mercredi 6 février 2019 - par Marcel MONIN

L’élection « contre » la démocratie ? ...

L’élection contre la démocratie ? …

A. L’élection « contre » la démocratie ?

On accepte de reconnaître qu’un médicament peut tuer alors qu’il est vendu pour soigner. Mais se demander si l’élection peut jouer contre la démocratie, alors qu’elle est présentée depuis toujours comme en étant la condition, est une idée considérée comme intellectuellement déplacée et politiquement scandaleuse.

Mais, si l’on s’en tient aux faits, l’interrogation n’est pas absurde. Au moins quand on s’interroge sur l’utilisation qui est faite de l’élection par certains. En deux mots :

Dans l’histoire. Les bénéficiaires de la Révolution française de 1789 organisent le système nouveau. Le roi ne compte plus. Le pouvoir de commandement est organisé à partir d’une cooptation entre les « bourgeois » : l’électorat leur est réservé, et l’éligibilité n’est donnée qu’aux plus riches d’entre eux. Le reste de la société n’a pas le droit de vote. Les travailleurs travaillent, mais ne peuvent ni se syndiquer, ni faire grève pour faire pression sur leurs employeurs. Le droit de vote ne sert donc pas la démocratie. En 1848, l’élite qui siège dans les instances décisionnelles, décide de donner le droit de vote à tout le monde. Parce qu’elle a compris que si elle est maligne, elle fera voter les classes moyennes et les ouvriers, comme elle le veut (1) Il suffira de manipuler ces gens. L’usage du droit de vote s’annonce comme allant être « truqué ». Ce qui a été vérifié par la suite.

Aujourd’hui, la manipulation a progressivement été confiée à des « spécialistes », notamment à des agences de communication et de relations publiques. Et le coût financier des campagnes électorales, c’est à dire des manœuvres de séduction (donc de manipulation), n’a cessé de croître. Le tout en plus des vieilles opérations (pas toujours réussies) d’ajustement du nombre de voix avec les résultats escomptés, avec, en dehors de la fraude, le découpage électoral et le mode de scrutin.

Une fois installés, les heureux élus décident, (ou plus exactement le noyau dirigeant que les autres sont obligés de suivre pour faire -et continuer à faire- carrière « dans » la politique) ainsi que l’analyse des décisions ( lois, décrets, ordonnances) le démontre, dans un contexte de porosité entre le monde politique (élus, entourages, fonctionnaires) et le monde de la finance et des affaires (2) .

Quand les « victimes » de la politique menée par les élus protestent, leurs protestations sont présentées comme illégitimes, puisqu’elles ne se plient pas aux résultats des élections. Les protestations sont alors, avec l’aide des médias, tournées en ridicule : la manifestation n’a comporté que peu de participants, le nombre des grévistes diminue, les protestataires sont des fainéants, ont une mentalité d’assistés, s’opposent au progrès (3)

A moins que les protestations ne déclenchent une réponse répressive : leaders des manifestants identifiés et arrêtés ; usage d’armes « estropiant » les manifestants. Voire plus, après que le mouvement a été qualifié « d’insurrectionnel ». Le tout avec un habillage argumentaire toujours lié à la magie des élections : ce que fait le décideur est légitime du fait qu’il est élu et le demeure tant qu’il reste en place.

En conclusion : Il n’est sans doute pas de meilleur moyen ( au moins théorique) de faire fonctionner une société que de donner un bulletin de vote à chaque citoyen. Mais il n’y a pas d’usage pire du bulletin de vote que celui qui vient d’être rappelé.

C’est dans le contexte de ce genre de comportements qu’elles déplorent, que des personnes (4) suggèrent que les représentants soient désormais tirés au sort.

L’idée étant lancée, nous allons nous exercer, dans les lignes qui suivent, à imaginer dans l’hypothèse dans laquelle le tirage au sort serait décidé ( par qui ? à la suite de quels évènements ?) comment il pourrait être organisé. D’une manière telle que les citoyens pourraient techniquement (et d’un point de vue nécessairement théorique) mieux défendre leurs intérêts avec les « tirés au sort » qu’ils ne le font avec leurs élus.

