lundi 12 février 2024 - par Jules Seyes

L’infaillibilité médicale, leurs enjeux, nos corps comme petite monnaie

Profitons traîtreusement de l’actualité pour nous lancer dans l’analyse des fondements des positions des uns et des autres. Évidemment, comme tout éditorial, cet article subit la marque des prises de positions de l’auteur, mais la vérité, comme toute sculpture, doit être vue sous plusieurs angles. Vous avez eu dans l’Express un coup de projecteur sur la face favorisée par les pouvoirs en place.

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Toute vérité ayant de nombreuses faces, souffrez que je commence à déflorer la statue de la santé en France. Officiellement, de gentils médecins et personnels médicaux se consacrent à votre bien par pur dévouement envers l’humanité.

Bien sûr vous vous rappellerez Cendrillon ? Vous savez : elle épouse un prince charmant, ils vécurent heureux et ils eurent beaucoup d’enfants ? Oui, ou bien la chanson de Téléphone où en quelques décennies, la jolie princesse devient une Junkie et meurt dans la rue ?

La vie est rude et bien souvent un discours en apparence désintéressé dissimule de sordides intérêts et plus l’apparence semble pure, plus les enjeux sont grossiers. Alors, permettez-moi de mettre la main sous la jupe de la statue pour vous révéler les aspects moins glorieux et les affaires de gros sous :
La santé représentait en 2022 235mds d’Euros soit 8,9 % du PIB. Une jolie somme rondelette en grande partie financée par les prélèvements sur les salaires des employés et des indépendants.

Pour rappel  : La production de la branche industrie automobile (92 milliards d’euros) est à elle seule supérieure à la valeur des productions agricoles françaises (78,6 milliards d’euros).

On le voit, la santé c’est des sous, beaucoup de sous, mais avec un avantage par rapport à l’automobile ou l’agriculture : Vous n’avez pas votre mot à dire !

Le prix de la consultation ? Ne vous regarde pas, l’état seul en décide pour tous les médecins, votre unique choix est de rester où non chez le vôtre. Remerciez, la bonté de nos dirigeants.

Le budget de l’hôpital ? Pas votre affaire, on ne va pas vous laisser ce choix. Là encore, des administratifs décident et votre seul choix est de décider l’établissement où vous choisissez de vous rendre, mais il en reste si peu de toute façon et vous consulterez là, où l’on vous expédiera.

Le prix de vos médicaments ? Encore une fois, des bureaucrates de la sécurité sociale et du ministère de la santé en décident sans se déranger à vous demander votre avis.

Qui peut dire combien a coûté la naissance de son enfant, son bras cassé ? Vous êtes soigneusement protégés de ces vérités sordides et bien sur votre cancer est encore plus inaccessible, mais rassurez-vous, tout le monde n’y perd pas.

Alors, bien sûr, cela a l’avantage de séparer vos revenus de votre niveau de soin et de garantir à chacun une qualité de soins d’une valeur minimale et nous sommes dans la beauté du communisme :
De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins.

Ainsi, l’enfant de la mère célibataire sans le sou, peut voir son cancer pris en charge sans que les difficultés de la vie de sa maman ne mettent ses chances de se remettre en danger. Notre système social offre cet avantage et cela se justifie aussi par l’intérêt de la société : Une population mieux soignée est plus productive et ainsi, les poches de misères1 ne deviennent pas des foyers de maladie contagieuse et la santé des uns contribue à celle des autres.

Exact, mais l’homme ne serait pas l’homme, s’il ne trouvait pas les moyens de détourner les finalités du système. Au départ, il s’agissait de soigner tout le monde pour le bien de la société. Vous vous présentiez, vous étiez pris en charge et il existait une offre de soin. Limitée peut-être, mais le médecin s’occupait des symptômes que vous lui apportiez.

Au fil des années, le nombre d’administratif a augmenté et leur présence a aussi contraint les personnels de soin à détourner du temps dédié aux patients au profit de la documentation. Là encore, tout se laisse justifier. Il est normal de rationaliser, pour éviter fraudes et dépenses inutiles.

Sauf que, il y a rationaliser et rationaliser et il y a même trois sortes de rationalisation.

  • Il y a évidemment empêché les grosses pertes et détournements avec un système pour obliger les responsables à rendre un minimum de comptes. Ce sont les bases du contrôle interne et soyons honnête, certains mandarins ont sûrement profité des failles de l’organisation hospitalière pour s’arroger des avantages abusifs.

