jeudi 1er mai 2008 - par zoup

L’humiliation du chômeur

Comment un chômeur se plaignant avec humour de ne pas recevoir de réponses à ses mails se voit taxer d’arrogance...

Je viens de découvrir les lettres de non-candidature de Julien Prévieux (éditions Zones). Celui-ci envoie des lettres de réponses aux offres d’emploi en expliquant qu’il refuse le poste proposé. C’est très drôle mais on rit d’un rire jaune tellement il met le doigt sur l’absurdité des conditions de recrutement à notre époque. Tout cela m’a rappelé une aventure qui m’est arrivée il y a quelques années, un échange de mails où je me rappelais au bon souvenir d’un responsable à qui j’avais envoyé une candidature spontanée. Voici l’échange de mails qui en a résulté :

23 octobre 2000
Monsieur,

Voilà deux fois déjà (13/09 et 12/10) que je vous ai envoyé un mail et que je n’ai reçu aucune réponse. C’est très curieux de la part d’une association qui fait la promotion des NTIC. Cela renforce mon opinion que vous êtes débordé et c’était justement l’objet de mes mails (je proposais ma candidature). J’ai donc décidé de vous faciliter la tâche pour répondre à mon mail : vous n’aurez qu’à cliquer sur répondre, cocher une case et cliquer sur envoyer. Cela vous prendra environ 20 secondes lecture comprise

(Attention une réponse est pré-sélectionnée)

[ ] Je ne répondrai pas à ce mail .

[ ] Nous accusons réception de votre candidature. Malheureusement et malgré tout l’intérêt qu’elle représente, nous ne pouvons y donner suite, n’ayant à ce jour aucun poste correspondant à votre qualification. Veuillez agréer, bla bla bla .

[ ] Nous accusons réception de votre candidature. Votre profil est très intéressant et nous souhaiterions pouvoir vous recruter. Malheureusement, nous n’avons pas actuellement les crédits nécessaires. Cependant, recontactez-nous dans quelques mois car la situation peut évoluer rapidement.
[ ] Nous accusons réception de votre candidature. Votre profil est très intéressant et bien que n’ayons pas de poste actuellement, nous souhaiterions vous rencontrer. En effet, au vu du développement des NTIC dans les entreprises, il est probable que nous recrutions du personnel à court terme et il est bon pour nous de répertorier les compétences disponibles dans la région. Je vous propose donc de nous téléphoner afin de convenir d’un rendez-vous.

[X] Nous accusons réception de votre candidature. Votre profil est très intéressant et correspond parfaitement à nos missions. Nous souhaiterions vous rencontrer et je vous propose de nous téléphoner afin de convenir d’un rendez-vous.

Cordialement, etc.

Réponse du monsieur :

Objet : Votre surprenant style

Monsieur,
J’ai reçu vos courriers électroniques. J’avais gardé votre CV sans prendre contact car je n’ai pas de poste aujourd’hui correspondant à votre profil. Je vous avoue cependant que le style de votre dernier mail est pour le moins surprenant. J’ai supposé qu’il était fait pour interpeller mais certains propos sont à la limite de l’arrogance, dommage car l’idée était originale.

De plus, les NTIC ne signifient pas l’exclusion du téléphone.

Ma réponse :

Monsieur,

J’ai effectivement téléphoné deux semaines après l’envoi du premier mail et il m’a été répondu que le mail vous avait été transmis.
Désolé que vous ayez trouvé certains propos arrogants car l’intention n’était que de mettre un peu d’humour, mais peut-être transparaissait un peu de la tension du chômeur humilié par l’indifférence à laquelle se heurtent souvent ses candidatures spontanées.
Cordialement



15 réactions


  • Sébastien Sébastien 1er mai 2008 09:55

    Ou est l’arrogance dans votre premier email ? L’arrogance vient surtout du fait que vous lui avez mis le nez dans son pipi.

    En tous cas bravo d’avoir eu le courage d’envoyer ca, je ne l’aurai pas fait !

    Et racontez nous la suite alors ! Ils vous ont engage ou non ?


    • zoup 1er mai 2008 21:13

      Non ils ne m’ont pas engagé bien sûr.

      Quelques temps après, l’association a d’ailleurs disparu.


  • fredleborgne fredleborgne 1er mai 2008 09:56

    Le fort a toujours raison, même si sa raison n’est pas toujours la meilleure.


  • Bof 1er mai 2008 12:27

    ET QUI va avoir le courage de devenir patron ?