En nous gardant bien de poser une question du type : « Est-ce qu’il faut » instituer le tirage au sort ? ». Ou, encore moins, de « plaider » « pour » ou « contre » l’attribution des mandats par tirage au sort. Ce qui ne ferait d’ailleurs qu’ajouter un argumentaire, inutile, à la liste de ceux qui existent déjà (v. sur internet le contenu des plaidoyers dans l’un et l’autre sens).

B. le tirage au sort « pour » la démocratie ?

Les universitaires ne s’aventurent généralement pas sur ce terrain. Soit de peur d’être affublés de qualificatifs infamants. Soit, parce que comme ça n’existe pas, ils n’ont pas matière à présenter et à commenter l’existant. Ou plus simplement parce qu’ils ont du mal à imaginer qu’une société puisse vivre « démocratiquement », donc « bien », autrement que par l’élection. Comme les gens du Moyen Age avaient du mal à imaginer qu’il soit possible de se déplacer autrement qu’à cheval.

Nous nous proposons dans les lignes qui suivent, et sans prendre position sur le fond (5) comme il a été dit ci-dessus, d’imaginer, dans le cadre d’un réflexion théorique, le cadre juridique qui pourrait être mis en place pour faire fonctionner le tirage au sort s’il venait un jour à être proclamé. Avec comme objectif de permettre que le gouvernement continue le cas échéant à répondre à définition de la démocratie donnée par Lincoln à Gettysburg en 1860 : « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». (6)

Et en limitant le jeu de notre imagination à la seule question de la désignation des parlementaires (7) .

a).

Avant tout, le « tiré au sort » devrait apprendre ce qu’il aura à faire. Arrivé à l’assemblée, dans quel sens le « tiré au sort » devra-t-il se prononcer ? Pour être un représentant fidèle des citoyens du territoire qui a servi de circonscription de tirage au sort. Surtout qu’avec le tirage au sort, c’en est fini de la tutelle des lobbyistes qui soufflent ce qu’il faut faire. Comment s’y prendre ?

Assez paradoxalement, c’est peut-être le « grand » débat de l’hiver 2018-2019, qui peut être (très indirectement il est vrai) source d’inspiration.

Des consultations pourraient être organisées par exemple par les maires (8), (sans exclusion de questions comme avec le débat Macron). Maires qui tiendraient des registres à disposition des citoyens, ou ouvriraient le site internet de la collectivité aux désirs des citoyens. Et ce, chaque fois que c’est nécessaire, à la demande des citoyens ou du tiré au sort (v. ci-dessous), et au moins une fois tous les cinq ans (si l’on continue à retenir cette durée pour les mandats). La durée de ces consultations pourrait être calquée sur la durée des campagnes électorales qu’elles remplaceraient. Certes, les lobbys pourraient inspirer des propositions. Mais ils ne pourraient pas « tenir » les candidats par le financement de leur campagne, par des invitations, par d’autres cadeaux, ou par des promesses ou des perspectives de reconversion, … puisque les titulaires des mandats ne seraient pas connus avant le tirage au sort.

Ensuite, ces aspirations seraient traduites en questionnaires soumis au vote (éventuellement au vote électronique) des citoyens. Peut-être sous le contrôle du juge qui veillerait à ce que des demandes de vote sur des questions « importantes » ne soient pas oubliées / « censurées ».

Ainsi, les citoyens, au lieu de voter sur le nom d’une personne qui agit ensuite à sa guise, voteraient ainsi sur des questions devant lier l’action des futurs représentants.

