lundi 30 septembre 2019 - par Myroise

L’urgence climatique : suite

Je vous rappelle que nous parlons ici du dernier livre de Stefano Mancuso, botaniste et fondateur de la neurobiologie végétale.

Vous vous rappelez qu'il y explique la supériorité des plantes par rapport aux mammifères dans la mesure, et en résumé, parce qu'elles n'ont pas besoin de se déplacer pour se nourrir et qu'elles bénéficient de la duplication de certains organes fondamentaux sur tout leur corps.

Stefano Mancuso souligne que l'unique avantage de notre organisation verticale et hiérarchisée tient en la vitesse. Mais, elle concerne bien plus les animaux que les humains. Effectivement, l'humain, qui a transposé son organisation anatomique pyramidale dans toutes ses constructions, en l'occurrence administrative, scolaire, associative, ... est vite tombé dans un défaut majeur, à savoir la bureaucratie. Et combien pèse-t-elle ! Et combien nous en plaignions-nous !

Les décisions prises au niveau le plus haut se transmettent avec une lenteur déconcertante. Parmi ces freins figurent les interprétations erronées, le temps, ... et le fameux principe de Peter. Ce principe a été développé par Lawrence Peter, en 1969. Il affirme que les humains, dans une hiérarchie, rejoignent à un moment donné leur propre niveau d'incompétence ... et ce n'est pas une plaisanterie. Mancuso nous aide à comprendre. Il propose d'imaginer une société, constituée de personnes promues en fonction de leurs mérites, sans tenir compte des probables intrigues, des inévitables jalousies, des éventuels coups bas. Quasiment la perfection, quoi. Le principe de Peter démonte tout cela. En effet, l'employé promu rejoindra tôt ou tard son niveau d'incompétence, et l'auteur pour continuer sa démonstration se tourne vers José Ortega y Gasset, qui avait déjà soutenu que "tous les employés publics devraient être rétrogradés au niveau directement inférieur puisqu'ils ont été promus jusqu'à devenir incompétents". C'est pourquoi notre bureaucratie est devenue si boîteuse. Mais, précise l'auteur, le fameux principe de Peter n'est pas la seule cause de ce dysfonctionnement dans l'organisation hiérarchique. Il faut aussi tenir compte de ce que la bureaucratie a tendance à se comporter comme un gaz et à occuper l'entièreté du volume disponible. Cela vient de ce que les membres d'une bureaucratie cherchent systématiquement à augmenter le nombre de leurs subordonnés et à éviter de se trouver en confrontation avec des rivalités. Quand on a trop de travail, détaille Mancuso, on a trois possibilités : on démissione en laissant un poste vacant, on partage avec un collègue au risque de la rivalité ou on engage deux subordonnés pour se soulager et avoir une supériorité. Mais ... mais, les subordonnés, à un certain moment, tendrons à reproduire le même schéma. Et on se retrouvera avec 7 personnes pour le même volume de travail. C'est la loi de Parkinson, parue dans "The economist" en 1955 et qui peut se traduire par une formule mathématique, dont le résultat de la croissance annuelle se situerait entre 5,17 et 6,56% ... et il suffit d'observer certains appareils bureaucratiques pour en vérifier la véracité ! Max Weber disait d'ailleurs que toute bureaucratie cesse de servir la société qui l'a créée pour croître tel un corps étranger.

Et Stefano Mancuso de conclure en affirmant que les dommages de la bureaucratie sont suffisants pour mettre en évidence la sagesse de la Nation des plantes.

Myroise

Stefano Mancuso, La Nazione delle piante, Laterza, 2019



12 réactions


  • foufouille foufouille 30 septembre 2019 15:29

    mauvais article qui va pousser tous les végétalaryens au suicide.


  • Old Dan 30 septembre 2019 16:35

    (Rires !)

    Le célèbre « Principe de Peter » a aussi quelques corollaires :

    « Rabâchez 1000 fois une connerie, elle deviendra vérité. »

    .

    [ Sur AGV, à propos du climat, de Méluche, de GT, du niveau des mers, etc... ]


    • JC_Lavau JC_Lavau 30 septembre 2019 16:40

      @Old Dan. Même que la propagande, quand elle est trop super méga hégémonique, ne peut ni se tromper, ni nous tromper !


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 30 septembre 2019 20:14

      @Old Dan
      Et oui, c’est bien triste de voir le capitalisme en danger d’effondrement retrouver une nouvelle jeunesse en se repeignant en vert !

      Exemple des financiers et des entreprises qui soutiennent Ste Greta et St CO2 !
      La pseudo entreprise M-Kopa Solar est à gerber, mais il y a tellement de pauvres en Afrique, et elle rapporte tellement d’argent, qu’il serait bête de s’en priver ...


