lundi 6 novembre - par Patrice Bravo

L’unification du monde arabe sur fond de conflit israélo-palestinien

Le conflit israélo-palestinien se transforme en une confrontation globale au Moyen-Orient. Les États-Unis appellent la communauté internationale à soutenir Israël, tandis que l'Union européenne annonce l'arrêt de toute aide financière aux Palestiniens. 

Dans ce contexte, la communauté internationale s'attend à une unification du monde musulman pour protéger la bande de Gaza contre Israël. Ce qui pourrait avoir pour résultat des sanctions anti-israéliennes, ainsi que des sanctions économiques contre les pays aidant Israël. 

Les pays musulmans seront-ils capables de s'unir contre Israël ? 

Presque tous les pays du Moyen-Orient ont condamné la brutalité d'Israël et exprimé leur solidarité avec le peuple palestinien. Cependant, le Hamas a reçu le plus de soutien de la part de l'Iran, de l'Irak, du Yémen, de la Syrie et du Liban. 

Ainsi, l'Iran, l'Irak et le Yémen ont exprimé leur volonté de s'impliquer directement dans le conflit israélo-palestinien en cas d'intervention des États-Unis. L'implication de l'Iran dans les hostilités serait décisive, car malgré les déclarations de l'Iran sur l'utilisation exclusivement pacifique de l'énergie nucléaire, la possibilité d'utiliser des armes nucléaires subsiste. 

La Syrie et le Liban ont également exprimé leur soutien sans équivoque à la Palestine, condamnant "l'agression systématique" d'Israël contre le peuple palestinien et soulignant la nécessité de l'arrêter. L'organisation militaire libanaise Hezbollah a ouvertement soutenu le groupe contrôlant la bande de Gaza, engageant des mesures actives dans le sud du pays. 

Cependant, l'aggravation du conflit au Moyen-Orient ne devrait pas dégénérer en une confrontation globale entre Israël et les pays musulmans, car tous ne soutiennent pas la position de la Palestine. 

Aujourd'hui, le monde arabe ne peut être qualifié de communauté unifiée, car dans de nombreux pays musulmans tout le monde n'exprime pas sa sympathie pour la Palestine. Par exemple, l'Arabie saoudite, dont les citoyens ne soutiennent pas les Palestiniens dans le conflit avec Israël. 

Et il ne s'agit pas seulement des élites, mais aussi des citoyens ordinaires. L'une des raisons en est les vagues de migration auxquelles les pays du Golfe persique ont été confrontés. 

Par conséquent, on ne peut parler d'une transformation du conflit israélo-palestinien en une sorte de confrontation globale des pays musulmans contre Israël à ce stade. 

Aujourd'hui, aucun des pays du Moyen-Orient ne souhaite une escalade du conflit et la transformation de l'affrontement entre Israël et la bande de Gaza en une guerre au Moyen-Orient. Le renforcement de la présence militaire des États-Unis dans la région et leur participation directe aux hostilités pourrait inciter des pays comme l'Iran, l'Irak, le Yémen et le Liban à rejoindre la guerre aux côtés du Hamas. Dans ce cas, un changement de rapport de force, notamment l'intervention d'un éventuel acteur nucléaire, pourrait exacerber le conflit jusqu'au déclenchement d'une Troisième Guerre mondiale. Cependant, le scénario le plus réaliste semble être celui où les pays arabes continueront à aider indirectement la bande de Gaza, sans participation directe au conflit, par le biais d'un financement discret, de livraisons d'armes et d'aide humanitaire. 

Plusieurs conditions doivent être remplies pour qu'Israël reconnaisse la Palestine, même à l'intérieur de frontières conditionnelles, et lui accorde le droit à l'autodétermination. 

Premièrement, tous les pays arabes doivent fermement unifier leur position à ce sujet. L'Égypte, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Algérie, en tant que principaux acteurs, doivent constamment avancer un ultimatum, non pas à Israël, mais aux États-Unis. Or ils ne sont pas prêts à le faire. 

Deuxièmement, une telle formule est inacceptable pour les États-Unis. Ils ne sont pas disposés à concéder quoi que ce soit aux Palestiniens. 

Par conséquent, si les pays arabes veulent régler ce problème, ils doivent exercer une pression collective sur les États-Unis. C'est une option possible, mais peu probable, qui n'a jamais fonctionné. Au contraire, cela les divisait : les accords de Camp David ont divisé le monde arabe, et bien que l'Égypte ait normalisé ses relations avec l'Occident, cela n'a aidé en rien les Palestiniens. 

Le conflit au Moyen-Orient a depuis longtemps dépassé les frontières de la région. Ce n'est pas seulement une confrontation idéologique dont on attend l'unification du monde arabe, mais aussi une lutte pour les corridors de transport entre l'Asie et l'Europe, les gisements de la Méditerranée orientale et la possibilité d'influencer les processus financiers, religieux et politiques dans le monde entier.