Il conviendrait sans doute, toujours sous le contrôle du juge, de ne pas faire figurer sur la liste de questions soumises à votation, des items qui seraient contraires, par exemple, à la dignité de l’homme, ou à l’indépendance du pays ou à la forme républicaine du gouvernement

Mais il conviendrait en revanche de faire figurer des questions que les traités européens excluent pour l’instant. Sans quoi on aurait des débats « à la Macron », alors que la démocratie ne fonctionne que lorsque les citoyens sont en situation de prendre part au processus de définition de la totalité des mesures qu’on leur impose ( « du » … « par »… « pour » … « le peuple »).

b)

Pourrait ensuite s’ouvrir la phase des tirages au sort.

Immédiatement après qu’elle ait été tiré au sort, la personne concernée devrait fournir divers renseignements permettant aux citoyens d’apprécier ses qualités, sa probité, son désintéressement, et de mesurer son indépendance à l’égard d’intérêts qui ne seraient pas l’intérêt général.

De manière à ce que les citoyens exercent un droit de récusation. A côté d’un système de récusation « automatique » qui s’exercerait dans des cas figurant d’habitude dans les lois relatives à l’inéligibilité (et qui pourraient être affinées).

Au droit de récusation, s’ajouterait celui de la révocation. Que les citoyens pourraient utiliser à tout moment. C’est que certains « tirés au sort » pourraient être « pris en main » après coup par des personnes ou des groupes leur faisant des offres de diverses natures. Ou que d’autres, au moment du tirage au sort, auraient pu dissimuler des faits, qui, s’ils avaient été connus, les auraient exposés à la récusation immédiate. Ou tout simplement parce que le tiré au sort se comporterait en dilettant ; ou, évidemment, parce qu’il ne respecterait pas les termes du mandat.

Parallèlement il conviendrait de permettre « au tiré au sort » de refuser le mandat. Pour des raisons légitimes, sous le contrôle du juge. En s’inspirant de ce qui est prévu pour les personnes appelées à devenir membres des jurys d’assises. Quand l’exercice du mandat serait de nature à le mettre en danger, lui ou sa famille, ou à compromettre gravement sa carrière professionnelle (9) . Quand le contenu du mandat le conduirait à voter au sein de l’assemblée, dans un sens qui porterait atteinte à sa liberté de penser. Ou tout simplement parce que le tiré au sort serait en désaccord avec tel ou tel item qu’il précisera. Dans ce dernier cas, si le tiré (ou les X tirés au sort) suivant(s) démissionnai(en)t pour la même raison, on pourrait prévoir que la question serait retranchée du mandat de la circonscription pendant un certain temps, par exemple jusqu’à l’expiration de la législature.

Contrairement aux élections générales et aux élections partielles, le tirage au sort est une opération rapide qui n’occasionnerait pas beaucoup de dépenses. Le droit de renoncement ou de révocation pourraient être matériellement organisés tout aussi simplement, surtout si l’on utilise des procédés électroniques. Recommencer le tirage au sort dans les cas évoqués ci-dessus ne présenterait donc pas d’inconvénient majeur.

Quant aux questions qu’il faudrait régler sans délai, dans l’urgence, parce qu’il en irait de l’intérêt supérieur du pays, il n’y en aurait sans doute pas plus qu’aujourd’hui. C’est à dire pas beaucoup. Et la constitution pourrait donner à la personne chargée de la direction du gouvernement l’autorisation de prendre, au moins à titre provisoire, la décision qui s’impose. Et il est peu probable que s’il y a effectivement urgence et nécessité immédiate, il y ait désaveu.

Ceci étant dit, … arrêtons l’imagination.

Et revenons aux réalités : si une telle réforme devait être adoptée par la classe politique en place, cette dernière voterait ipso facto sa disparition.

Certes, le vote pourrait être organisé la nuit d’un 4 août … Mais ….

Marcel-M. MONIN

m. conf. hon. des universités

(1) « Je ne crains pas le suffrage universel ; les gens voteront comme on leur dira ». de Tocqueville 1848 lors des débats sur l’instauration du suffrage universel.

