jeudi 22 octobre 2020 - par Zaouder Touré

L’Opium du peuple au XXIe siècle

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La critique de la religion est la condition première de toute critique. Le fondement de la critique irreligieuse est celui-ci : l'homme fait la religion, ce n'est pas la religion qui fait l'homme. La religion est en réalité le sentiment et la conscience propre de l'homme qui, ou bien ne s'est pas encore trouvé, ou bien s'est déjà encore reperdu. La société, l'Etat (religion d'Etat) produisent la religion, une conscience erronée du monde, parce qu'ils constituent eux-mêmes un monde faux. La religion est la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa logique sous une forme populaire, son point d'honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, sa raison générale de consolation et de justification. La lutte contre la religion est par ricochet la lutte contre ce monde, dont la religion est l'ârome spirituel. La misère religieuse, est d'une part, l'expression de la misère réelle, et, d'autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l'âme d'un monde sans coeur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit. C'est l'opium du peuple1.

 Le XXIe siècle commence par les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis tuant près de 3000 personnes. Depuis cette date, le terrorisme islamiste a mené plusieurs attentats dont celui du 13 novembre 2015 en France et aujourd'hui l'assassinat et la décapitation de Samuel Paty pour sa critique de la religion musulmane. Que signifie, au final, un Etat laïque au sein de laquelle on ne plus critiquer une religion ? Au sein de laquelle une religion x ou y devient intouchable ? Cela signifie le début de la mort de la laïcité, la régression et le glissement imperceptible vers la religion d'Etat. C'est le but suprême de l'islamisme politique, dominer ou périr. D'ailleurs existe-t-il un Etat arabo-musulman laïc ? Non, sauf si vous considerez le Liban qui est en réalité une association étatique de plusieurs religions qui se détestent mutuellement. L'Etat laïc n'est pas une association de religions mais la négation de toute religion en son sein.

L'Etat laïc doit mener une lutte implacable contre tous les signes religieux en son sein. C'est seulement sur le terrain de la laïcité que la démocratie et la liberté d'expression peuvent atteindre leur plein developpement. Toutes les forces progressistes doivent lutter pour la conservation de cet acquis. Il est vrai qu'on ne peut pas supprimer la religion par décret car toute religion est le reflet des antagonismes économiques dominantes, même si une révolution balaie le capitalisme-salariat, il faudra de nouvelles générations pour une émancipation totale de la religion.

Mais ce qui est en jeu aujourd'hui c'est la liberté d'expression, base pour toute forme de lutte progressiste. L'Etat laïc doit garentir à chaque individu, chaque association la liberté totale de "blasphèmer" telle ou telle religion. Par exemple, dans les écoles lorsque la science entre en contradiction avec les mythes religieux, il faut enseigner la déconstruction de ces mythes,etc. Devant l'Etat rien ne doit être au dessus de la critique.

Le futur Parti communiste des chômeurs, qui accédera inévitablement à la domination étatique au XXIe siècle parce que nous allons vers une population active constituée majoritairement de chômeurs à cause du déclin irréversible du capitalisme-salariat, il se fonde sur trois principes :

1° Le cantonnement de la religion dans la sphère privée

2° La critique ouverte de la religion en tant que forme idéologique justifiant le capitalisme-salariat.

3° La transformantion matérielle des conditions économiques archaïques perpétuant la religion.

La limite de l'Etat laïc capitaliste-salarial est son incapacité à résoudre les contradictions économiques du capitalisme-salariat c'est pourquoi la République laïque n'atteint sa forme suprême que sous l'inévitable communisme des chômeurs au XXIe siècle.

 

Note 

1. Karl Marx, contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel 1843.



15 réactions


  • Clark Kent Séraphin Lampion 22 octobre 2020 09:19

    Dommage que cet article mélange deux concepts inconciliables : la laïcité (l’idéologie -même du capitalisme issu des « lumières » et s’est débarrassé du carcan qi l’empêchait de développer ses activités financières), et le communisme (qui fait table rase de cette idéologie).