  • leondelyon 30 septembre 2019 17:32

    L’empressement de la coalition néocons à « récupérer » le Vénézuéla et sa manne d’énergie fossile en dit long sur le double langage des relais gouvernementaux étalant à merci le vernis écolo en stigmatisant les peuples (notamment en France)

    Quand les gouvernements auront une réelle politique écologique et non des « mesurettes » double face (côté face, l’écologie, côté pile le renflouement des caisses), on pourra enfin mettre cartes sur tables. Dans l’immédiat il est à craindre que l’habit écologique soit à l’image de la tenue des académiciens : de l’apparat.


  • Captain Marlo Fifi Brind_acier 30 septembre 2019 17:55

    L’auteur stigmatise les fonctionnaires, comme si le privé supprimait l’incompétence, les petits chefs et le principe de Peter...


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 1er octobre 2019 07:00

      @Yaurrick
      L’argent des actionnaires ne tombe pas du ciel, c’est le résultat du travail des citoyens. Et les deux n’évoluent pas de la même façon. Au cours des années 2000, dans les grands pays industriels, l’augmentation des revenus du capital a été 22 fois plus rapide que ceux du travail.

      Et grâce à l’habileté des spécialistes de « l’optimisation fiscale », la fiscalité non plus n’évolue pas de la même manière...


  • Désintox Désintox 30 septembre 2019 18:26

    Le principe de Peter semble assez universel.


  • doctorix, complotiste doctorix 30 septembre 2019 20:07

    Pour contrer le principe de Peter, il suffit peut-être de s’instruire ?

    L’incompétence n’est pas une fatalité.

    Elle n’est fatale qu’aux paresseux et aux auto-satisfaits.

    Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
    Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
    Polissez-le sans cesse, et le repolissez,
    Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.  Boileau


  • zygzornifle zygzornifle 1er octobre 2019 10:58
    Le réchauffement climatique est bien « en marche » et n’a pas besoin de traverser la rue la température y étant identique ,ce n’est pas la 1er fois, il y a alternance avec la glaciation depuis très longtemps , on n’oublie trop vite que l’emplacement de New-York était sous les glaces et que les mammouths ont étés congelés instantanément en ruminant leurs herbes , il n’y aurait personne sur la terre ce réchauffement se ferait peut être un peu plus lentement car on lui donne un petit coup de main avec nos industries et nos 7,5 milliards d’habitants, croire que l’on peut l’arrêter est bien naïf , autant vouloir freiner la terre pour diminuer sa gravité .
    Ce cinéma d’une grande naïveté me fait bien marrer , on a droit a des pantomimes , des couinements , des sanglots ravalés et chacun ramène sa pseudo science , certains se font un « pognon de dingue » grâce a lui et certains sont propulsés par les mougeons au premier plan , certaines mesures sur les déchets plastics et autres sont les bienvenues même un peut tard , quand a faire bouger les plus grandes entreprises c’est une autre paire de manches nos politiques et les vrais scientifiques le savent bien ..... 

  • Pascal L 1er octobre 2019 11:17

    Le principe de Peter est vicié depuis le début. Il fait l’hypothèse que la promotion va aux personnes compétentes qui finissent par atteindre le niveau d’incompétence. En fait, l’observation des sociétés humaines nous dit autre chose.

    Tout d’abord la promotion est toujours décidée par les niveaux hiérarchiques supérieurs et la plupart des personnes arrivées à ce niveau ne cherchent pas l’amélioration de l’organisation qu’ils dirigent mais la protection de leur position. Comme dans les sociétés de singes, la promotion va à celui qui protège le mieux le chef et lui fait allégeance. Ce schéma favorise les moins compétents, car ils ne risquent pas de chercher à s’aventurer plus haut dans la hiérarchie et ne fragiliseront pas la position du chef qui les a appelé. L’avantage également, lorsque le subordonné ne sait pas ce qu’il a à faire, il va s’occuper de comment le faire. Il va donc mettre en place des normes, des procédures, de préférence difficilement modifiables qui vont bétonner l’organisation. Tout le monde passe son temps à remplir des rapports et cela rejoint votre second principe qui n’est pas si différent du premier. L’organisation qui n’évolue plus finit par mourrir, mis en attendant le chef touche sa rente et les subordonnées les miettes.

    Le seul cas où j’ai vu que ce fonctionnement n’existait pas, ce sont les entreprises qui ont encore leur fondateur à leur tête. Il sait pourquoi il est là et ne craint pas ses subordonnés. Il a par contre tout à craindre de ses associés qui ont financé l’entreprise.


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