     Nous nous plaignons que nos jeunes ultradiplomés ne se lancent pas dans l’aventure et je suis dans les premiers à le déplorer et à leur dire mais que penser de ces propos qui indiquent bien que les patrons n’ont qu’à travailler pour pouvoir donner des loisirs à leurs employés et ceci avec toutes les lois qui sont contre eux...alors, on en retrouve certains en Belgique mais de très nombreux dans nos ministères le cul scotché sur sur une chais...non un fauteuil confortable dans un étage d’immeuble très confortable et très peu bruyant...et la France s’écroule....


  • Leekid 1er mai 2008 15:15

    J’ai lu il y a pas longtemps les lettres de non-candidature de Julien Prévieux. C’est tout simplement énorme, il y a des passages d’anthologie :)


  • Breton8329 rol8329 1er mai 2008 15:33

    Comme disait Audiard, "la vérité triomphre rarement mais les imbéciles finissent toujours par mourir". Soyez patient, son heure viendra. Comment peut on confier des responsabilités à un triste con pareil ? Cet homme (ou cette femme) ne possède aucune âme, c’est tout juste un robot dépourvu de sentiment et surtout incapable de reconnaître la créativité lorsqu’elle lui passe sous le nez. Si j’étais son patron, je changerai de DRH !


    • melanie 1er mai 2008 17:10

      @ rol 8329

      Quel manichéisme : Tout noir, tout blanc....

      Ce type est peut-être un patron très compétent et humainement riche, il pratique ce qui est la règle en France et insupportable pour qui cherche du travail : Pas de réponse, mauvaise réponse..

      Ce patron n’est ni plus ni moins épouvantable que les 99 % de recruteurs en France.

      Entre le nombre de candidatures phénoménales reçues pour un poste - en Commercial pharmaceutique, soit déléguée médicale comme moi - jusqu’à 300 candidatures reçues pour un poste à pourvoir, 30 sélectionnés et vus,les candidatures spontannées qui tombent à côté des besoins de l’entreprise, et les candidatures à côté de la plaque, sans réponse - si parfois 6 mois après en courrier type-, il est proprement impossible pour le candidat de juger de son positionnement et de son potentiel. Reste comme je l’ai fait à se blinder...Les patrons ayant à chaque offre de poste pléthore de candidats, la règle est simple, réactivité immédiate : Tu es parmi les candidats sélectionnés ok, réponse rapide sinon .... La balle est toujours dans leur camp et ils ont beau jeu de ne jamais répondre ou de façon informelle et bateau.

      Quant à l’humour, en position de force avec son patron en poste, ou en recrutement mais surtout éviter de remettre en question le sacro-saint sérieux et la mise en scène de la selection : les choses sont graves ...


    • geko 1er mai 2008 18:53

      Il s’agit d’une association travaillant sur la promotion des NTIC ? Zont pas l’air de bien maîtriser le sujet s’ils sont incapables d’envoyer rapidement une réponse négative ce que permettent précisément les nouvelles technologies !

      2èm point : Pour envoyer une réponse aussi nulle il doit rechercher un bon soumis ! Ha mais voilà un soumis à l’esprit d’initiative ça n’existe pas ! Le recruteur ne semble pas être sûr de ses compétences pour s’assoir ainsi sur sa fonction ! D’ailleurs Julien Prévieux lui a bien mis le nez dans son incompétence pour rester poli !


  • Jocrisse Jocrisse 1er mai 2008 16:55

    Vous pensiez réellement obtenir une réponse favorable ? mais si c’était pour la "marrade", je comprends.

     


    • zoup 1er mai 2008 21:21

      Pourquoi pas ? Certains peuvent apprécier la créativité, voire même l’impertinence.

      Pour une autre candidature spontanée, j’ai créé une fausse offre d’emploi, comme si elle était rédigée par la société à qui je la destinais (avec logo etc.. et correspondant parfaitement à mon profil bien sûr.) et je la leur ai envoyée en leur mettant juste "Avant de publier cette annonce, appelez-moi". Ils n’avaient pas de poste mais ils avaient aimé la démarche.


  • pyralene 1er mai 2008 18:54

    AU BOULOT FEIGNANT !!


    • Renaud Delaporte Renaud Delaporte 1er mai 2008 21:32

      Farpaitement ! Tous ceux qui-z-ont pas de boulot, c’est rien juste que des faignants. C’est d’ailleurs le seul avis que partagent mon banquier et ma concierge.