    La notion, philosophique et juridique de « laïcité » s’est développée à une période bien précise, entre 1870 et 1914, celle du triomphe de Thiers, Guizot et Haussman, et la « république » qu’ils ont forgée n’avait rien de philanthropique et se fondait sur la capacité à dominer l’autre par sa propre force et non plus par sa naissance. Il s’agissait de remplacer une aristocratie féodale qui utilisait la religion comme arme de contrôle social et de répression par une aristocratie industrielle et financière qui voulait se libérer de ses entraves et avait besoin d’une main-d’œuvre alphabétisée, La « laïcité » a été l’outil intellectuel qui a permis de retirer au clergé ses rôles séculaires d’état-civil via le baptême et le mariage, des services de renseignements via la confession et de conservatoire des grands mythes vie l’éducation : avant 1905, les écoles étaient essentiellement religieuses et pas mixtes.

    Analyser les atrocités perpétrées à travers les termes de « terrorisme » d’un côté et « laïcité » de l’autre, c’est s’enfermer soi-même dans un champ visuel sans recule ni profondeur de champ.

    La guerre dans laquelle nous sommes engagés malgré nous est une guerre de classes, pas une guerre de religions comme voudraient le faire croire les idéologues. Or, si la « laïcité » a bien été utilisée pour affaiblir le poids de la religion en France, non seulement elle est inapte à régler une guerre de classes, mais il se pourrait bien que, justement, elle la renforce.


    • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 22 octobre 2020 10:59

      @Séraphin Lampion

      une guerre de classes, pas une guerre de religions

      D’ailleurs la première « exploitation » du spectre islamiste est généralement attribuée au ministre Gaston Defferre, qui qualifiait en 1983 les grèves des OS de l’industrie automobile de « grèves saintes d’intégristes, de musulmans, de chiites »... 
      A cette époque, la seule référence à l’Islam connue du grand public était la révolution iranienne, c’est pourquoi Defferre ne s’est pas embarrassé avec la réalité de la confession des maghrébins.

    • Aristide Aristide 22 octobre 2020 12:41

      @Séraphin Lampion

      entre 1870 et 1914, celle du triomphe de Thiers, Guizot et Haussman, et la « république » qu’ils ont forgée n’avait rien de philanthropique

      Vous êtes sûr pour Hausmann ? Il me semble qu’il a mené tous ses travaux sous le second empire et qu’il a été destitué de ses fonctions en 1870, il sera plus tard en 1877 élu député en Corse, opposé à un Napoleon, paradoxe ...

      Analyser les atrocités perpétrées à travers les termes de « terrorisme » d’un côté et « laïcité » de l’autre, c’est s’enfermer soi-même dans un champ visuel sans recule ni profondeur de champ.

      Démarche assez ... vulgaire et un tantinet abjecte de renvoyer dos à dos le bourreau et la victime. Mais il y a pas de raison, on va pas se gêner, tellement il est de bon ton de se croire être de ceux qui ont du recul et de la profondeur de champ. Attention tout de même, en reculant, il faut savoir où on va ... et là, j’ai bien peur que cela soit insondable ...

      La guerre dans laquelle nous sommes engagés malgré nous est une guerre de classes, pas une guerre de religions comme voudraient le faire croire les idéologues.

      Deuxième poncif consistant à assimiler les nouveaux venus musulmans à un nouveau prolétariat.


    • Aristide Aristide 22 octobre 2020 12:53

      @Opposition contrôlée

      Vous oubliez de dire que les revendications étaient celles-ci :

      Nous voulons tout simplement avoir les mêmes droits que tous les travailleurs :


      • le respect de la dignité ;
      • la liberté de parler avec qui nous voulons ;
      • de prendre la carte du syndicat de notre choix ;
      • de voter librement.
      Nous voulons :
      • choisir l’interprète de notre choix […] ;
      • qu’on nous reconnaisse le droit de pensée et de religion différentes, par l’attribution d’une salle de prière et par des mesures adaptées aux périodes du ramadan ;
      • des élections libres […] ;
      • voter comme tous les autres travailleurs de ce pays […]

      CHEZ CITROËN, LA LIBERTE ET LES DROITS DE L’HOMME DOIVENT TRIOMPHER 

      Les premières revendications religieuses ... il faut un début à tout ...

