vendredi 28 avril 2017 - par Desmaretz Gérard

L’organisation du système politique

Vivre en société ne signifie pas forcément « coopération » de tous ses membres, c'est à travers un système politique que les hommes cherchent à atteindre certains buts communs. Les sociétés à faible degré d'organisation sont adaptées à leur environnement immédiat, et les membres d'un groupe dépendent les uns des autres, tandis que les membres des différents groupes dépendent peu des uns des autres, chaque communauté devant se suffire à elle-même. Il n'y a pas un réel besoin d'organisation ni de d'autorité, les hommes accomplissant à peu près tous des activités complémentaires. Leur mode de vie est imposé par la géographie, le climat, et reste limité étroitement par l'efficacité des outils.

Les sociétés, pour se maintenir, doivent pouvoir s'adapter aux situations à venir. Toute société nécessite des règles de partage du travail, de la nourriture, l'assistance aux malades, aux démunis et aux personnes âgées incapables de subvenir à leurs besoins. Chacun contribue à la hauteur de ses moyens à l'ensemble des membres de la société et s'attend à recevoir en retour. Ces règles de réciprocité gênent l'esprit d'initiative et si tout le monde semble d'accord pour partager les risques, il n'en va pas de même pour les biens, les bénéfices, ou les honneurs...

Plus la société devient complexe, plus des structures apparaissent, entrant parfois conflit entre-elles. La société moderne à large échelle groupe des centaines de millions d'individus en une organisation complexe qui cherche à maîtriser son futur. Un groupe est organisé lorsque les différentes tâches sont partagées par différents spécialistes. Les hommes vivent, travaillent, agissent en groupe, et chacun de nous occupe une place dans son groupe social. Plus la société sociale est complexe, plus des groupes s'entrecroisent et s'entrechoquent avec l'apparition de tensions qui traduisent souvent les intérêts de certains groupes ou sous-groupes.

La répartition des biens et des richesses peut se différencier d'une société à l'autre. Le système économique peut donner des plus riches encore plus riches et des plus pauvres toujours plus pauvres, c'est une question de répartition équitable ou nivellement ; contrairement à une idée bien ancrée, on ne nivelle jamais par le haut ! On élève la partie basse en la comblant par l'apport de la couche supérieure et non l'inverse. L'égoïsme et la générosité s'affrontent directement, le pauvre veut le partage des biens du possédant qui n'en a que cure. S'il veut donner, il entend choisir le destinataire de son obole. Autre difficulté, les sociétés disposent de leurs biens de manières différentes, certaines vont : favoriser le bien-être des citoyens, investir dans la recherche, la santé, l'éducation, dans l'apparat et le prestige, l'aide à l'étranger, etc.

L'urbanisme nous en dit long sur le type de population qui occupe l'espace. Dans les sociétés complexes, les individus travaillent et vivent dans des lieux différents, les transports et les infrastructures routières sont indispensables. L'habitant ne peut vivre où bon lui semble, il doit se contenter de ce que ses revenus lui permettent, d'où l'apparition des cités dortoirs, des zones pavillonnaires, des zones résidentielles. Les grandes villes concentrent les emplois et exercent sur les populations une attraction forte. Plus la demande est élevée, plus le foncier augmente, ce qui n'est pas sans influencer la vie locale..

Une société, pour se développer, a besoin de capitaux, sans ceux-ci les ressources resteraient inexploitées ou peu exploitées. L'économie fermée, comme les circuits courts, ne favorise pas l'économie nationale, elle reste porteuse de peu d'emplois et incite à frauder le fisc. Il faut que les produits trouvent des débouchés à la hauteur de la production. A quoi bon produire des milliers d'ustensiles s'ils ne trouvent pas preneurs. La monnaie et le crédit représentent de ce point de vue un avantage. Le crédit marque la confiance que la société accorde à l'emprunteur afin de lui permettre d'investir pour une perspective meilleure. Les progrès techniques ne cessent de bouleverser l'économie et notre quotidien. L'industrie préfère rogner là où la main d'œuvre est chère et investir dans l'équipement. La robotisation tend de plus en plus à supplanter la main d'œuvre, et l'informatique de condamner d'anciens métiers et d'en créer de nouveaux. Imaginez comment le congélateur a bouleversé les habitudes de la ménagère des années cinquante et les chambres froides la conservation des récoltes.