La manipulation qui consiste en résumé à « prendre les gens pour des imbéciles », ne repose pas que sur l’exploitation de l’inconscient. Elle repose aussi sur la dissimulation de faits et de données, la déformation des faits, voire sur des informations reposant sur l’utilisation de données fausses.

Sur la dissimulation : lire ( entre autres) les déclarations attribuées à – Henry Ford (1863-1947) : “Il est appréciable que le peuple de cette nation ne comprenne rien au système bancaire et monétaire, car si tel était le cas, je pense que nous serions confrontés à une révolution avant demain matin » ; – G.H.W. Bush : « si le peuple avait la moindre idée de ce que nous avons fait, il nous traînerait dans la rue et nous lyncheraient » ; 

-  David Rockefeller, Commission Trilatérale, 1991. ”Nous sommes reconnaissants au Washington Post, au New York Times, au magazine Time, et aux autres grandes publications dont les directeurs ont assisté à nos réunions et respecté leurs promesses de discrétion depuis presque quarante ans. Il aurait été pour nous impossible de développer notre projet pour le monde si nous avions été exposés aux lumières de la publicité durant ces années. Mais le monde est aujourd’hui plus sophistiqué et préparé à l’entrée dans un gouvernement mondial (*) . La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est assurément préférable à l’autodétermination nationale des siècles passés.” . (*) Sur le « gouvernement mondial » v. nos développements – à prendre au second degré- de l’article publié sur Agoravox : « Gouvernement mondial : éléments pour la rédaction d’une constitution ».

(2) Porosité qui ressort des analyses des trajectoires individuelles (par exemple poste dans les affaires ou la banque puis poste « dans » politique, puis nouvelles fonctions dans la banque, les affaires, ou dans le lobbying ; pantouflage des fonctionnaires ; appartenance à des réseaux d’influence ; … ). Et connaît des applications pratiques dans certaines opérations (comme la vente d’Alstom qui a été réalisée alors même qu’elle a des effets sur l’indépendance de la France).

Sur ces questions, v. sur internet les nombreuses études ayant fait l’objet de publications ou d’interventions au cours de débats télévisés. Taper (entre autres) « conflits d’intérêts », « réseaux politiques et économiques », « politique et finance » « thinks tanks », « young leaders », et sur l’affaire Alstom (taper « Alstom scandale ») et prendre connaissance du contenu des études qui citent les noms des personnes (avec leurs fonctions passées et postérieures ou avec leurs liens de parenté) qui ont participé à la réalisation de l’opération.

Le modèle le plus achevé en la matière nous paraît être le modèle africain : des individus s’installent à la suite d’opérations électorales douteuses (ont dit que la démocratie « progresse » quand il n’y a pas trop de morts pendant la campagne électorale), après avoir été désignés ou acceptés et soutenus par les étrangers qui y ont intérêt. Une fois au pouvoir, ils décident … ce que les étrangers souhaitent qu’ils leur accordent. Et profitent à titre personnel des opportunités ouvertes par leurs fonctions. Quand le peuple grogne, ils font de grandes déclarations ou, selon la situation, ils répriment. Avec, dans certains cas, la garantie de la protection des dirigeants par des troupes étrangères chargées par ailleurs de la surveillance de ces derniers

On notera que la société africaine traditionnelle fonctionnait selon un modèle qui assurait la cohésion sociale : le chef organisait des réunions dans lesquelles les points de vue étaient exposés. Après quoi se dégageait un consensus dont le contenu était accepté et respecté. Le tout sans référence au dogme de l’élection qui a été importé par les colonisateurs. Et dont l’intérêt pratique a bien été compris par les nouvelles élites qui ont profité de l’élection pour faire un usage personnel du pouvoir qui leur était ainsi conféré. Ce que la société africaine traditionnelle n’aurait jamais toléré.