    • Samson Samson 22 octobre 2020 13:37

      @Séraphin Lampion
      " ... deux concepts inconciliables : la laïcité (l’idéologie -même du capitalisme issu des « lumières » et s’est débarrassé du carcan qi l’empêchait de développer ses activités financières), et le communisme (qui fait table rase de cette idéologie).« 

      Si la laïcité correspond bien à l’idéologie du capitalisme privé tel qu’issu des »lumières« , le »communisme« en fait bien pour part table rase, mais uniquement dans la mesure où le matérialisme historique prétend substituer à l’initiative et la propriété individuelles du capitalisme privé la propriété et l’initiative collectives d’un capitalisme d’état planifié et contrôlé par la dictature du prolétariat, dans la très utopique perspective de l’avènement d’une société sans classes.
      Le »Communisme« ne s’oppose donc en rien au »Capitalisme« dont il n’est jamais qu’une forme ou modalité tout aussi matérialiste, rationaliste et productiviste.

       »La guerre dans laquelle nous sommes engagés malgré nous est une guerre de classes, pas une guerre de religions comme voudraient le faire croire les idéologues. Or, si la « laïcité » a bien été utilisée pour affaiblir le poids de la religion en France, non seulement elle est inapte à régler une guerre de classes, mais il se pourrait bien que, justement, elle la renforce.« 

      100% d’accord avec vous sur ce point ! Par la multiplication des plus improbables revendications et combats »sociétaux« du fait de »minorités opprimées« , le modèle communautariste et identitariste importé des U$A et grassement subsidié par des fondations »philanthropiques" U$ comme l’Open Society Fundation de Georges Soros et autres ne sert
      qu’à tenir sous le boisseau et hermétiquement clore le couvercle sur la question sociale.

      En vous présentant mes respectueuses salutations ! smiley


    • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 22 octobre 2020 13:38

      @Aristide

      Les premières revendications religieuses ... il faut un début à tout ...

      Les salles de prière existaient déjà chez Renault depuis les années 1970, ainsi que sur le site PSA (Talbot) de Poissy. C’était une pratique courante dans les usines à cette époque. Depuis qu’il y a recours à de la main d’oeuvre maghrébine en France (c’est-à-dire dès avant guerre) il y a eu dans les usines des aménagements spéciaux, pour le ramadan par exemple.

      La nouveauté, le « début à tout » c’est Defferre quand il pointe du doigt des ouvriers d’usine en grève comme des agents de l’étranger en réduisant la problématique sociale à leur unique condition de musulman. 


    • chantecler chantecler 22 octobre 2020 14:08

      @Samson
      "Or, si la « laïcité » a bien été utilisée pour affaiblir le poids de la religion en France, non seulement elle est inapte à régler une guerre de classes, mais il se pourrait bien que, justement, elle la renforce.« 

      « 
      Et ta soeur ?
      La laïcité a été un moyen de remettre la religion , chose théoriquement privée, à sa place .
      Faudrait se remettre en tête le poids de l’église dans les affaires de l’état et de la population et ce qui était prélevé par elle comme richesses .
      Tout le monde n’était pas noble vivant aux frais des princesses .
      La majorité travaillait jusqu’à plux soif et mourrait de famine et de conditions indignes .
      Les dignitaires de l’église appelait ça : »gagner sa place au paradis et être en paix avec Dieu ".
      Lesquels comme représentants de dieu n’étaient souvent même pas croyants et archi mariés .
      Mais il fallait les caser les rejetons, hommes ou femmes (abbesses) , des familles nobles .


    • Samson Samson 22 octobre 2020 15:26

      @chantecler

      Je ne fais que citer @Séraphin Lampion, mais j’agrée !

