lundi 4 novembre 2013 - par Résistance

L’Irak depuis l’intervention étasunienne : une décennie mortifère

Dix ans ont passé depuis l’invasion de l’Irak par les États-Unis. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les objectifs officiels de l’époque, à savoir la libération du peuple irakien de l’oppression de la dictature de Saddam Hussein pour en faire un pays moderne et démocratique, ont lamentablement échoué. Pis, c’est chaque jour un peu plus le chaos dans un pays en ruine. 

Les chiffres parlent malheureusement d’eux-mêmes. Ce sont ainsi plus de 4.700 personnes qui ont perdu la vie dans des attentats depuis le début le l’année. 638 victimes sont à inscrire sur le compte du seul mois d’octobre. Personne n’est en mesure de déterminer exactement combien de personnes ont été tuée en Irak depuis l’invasion étasunienne. Selon une enquête menée conjointement par le gouvernement iraquien et l’Organisation mondiale de la santé, 151.000 Irakiens seraient morts de mort violente entre mars 2003 et juin 2006. Les Nations-Unies ont confirmé qu’en 2006 (dernière année où les données sont réputées fiables), au moins 35.000 personnes avaient été tuées.

Dix ans ont passé. Les media occidentaux semblent avoir perdu tout intérêt pour l’Irak, se concentrant sur des sujets plus consensuels ou attrayants. Entre les rives du Tigre et de l’Euphrate, au cœur du Moyen-Orient, une longue et laborieuse transition démocratique est en train de prendre forme depuis la fin officielle de la guerre, le 1er mai 2003.

Un parcours non sans obstacles tant sont nombreuses les contradictions de l’Irak moderne. Le pays est divisé par une guerre civile féroce entre fractions sunnites et chiites. La violence s’est intensifiée après que les forces de sécurité ont violemment réprimé le 23 avril dernier une manifestation sunnite contre le gouvernement, provoquant la mort de dizaines de personnes. Cet épisode a provoqué la réaction des sunnites, qui se sentent marginalisés par le gouvernement chiite. Les milices d’al-Qaïda tentent de tirer profit de la situation, ce qui touche par ricochet le gouvernement.

Les forces d’intervention étasuniennes n’ont jamais vraiment réussi à stabiliser la situation, allant parfois jusqu’à s’engager dans des opérations contraires au droit des conflits armés. Elles ont ainsi utilisé en novembre 2004 des armes chimiques lors de l’assaut de la ville de Falloujah, considérée par les troupes américaines comme un bastion d’insurgés sunnites. Un an plus tard, une folle équipée de Marines tuaient à Haditha vingt-quatre civils irakiens sans défense. Difficile d’apparaître dans ces conditions comme des libérateurs animés des plus nobles sentiments…

Ni les États-Unis, ni même les Nations-Unies n’ont porté un intérêt suffisant à l’actuel gouvernement irakien du Premier ministre Nouri al-Maliki, rongé par la corruption, par la répression et par la longue série de violations des droits humains. Les forces de police, contrôlées par les ministères de l’intérieur et de la défense, sont intervenues massivement entre la fin 2011 et mars 2012 avant un sommet de la Ligue arabe à Bagdad, et ont arrêté des centaines de personnes manifestant contre le gouvernement comme une mesure pour prévenir d’éventuels attentats terroristes. L’ONG étasunienne Human Rights Watch a critiqué très sévèrement dans son rapport annuel le nouvel Irak, l’accusant de devenir un état policier. Plusieurs détenus ont même témoigné avoir été torturés.

Rien d’étonnant à ce que la peine capitale soit dans ce contexte un sujet brûlant. Au moins 125 personnes ont été exécutées depuis le début de l’année ; quarante-deux l’ont été la semaine où on a célébré la journée mondiale contre la peine de mort. Amnesty international fait notamment remarquer qu’en violation des normes internationales, la loi institue la peine de mort pour certaines infractions dont on ne peut considérer qu'elles entrent dans la catégorie des crimes les plus graves, notamment l'enlèvement n'entraînant pas la mort. La peine capitale est ainsi devenue pour le gouvernement un moyen d’asseoir sa mainmise sur le pays.

Le bilan qu’on peut tirer de ces dix années en Irak ne peut être que négatif. L’intervention étasunienne n’a pas apporté que la misère et la corruption. Il n’y a pas un eu un jour depuis 2003 sans que le pays ne perde une vie des suites des violences terroristes. Si c’est ça le modèle de démocratie que l’Occident s’évertue à exporter depuis des décennies, il n’y a vraiment pas de quoi s’émerveiller tant l’échec de ce système politique, économique et social, est patent.