Alexandre Lemoine

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Source : https://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=5403



4 réactions


  • Aaltar Aaltar 6 novembre 12:23

    Merci pour cette article pondéré sur une question épineuse. Et merci de ne pas être enfermé dans une forme de manichéisme dévoyé sur la question.

    Je soutiens la cause palestinienne. Cette position ne m’inclut pas nécessairement dans l’adversité qui s’exprimera sous la forme d’un anti-sionisme ; et donc, je ne réfute pas le droit d’exister à Israël. C’est la différence avec beaucoup de personnes qui « soutiennent la cause Palestinienne ». Je condamne juste la brutalité de leur réponse et la nécessité de trouver une solution à 2 états. Maintenant quand je me dis ça, je me dis aussi que même si on en arrivait là, rien n’exclut que ce deuxième état soit à nouveau pris d’assaut par des organisation qui fourbissent leurs armes contre l’état hébreux et je m’inquiète de la viabilité de cette solution.

    Parmi la crise actuelle, beaucoup soutiennent parce que musulmans mais peu le font vraiment, de l’hUMAnité sélective et variable car au final personne ne veut récupéré des réfugiés palestiniens.

    La prouesse de la séquence est de faire se rapprocher l’Iran et les frères musulmans sur des objectifs communs, faut-il y voir quelque chose de positif, j’en doute hélas. Mais ces tristes sirs n’attendent qu’une chose, c’est le plan depuis le début : que la situation devienne tellement insupportable qu’elle créera l’explosion dans « l’opinion de la rue », ils apparaitront comme légitimes à agir. Si on en croit le discours de Nasrallah

    de vendredi dernier, ils sont encore patients mais ils attendent tous un nouveau carnage pour justifier leurs actions.


    • Aaltar Aaltar 6 novembre 12:34

      . Je condamne juste la brutalité de leur réponse et la nécessité de trouver une solution à 2 états.

      @Aaltar
      Je me suis mal exprimé, je voulais dire que je soutenais la solution à 2 états.

  • Com une outre 7 novembre 07:08

    « Plusieurs conditions doivent être remplies pour qu’Israël reconnaisse la Palestine »

    Là vous êtes en plein rêve, le gouvernement israélien n’en a nullement l’intention, pas une seconde. La preuve, l’annonce par Netanyahou de la volonté d’annexion de Gaza. Enfin il se révèle ouvertement aux yeux de tous et montre combien cette « guerre » avec le hamas a été voulue dans un but de colonisation accélérée (et de récupération économique). Qu’elle a été organisée avec la complicité de l’occident US/UE, qui une fois de plus montre au reste du monde combien il est lâche, menteur, manipulateur et méprisant des valeurs qu’il impose aux autres. C’est une honte pour nous tous, coupable d’avoir élu des gouvernements qui ne nous représentent pas, et surtout, qui abusent de leur fonction pour assouvir des intérêts primaires, tels des animaux décervelés. Ce conflit est une preuve de plus qu’il devient urgent d’accélérer la multi-polarisation du monde et la disparition du monde occidental dans son paradigme actuel. Des actes d’une telle bassesse, qui nous ramènent au stade le plus reculé de l’évolution sociétale, ne peuvent rester sans conséquences, y compris en France.


  • Aaltar Aaltar 8 novembre 13:13

    Netanyahou fait autant de mal aux israéliens que le Hamas en fait aux palestiniens. C’est même leur point commun, ils n’oeuvrent que pour leurs seuls intérêts et prennent en otage les populations qui les garantissent au pouvoir.

    Netanyahou a tout intérêt à faire durer les choses, à ce qu’aucune solution n’émerge, à ce que le merdier soit toujours là encore et encore. Car tant que c’est le cas, il n’a pas à rendre de compte sur ce qu’il fait de son mandat et surtout il n’a pas à rendre compte judiciairement des casseroles qui attendent sagement devant la porte.

    C’est cette situation qui l’a amené aux pires compromis avec l’extrême droite israélienne, rester au pouvoir est pour lui l’assurance de ne pas être justiciable. Le merdier à Gaza c’est pour lui l’assurance de rester au pouvoir et pendant ce temps là, les uns comme les autres payent le prix de gens qui s’accrochent au pouvoir pour rester le plus planqués possible.

    Le Hamas fait pareil, il utilise la population pour se cacher et aucune critique n’est permise à Gaza sous peine de sévères conséquences. Hamas et Netanyahou sont les deux face d’une même pièce, celle qui ne retombe jamais pour que les choses avancent.

    A Gaza, la population meurt sous les bombes et en Israël la population paye le prix de son sinistre dirigeant qui l’entraine toujours un peu plus encore dans une situation catastrophique.


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