Avec le commerce apparaît une élévation du niveau de vie et la richesse se concentrer dans certaines familles ou groupes, le niveau de vie peut s'élever pour les uns et pas pour les autres. Les possédants résistent aux changements et cherchent à consolider leur patrimoine, cette inertie représente un obstacle à l'amélioration générale. Le véritable commerce n'est possible que lorsque les vendeurs élargissent leurs offres et que les acheteurs peuvent choisir librement. Si cela prévaut dans des sociétés ayant le même stade de développement, cela pose problème à l'égard des pays produisant à bas coût. Le travail tend de plus en plus à être assimilé à marchandise ! Ce point explique la volonté chez certains hommes politiques à promouvoir l'évolution des pays européens à la traîne, mais le capitalisme n'est pas désintéressé et va à l'encontre de certaines valeurs humaines. Son but reste le profit, l'engrangement des bénéfices, la rétribution des actionnaires (sans actionnaires pas d'investissements, sans investissements pas d'emplois) et d'attirer les investisseurs afin d'accroître la croissance. Le commerce exige donc des mesures de protection et de régulation.

En dégageant du temps libre, la société a créé les loisirs et de nouveaux besoins sont apparus : achats de véhicules, construction de routes, aménagement du territoire, nouvelles industries (nourriture lyophilisée, surgelée), et le petit commerce. Quand une voie de circulation génère un certain trafic, des personnes flairent les « bonnes » affaires, Dupont va ouvrir un petit relais, une hôtellerie, tel autre un garage, ce qui entraîne la création d'emplois spécialisés. Si les sociétés complexes requièrent de plus en plus de personnels qualifiés, elles se doivent aussi de garder de la souplesse afin d'accroître la mobilité, un employé actuel devra au gré des révolutions technologiques et économiques, changer plusieurs fois d'emploi. L'automatisation et la disparition de certains métiers est cause de « chômage technique » et les résistances aux changements entravent l'évolution. La mobilité sociale rencontre alors des obstacles considérables.

Dans chaque type de société, certains emplois, fonctions, sont considérés comme plus importants ou prestigieux que d'autres. La mixité sociale rend plus difficile la définition de classe, se mêlent les revenus, le prestige, la tendance, les réseaux, etc. Une société qui définit incomplètement l'autorité peut être génératrice de troubles sociaux. Les forces de l'ordre sont tenus de maintenir l'ordre quelques soit leurs convictions personnelles. L'individu disparaît devant la portée d'une fonction qui dépasse sa personne.

C'est par le travail et l'investissement que la société soutient le progrès économique et social. L'insécurité économique rend le pouvoir d'achat dépendant de fluctuations monétaires. Si la déflation (les personnes décident de ne plus dépenser l'ensemble de leurs revenus) provoque le chômage, si l'argent épargné n'est pas injecté dans les investissements (crainte de ne pouvoir faire face aux dettes), on s'approche de la dépression. L'industrie ne tourne qu'au ralenti et le chômage technique guette les employés, quant à l'inflation, elle peut entraîner misère et chômage. Les aides sociales s'adressent à ceux qui ne disposent pas de ressources personnelles ou familiales suffisantes. Elles sont financées par l'impôt, tandis que les œuvres charitables privées le sont par des dons et des avantages fiscaux.

L'État peut intervenir en renforçant les cotisations de l'assurance maladie, vieillesse, l'impôt, et par des retenues sur l'épargne de manière à dégager des sommes capables de relancer l'investissement (principe collectiviste). L'État peut opter pour des réductions de taux, faciliter l'emprunt, engager de grands travaux..., de manière à créer une tendance inflationniste. Entre l'inflation et la déflation l'équilibre reste précaire et proche d'une rupture. Devant une hausse, l'acheteur reporte son achat, en période d'inflation il se hâte de vouloir acheter par crainte d'une augmentation, tandis que le vendeur préfère attendre une hausse ! L'État essaie de maintenir les prix autant que faire ce peu, mais il est lui même parfois à l'origine d'une inflation en dépensant plus qu'il ne perçoit d'impôts, il est alors tenté de combler le déficit avec une monnaie dépréciée. Pour nombre d'économistes, l'euro constitue un rempart, pour d'autres une entrave à la compétitivité économique en se privant de la variation des taux de change.

Je suis conscient d'avoir laissé de nombreux domaines annexes et connexes de côté : la famille, l'éducation, la santé, la fin de vie, la transmission du patrimoine, etc. Ces domaines en apparence éparpillés nécessitent des ajustements individuels et collectifs permanents. Dans un monde « idéal », l'État joue un rôle d'arbitre qui n'a que le souci de l'intérêt commun en tenant compte des conséquences. Des mesures en apparence anodines peuvent donner lieu à des répercussions importantes. La société représente un ensemble de phénomènes liés entre eux dont la représentation ne peut être approchée que par la théorie des ensembles et les théories mécanistes qui dépassent la méthode analytique. Vouloir être le capitaine d'un tel navire et de son équipage relève du sacerdoce ou de la pathologie...



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