En France, on constate que depuis des dizaines d’années, par le jeu du mode de scrutin, des règles sur le calcul de la majorité requise, et par le jeu du façonnage de l’opinion par les médias, des personnes ont même pu devenir présidents de la République, alors qu’en réalité elles pesaient au premier tour assez peu de voix au regard du nombre des votants et encore moins au regard des électeurs inscrits. Sans compter celles et ceux qui sont devenus députés dans la foulée en profitant du même façonnage. Et pour certains (ré écouter leurs interviewes) , qui ne sont capables et qui n’ont d’autre usage à faire du mandat représentatif confié par l’élection, que d’éviter, ainsi que cela ressort de l’interviewes de beaucoup, d’exprimer ou d’avoir des idées personnelles.

Il y a une différence de taille entre la France et l’Afrique : en France on s’est arrangé pour que cette situation et ces pratiques soient « légales ». En Afrique on n’a pas pensé à le faire.

Sur le fond, le conflit d’intérêt est souvent une forme de concussion … à exécution successive. Et est peu sanctionné, surtout que des procédures ont été mises en place permettant à des commissions de l’autoriser. La corruption et la concussion en Afrique ne sont guère sanctionnées. En tout cas, pas tant que le corrompu est utile.

(3) le progrès invoqué dans les réformes post 2017, s’avérant être le « détricotage » (3) des acquis sociaux ; « détricotage » qui consiste en réalité à revenir sur les retraits tactiques de gouvernants qui avaient été jadis confrontés de fortes pressions sociales.

(4) aller sur internet et taper « tirage au sort politique »

(5) d’autant moins qu’il nous paraît difficile de tomber dans l’attitude « dogmatique », qui consiste à penser que la réforme est « bonne » - a priori- , dès lors qu’elle a pour objet de remédier à ce qui ne va pas et que l’intention des réformateurs parait sympathique. S’il est vrai qu’en substituant le tirage au sort à l’élection, on supprime des sources de dérives, on ne saurait sérieusement émettre la prédiction que le tirage au sort n’entraînera pas à son tour d’autres dérives. Comme on ne peut assurer que ceux qui utilisaient l’élection contre la démocratie ne pourront pas utiliser le tirage au sort pour la satisfaction des mêmes intérêts. Lesquels sont et demeureront, quel que soit le mode de représentation, et quel que soit par ailleurs le régime politique. Et dont la satisfaction sera recherchée. Au moins tant que des moyens (*) de dissuasion efficace (*) (qui n’ont rien à voir avec la forme des institutions) n’auront pas été institués et été mis en oeuvre. (*) Engendrant par exemple la certitude de passer le reste de sa vie avec les droits communs. Et, … pire, d’être ruiné, la famille aussi par ricochet.

(6) principe repris à l’article 2 de la constitution française du 4 octobre 1958 (v. notre analyse de ce texte, dans « textes et documents constitutionnels de puis 1958 ; Analyse et commentaires. Ed. Dalloz – Armand Colin.)

(7) Sans nous intéresser ni au nombre des assemblées, ni au mode de désignation du gouvernement, ni aux rapports entre les parlementaires et le gouvernement. Etant entendu que de multiples formules existent potentiellement. Les ministres et le Premier Ministre pouvant par exemple être recrutés (selon des modalités à définir également) parmi les parlementaires. Comme cela se passait sous les III° et IV° Républiques. En laissant (V° République) ou non (avant 1958) alors le siège à un autre parlementaire « tiré au sort ». Les ministres, puisque dans ce schéma, ils tiendraient leur poste du tirage au sort, pourraient être révoqués par les électeurs. Ce qui s’ajouterait alors à la responsabilité (collective ou individuelle si on prévoit une responsabilité individuelle) des ministres devant l’assemblée (si l’on choisit la formule parlementaire). Double responsabilité qui remédierait aux habitudes françaises qui font apparaître que ce n’est pas toujours l’incompétence du gouvernement qui est à l’origine de son renversement. Tout se passant comme si existaient des mécanismes de protection des personnes dès lors qu’elles appartiennent à l’assemblée. Ce qui, … de « fil en aiguille » amène à poser la question de savoir s’il ne faudrait pas prévoir l’installation de sortes de « défenseurs des droits » à la compétence élargie, qui pourraient déclencher la procédure de révocation. Etc…Etc …

(8) les élus locaux pourraient, selon la même logique, être désignés par tirage au sort. Car, dans les grandes villes, le contexte de l’élection du tête de liste ressemble, sous certains rapports, à celui de l’élection des parlementaires.