  • Ensuite, il y a le bombardement de reporting pour justifier une armée mexicaine de contrôleurs de gestions. Des normes, des justifications en mains exemplaires permettent d’assurer une vérification du moindre détail par suffisamment d’yeux pour éviter le plus minuscule abus. Voila pour la théorie. Dans la pratique il est certain que les infirmières gagnent des milliards en vendant les seringues au marché noir. Il est donc normal de les forcer à signer un document pour chaque boite de seringues sorties des stocks. Ensuite, il faudra archiver ce précieux papier dans un classeur et créer bien sur une entrée dans le système informatique. Ainsi, les contrôleurs de gestion pourront vérifier si Jacqueline n’utilise pas plus de seringues que Maitée et peut-être percer le secret du trafic au sein de l’hôpital : Maité n’aime pas faire les piqûres et elle fait les bassins pendant que Jacqueline accomplit le programme de piqures. Vous comprenez l’utilité j’espère je n’ai pas les fonds pour vous commander un power point chez Mc Kinsey. (Enfin, si vous avez trois ou quatre millions inutiles, envoyez-moi votre RIB, je vous ferais un power point sur les rendements décroissants.)

  • Enfin, il vient la meilleure des rationalisations : Celle du client. Vous lui imposez un produit standardisé sur lequel vous avez des avantages et ne cherchez pas plus loin la manière dont la santé fonctionne aujourd’hui. On en cherche plus à vous soigner, mais à vous faire rentrer dans une des cases prévues à l’avance et nous allons détailler cet aspect.

Pas besoin de complot, de conjuration, il suffit d’utiliser les outils de rationalisation standard, si vous mettez en place la bonne comptabilité : Imaginons, un hôpital financé par un budget fixé en fonction de la population de la région ? Vous verrez alors les responsables aider les édiles locaux pour expliquer aux futurs arrivants dans la région à quel point c’est un séjour charmant. Seulement là, nous avons fixé un tarif à la consultation pour les médecins et une tarification à l’acte pour les hôpitaux.

Dans les deux cas, quelles cases obtenez-vous ? Une pression à accumuler le plus vite possible le maximum de consultations. Inutile de parler, vous prenez le pouls, vous ordonnez un examen ce qui sécurise la prochaine consultation du client (pardon patient). Ou bien vous renvoyez l’individu avec une ordonnance et des médicaments qui feront le travail. Le mieux est le traitement long qui exigera des consultations régulières pour renouveler l’ordonnance. Bien sûr, il reste encore des fortes têtes désireuses de traiter leurs patients comme des êtres humains, mais la puissance normative d’un système est là pour soit les dégoûter (Ou les exclure, merci à l’ordre), soit les faire rentrer dans le rang.

À l’hôpital, le même système est à l’œuvre. Beaucoup de chirurgie, de plus en plus de médicaments, une médecine froide et sans âme destinée à expédier le maximum de patients pour capter la plus large partie possible de la manne représentée par les prélèvements sur les salaires.

Dans ce système, tout se tient et se soutient. L’état prend le contrôle des caisses de sécurité sociale pourtant normalement destinée à une gestion par les syndicats. Allez-voir un jour le bâtiment du ministère de la Santé place Pierre Laroque, c’est un immense clapier à fonctionnaires2. Pourquoi ? En théorie, la médecine devrait être une relation entre patient et médecin payée par une caisse dépendant des syndicats (Salariés et patronaux), que vient faire l’état là-dedans ?

Ce petit coup de force crée des carrières et le système de normalisation est ainsi sous leur contrôle. Il convient d’avoir des médecins fonctionnarisés, prés à échanger une bonne paie et un travail contrôlé contre une soumission aux bureaucrates. Un système de formation totalement centré sur la technique leur insufflera le bon état d’esprit.

Quant aux laboratoires, leur intégration dans la boucle justifie l’intervention de l’administratif : Vous ne sauriez pas acheter vos médicaments dans ces contrats à plusieurs milliers de milliards.

Pour permettre au système de fonctionner au mieux il doit être prévisible. Alors, bien sûr, on peut établir une régression statistique : Combien de bras cassés, d’herpès… Mais il est tellement mieux de planifier des rendez-vous :

Vaccins, puis à 25 ans votre consultation pour infertilité, check-up à 40 ans, dépistage du cancer… Peu importe si vous vous sentez bien ou mal, à travers ces rendez-vous réguliers le système s’assure un flux d’affaires régulier capable de justifier sa perpétuation.

Malheureusement, toutes les bonnes choses trouvent leurs limites. La Covid, perfection de cette médecine administrée : Tout le monde à la maison, puis les normes et enfin un vaccin pour tous a rassemblé les opposants.

Non, la médecine n’est pas gratuite, elle est plutôt là pour payer les salaires des personnels soignants et encore, mais surtout celui des administratifs et les profits des laboratoires. Les soi-disant anti-vaxx, en réalité des patients avec un doigt de bon sens et d’esprit critiques attendaient de pouvoir estimer eux-mêmes leurs besoins et les thérapies auxquelles ils se soumettaient. Le système devait justifier son existence par une véritable valeur ajoutée3.