  • Yann 35 Yann 35 2 mai 2008 09:59

    Restons pragmatiques svp ! C’est évident que la situation du demandeur d’emploi, parfois d’autant plus anxiogène que la fin de droits ASSEDIC approche par exemple, fait que l’on aimerait y voir clair en permanence sur ses chances d’obtenir un poste. Or les candidatures spontanées peuvent donner l’impression qu’on envoi beaucoup de courriers pour rien car il y a rarement un retour immédiat. Mais environ 25% des recrutements se font sur candidature spontanée, ce qui est considérable. En réalité beaucoup de recruteurs conservent les CV, sans donner de réponse en "accusé de réception" (hormis les réponses automatiques de boîtes e-mail), mais ils peuvent très bien rappeler au bout de plusieurs mois. Certaines entreprises recoivent des centaines voire des milliers de candidatures spontanées par mois, y répondre systématiquement par courrier aurait un coût particulièrement élevé compte tenu des frais d’envois et du secrétariat mobilisé. Sauf que les NTIC, dès lors qu’une adresse e-mail est précisée sur le CV, permettent théoriquement aujourd’hui d’apporter un accusé de réception immédiat et à moindre frais. C’est une habitude à prendre... Par contre concernant les réponses à une offre il est assez inacceptable qu’aucune réponse ne soit faite aux candidatures, éventuellement en accusé de réception mais surtout sur la suite donnée à cette candidature (refus, conservation réelle du CV, entretien ?). Parfois l’espoir suscité par une candidature freine voire bloque la recherche d’emploi en attendant une réponse, les employeurs devraient donc savoir que s’ils ne donnent pas de réponse ils ne favorisent pas le retour à l’emploi et contribuent donc à faire durer un peu plus le chômage de certains demandeurs d’emploi. Je travaille à l’ANPE et je prépare un rapport de 50 mesures qui sera envoyé dans quelques semaines au ministère de l’emploi et à la direction générale de l’agence. Il y aura dans ce rapport au moins une mesure liée au suivi des candidatures, en tout cas concernant les offres qui passent à l’ANPE. C’est un problème qui n’est pas nouveau et dont nous sommes bien conscients (surtout que nous sommes un certain nombre à avoir été également demandeurs d’emploi), mais il doit être traité sans démagogie, avec pragmatisme, avec réalisme mais également de manière très volontariste pour que ça évolue enfin.


  • Yann 35 Yann 35 2 mai 2008 10:09

    Restons pragmatiques svp ! C’est évident que la situation du demandeur d’emploi, parfois d’autant plus anxiogène que la fin de droits ASSEDIC approche par exemple, fait que l’on aimerait y voir clair en permanence sur ses chances d’obtenir un poste. Or les candidatures spontanées peuvent donner l’impression qu’on envoi beaucoup de courriers pour rien car il y a rarement un retour immédiat. Mais environ 25% des recrutements se font sur candidature spontanée, ce qui est considérable. En réalité beaucoup de recruteurs conservent les CV, sans donner de réponse en "accusé de réception" (hormis les réponses automatiques de boîtes e-mail), mais ils peuvent très bien rappeler au bout de plusieurs mois. Certaines entreprises recoivent des centaines voire des milliers de candidatures spontanées par mois, y répondre systématiquement par courrier aurait un coût particulièrement élevé compte tenu des frais d’envois et du secrétariat mobilisé. Sauf que les NTIC, dès lors qu’une adresse e-mail est précisée sur le CV, permettent théoriquement aujourd’hui d’apporter un accusé de réception immédiat et à moindre frais. C’est une habitude à prendre... En revanche concernant les réponses à une offre il est assez inacceptable qu’aucune réponse ne soit faite aux candidatures, éventuellement en accusé de réception mais surtout sur la suite donnée à cette candidature (refus, conservation réelle du CV, entretien ?). Parfois l’espoir suscité par une candidature freine voire bloque la recherche d’emploi en attendant une réponse, les employeurs devraient donc savoir que s’ils ne donnent pas de réponse ils ne favorisent pas le retour à l’emploi et contribuent donc à faire durer un peu plus le chômage de certains demandeurs d’emploi. Je travaille à l’ANPE et je prépare un rapport de 50 mesures qui sera envoyé dans quelques semaines au ministère de l’emploi et à la direction générale de l’agence. Il y aura dans ce rapport au moins une mesure liée au suivi des candidatures, en tout cas concernant les offres qui passent à l’ANPE. C’est un problème qui n’est pas nouveau et dont nous sommes bien conscients (surtout que nous sommes un certain nombre à avoir été également demandeurs d’emploi), mais il doit être traité sans démagogie, avec pragmatisme, avec réalisme mais également de manière très volontariste pour que ça évolue enfin.


  • Yann 35 Yann 35 2 mai 2008 10:48

    Y’a des problèmes techniques d’affichage des messages on dirait...


Réagir