Capitaine Martin

http://www.resistance-politique.fr/article-l-irak-depuis-l-intervention-etasunienne-une-decennie-mortifere-120933602.html

 



5 réactions


  • dom y loulou dom y loulou 4 novembre 2013 13:42

    wall street et Londres banqueroute nous l’ont prouvé sur treize années de mensonges sans fin et de fiasco tous azimuts : 


    la raison du pus fort est l’absence de raison


    joyeux agenda de dépopulation, seul but poursuivi encore par les maîtres invisibles de l’occident qui jouent les reflets déformants, wonderfull

    on tue tout le monde, quelle merveilleuse perspective pleine de sens, réjouissant à souhait, revigorant de se lever le matin et se dire « chouette, peut-être est-ce mon tour aujourd’hui »

    ou

    « je vais être utile à la machine en regardant mon gosse choper le cancer, c’est merveilleux, on sera un de moins »

    ou alors vous allez voir vos voisins pour y jouer comme autrefois nous avons joué aux cowboys et aux indiens et vous leur dites « on commence tout de suite ? »

    ya pas à dire, un tel but est profondément civilisateur... 

    si j’étais Rimbaud je vous offrirais du coup une caisse de pistolets automatiques pour que vous puissiez être efficace pour la clique de pharaobama et des grenades au phosphore ou que sais-je, voyez les menus soldés rock and feller, estampillés Goldmann Sachsen und Co-hamburger bien sûr, enfin voyons, pour votre week end en amoureux... tout sera merveilleux et tandis que les flash-ball sont transformés en balles réelles qu’est-ce qu’on va s’éclater dites...

    les rottenchild ramasseront les morceaux on ne sait pourquoi

    et les océans vont tous nous faire taire aussi et les quatre nouveaux soleils installés dans notre compréhension élargie vous saluent

  • dom y loulou dom y loulou 4 novembre 2013 13:56

    notice of the security office glimmering in seven golden pillars of the soul : the wicked google translator translates funny things


    read : 


    The reason of the strongest is the absence of reason

    ...

    and not : The reason is the absence of strong reason

    ...

    thank you for your intense attention, apreciation and presence, but leave my head alone please 

    end of notice

  • tinga 4 novembre 2013 15:40

    Les américains se moquent de gagner ou de perdre des guerres puisqu’elle ne sont jamais chez eux, au point qu’ils font des 11 septembre histoire de dire, « nous aussi » afin de justifier leurs crimes passés présents et futurs, ce qui compte c’est détruire, instituer la guerre civile, attiser les rivalités, financer le terrorisme, pour tuer toute espoir de démocratie dans ce monde, mais le pire est à venir, la crise économique est là pour généraliser les tensions, dernier recours des bankster, l’extrême droite jubile, car elle sait que le monde de demain est pour elle.


    • Henri Diacono alias Henri François 4 novembre 2013 19:18

      Mais cela fait des siècles que les américains sont en guerre. Depuis que les Etats se sont dits Unis le colt n’a pas quitté leur ceinturon et la winchester leur épaule. Et la France comme une imbécile qui s’est mise dans son giron au côté d’anglo-saxons comme les anglais et les allemands avec lesquels elle n’a rien mais rien à voir.


  • le moine du côté obscur 5 novembre 2013 08:12

    L’intervention étasunienne démontre toute l’hypocrisie et l’horreur des théories des idéologues qui ont provoqués cette guerre. Bien sûr certains « hommes d’affaire véreux » déguisés en politiciens comme Dick Cheney en ont profité pour se remplir les poches. Beaucoup reconnaissent aujourd’hui que c’était une erreur d’intervenir en Irak même ceux qui vouaient une haine féroce au dictateur Saddam Hussein. Mais les étasuniens (dans lesquels je classe pas mal de dirigeants européens inféodés à l’empire et les dirigeants israéliens tous selon moi en quête des « états-unis du monde », une entité toute puissante qui régira le monde à sa guise) voulaient redessiner la région. Des idéologues donc qui ne vivent que de théories qu’ils mettent en pratique dès que possible peu importe les conséquences. Car quand on est convaincu que l’on est un dieu, on ne se fixe pas de limites ! Mais la question est maintenant que faire ? Sans doute l’Irak retrouvera probablement un équilibre mais il me semble clair que ça prendra du temps et il y aura beaucoup de sang et de souffrances. Et que les occidentaux arrêtent aussi de vouloir imposer la démocratie à des peuples dont le concept est étranger à leurs cultures. A se prendre pour un dieu on finit comme Icare...


Réagir