(9) il faudrait également prévoir un dispositif permettant aux « tirés au sort » de ne pas subir un préjudice personnel à l’expiration de leur mandat. En effet, le système de tirage au sort exclut que des individus fassent désormais de la politique un métier qui permet de vivre jusqu’à l’âge de la retraite,… et au delà. L’expérience montre que des personnes qui ont « fait » un mandat, qui ont été battues par la vague LREM de 2017, et qui avaient fait honnêtement leur métier de parlementaire, sans se mettre au service des puissants et sans ajuster leur votes à des perspectives d’emploi ultérieures, ont eu de très grandes difficultés à (re) trouver un emploi.



15 réactions


  • Attila Attila 6 février 2019 09:49

    Ce n’est certainement pas Macron qui va changer les règles qui lui ont permis d’être élu.

    Pour changer les règles, il faut avoir les clés du pouvoir. Pour obtenir les clés du pouvoir il faut élire un représentant avec les règles actuelles.

    .

    Aux élections de 2017, nous sommes une minorité à avoir voté pour des représentants dont le programme prévoyait l’instauration du Référendum d’Initiative Populaire. Si la majorité des électeurs avait fait comme nous, le RIP aurait été institué depuis plus d’un an déjà.

    Contrairement au siècle dernier, les informations importantes sur la situation économique ou le fonctionnement des institutions sont disponibles et accessibles à tous : tous les citoyens qui se sont informés savaient quelle serait la politique appliquée par Macron s’il était élu.

    La responsabilité de la majorité des électeurs dans la situation actuelle est incontestable.

    .


    • François Vesin François Vesin 6 février 2019 10:15

      @Attila
      « La responsabilité de la majorité des électeurs
      dans la situation actuelle est incontestable. »

      Il serait plus juste de considérer que la situation actuelle
      a été rendue possible par des manipulations multiples
      qui précisément échappent aux électeurs incriminés !!!

      Par ailleurs, vous avez raison d’affirmer que Macron
      ne prendra jamais le risque de changer les règles
      qui lui permettent d’imposer son régime actuel.

      Mais chaque jour qui passe confirme que ce changement
      est désormais inéluctable et qu’il faut craindre que Macron
      persiste à faire tirer sur la foule plutôt qu’à se démettre...


    • Legestr glaz Legestr glaz 6 février 2019 15:52

      @François Vesin

      Regardez la Grèce et vous verrez la France. Les manifestations des gilets jaunes finiront comme celles de Grèce, par épuisement des manifestants. Macron ne peut rien changer parce que la France appartient à un système supranational dominé par les traités européens.

      Les orientations programmatiques de l’Union européenne, en matière économique, politique et sociale, sont intégrées aux traités et donc gelées !


    • Legestr glaz Legestr glaz 6 février 2019 16:55

      @Legestr glaz

      Grèce : 20.000 manifestations en 4 ans de crise ! Pour quel résultat ? A ce rythme Macron aura terminé son mandat et les traité européens se seront appliqués. 

      https://www.lemonde.fr/europeennes-2014/article/2014/04/25/en-grece-20-000-manifestations-en-quatre-ans-de-crise_4407567_4350146.html

      Les traités confèrent ainsi à l’Union européenne tout à la fois son contenu et son contenant, les organes et procédures institutionnelles et la feuille de route qu’ils doivent mettre en œuvre. Ces orientations programmatiques de l’Union européenne, du fait qu’elles sont intégrées aux traités sont « gelées », bien moins révisables qu’une norme constitutionnelle de niveau national. Une constitution nationale peut toujours être révisée par les trois cinquièmes du Parlement en France, réuni en congrès. En revanche, le droit primaire ne peut être modifié que par la révision du traité par un autre traité lequel doit réunir l’accord des institutions européennes et de tous les Etats membres, à l’unanimité.