Faut-il s’étonner de l’opposition voire de la haine contre ces troubles fêtes ? Les personnels de santé n’étaient plus placés sur un piédestal, leurs ordonnances cessaient d’être des commandements divins.

Alors, bien sûr il y a la perte de prestige, mais cette logique où le patient soumet le soignant à l’examen critique de son bon sens porte en elle la contestation de cette coalition d’intérêts au détriment des patients.

Les médecins vont, au lieu d’administrer une recette, devoir se préoccuper de l’individu en face d’eux. Le convaincre et le laisser même vérifier. Peut-être même devront-ils commencer à parler alimentation et se fâcher avec d’autres lobbys. Quelle horreur !

Comprenez-vous mieux le déferlement de haine ? Ces médecins prêts à vous regarder étouffer pour le crime sans nom d’avoir refusé leurs ordonnances ? Belle violation de l’esprit et de la forme du serment d’Hippocrate4.

Mais dans ce monde, les serments n’ont plus de valeur et pour ces gens l’essentiel est de vous contraindre à accepter leurs ordres.

Nous atteindrons alors le summum du contrat léonin : Vous payerez avec votre travail, pour suivre des thérapies dont vous ne voulez pas et qui peut-être même vous rendrons plus malade qu’elles ne vous soigneront.

Combien de morts en raison de la surconsommation de médicaments en France ? Par la faute des maladies nosocomiales à l’hôpital ? Alors, certes, certains sont heureux de se remettre dans les mains des médecins et d’abdiquer leurs responsabilités envers le Sachant. Le culte du cargo compte encore de nombreux adeptes, mais personne ne le leur interdit, ils vivront eux aussi avec les conséquences (Bonnes ou mauvaises) de ce choix.

Mais d’autre, préfèrent mourir debout au lieu de vivre à genoux. Pour eux, même s’ils commettent des "erreurs", ils paieront celles-ci dans leur propre chair et les personnels soignants devraient se rappeler leur rôle : Une offre de soin disponible, si et seulement si, le patient la désire !

En tout cas, ne cherchez pas plus loin, les raisons de l’acharnement juridique et du ce fameux article 4 de la loi sur les dérives sectaires, il faut protéger la source de grisbi !

 

1 Pardon, je suis complotiste, il parait que grâce aux mesures de Macron la pauvreté n’a pas explosée en France, malgré les crises… L’ironie n’en effraye pas certains qui oublient que Macron avait promis d’éradiquer les sans domiciles fixes. Quant aux "crises", je vous rappelle mon complotisme profondément ancré et donc ma certitude que si nos dirigeants avaient deux sous de jugeote et de maîtrises d’eux-mêmes, nous n’aurions pas fait de la covid un drame national, ni ne nous serions engagés en Ukraine. J’étais, comme tout bon français, procureur à temps partiel, en retard sur mes griefs.

2 Et donc un réservoir de place bien payées pour les amis nécessaires afin d’encadrer cette armée mexicaine.

3 Et il faut bien l‘admettre, cette TERRIBLE maladie où l’on vous égrenait les morts n’a pas provoqué un effondrement des pensions servies par le système de retraite ou une chute de l’immobilier en raison du nombre de biens subitement sans occupants. Gageons qu’à Marseille après la peste noire, il y a eu au contraire de faibles loyers pendant des années, le temps que la population se reconstitue..

4 Allez savoir pourquoi, mon ordinateur veut le corriger en hypocrite…



4 réactions


  • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 12 février 2024 11:38
    si nos dirigeants avaient deux sous de jugeote et de maîtrises d’eux-mêmes, nous n’aurions pas fait de la covid un drame national, ni ne nous serions engagés en Ukraine

    Vous suggérez qu’ils n’ont pas fait exprès ? 

    • Jules Seyes Jules Seyes 12 février 2024 14:50

      @Opposition contrôlée
      En terme juridique, je ne peux pas le prouver. Je dois donc faire attention à ne pas entrer dans la diffamation.
      La bétise n’est pas excluable. Cf : La brillante prestation de madame Oudea Castera en deux semaines.


  • zygzornifle zygzornifle 12 février 2024 16:07
    La Sécurité sociale dénombre 2,6 millions de cartes vitales en trop ...

    Un peu de ménage ne serait pas inutile ....


  • rogal 12 février 2024 18:09

    Perte de prestige, aussi, de la science des docteurs. Les analyses et les révélations s’accumulent, qui incitent de plus en plus de monde à se poser d’horribles questions sur le rôle de l’argent des labos dans la constitution du savoir.
    Une seule solution : la censure dans l’information !


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