordon, M Hudson, GlobalresearchCounterpunch, Le Grand Soir, etc, etc.

    On peut ne pas partager tous leurs points de vue, mais l’avantage c’est qu’on lit ou entend autre chose que ce qu’on entend tout le temps sur toutes les chaînes de télévision ou de radio sur l’économie, la politique étrangère, la santé publique, l’éducation, etc, etc.


    • ddacoudre ddacoudre 8 décembre 2012 18:38

      bonjour leypanou

      les cycles ne sont pas naturels au sens d’inévitable, ils sont conséquent d’un réajustement de la subjectivité de la recherche maximum d’un gain qui ne dispose comme limite que l’effondrement cyclique, de explosion de la bulle.
      il est vrai qu’il faut soutenir les initiatives qui fleurissent on se ground, les voix dissidente qui se font entendre,Mais je vais bien plus loin.
      je pense qu’il faut revoir notre plan comptable il me parait par exemple anormal que l’achat d’une machine pour produire soit considéré comme un investissement et un salarié qui produit et consomme sa production une charge.
      je pense fortement que l’entreprise n’est pas faite pour créer des emplois mais produire des biens, il faut donc si nous n’avons pas assez d’emploi rémunérer les hommes pour apprendre en recevant un enseignement universitaire, car c’est de nos savoirs que germent toutes les innovations, et j’en terminerait en disant qu’il est normal que ceux qui investissent dans un but reçoivent le fruit de leur efforts, mais quand pour arriver à leur fin ils ont besoin de l’aide d’un tiers, alors ils sont demandeurs, et non pas a s’approprier l’effort d’autrui, ce qui impose de définir d’autres relations du travail que celles définies en 1804.

      cordialement.http://ddacoudre.over-blog.com/pages/remunerer-les-hommes-pour-apprendre-7538257.html.


  • Guy BELLOY Guy BELLOY 8 décembre 2012 14:34

    A propos de la Pensée Unique : La plupart des médias, se proclamant « contre-pouvoir démocratique », se positionnent en fait comme gardiens de l’ordre social comme le dénonçait déjà Nizan en 1932 dans son bouquin « Les chiens de garde » et censurent tout avis contraire au leur. Une caste de journalistes et de prétendus experts « font » l’opinion.

    On ne dira jamais assez la complicité de ces journalistes et présentateurs de J.T. serviles.


    • ddacoudre ddacoudre 8 décembre 2012 18:54

      bonjour Guy

      Dans un essai je les qualifiés de faiseurs d’opinions.
      Autant dans le jeu démocratique il me semble normal d’être partisan, car sans cela il n’y a pas de possibilité débat et il est donc nécessaire que chacun se trouve des relaies de circulation de l’information, sauf que dans l’occident cela ne fonctionne plus par une auto censure assez subtile car la course à l’audimat sélectionne ce qui plait au plus grand nombre en l’ayant choisit sur des comportements psychologiques sur des thématiques (par exemple le « sécuritarisme » actuel qui est un véritable sable mouvant dans lequel nous nous enliserons, mais qui fait les unes, les réalité schow, les feuilletons, les « faites entrer l’accuser » etc. aucune journée ne se commence sans la litanie des faits divers, et cette écoute est source de recette publicitaire, de fait tous s’y adonnent, et plus personne n’écoute plus de 30 secondes un exposé politique, s’il n’est pas polémique ou discréditant.

      Télévision : de l’info sans infos ddacoudre.over-blog.com.
      cordialement.


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