  • bernard29 bernard29 6 février 2019 11:29

    Bonjour, 

    alors même que des précautions drastiques auraient été prises sur la personnalité du tiré au sort, ;

    « Immédiatement après qu’elle ait été tiré au sort, la personne concernée devrait fournir divers renseignements permettant aux citoyens d’apprécier ses qualités, sa probité, son désintéressement, et de mesurer son indépendance à l’égard d’intérêts qui ne seraient pas l’intérêt général. » 

    ça ne suffit pas  , il sera tiré au sort pour répéter bêtement le choix qui aura été décidé localement (les mairies) sous la menace d’une récusation ou d’une révocation à tout moment. A quoi ça sert d’envoyer un humain dans une telle assemblée ??

    Bravo pour votre humanisme et le respect individuel. 

    Pour ma part , un pouvoir citoyen non issu de l’élection, ne peut avoir la légitimité démocratique des assemblées élues, qui, seules, possèdent les pouvoirs de décision et de gestion publique. Un pouvoir citoyen (assemblées citoyennes tirées au sort) ne pourrait être qu’un "un contrepouvoir » consacré au contrôle des pouvoirs existants, avec une organisation, un mode de fonctionnement, des compétences autres, concourant à l’engagement de la société dans le contrôle des institutions pour lutter contre les abus de pouvoir et rénover la démocratie dans toutes ses dimensions. La compétence de ce Pouvoir citoyen est donc exclusivement circonscrite à veiller au bon fonctionnement de la démocratie, au contrôle des institutions et à l’amélioration des procédures démocratiques. (http://chambre-citoyenne.over-blog.com/2016/05/pouvoir-citoyen-et-contrat-presidentiel.html) .

    Ainsi, une assemblée tirée au sort sera apte à contrôler , à corriger les dérives de la représentation démocratique que vous souligniez dans la première partie de votre article.


  • maQiavel maQiavel 6 février 2019 12:06

    Lu. J’ai beaucoup apprécié la partie sur la critique de l’élection. 

    Pour ce qui est du tirage au sort , son usage politique est bien évidemment une nécessité. Par contre je ne pense pas qu’il faille qu’il remplace l’élection en bloc. 


  • bernard29 bernard29 6 février 2019 13:35

    la démocratie représentative aura toujours des dérives . Il est vrai aussi que les corrections apportées jusqu’à présent ne sont pas suffisantes ; (plafonnement des frais pour l’élection, contrôle de l’égalité du temps de parole et autres par le CSA, non cumul des mandats, contrôle des frais de fonctionnement des élus ( réserves parlementaires, etc..) , revalorisation du travail des parlementaires, séparation des pouvoirs, etc etc . Le travail est toujours à remettre sur le métier , c’et un travail sans fin. 

    Maintenant il est certain que la démocratie directe, la démocratie participative, le contrôle citoyen, sont des apports nécessaires et on doit faire vivre la complémentarité entre ces diverses procédures. 

    Et je ne vois pas pourquoi il faut récuser totlement la démocratie représentative pour essayer de faire valoir d’autres systèmes qui d’ailleurs présentent aussi autant de potentielles dérives et des risques certains pour la démocratie.


    • Attila Attila 6 février 2019 17:38

      @bernard29
      Vous pourriez vérifier l’exactitude de vos affirmations :
      "la démocratie représentative aura toujours des dérives . Il est vrai aussi que les corrections apportées jusqu’à présent ne sont pas suffisantes ; (plafonnement des frais pour l’élection, contrôle de l’égalité du temps de parole et autres par le CSA, « 
      Vous ne saviez pas que le principe de »l’égalité du temps de parole" a été annulé par la loi Urvoas (actuellement mis en examen pour violation du secret professionnel) :
      Une loi veut supprimer l’égalité du temps de parole

      .


