mardi 28 septembre 2021 - par Dr. salem alketbi

L’ère des interventions américaines touche à sa fin  ?

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La diplomatie peut-elle, à elle seule, assurer la réalisation des promesses du président américain Joe Biden de restaurer le prestige et l’influence des États-Unis dans le monde  ? Dans ses premiers mots après sa prise de fonction, il a déclaré que l’Amérique était de retour sur la scène mondiale.

Cette question est renouvelée après que Joe Biden a annoncé, dans son récent discours devant l’Assemblée générale de l’ONU, que l’ère de la guerre sans fin est terminée et que l’ère de la diplomatie a été inaugurée. «  Nous avons mis fin à 20 ans de conflit en Afghanistan et, alors que nous clôturons cette ère de guerre sans fin, nous ouvrons une ère de diplomatie sans fin,  » a déclaré Joe Biden.

«  La puissance militaire américaine doit être notre outil de dernier recours, pas notre premier, et elle ne doit pas être utilisée comme une réponse à tous les problèmes que nous voyons dans le monde.  »

«  Les États-Unis continueront à se défendre [...] alors que nous nous préparons à utiliser la force si cela s’avère nécessaire, mais - pour défendre nos intérêts nationaux vitaux des États-Unis, y compris contre les menaces actuelles et imminentes. Mais la mission doit être claire et réalisable[.]  »

L’importance de cette vision découle de plusieurs facteurs, dont le plus important est l’élément temporel, le président Biden présentant sa vision immédiatement après le retrait américain, et au plus fort de la tension avec l’Iran sur la crise de l’accord nucléaire.

Cette vision envoie un message clair et confirmé qu’il n’y a aucune perspective d’affrontement militaire entre les États-Unis et l’Iran, quelles que soient les violations continues du régime des mollahs, notamment en ce qui concerne le dépassement des taux d’enrichissement de l’uranium stipulés dans l’accord nucléaire.

L’accent mis par Biden sur la diplomatie dans son discours aux Nations unies n’est pas nouveau.

Au début de son mandat, il avait déjà souligné que le fait d’«  [i]nvestir dans notre diplomatie n’est pas quelque chose que nous faisons juste parce que c’est la bonne chose à faire pour le monde. Nous le faisons pour vivre dans la paix, la sécurité et la prospérité. Nous le faisons parce que c’est dans notre propre intérêt.  »

Le fait qu’il ait choisi le Département d’État comme lieu de son premier grand discours diplomatique est une indication majeure de l’importance qu’il accorde à la diplomatie et aux diplomates pour atteindre ses objectifs de politique étrangère. Biden compte sur le leadership de la diplomatie, et signifie une plus grande cohésion avec les alliés et partenaires clés des États-Unis.

Mais il est remarquable qu’il se soit récemment heurté à un partenaire européen important, la France, sur fond d’accord américano-britannique pour fournir des sous-marins nucléaires à l’Australie. Cela a mis en colère la France, qui avait des contrats de cinq ans avec l’Australie pour fournir à cette dernière des sous-marins à combustible non nucléaire.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a même qualifié l’accord de «  coup de poignard dans le dos  » et a convoqué les ambassadeurs français des États-Unis et d’Australie. Cet incident particulier reflète l’incapacité de l’administration Biden à éviter les erreurs commises par l’ancien président Trump avec les alliés européens.

Cela a exacerbé une crise de baisse de confiance entre les alliés atlantiques, au point de retirer les ambassadeurs entre Paris et Washington dans un incident atlantique sans précédent. Les faits suggèrent que de nombreux observateurs remettent en question l’efficacité de la ligne de l’administration américaine actuelle.

Ils l’accusent de faiblesse et d’inaction face aux défis et aux crises affectant les intérêts américains. Mais le président Biden semble être fermement convaincu de la capacité de la diplomatie à apporter des solutions à tous ces défis.

Mais ses détracteurs voient dans le pari uniquement sur la diplomatie une sorte d’hésitation, de ralentissement et d’incapacité à juxtaposer le bâton et la carotte dans la politique étrangère américaine. Les régimes voyous tels que les mollahs iraniens considèrent la diplomatie de Biden comme une sorte de faiblesse et même un déclin de l’influence américaine dans le monde.

Cela les encourage à violer davantage leurs obligations dans le cadre de l’accord nucléaire de 2015. En résumé, le fait que le président Biden articule le recours à la force sur le caractère réalisable signifie que la dissuasion fait largement défaut, en particulier avec les complexités entourant les dossiers de conflits impliquant la puissance américaine.

Un scénario tel que la frappe des installations nucléaires iraniennes n’est par extension pas un objectif fiable, compte tenu de plusieurs considérations. Mais le simple fait de brandir la force militaire et la crainte du régime des mollahs d’une frappe américaine qui pourrait le renverser du pouvoir sont connus pour être une énorme pression sur les dirigeants du régime.

Mais l’abandon effectif de la carte de la dissuasion militaire par le président Biden ouvre grand la porte aux mollahs purs et durs pour contourner le droit international. Cette situation pourrait se répéter dans d’autres dossiers et régions, mettant à mal la confiance des alliés des États-Unis dans leurs engagements à les protéger contre toute attaque.

Le retrait des États-Unis d’Afghanistan n’est peut-être pas un signe réel du déclin de l’influence et de la puissance militaire américaines.

Mais la vision du président Biden d’une confiance absolue dans la diplomatie pour atteindre les objectifs de politique étrangère et la fin de l’ère des interventions étrangères soulève de nombreuses questions sur l’avenir du leadership américain de l’ordre mondial avec les défis difficiles auxquels il est confronté.

Le prestige et l’influence mondiale des États-Unis au cours des dernières décennies et années ont reposé principalement sur la capacité à se déployer militairement et à pouvoir protéger et intervenir pour défendre les intérêts américains dans n’importe quelle région du monde.



7 réactions


  • Lonzine 28 septembre 2021 11:43

    Non bien sur, c’est juste le signal que la guerre des drones est opérationnelle et remplace le déplacement de milliers de robots.


    • titi titi 28 septembre 2021 13:26

      @Lonzine

      Exactement.

      A quoi bon maintenir des troupes à l’autre bout du monde, alors que les pilotes de drones peuvent œuvrer depuis la campagne Texane, avec la clim, le Mac Do à midi et retour chez bobonne à 18h00.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 28 septembre 2021 11:43

    C’est peu dire que nous sommes à la croisée des chemins...


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 28 septembre 2021 12:03

    Le noeud sud rentre bientôt en scorpion. LA GUERRE. 


  • Attila Attila 28 septembre 2021 12:13

    Menacer la Chine par la fourniture de sous marins nucléaires imposée à l’Australie, c’est diplomatique. Évidemment !

    .


    • titi titi 28 septembre 2021 13:28

      @Attila

      Les USA ont un problème c’est la trajectoire de leurs missiles pour atteindre la Chine. 
      Le territoire australien leur offre plein de possibilités.


  • ZenZoe ZenZoe 29 septembre 2021 09:17

    Diplomatie américaine ? Bel oxymore !

    D’autres mots me viennent à l’esprit pour qualifier les rapports américains avec les autres pays : brutalité, tyrannie, intimidation, ... bully en anglais, un mot qui leur va comme un gant.


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