      « La laïcité a été un moyen de remettre la religion , chose théoriquement privée, à sa place . »
      La foi, c’est privé, mais la religion, c’est toujours collectif ! Le principe de laïcité républicaine ne consiste qu’à renvoyer les religions au religieux, les séparer de l’État et les empêcher d’interférer dans la gestion des affaires publiques et étatiques.

      Quant à la richesse et aux biens jadis détenus et prélevés par l’Église et la Noblesse d’ancien régime, je ne vois pas qu’elle ait été redistribuée au bénéfice de l’ensemble des citoyens de cette République. La haute bourgeoisie se l’est dès le départ accaparée et n’hésite désormais plus à revendiquer pour elle-même les privilèges autrefois échus à l’aristocratie qu’elle a supplantée.
      Pour faire bref en l’état actuel des lieux, la République maintenant réduite à start-up, n’a jamais fait que substituer à l’aristocratie du sang bleu celle de la carte bleue (ou plutôt « golden »).

      « Et ta soeur ? »

      Elle bat le beurre, bien sûr ! Pas encore au courant ???


    • chantecler chantecler 22 octobre 2020 18:43

      @Samson
       smiley
      La mienne de soeur cherche toujours la culotte d’un zouave .
      Mais ça commence à urger .
      Pour le reste nous sommes d’accord sauf que les classes privilégiées étaient structurelles : pas touche .
      Jusqu’à la révolution car le scandale était devenu immense .
      Les nôtres , contemporaines, sont institutionnelles .
      On pourrait les virer .


  • rogal 22 octobre 2020 10:30

    « Il est vrai qu’on ne peut pas supprimer la religion par décret car toute religion est le reflet des antagonismes économiques dominantes. »

    Accessoirement certaines religions soulageraient des besoins spirituels liés à la condition mortelle de l’homme. Même si l’on y adhère pas, on ne devrait pas le nier. L’économie a bon dos pour servir de base à une anthropologie générale.


    • Clark Kent Séraphin Lampion 22 octobre 2020 11:06

      @rogal

      « .../... certaines religions soulageraient .../... »
      comme la morphine ?
      entre la morphine et l’opium, c’est une question de légalité, autorisé ou pas à couper les ponts avec une réalité douloureuse...


    • rogal 22 octobre 2020 11:37

      @Séraphin Lampion
      Je ne fais que rapporter là ce que d’aucuns prétendent.


  • pierrot pierrot 22 octobre 2020 14:59

    Les hommes ont créé dieu ou les dieux à leur image.

    Ils sont donc le reflet de la civilisation qui les ont générés.

    La critique de toute religion est utile pour comprendre les textes, leurs origines et le comportement de leur clergé et croyants.

    Les religions disparaîtront progressivement au fure et à mesure du progrès de la connaissance.

    Déjà bien des pays ont une majorité athée.


    • Samson Samson 22 octobre 2020 15:51

      @pierrot
      Hi, hi, ...
      Dans la Bible, c’est Dieu qui a créé l’homme à son image et à sa ressemblance !

      Et si de fait, il a vécu de très longue date au jardin d’Eden dans l’insouciance et les délices de la vie de chasseur-cueilleur, la transmission par la femme du fruit « défendu » à laquelle elle est première à goûter (et certains osent encore prétendre que la Bible est sexiste smiley !) -, entraîne sa chute et son renvoi au statuts néolithiques d’agriculteur, d’éleveur ou d’artisan.
      La suite, on connaît : propriété, conflits territoriaux, naissance du patriarcat, premières cités et empires, écriture, lois et codex, ...

      Tout est toujours question de perspective ! smiley


  • bebert bebert 22 octobre 2020 18:22

    A l’auteur ,

    « l’assassinat et la décapitation de Samuel Paty pour sa critique de la religion musulmane. »

    Samuel Paty n’a pas critiqué la religion musulmane . Il a simplement fait un cours sur la censure , il à été décapité par un sauvage un barbare ignare islamiste radicalisé comme nous en laissons entrer beaucoup chez nous 


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