    • Marcel MONIN Marcel MONIN 7 février 2019 13:10

      @bernard29

      Merci pour votre commentaire qui m’inspire les observations suivantes.

      Ainsi que je l’ai dit, il n’entre pas dans mes intentions de militer pour ou contre le tirage au sort. J’ai donc décidé de me borner à rechercher comment, s’il était d’aventure décidé (par on ne sait qui), ce tirage au sort permettrait techniquement de faire survivre ce qu’on met d’habitude dans le concept de « démocratie »

      Certes, les partisans du tirage au sort, peuvent estimer que mes « propositions » maintiennent en réalité l’usage du vote. Mais en le « dédoublant » : le vote sur le contenu du mandat (avec une sorte de retour à ce qu’on appelait le mandat impératif) que l’élection actuelle ne permet pas ; le vote de destitution du mandataire pas fiable ou infidèle qui n’est actuellement pas prévu. Dans un contexte dans lequel actuellement les candidats ne sont pas non plus choisis par les électeurs, mais par les états majors politiques, - ce qui ne changerait rien dans les faits- . Contexte dans lequel les électeurs doivent subir le vainqueur de l’élection pendant 5 ans, y compris si celui-ci se révèle être en conflit d’intérêts ou est un fumiste- ce qui est combattu avec le droit de récusation et celui de révocation -.

      Ce qui fait qu’entre le faux choix du faux mandataire et la vraie possibilité de faire respecter ses choix et de contrôler le mandataire …

      On doit évidement observer au passage que l’élection est tellement ancrée dans les mœurs et l’imaginaire, que la tendance naturelle de chacun est de rechercher les moyens, qu’on n’a jamais trouvés, de remédier à ce qu’il a toujours été fait de l’élection. Et de se méfier par voie de conséquence de toute proposition (et de la rejeter a priori) , qui viserait à y « toucher » peu ou prou.

      Surtout que l’on associe élection et « légitimité ». En réalité, ce n’est pas parce qu’on est élu qu’on est « légitime ». Il existe d’ailleurs des procédures qui permettent d’invalider des élections. Ce n’est pas parce qu’on est élu, que ce qu’on fait est légitime. Des fous sanguinaires ont été élus : les crimes qu’ils ont commis ou fait commettre ne sont pas légitimes. Des lois sont votées par les parlementaires : leur contenu n’est pas ipso facto « légitime ». D’ailleurs s’est développé un contrôle du contenu des lois (sous l’appellation du contrôle de la « constitutionnalité »), dont la mise en œuvre peut être paralysée.

      Mais les représentations sont tenaces.

      Cordialement.

      MMM


  • Olivier MONTULET Olivier MONTULET 6 février 2019 18:08

    Je pense que la question n’est pas posée dans les termes adéquats.
    La question est de savoir comment rendre la décision politique légitime aux yeux du plus grand nombre (plus grand au sens non de majoritaire mais de quasi tout le monde).

    Mais le jeu démocratique ne se joue pas seulement dans la représentation politique aux assemblées législatives, elle se joue également dans l’action des contre-pouvoirs tels les syndicats, les associations etc.
    En France, la 5ème république accorde beaucoup trop de pouvoir au Président et les contre-pouvoirs sont peu efficaces. Au surplus la transparence ne fait pas partie de la culture institutionnelle française.

    Il me semble, de mon point de vue extérieur de Belge, que ce sont ces 3 aspects sur lesquels il faudrait que les Français travaillent avant tout.


  • beo111 beo111 7 février 2019 06:45

    C’est pas les députés qu’il faut tirer au sort mais les grands électeurs.

    Deux gros avantages : responsabilisation de l’électeur, et vérifiabilité du scrutin.

    Plus de détails ici (notamment).


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